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Sihem Ben Sedrine et la dictature de la minorité
24/03/2018 | 21:00
6 min
Sihem Ben Sedrine et la dictature de la minorité

Une des plénières les plus houleuses s’est tenue aujourd’hui, sous la coupole du Palais du Bardo. Consacrée à l’examen de la prolongation du mandat de l’Instance Vérité et Dignité, la séance a été, pour le moins, mouvementée. Focus sur une plénière hors de contrôle.

 

L’Instance Vérité et Dignité a toujours réussi à créer la polémique et les controverses. Sa dernière décision de prolonger son mandat d’un an sur décision unilatérale de sa présidente, Sihem Ben Sedrine, n’a pas dérogé à la règle. Toute la scène nationale fût divisée sur la question, entre ceux qui trouvent cette décision légitime et ceux qui exigent l’approbation préalable du parlement, le fossé n’a cessé de s’agrandir.

Toutefois, le bureau de l’Assemblée a décidé de tenir une séance plénière pour examiner la décision de prolongation du mandat de l’IVD. Chose qui fût fortement contestée par plusieurs députés, notamment ceux du bloc démocratique qui ont même intenté un recours auprès du Tribunal administratif pour annuler la décision du bureau de l’Assemblée. Sauf que le Tribunal a rejeté le recours et la plénière a été maintenue.

 

Cependant, remplis de créativité et d’idées brillantes, certains députés ont trouvé aujourd'hui un subterfuge pour s’opposer au déroulement de la plénière : Etre présents sans l’être vraiment ! En effet, plusieurs députés n’ont pas enregistré leur présence pour jouer sur l’absence de quorum et annuler la séance. Seuls 57 députés ont indiqué qu’ils sont là par voie électronique. Dans ce contexte, le député Mustapha Ben Ahmed a estimé que « cette pirouette devrait être enseignée et s’inscrire dans les manuels académiques ! » Une manigance qui n’a pas abouti puisque le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur a ordonné la poursuite de la séance. D’ailleurs, des députés qui se sont dits absents ont pris la parole et participé aux débats. 

 

Et quels débats ! Le député Al Irada, Mabrouk Hrizi a annoncé, déjà la couleur dès le départ. Son intervention a permis de donner un avant-goût de la suite, « Aujourd’hui, je suis venu à l’hémicycle en kamikaze et je suis là pour vous faire exploser ! ». Cette violence verbale accompagnée des accusations de haute trahison envers le président de l’Assemblée, a ouvert la porte aux autres députés pour entamer leur cirque, et ce fût le désordre total. Plusieurs des allocutions de ceux qui étaient contre la tenue de cette séance ont été dirigées personnellement contre Mohamed Ennaceur. Accusé de « putschiste » ,  de « traitre »  et de « dictateur », Mohamed Ennaceur a essuyé de nombreuses critiques pour ne pas avoir levé la séance. 

D’ailleurs la tension est montée à un tel point que les députés en sont venus aux mains. Et il n’en fût pas moins pour le reste à l’instar de Daïmi, Abbou ou Ayari, qui ont usé de tous les moyens possibles et imaginables pour perturber la plénière et en faire un champ de bataille incontrôlable. 

 

Cela dit, une réponse magistrale leur a été donnée par la députée de Nidaa Tounes, Héla Omrane. «Ce qu’on voit aujourd’hui, est une véritable mascarade. On assiste là à la résurrection de la Troïka. Ces gens-là ne défendent pas la justice transitionnelle, mais la personne de Sihem Ben Sedrine. De quelle Vérité et Dignité parlez-vous ? », clame t-elle.

« Ces gens-là ont été éjectés en 2014, aujourd’hui, ils se retournent contre la démocratie et rejettent la décision du bureau de l’Assemblée. Ils ne peuvent exister qu’à travers le désordre. Ce qui s’est passé aujourd’hui laisse apparaître leur haine et la noirceur de leurs cœurs. Vous dites que vous êtes kamikazes, nous le savons déjà puisque vous avez menacé, auparavant, d’installer les potences. Ceux qui ont brûlé, usé de la chevrotine, affirmé que le terrorisme est un épouvantail ne peuvent être que des terroristes », assura Mme Omrane, huée et chahutée par certains de ses collègues.

 

Cependant, et bien au milieu de cette débandade, la présidente l’Instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Sedrine n’a pas caché son sourire moqueur en observant tout le vacarme et le désordre régnant sous la coupole du parlement. Une ambiance qui ne lui a même pas permis de prendre la parole, préférant quitter l’hémicycle après quelques heures du spectacle infâme assuré par des acteurs de second plan. 

Lors de cette plénière, les députés étaient divisés entre le maintien de la séance et son report. Le quorum était en effet sujet à polémique, étant donné que le nombre de présents n'était pas le même que celui des députés ayant marqué leur présence.  

Le report a été demandé par plusieurs présidents de blocs parlementaires à l'instar de celui du Front Populaire Ahmed Seddik qui a affirmé que l'ambiance générale n'était pas en faveur de la poursuite des travaux de cette plénière. Le président du bloc d'Ennahdha Noureddine Bhiri a aussi affirmé qu'il était impossible de poursuivre la plénière dans ces conditions appelant le président du parlement au report de la séance. De leur côté, les présidents des blocs de Nidaa Tounes, Afek Tounes et Machrouû Tounes se sont affichés pour la poursuite de la plénière affirmant toutefois, qu'ils n'étaient pas contre un report de la séance si la majorité se prononce en faveur de ce report.  D’ailleurs, la plénière a finalement été reportée par Mohamed Ennaceur à lundi prochain.

 

En tout état de cause, force est de constater que ce qui s’est passé lors cette séance plénière dénote du niveau de bon nombre de députés et reflète la réalité de la discorde qui règne sur la scène politique nationale, notamment, lorsqu’il s’agit de l’Instance Vérité et Dignité.

Les députés ont tenté de jouer sur le quorum pour bloquer la plénière, ce quorum qui est absent au sein de cette même IVD et qui poursuit ses travaux sans le respecter. D’ailleurs, les experts en droit estiment que toutes les décisions émanant de l’instance de Ben Sedrine n’ont aucune légitimité en tenant compte de ce point.

 

Ainsi, la plénière reportée à lundi prochain risque de ne pas se dérouler dans les meilleures conditions surtout que le fond du problème n’est toujours pas résolu. Un deuxième épisode du spectacle donné est susceptible de se reproduire tant qu’il n’y a aucune partie capable d’arrêter la dictature d’une minorité qui essaie d’imposer sa volonté par tous les moyens.

 

Sarra HLAOUI

 

24/03/2018 | 21:00
6 min
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Commentaires (19)

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Fehri
| 28-03-2018 12:50
Les nahdaouis veulent uniquement leur dignité et s'en foutent pas mal des enfants malades avec le cancer qui attendent leur traitement. S'ils connaissent le numéro portable du bon dieu ils devraient nous le passer pour qu'on puisse l'alerter des malheurs de la société Tu nisienne. Un vrai musulman pratique sa religion pour lui et son bon dieu et un islamiste la pratique pour la société. Il ne faut pas laisser cette femme redoubler.

tunisie va mal
| 28-03-2018 11:50
La seule solution est de tous mettre dans l'eau: , IVD doustour, ARP ET TOUTES AUTRE COMMISSIONS. SURTOUT IL NE FAUT ALLER VOTER. VOTER QUI ET POURQUOIVoila le cirque qui nous attend. ZUTT A LA DEMOCRATIE DES BOURRIQUOTS

OLM
| 26-03-2018 13:59
La justice transitionnelle ne peut pas plaire à ceux qui ont commis des crimes envers l'économie du pays, le peuple Tunisien et son histoire. Cela ne les arrange point. On peut remarquer que dès le début du travail de l'IVD, cet organe et son équipe ont fait l'objet de toutes sortes de polémiques, avec plein d'idées préconçues. La mentalité qui sévit encore dans ce pays est 'L'IMPUNITE' quel que soit l'erreur, même pas une déclaration de 'Demande de Pardon', action qui ne coûterait pas beaucoup (comparativement à ce qui a été commis) mais qui vaut tellement.
Mme Sihem Ben Sedrine a été une grande militante et quelqu'un qui a beaucoup souffert et beaucoup payé durant la dictature. Je ne peux croire qu'elle voudrait imposer la dictature d'une minorité sur le peuple Tunisien ou n'importe quelle partie Tunisienne, après que la révolution lui a permis de respirer l'air de la liberté. L'expérience de l'IVD a été relatée avec éloges dans biens de médias étrangers et Arabes jugeant qu'elle contribue à faire de notre Tunisie une réelle exception dans la région. Dommage que des magouilleurs continent à faire brouiller les pistes, encore et encore et à faire perdre le temps et l'espoir des Tunisiens.

HatemC
| 26-03-2018 12:51
Cette bensedrine ne fait pas l'unanimité, elle doit démissionner et laisser la place a du sang neuf ...elle ne fait pas le consensus donc elle part ... elle est le maillon faible ... elle dégage ... c'est la seule condition pour prolonger les travaux de l'IVD .... HC

Abir
| 26-03-2018 08:34
Si un mécontent contre Ben Ali a réussi,c'est parce que la majorité des gens et des jeunes surtout sont sortis dans les rues manifester,aujourd'hui,ces gens sont installés devant leurs écrans manifester en silence,hors ces politiciens ont des yeux mais ils n'ont pas des oreilles et même Béji le dit toujours,je me contre fiche de ce qu'ils disent,aussi ces politiciens ont peur de la foule humaine !!!!!

le berbère
| 25-03-2018 19:52
qui parmi mes amis bourriques a gagné quelque chose de cette institution que l'on nomme IVD ?
qui a eu le courage de dire que l'IVD est une institution budgétivore et que son travail n'est qu'un facteur de déstabilisation du pays ?
qui a une idée sur le budget de cette institution de malheur par an ?
savez vous pauvres bourriques comme moi que sihem ben sedirine ne monte que dans une voiture payé par le contribuable de valeur dépassant les deux cent millions de dinars conduit par un chauffeur payé lui même par le contribuable ?
l'IVD SOUS LA PR'?SIDENCE DE SIHEME BEN SEDRINE A D'?TRUIT L'UNION SACRE DES TUNISIENS ,ELLE A M'?ME FAUSSE L'HISTOIRE DE LA TUNISIE .
POURQUOI BEN SEDRINE EST BIEN '?PAUL'?E PAR LE SECTE ENNAKBA ?
R'?VEILLEZ VOUS TUNISIENS !!!!!
réveillez vous certes l'eau coule sous vos pieds ,l'esclavage est votre avenir ,la vente des vos organes est proche ,rien que pour un morceau de pain .
R'?VEILLEZ VOUS ET MANIFESTER VOTRE M'?CONTENTEMENT ,C'EST B'?TE DE RESTER INACTIF ,AUCUN NE SERA GAGNANT ,IL N'Y A PAS DE HASARD ,NI CHANCE

Foued
| 25-03-2018 19:05
Tu as raison , je pense que les accusés sont dans une situation compliquée .

Tatcher
| 25-03-2018 17:18
conformement a la
"Loi organique 2013-53 du 24/12/2013 ;
Art.18 ' La durée d'activité de l'instance est fixée
à quatre (4) années, à compter de la date de
nomination de ses membres, renouvelable une fois
pour une année, et ce, par décision motivée de
l'Instance qui sera soumise à l'assemblée chargée de
législation, trois mois avant l'achèvement de son
activité.
Donc Mme Ben Sedrine représentante légale de la personne morale IVD peut déclarer avoir prolongé le mandat de celle-ci sans vote de l'ARP seulement elle doit motivé cette prolongation devant les députés.
Or nous savons qu'on a tout fait pour saboter et cette institution et l'IVD a présenté plusieurs dossiers dont les accusés sont prêts à régler leur différents avec l'Etat mais ce dernier , ,par l'intermédiaire du ministère des domaines, ne répond pas et fait traîner exprès le règlement de ses différents avec les personnes concernées.
Il ne veut pas encaisser son argent et de l'autre coté aggrave la fiscalité des Tunisiens pour boucler son budget.
C'est le système corrompu..Je remercie Observator de nous avoir informes

Foued
| 25-03-2018 15:22
Je pense que l IVD continue à travailler durant la période de prolongation conformément aux textes de lois en vigueur .

Angela
| 25-03-2018 13:29
- Vu ce qui s'est passé hier à l'ARP ... et qui n'est que la suite logique de la défaite subie précédemment et devant le tribunal administratif
- Vu la façon inique que les députés ont eu pour se créer un motif de discorde en évitant sciemment de s'inscrire présents à la séance pour pouvoir contester le quorum
- Vu les multiples irrégularités et illégalités de l'exercice de Sihem Ben Sedrine en tant que présidente de l'ARP
-Vu l'attachement des tunisiens à la justice transitionnelle

Il est nécessaire que le lundi 26 mars 2018:
- la société civile soit devant le Bardo
- que les débats soient retransmis immédiatement en public aux présents n plus de la retransmission en direct à la télé
- qu'aucun député ne soit admis dans l'hémicycle ni avoir le droit de vote sans s'être enregistré (organisation incontournable)
- qu'aucun député ne sorte avant la fin des débats et du vote

MAIS SURTOUT que ce qui doit être discuté est:
" LA PROLONGATION DES ACTIVITES DE L'IVD NE PEUT AVOIR LIEU SANS
1/ LA RESTAURATION DE LA LEGITIMITE DE SON BUREAU EXECUTIF (Nombre et qualité)
2/ SANS MISE A L'ECART DE SA PRESIDENTE ACTUELLE QUI EN A PERDU TOUTE LEGITIMITE

Que tous ceux qui peuvent être au Bardo le 26/03/2018 veillent au respect de leur droit à faire exécuter par les députés le mandat pour lequel ils les ont élus!