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Chroniques
Une Loi de finances complémentaire en 2017 est inéluctable
29/12/2016 | 15:58
4 min

 

La lecture de la Loi de finances complémentaire 2016 rend, d’ores et déjà, inévitable l’élaboration d’une Loi de finances complémentaire pour 2017.

 

On s’est désespérément habitué de la manière avec laquelle le budget général de l’Etat est, chaque année, malmené dans tous les sens. Les Lois de finances complémentaires – il conviendrait mieux de dire loi de finances rectificative - n’en sont que l’illustration ou plutôt la preuve. A tel enseigne d’ailleurs qu’on ne parie plus sur l’éventualité d’une modification de la Loi de finances par une autre dite complémentaire. Celle-ci est devenue certaine.

 

Cela concerna-t-il la Loi de finances 2017 ? Sans aucun doute. La raison en est simple. Les gouvernements successifs ont, tous, péché par trop d’optimisme sur les perspectives de croissance de l’économie tunisienne, l’indicateur qui fonde dans une très large mesure l’estimation des ressources propres du budget général de l’Etat. Exemple : la Loi de finances pour l’exercice 2016 se fondait, notamment, sur un taux de croissance économique de 2,5%. Pourtant, lors de son élaboration, plus d’un parmi les plus éminents macroéconomistes du pays estimait que ce scénario de croissance était illusoire. Aujourd’hui, il faut bien leur donner raison et constater les dégâts sur les finances publiques du pays, à commencer par le budget général de l’Etat.

 

A la lecture du projet de Loi de finances complémentaire, adopté récemment par l’Assemblée des représentants du peuple, on est saisi d’effroi par l’ampleur de l’écart entre les prévisions de ressources budgétaires initialement établi et ce qu’affichent les résultats préliminaires de l’exécution du budget de l’Etat en 2016.

 

Comme on pouvait s’y attendre, les recettes propres de l’Etat ont été en-deçà de ce qui était prévu, n’atteignant qu’environ 85% de taux de réalisation par rapport aux estimations budgétaires initiales, révision à la baisse du taux de croissance oblige. Cela représente plus de 3 milliards de dinars de manque à gagner qu’il va bien falloir combler par ailleurs. Mais des ailleurs, il n’y en a qu’un : le recours à l’emprunt. La Loi de finances 2016 avait estimé les ressources d’emprunt à presque 6,6 milliards de dinars environ. La Loi de finances complémentaire 2016 les fixent à plus de 9 milliards. L’envolée est conséquente de plus de 36% et représente plus de 10% du total des recettes du budget de l’Etat. Du coup, la part des ressources d’emprunt dans le total des ressources du budget est passée de 22,5% dans la Loi de finances 2016 à plus de 31% dans la loi de finances complémentaire. Il est normal dans ses conditions que l’encours de la dette enfle davantage et que le taux d’endettement subisse un coup de chaud.

 

Emprunter 3,3 milliards de dinars supplémentaires pour 2016

Ce n’est pas en un claquement de doigts que l’Etat va combler ce nouveau gap. Et cela autorise logiquement à se demander si l’Etat serait en mesure de levait cette contrainte tout en maintenant ses objectifs budgétaires pour l’année prochaine. A cet égard, certains députés de l’ARP n’avait si tort quand ils estimaient qu’il était déraisonnable de discuter du projet de loi de finances 2017 sans avoir connaissance au préalable du projet de loi de finances complémentaire fixant les ressources et dépenses du budget de l’Etat de l’année en cours.

 

En tout cas, le gouvernement devra faire preuve d’une prouesse exceptionnelle pour recueillir 3,3 milliards de dinars pour boucler son budget 2016 et d’engager en même temps les démarches visant à satisfaire les besoins d’emprunt du budget 2017 fixés à plus de 8,5 milliards de dinars. A cela, il faudra ajouter les ressources supplémentaires à dégager, faisant suite à l’accord conclu entre le gouvernement et l’UGTT sur les augmentations de salaires dans la fonction publique.

 

Déjà que le budget général de l’Etat pour l’exercice 2017 repose sur des hypothèses loin d’être pertinente comme celles d’un taux de change du dollar à 2,250 dinars alors qu’aujourd’hui il s’échange à 2,342 dinars ou d’un cours moyen du baril de pétrole à 50 dollars. Même la prévision de 2,5% de croissance économique pour 2017 qu’on croyait réaliste risque de l’être moins avec l’aléa persistant du secteur agricole, le difficile redressement du secteur industriel et le marasme prévisible du secteur du tourisme suite à l’attentat de Berlin et la campagne médiatique préjudiciable qui l’a accompagné dans les importants marchés émetteurs européens, allemand et français en particulier. Il est clair que le gouvernement fera face à rude épreuve. On lui souhaite bien de la chance. Et une bonne année pour tous.

29/12/2016 | 15:58
4 min
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Commentaires (4)

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Dr. Jamel Tazarki
| 31-12-2016 22:02
Vous écrivez aussi: " Déjà que le budget général de l'Etat pour l'exercice 2017 repose sur des hypothèses loin d'être pertinente comme celles d'un taux de change du dollar à 2,250 dinars alors qu'aujourd'hui il s'échange à 2,342 dinars ou d'un cours moyen du baril de pétrole à 50 dollars. Même la prévision de 2,5% de croissance économique pour 2017 qu'on croyait réaliste risque de l'être moins avec l'aléa persistant du secteur agricole, le difficile redressement du secteur industriel et le marasme prévisible du secteur du tourisme suite à l'attentat de Berlin et la campagne médiatique préjudiciable qui l'a accompagné dans les importants marchés émetteurs européens, allemand et français en particulier."


==> Il nous faut plutôt un modèle économique probabiliste et non pas statique. Je propose de changer certains paramètres de base en de variables aléatoires. Je vous donnerai une réponse détaillée en 2 ou 3 semaines. J'ai d'abord des projets informatiques à terminer!

Recevez mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2017, à vous-même, votre famille, ainsi qu'à l'ensemble de Business News

Très Cordialement

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 30-12-2016 11:42
Errata:
Ils ont raison
La création d'emplois


Encore des faits:
-Aujourd'hui, tout le système bancaire tunisien nous parle de l'exportation de nos capitaux vers l'Afrique, l'Europe ou même l'Amérique Latine, c'est la nouvelle folie de nos banquiers.

-L'épargne des tunisiens, des dizaines de milliards de dinars, est en grande partie dans les trésors des banques privées qui appartiennent majoritairement à l'oligarchie, à la bourgeoisie et à l'impérialisme international.

-Il est temps de créer une banque de dépôts à 100% étatique et tunisienne afin d'y canaliser l'épargne des Tunisiens. Ce n'est pas normal que des banques privées disposent de la presque totalité de l'épargne des Tunisiens (dépôts bancaires) et que l'Etat tunisien ne sait pas où emprunter de l'argent afin de s'autofinancer.

-Non, On ne recapitalise pas des banques qui appartiennent en grande partie à l'oligarchie et à la bourgeoisie avec l'épargne de la masse pauvre sans les avoir nationalisées à 100% auparavant et ceci à zéro dinars/euros.

-L'Allemagne a eu le courage de nationaliser entièrement et à zéro euro l'une de ses plus grandes banques avant d'y injecter de l'argent, la Hypo Real Estate. Alors que notre ex-gouvernement de Mr. Essid injecte inconditionnellement des milliards de dinars dans le système bancaire tunisien en grande partie oligarque.

-En Allemagne, la majorité du système bancaire est nationalisée sous la forme de banques détenues par les Länder (les Etats régionaux). C'est horrible qu'en Tunisie il n'y a plus de banques qui n'appartiennent pas en grande partie à la bourgeoisie ou aux milliardaires Tunisiens qui refusent de recapitaliser par leurs propres moyens!

-La nationalisation à zéro dinars/euros et entière des banques tunisiennes en faillites aurait dû être faite déjà en 2011. Toute autre solution (sans la nationalisation à 100% et à zéro dinars/euros ou la fermeture) coûte plus chère aux Tunisiens!


Jamel Tazarki

Daniel Guichard, Mon vieux:
https://www.youtube.com/watch?v=QfX0WNjnmmk

Dr. Jamel Tazarki
| 29-12-2016 21:04
Dans l'Article ci-dessus on peut lire: "En tout cas, le gouvernement devra faire preuve d'une prouesse exceptionnelle pour recueillir 3,3 milliards de dinars pour boucler son budget 2016"

Je rappelle que le gouvernement de Mr. Esssid a injecté 6 Milliards de dinars dans notre système bancaire, et ceci sans aucun résultat de croissance économique. Si on n'avait pas investi les 6 Milliards d'euros pour rien dans notre système bancaire oligarque, on aurait même une épargne de 3 milliards de dinars que l'on aurait pu investir en la création d'emploi'


D'après des statistiques et des études empiriques financées et réalisées par le FMI et la banque mondiale, les injections de capital dans le système bancaire oligarque, et au profit de l'oligarchie et de la bourgeoisie des pays sous-développés n'ont jamais abouti au développement de ces derniers. Pour la simple raison que l'argent (les milliards de dollars/euros) ainsi injecté/investi ne s'infiltre pas vers le bas afin que les petites entreprises (les PME), les chômeurs porteurs d'idées/projets et la paysannerie en profitent aussi.

Par contre les capitaux investis par le bas directement au niveau des PME, des chômeurs porteurs d'idées/projets et de la paysannerie remontent vers le haut et toute l'économie en profite et on aboutit dans 99% des cas à une croissance de l'ordre de 5% à 7%.

Nos amis américains ont compris que ça ne sert à rien d'injecter de l'argent dans les organisations gouvernementales tunisiennes ou dans notre système bancaire oligarque, en effet seule l'oligarchie et la bourgeoisie entrepreneuses tunisiennes profitent de l'argent ainsi accordé à nos institutions étatiques et que cet argent ne s'infiltre pas vers le bas afin que les petites entreprises (les PME), les chômeurs porteurs d'idées/projets et la paysannerie en profitent aussi.

Sur le lien suivant
http://www.businessnews.com.tn/lambassade-des-etats-unis-en-tunisie-annonce-un-appel-a-propositions-pour-soutenir-la-societe-civile,520,62244,3

On peut lire: "L'ambassade des Etats-Unis en Tunisie annonce, dans un communiqué publié jeudi 4 février 2016, un nouvel appel à propositions pour soutenir la croissance économique de la Tunisie grâce à un soutien direct à la société civile tunisienne ou aux organisations non gouvernementales."

===> Les américains ont compris que le développement socio-économique de la Tunisie ne peut se réaliser que grâce à un investissement direct par le bas, et ils ont complètement raisons.

J'ai une très grande confiance en notre premier Ministre, Mr. Youssef Chehed, qu'il va opter pour le financement par le bas de l'économie tunisienne et de ne plus injecter encore plus d'argent dans notre système bancaire oligarque. Je rappelle que le gouvernement de Mr. Essid a injecté 6 Milliards de dinars (en réalité/vérité même beaucoup plus) dans notre système bancaire, et ceci sans aucun résultat de croissance économique: ==> privatiser les gains et socialiser les pertes!


Jamel Tazarki

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

R Kelly, I Believe I Can Fly:
https://www.youtube.com/watch?v=zK2ZuescJGA

DHEJ
| 29-12-2016 16:58
Pourquoi ?

Fayçal DERBAL n'est pas encore spécialiste de l'impodynamique alors il ne saurait pas remédier et une loi complémentaire 2017 is a must!