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Tribunes
Un plan d'urgence pour sauver le secteur touristique
29/06/2015 | 10:45
5 min
Un plan d'urgence pour sauver le secteur touristique

L'attaque Terroriste de Sousse a mis le secteur touristique en grand danger. Quelques propositions pour un plan de sauvetage du secteur basé sur deux idées :

 

1. Le plan d'urgence ne va pas s'attaquer aux problèmes structurels du secteur: endettement, diversification...


2. L'idée du plan d'urgence d'une année: Moratoire fiscal et sur les contributions sociales et favoriser un report de l'échéancier bancaire en contre-partie du maintien des unités ouvertes et de l'emploi.

 

J'ai suivi avec colère et consternation l'attentat terroriste du vendredi 26 juin contre l'hôtel Imperial Marhaba à Sousse. La colère car il a tué des hôtes que nous devrions dans la tradition de l'hospitalité arabo-musulmane défendre contre tous les dangers et leur permettre de passer un bon séjour chez nous. Mais, aussi des hôtes qui ont bravé les appels à la prudence de leur pays pour venir visiter notre pays pour profiter de la quiétude et du calme que nos stations balnéaires leur offrent. Mais aussi, la consternation car cette attaque ne visait pas seulement cet hôtel mais tout le secteur touristique avec comme objectif de mettre à genoux l'économie du pays.

 

J'ai appelé quelques amis professionnels du secteur le lendemain matin. Je me suis aussi rendu à l'Imperial Hotel que je fréquentais depuis plusieurs années pour exprimer mon amitié et mon soutien aux amis responsables de l'établissement. Partout c'est la même scène de désolation. Des plages vides, des touristes qui rassemblent leurs affaires et se préparent à quitter l'hôtel direction l'un des aéroports les plus proches, des tour operators qui annulent leurs réservations. On m'a même dit que certains touristes ont exigé d'être protégés par des forces de police pour faire le trajet hôtel-aéroport. Et en plus de cela, même les touristes tunisiens qui avaient fait des réservations pour ce week-end ou au mois de juillet ont annulé leurs réservations. C'est dire l'ampleur de la panique, de la peur et de la frayeur qui règnent sur notre pays et sur le secteur depuis cet effroyable attentat. Il s'agit d'un véritable tsunami pour un secteur qui avait subi depuis quelques années les effets de l'instabilité politique post-révolution.

 

On ne mesure pas encore les effets de cet attentat sur le secteur touristique et sur notre économie. Mais, il est clair que les effets immédiats seront sans précédent. Car faut-il le rappeler cet attentat arrive au plus mauvais moment pour le secteur dans la mesure où près des ¾ du chiffre d'affaires sont effectués au cours des mois de juillet et d'août. Un manque à gagner énorme qui met le secteur au bord du gouffre et impose aux professionnels du secteur des choix cornéliens qui peuvent aller jusqu'à la fermeture de leurs unités et la perte de l'emploi. Une situation de crise grave qui exige des réponses immédiates afin de sauver le secteur du gouffre.

 

Il faut souligner que le secteur touristique connaît de grandes difficultés depuis quelques années. Ces difficultés sont liées à des raisons structurelles dont la nécessité de diversifier notre produit afin de répondre à une demande de plus en plus variée sur les marchés internationaux. On peut également mentionner l'importance d'une montée en gamme pour attirer une demande haut de gamme et changer l'image de marque de notre produit encore fortement lié au tourisme balnéaire de gamme moyenne. Il faut également souligner la question de l'endettement endémique de nos unités touristiques qui réduisent leurs capacités d'investissement afin de maintenir et d'améliorer leurs établissements. On peut évoquer d'autres problèmes structurels qui exigent une nouvelle vision stratégique du secteur touristique en collaboration étroite entre le gouvernement, les professionnels du secteur, les banques ainsi que nos partenaires étrangers. Cette vision stratégique devrait redonner au secteur son dynamisme d'antan qui a fait de la Tunisie un pionnier dans l'industrie touristique internationale. En effet beaucoup de professionnels du secteur se rappellent que les responsables de ce secteur dans de nombreux pays qui nous ont dépassé depuis, notamment la Turquie, ont été formés sous nos cieux, dans nos écoles et dans nos hôtels. On a besoin aujourd'hui d'une nouvelle vision stratégique qui allie qualité, diversification, compétitivité et viabilité financière pour faire de notre pays de nouveau une destination de référence.

 

Mais, ces problèmes structurels exigent des stratégies et des politiques de longue haleine. Parallèlement à ces problèmes structurels, le secteur est confronté à des problèmes conjoncturels et immédiats qui peuvent emporter le secteur et rendre la stratégie de long terme caduque. En effet, il faut mentionner que le secteur touristique est probablement un des secteurs qui a le plus souffert des soubresauts post-révolution. Car faut-il le noter l'insécurité et l'instabilité politique sont les pires ennemis du secteur touristique. Et, le tourisme a été touché par la crise politique et par certains discours politiques qui critiquaient ouvertement le secteur sans parler de ces prédicateurs d'un autre temps que nous avons accueilli les bras ouverts leur offrant le temps et le loisir de verser leur haine sur notre modèle social ouvert et qui ont nourri par leurs prêches radicales les tentations de radicalisme de certains jeunes devenus des bombes à retardement.

 

Ensuite, le secteur a souffert de cette conjoncture politique difficile avec une baisse de la fréquentation de notre site et des tour operators qui ont commencé à détourner notre clientèle traditionnelle vers d'autres destinations. Les professionnels avec l'appui du gouvernement ont réussi bon an mal an à résister à cette conjoncture morose. Ainsi, les performances des années 2013 et 2014 commençaient à se rapprocher, certes difficilement, des résultats d'avant la révolution. Mais, l'avènement du terrorisme en Tunisie a été un tournant difficile. Et, pire encore ! Après les attaques contre les forces de l'ordre et militaires dans les montagnes, les groupes terroristes se sont attaqués aux villes et particulièrement au secteur touristique pour détruire les fondements économiques de l'Etat. L'attaque contre le musée du Bardo d'il y a quelques semaines s'inscrivait dans cette logique. Et, au moment où on commençait à relever la tête grâce au soutien et à la solidarité de nos amis, intervient la nouvelle attaque contre l'hôtel Marhaba Imperial de Sousse. Une attaque de l'avis de tous qui va condamner le secteur pour non seulement la saison en cours mais probablement pour bien plus longtemps.

 

Ce contexte exige de notre part la définition d'un plan d'urgence immédiat pour venir en aide à ce secteur et maintenir l'emploi et l'ouverture des hôtels. Ce plan d'un an devrait se fixer comme un objectif d'aider le secteur à sortir du marasme actuel et survivre à la cette crise. Parallèlement aux mesures sécuritaires qui ont été annoncées par le gouvernement, ce plan doit comporter des mesures financières qui peuvent aller jusqu'à un moratoire sur les paiements fiscaux et sociaux et une aide pour faire face aux échéanciers bancaires en contrepartie du maintien des unités ouvertes et de la sauvegarde de l'emploi. Certes, la situation économique est difficile pour notre pays, mais ce plan est nécessaire et doit être défini en coordination entre le gouvernement, les professionnels du secteur, les banques et certains de nos partenaires qui ont investi dans ce secteur depuis plusieurs années.

 

Tous ensemble nous devons aujourd'hui sauver le secteur touristique et lui donner les moyens pour continuer à vivre et à maintenir les unités ouvertes. Car ce sauvetage a une symbolique politique et montrera l'engagement de notre pays à résister au terrorisme qui veut faire de la crise économique un moyen pour installer un chaos politique. Ce sauvetage est également économique car il nous permettra de maintenir des emplois dans un contexte de crise économique profonde. Ce sauvetage est enfin nécessaire car il nous permettra à moyen terme d'aborder les réformes structurelles qui feront du secteur touristique un des fers de lance de la transition économique et de sa montée en gamme vers des niches de plus grande valeur ajoutée.

29/06/2015 | 10:45
5 min
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Commentaires (38)

Commenter

Gg
| 16-07-2015 16:41
Votre réponse à La passante des sans souci... tient en quelques mots : c'est la faute des autres!
Voyez le sujet de Nizar Bahloul: "Le terrorisme c'est nous!"...

Extra
| 11-07-2015 16:19
Vous etiez au gouvernement, et vous n'avez rien fait pour le pays . Vous avez pris le peuple pour des vaches, quand il manque de l'argent dans la caisse de l'état, vous les compensés par des augmentations, vous avez allaité le peuple Tunisien, (les incapables disparaissent)

Med
| 11-07-2015 10:15
merci d'avoir confirmé à tous les lecteurs à quel point nos ministres sont médiocres. c'est simplement du charabia!!!!

Fadi
| 09-07-2015 18:18
vient de demander à tous ses citoyens de quitter la Tunisie dans les plus brefs délais.

tounsia2
| 04-07-2015 21:59
Cher intervenant,
Désolé pour ce retard de réponse, mais J'ai découvert votre interpellation par un pur hasard et comme d'habitude, vos questions stimulantes m'ont permis de faire un effort de réflexion et de bibliographie.
« pourquoi cet assassin sur commande a-t-il agi comme un soldat de la terreur ? Dans quel but a-t-il agi ? Et pour finir qui veut-il faire chanter et qui est derrière ces crimes ? » (Sic !)
Je pense avoir trouvé une réponse assez plausible dans des extraits du livre de Miles Copeland, (le jeu des nations), qui a expliqué comment sont « montés » la plupart des coups de théâtre (comme celui de sousse), qui se jouent sur les scènes des pays du sud (par rapport aux USA) , des nations émergentes, des Etats Africains, de la zone du Moyen-Orien ; Tout y est dans les confidences de ce spécialistes des man'uvres « underground », des méthodes pas uniquement Américaine. . . Isn't it ?

PS : joli pseudo, félicitations. . .

Majic&Man
| 03-07-2015 23:55
Franchement tout ce qu'il dit même un étudiant en science po première année pourrait le faire. Haha ;)

lechef
| 03-07-2015 03:27
Faible analyse faite par un ancien ministre des finances avec des résultats très faibles sur le plan socio-économique. D'ailleurs il n'a laissé que des mauvaises traces.Son passage était alors démérité et était indigne de ce poste.

partridge
| 01-07-2015 20:44
Des le deuxieme paragraphe on s'ennuie. Actes et non des paroles. On retient l'ouverture du capital du fabricant fé biette a 66%

lion
| 01-07-2015 07:13
Mr ton passage au M des finances estbune calamite alors priere taisez vous

Adnène
| 30-06-2015 23:39
Qu'y a t il d'original dans ce que dit cet ancien Ministre, dont le passage au Ministères des finances n'a pas été des plus heureux. Tout le monde veut qu'on donne encore un ballon d'oxygène au tourisme, lequel est moribond depuis quelques années faute d'adaptation aux besoins des pays émetteurs. Ce ballon d'oxygène atténuera quelques peu les effets inattendus et très graves de l'attentat de Sousse, mais ne redonnera pas vie au secteur qui souffre d'un manque d'imagination dans les prises de décision et l'engagement dans de nouveaux créneaux.

Voyez la composition des investisseurs, des décideurs-gestionnaires des sociétés tunisiennes de tourisme, et vous comprendrez tout. Ce sont tous des gens qui ont déjà fait leur fortune,le gros de leur magot est dans des placements surs, et ils ne ne prendront aucun risque avec la part relevant du tourisme dans leur patrimoine. Leurs craintes paternalistes que le personnel perde son emploi c'est leur perpétuel jeux avec les pouvoirs publics. Seule une proportion très réduite du personnel est embauché sur des contrats permanents, le gros de la troupe c'est des saisonniers et des vacataires.... de pauvres damnés qui passent pour gagner leur vie d'un travail sur chantier de construction, à l'agriculture, en s'arrêtant à l'occasion dans un hôtel.

Par contre les sous que distribuera généreusement l'état, iront alimenter en grande partie les rubriques de leurs salaires dans les sociétés de gestion hôtelière et des travaux de retapage symbolique dans les hôtels...avec leur cortège de dessous de table, commissions....

Enfin une petite bouffée pour pouvoir refaire un tour avec les mêmes acteurs, le même décor tant que la recette a un soutien politique....les banquiers qui commencent à sentir que leur baraque risque de s'écrouler avant qu'il n'aient pu trouver une occupation refuge,ne sont certainement pas très enthousiastes avec cette perpétuelle déchéance du secteur touristique.

Mais avec ce qu'a subi l'hôtel de Sousse, tout les hôteliers de Tunisie se disent lésés par le contre coup de cet attentat, la remise en cause de leur produit n'est pas à l'ordre du jour. Ces jihadistes ont réellement fait du mal à la Tunisie en s'attaquant à un secteur essentiel à son économie, ce secteur étant déjà dans une crise structurelle très grave. C'est au gouvernement de faire la part des choses, pour ne pas se laisser embarquer de façon permanente dans cette dérive du tourisme et d'inciter le secteur à retrouver de sa vigueur et l'esprit d'initiative de ses pionniers.