Plus de 20 pays de par le monde ont été touchés par des attentats terroristes ces 18 derniers mois. Aucun continent n’a été épargné a l’exception de l’Amérique du sud. Des évènements tragiques qui ont cédé la place à une véritable psychose, parfois exagérée certes mais qui a contribué à mettre à genoux le secteur du tourisme dans plusieurs points du globe.

En étroite collaboration avec ses partenaires étrangers, la Tunisie, touchée de plein fouet, réagit et innove pour sauvegarder ce secteur clé de l’économie du pays. Après une visite de terrain, Business news dresse aujourd’hui, un état des lieux du secteur, à la veille du début de la haute saison.

Comme l’avait promis le ministre des Affaire étrangères russe, Serguei Lavrov, les touristes russes sont bien sur les plages des côtes tunisiennes, aujourd’hui. Entre Hammamet, Nabeul, Sousse, Monastir, Mehdia et Djerba, 500 mille sera leur nombre pour l’année 2016, selon les estimations des professionnels. Pour la déléguée régionale du Tourisme à Monastir, Salwa Kadri, « rien qu’à Monastir ils seront au nombre de 70 mille, cette année 2016 ».

Mme Kadri a informé, durant une déclaration donnée à Business News, que parmi les 9.400 touristes qui sont actuellement dans les hôtels de Monastir, 8.300 d’entre eux sont de nationalité russe. La ville offrant une capacité d’accueil de 16500 lits, affiche en ce mois de juin un taux d’occupation avoisinant les 50%.

Le délégué régional du Tourisme à Sousse, Foued El Wedd, informe, quant à lui, que le nombre de touristes russes cette année a augmenté de 235% par rapport à la même période de l’année dernière. Le délégué régional a en outre informé que le nombre total de touristes depuis le début de l’année a atteint les 238.858, parmi lesquels 23.507 sont russes et ont passé quelques 166 mille nuitées dans les établissements de la ville de Sousse.

Après l’attentat sanglant, survenu il y a tout juste un an sur la plage de l’Impérial Marhaba à Sousse, les hôtels de la ville affichent aujourd’hui un taux d’occupation avoisinant les 60% et ceci avant même le début de la haute saison touristique. Pour beaucoup, Sousse a absorbé le choc et ce malgré les 98% en moins de Britanniques et les -78% d’Allemands.

L’hôtel, lieu du désastre, a été rénové et rebaptisé Kantaoui Bay. Un autre hôtel de Sousse dont la rénovation a coûté 40MD ouvrira ses portes la semaine prochaine, le « Sousse Palace ».

Des rénovations et réouvertures qui prouvent que les professionnels ne sont pas près de baisser les bras. Ridha Jegham, directeur général du Royal Kenz à Sousse, hôtel de la chaîne Magic Hotel, nous a confié que dans son établissement tout est fait pour maintenir un service haut de gamme. Une formation en langue russe a été suivie par tous ses employés et un performant système de sécurité a été installé. M. Jegham expliqué que, grâce au travail fourni au cours de l’année, il peut espérer afficher un taux d’occupation de 90% pour juillet et août.

Sami Fekih Ahmed, directeur général du « Mouradi Palace », a affirmé que l’établissement qu’il gère accueille actuellement 700 clients pour une capacité de 1000 places, soit 70% de taux d’occupation et 19 mille nuitées facturées pour le seul mois de juin. M. Fekih Ahmed a également expliqué que la tendance pour les mois à venir est bonne, compte tenu du nombre élevé de touristes Algériens attendus cet été, soit 3,5 millions, selon le directeur d’hôtel.

Les échos qui nous parviennent des structures de Mahdia et Djerba sont eux aussi positifs. En plus des Russes et des Algériens, beaucoup d’Européens sont revenus cette année en Tunisie. Une clientèle qui est restée fidèle à ces destinations malgré les interdictions et la suspension d’activité sur la Tunisie, de nombreux Tours Operator comme Thomas Cook.

A Hammamet, par contre, la situation paraissait moins rose ce week-end. A part quelques hôtels ayant des partenaires solides comme l’Hôtel Manar, beaucoup d’établissements tournent au ralenti avec des taux d’occupation avoisinant parfois les 10%. Les autorités locales informent en effet qu’entre le 1er et le 20 juin courant, 28.010 touristes ont été accueillis dans les structures de Nabeul et Hammamet, pour un total de 161.528 nuitées facturées.

« Certains établissements sont ouverts alors qu’ils feraient mieux de rester fermés. En dessous d’un certain nombre de clients, l’hôtel perd de l’argent ! » a expliqué Sami Fekih Ahmed. En effet, la situation financière de certains hôtels est critique. Ayant bénéficié d’important crédit il y a quelques années, ces unités une fois prêtes ne sont jamais parvenues à démarrer leur activités sérieusement. Aujourd’hui, la charge de la dette plombe leurs comptes. L’Etat est alors intervenu faisant en sorte de reporter l’échéance de ces créances jusqu’à fin 2017. Aujourd’hui, ces hôteliers demandent à nouveau le report des échéances.

Pour le ministère du Tourisme, ces établissements n’ont pas su attirer la clientèle dont ils avaient besoin pour rester dans la course et donc l’échec est pour eux, inéluctable.

La promotion du tourisme tunisien à l’étranger est passée cette année par une campagne technologique unique au monde « TrueTunisia ». Pensée par l’office national du Tourisme, cette campagne a été créée pour faire en sorte que les citadins des grandes villes européennes, comme Paris, Milan ou bien encore Berlin ou Londres, puissent voir en direct et instantanément l’ambiance sur une plage de Hammamet par exemple. Et ceci à travers un écran placé dans une place, comme piazza Duomo à Milan. Pour nombreuses personnes, « #TrueTunisia » a permis aux téléspectateurs de découvrir le vrai visage de la Tunisie.

Dans une annonce exclusivement confiée à Business News, le ministère du Tourisme informe qu'il mettera en ligne dans quelques jours son nouveau portail web : « Discover Tunisia ». Un site web de qualité digne des plus  grandes stations balnéaires du monde, assure un responsable du ministère.

La côte tunisienne est sans aucun doute l’une des plus belles côtes du monde, c’est ce qui lui a permis d’absorber le choc des évènements sanglants de 2015 en peu de temps. Maintenant, il reste beaucoup d’efforts à fournir pour arriver à concurrencer, à nouveau, notre rival en matière de Tourisme : le Maroc ! Un concurrent qui, ces cinq dernières années, a continué sur sa lancée et n’est pas resté embourbé dans les multiples crises sociales subies par la Tunisie ou l’Egypte.