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Tunisie - Un enseignement en berne, des élèves en perdition !
02/12/2018 | 15:59
6 min
Tunisie - Un enseignement en berne, des élèves en perdition !

 

Un énième bras de fer entre le syndicat de l’enseignement secondaire et le ministère de l’Education inquiète parents et élèves en cette fin d’année. Déjà lors de la dernière année scolaire, la crise était telle qu’elle avait pris des proportions démesurées. Celle-ci commence mal, vraiment mal, surtout pour les milliers d’élèves pris en otage de cette épreuve de force.

 

 

« Les enseignants ont le droit de poursuivre leur militantisme afin de concrétiser leurs revendications légitimes », répète partout le coléreux secrétaire général de la Fédération de l’enseignement secondaire, Lassâad Yaâcoubi. Parmi les revendications figurent la retraite et les primes spécifiques, vient après la situation des établissements éducatifs.

C’est donc pour asseoir la légitimité de leurs revendications que les enseignants ont décidé, tout bonnement, de boycotter les examens du premier trimestre en poursuivant les cours normalement. Pas d’exams pour les élèves ! Les petits cancres peuvent s’en réjouir, les autres qu’ils prennent leur mal en patience. D’ailleurs, ils n’ont pas trop le choix, le syndicat en a décidé ainsi.

Ainsi, après avoir décidé de retenir les notes l’année dernière suscitant l’indignation de l’opinion publique, voilà que le syndicat a fait en sorte de prendre les devants pour celle-ci, en supprimant les épreuves du 1er trimestre.

 

Lassâad Yaâcoubi et ses compères justifient leur action par un désistement du ministère de tutelle et suite à l’échec des négociations. Vendredi, le secrétaire général était à Sfax à la rencontre des enseignants syndiqués, les encourageant à poursuivre la lutte. Dans son discours, il hausse le ton et promet au département de l’Education une année scolaire semée d’embuches, si jamais il ne venait pas à plier. « Nous irons bien loin jusqu’à la réalisation de nos revendications. Nous n’allons pas renoncer ! ». Yaâcoubi est très fâché parce que le ministère a proposé lors des négociations une augmentation de 10 dinars, selon lui. Mais il se rattrape en affirmant que le problème est plus grand puisque « les écoles n’ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins et qu’on ne peut plus acquérir ni craie, ni feuilles, ni produits de nettoyage ». En effet, la situation dans les établissements éducatifs tunisiens est plus que critique et la responsabilité incombe à l’Etat pour trouver des solutions et prendre des mesures concrètes.

Sauf que voilà, il ne faut pas se cacher la face, les revendications du syndicat sont en premier lieu pécuniaires, la dégradation des établissements ou autres soucis sont relégués au second plan et font office de prétexte.

 

Pour Lassâad Yaâcoubi, aucune ligne rouge n’est à respecter quand il s’agit des revendications des enseignants. Pas même l’intérêt de milliers d’élèves acculés à subir, victimes collatérales d’une surenchère qui ne semble pas trouver de dénouement. A chaque rentrée, le syndicat monte au créneau, profère des menaces et les réalise dans une sorte de jusqu’au-boutisme déconcertant.

En réaction au boycott des examens, élèves et parents ont exprimé leur indignation, dénonçant le flou qui règne autour du calendrier des examens et la perturbation de l’année scolaire. L’Association tunisienne des parents et des élèves avait rendu public, un communiqué exprimant son inquiétude quant à cette décision, ainsi que l’implication des élèves dans ce conflit. L’association a considéré que seuls les élèves paieront la facture de tous ces tiraillements appelant à la reprise du dialogue afin de résoudre les problèmes… Rien n’y fit, puisque le blocage persiste et que les élèves n’ont toujours pas passé les épreuves du 1er trimestre.

Le ministre de l’Education, Hatem Ben Salem ne compte pas céder d’une once, pour le moment. Il le dit et le répète, les négociations sont toujours ouvertes et le département n’est pas revenu sur les accords conclus. Mais, et il y a un mais, rien ne justifie que le syndicat se désiste de l’accord concernant le calendrier des examens et des vacances. « Cet accord doit être respecté ! », s’exclame-t-il quand on lui pose la question. Hatem Ben Salem a condamné le boycott des examens par les enseignants expliquant qu’élèves et parents sont sanctionnés par cette décision. « Le syndicat ne peut décider seul et modifier le calendrier des examens. Un calendrier a été établi depuis le mois de septembre et constitue une sorte de contrat entre le ministère et les syndicats. Donc cette décision est rejetée !».

Le ministre n’en démord pas quand il évoque les revendications incessantes de son partenaire social : « Les avantages déjà consentis au syndicat des enseignants du secondaires sont importants. Cela s’élève à plus de 50 millions de dinars et jusque-là on pouvait assumer. Toutefois, ils demandent aujourd’hui une prime spéciale qui vaut des centaines de millions de dinars. Nous tenons au dialogue, mais il y a des revendications réalisables et d’autres non ! ».

 

Dimanche 2 décembre, la Fédération de l’enseignement secondaire a publié un communiqué où elle dénonce un complot ourdi par le département de l’Education afin de faire échouer le boycott des examens. D’après la fédération, le ministère de l’Education tente d’empêcher le déroulement normal des cours à travers le harcèlement des directeurs des établissements. « Le ministère pousse les directeurs et les directrices à fermer les établissements pour empêcher les cours de se dérouler normalement selon les emplois de temps ordinaires. Les pressions exercées sur les directeurs viennent en réponse à la réussite du boycott ».

La Fédération a dénoncé ces pratiques appelant les enseignants à être présents quotidiennement dans les établissements pour défendre leur droit au travail, ainsi que le droit des élèves aux études, affirmant que les agissements du ministère démontrent que l’intérêt des élèves est le dernier de ses soucis.

 

 

Les grèves et autres actions des enseignants pour des revendications purement salariales, l’état misérable de l’infrastructure des établissements éducatifs (et ceci pas seulement dans les régions reculées), les réformes qui tardent à se concrétiser forment un tout qui a contribué au dépérissement du système éducatif tunisien. Les enseignants qui devraient se trouver au cœur des solutions constituent aujourd’hui, de par les blocages successifs, une source de problèmes en plus.

L’enseignement public, cheval de bataille de la Tunisie moderne, est désormais en berne. De nombreux parents l’ont compris et chaque année le nombre d’élèves inscrits dans les écoles privées augmente. On préfère se saigner, s’endetter, pour certains, que de risquer de compromettre l’avenir de son enfant. En l’absence d’un engagement de tout le secteur éducatif et de l’Etat, la situation ira en empirant. Aujourd’hui, au point où l’on en est, c’est à un dialogue de sourds qu’on assiste. 

 

Ikhlas Latif 

 

 

02/12/2018 | 15:59
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Commentaires (7)

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Open-Sky
| 05-12-2018 12:42
T'as raison le " Gueux " tous les maux de cette ci belle planète bleue sont à cause des Islamistes et donc de l'islam....!!, y compris la crise actuelle des gilets jaunes en France.....:))
pauvre con que tu es, tu fais vraiment de la peine le Gueux

HAtemC
| 03-12-2018 22:01
Non non '?' c'est l'islamisation qui est en cause '?' la jeunesse prise en tenaille '?' les islamistes ont pris le pays en otage '?' HC

larioss
| 03-12-2018 14:36
Le noeud du probléme est que nos actuels décideurs politiques ont décidé une fois pour toute de se démissionner et de couper progressivement tout soutien à l'école REPUBLICAINE et de céder son role et sa gestion au secteur privé, car on peut constater facilement que le nombre des écoles privées a doublé ces derniéres années.Aussi l'investissement à l'éducation est trés couteux, et il est devenu clair que ces gouvernants n'ont qu'un seul souci qui est de se débarrasser en douceur de ce secteur, ils sont convaincus que l'école de BOURGUIBA et de HACHED n'est plus gérable et leur vision et leur stratégie ne peuvent se réaliser et fonctionner qu'en obligeant tous les parents par tous les moyens possibles , de les convaicre que cette école n'a pas d'avenir et ne répond plus à leurs attentes et à leurs espoirs, et sauve qui peut, et ils ne veulent et ne peuvent plus ni la soutenir, ni la venir en aide et , ni l' appuyer son renforcement, ni financer ses dépenses et son développement, et la preuve criante la diminution et l'affablissement continuelle de son budget annuel dont 97%
sont consacrés aux émoluments du corps enseignants, est-ce 3% de ce honteux budget peuvent suffire méme à 1% de ses insuffisances, des ses manques, de ses imperfections de toutes sortes il ya belle lurette, et surtout depuis le soulévement de nos jeunes 2011 qui d se marrent de leur maudite incompétence , de leurs magouilles et de leur hypocrisie

Nephentes
| 03-12-2018 14:34
La déliquescence continue de la qualité de l'éducation depuis 25 années est le symbole le plus significatif de la clochardisation de la Tunisie.

Le développement du capital humain des pays en voie ( ?) de développement est un enjeu vital. Les modèles de croissance économique des pays émergents ( modèle de croissance endogène) démontrent tous l'importance vitale de la création d'une synergie entre intégration de l'innovation et du progrès technologique et investissement dans le savoir. Des pays comme l'Irlande , la Chine, la Malaisie,le Rwanda ont tous développé une économie de la connaissance permettant une création de valeur et une compétitivité permettant une intégration forte et durable dans l'économie internationale ( fonctions de production à rendements croissants).
Cette intégration se fera grâce à la spécialisation et à un tryptique qualité/innovation/coût avantageux.

L'Etat seul peut promouvoir ce type de croissance dit endogène en donnant des incitations aux secteurs qui produisent du savoir (recherche /développement)
ou qui utilisent intensément du capital humain.

Ceci est censé être précisément le cas de la Tunisie.

Or à quoi assiste t-on ?

A une bande d'idiots vociférants saccageant de manière obscène des décennies de travail au niveau de l'édification d'un système éducatif performant

Je le dis, je le répète : les mentalités de sauvages qui ont envahi les moindres recoins du fonctionnement de notre société et de nos institutions vont aboutir à un cataclysme majeur pour la Tunisie.

Jha
| 03-12-2018 10:07
On a fini par regretter Ben Ali. Qu'a-t-elle apporté cette révolution autre que revendiquer tout azimut. Ce ne sont pas seulement les élèves qui sont en perdition mais tout le pays avec ses divers secteurs. Qui sont les responsables. Je ne vois que deux entités: l'ugtt et ennahdha. Que Dieu bénisse le premier mari de ma mère. Autrement dit: conserve ton bougre de peur de le remplacer par pire.

Léon
| 02-12-2018 23:17
Un état en berne; un pays en perdition.

Léon.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Le déçu
| 02-12-2018 17:24
La rebelion du syndicat du secondaire qui défit sa central, son ministère de tutelle et tout le peuple tunisien en se moquant de l'avenir de nos enfants n' appelle qu' une seule attitude : la sortie par miliers des parents d' eleves pour demander â l'ugtt et au gouvernement la dissolution du syndicat corporatiste et sa traduction devant une juridection exceptionelle pour atteinte au droit inaliénable de nos enfants