C’est une journée historique pour la Tunisie. Une marche internationale et populaire contre le terrorisme a été organisée au Bardo suite à l’attentat du 18-mars. Plusieurs chefs d’Etat et leaders nationaux et internationaux y ont pris part en ce 29 mars 2015.

Selon les estimations et selon les photos aériennes prises par l'armée tunisienne, plus de 60 mille personnes ont pris part à la marche contre le terrorisme qui a été organisée entre Bab Saâdoun et la place du Bardo. Ce chiffre peut être considéré comme une performance surtout après la polémique qui a entouré la participation à une telle marche. Plusieurs personnes ont, en effet, émis des réserves quant à la participation à une telle marche car Ennahdha et l’ancien président de la République, Moncef Marzouki, y prenaient part. Ces personnes les rendent responsables de l’avènement du terrorisme en Tunisie.

Outre cette polémique, la marche a été un réel succès de l’avis des participants mais aussi des officiels. Entre jeunes, vieux, hommes, femmes, toutes les franges de la population tunisienne ont pris part à la marche contre le terrorisme placée sous le slogan « je suis Bardo ».

Il est à noter également que les slogans scandés et portés par les manifestants n’avaient pas d’appartenance politique. C’est le drapeau national qui était à l’honneur durant cette marche et l’hymne national a été entonné à plusieurs reprises.
Une stèle, en l’honneur des personnes tuées lors de l’attentat, a été inaugurée par le président de la République. Par la suite, il a prononcé un discours au sein du musée du Bardo comportant un lapsus qui, sans doute, restera dans les mémoires. En effet, Béji Caïd Essebsi a remercié son homologue « François Mitterand ». Se rendant compte de son erreur, BCE s’est tourné vers François Hollande qui arborait un large sourire en lui disant : « Je m’excuse mon ami » et il lui a fait la bise. Il a ajouté : « Je me suis souvenu de celui qui a mon âge ». Ce lapsus aura eu le mérité de détendre l’atmosphère dans un musée plein à craquer, à cause de problèmes d’organisation.

Cette marche avait pour objectif de matérialiser l’unité nationale tunisienne contre le terrorisme. Dans une certaine mesure, cet objectif a été atteint vu que les appartenances politiques se sont estompées lors de cette marche. On y a vu quelques uns des plus importants responsables d’Ennahdha à l’instar de Ali Laârayedh ou de Rafik Abdessalem.

Hasard du calendrier, cette marche intervient au lendemain d’une opération sécuritaire de grande ampleur qui a eu lieu à Sidi Yaïch au gouvernorat de Gafsa. Durant cette opération, Khaled Chaïeb, alias Lokman Abou Sakhr, a été tué par les forces de l’ordre durant un échange de coups de feu. Lokman Abou Sakhr est le cerveau présumé de l’attentat du Bardo ainsi que d’autres opérations terroristes. Son élimination par les forces de l’ordre a été considérée comme une bonne nouvelle par la population tunisienne et comme un grand coup porté au terrorisme par les forces de l’ordre.

Par ailleurs, les problèmes d’organisation ont émaillé cette manifestation contre le terrorisme. Malgré cela, la marche peut être considérée comme un succès retentissant qui a exprimé la vision des Tunisiens à l’égard du terrorisme. En effet, la Tunisie s’est levée, aujourd’hui, comme un seul homme, pour exprimer son refus et son indignation vis-à-vis du terrorisme qui frappe le pays.
Pour l’instant, cette marche revêt une importance symbolique certaine dans l’expression du refus du terrorisme. Cette marche place ainsi la balle dans le camp du gouvernement et surtout dans celui du ministère de l’Intérieur. L’effort sécuritaire commence à porter ses fruits avec l’élimination des stratèges des terroristes en Tunisie. Toutefois, il faudra mettre un terme final à l’occupation des sommets de l’ouest tunisien pour que le pays puisse se tourner vers une construction démocratique réelle.