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Tunisie - Bardo 1 : Vers la réconciliation nationale ?
06/12/2011 | 1
min
Tunisie - Bardo 1 : Vers la réconciliation nationale ?
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Les manifestants devant l’Assemblée entamaient aujourd’hui leur septième jour de mobilisation. Pour la reprise de la séance plénière qui a débuté à 10 heures du matin, le sit-in a reçu un renfort considérable et les manifestants se comptaient par milliers.

Contrairement au samedi 3 décembre 2011, où les islamistes se sont déplacés en masse pour une « contre-manifestation » qui s’est soldée par des jets de pierre, des blessés et des gaz lacrymogènes, cette fois-ci, la quasi-totalité des manifestants étaient unis pour un même but : mettre la pression sur la Constituante sur les points délicats et controversés, ressemblant parfois à une dictature de la majorité relative dans un régime parlementaire strict.
Toute la matinée, les manifestants se sont dirigés vers la place du Bardo, faisant grandir significativement les rangs des contestataires. Des banderoles et des toiles sont peintes sur place, la peinture encore fraiche, nos artistes de rue montrent de quoi ils sont capables. Une manière d’allier le sens artistique avec celui de l’engagement citoyen.
Grâce aux barrières qui avaient été mises en place depuis samedi, jour de la confrontation, la circulation n’a que très légèrement été ralentie aux alentours. Des deux côtés des barrières, les protestataires scandaient d’une seule voix les mêmes slogans, avaient les mêmes revendications. « Travail, Liberté, Dignité nationale », ou encore « Le peuple veut une Constitution démocratique » étaient autant de slogans qui ont permis d’unir dans un même combat l’ensemble des parties présentes.

Quelques islamistes étaient également présents. Des militants du PDP discutent avec des sympathisants de Hezb Tahrir. Certains tentaient de provoquer les manifestants, sans grand succès, mais la grande majorité était là pour comprendre leurs revendications. Plusieurs groupes de discussions se créent entre les islamistes et les démocrates. Ces derniers tenaient à expliquer à leurs interlocuteurs que les manifestations n’étaient pas tournées contre un parti en particulier, mais contre le projet d’organisation des pouvoirs qui a été proposé. Des sympathisants du Mouvement Ennahdha ont convenu, souvent, que leurs revendications étaient louables et qu’une grande incompréhension avait eu lieu, ajouté à un manque de communication, entre les deux camps.
Beaucoup ont conclu alors à la nécessité d’unir à nouveau le peuple tunisien, et que les demandes démocratiques étaient communes aux deux camps. Ce manque de compréhension était souvent dû à un manque d’information sur les travaux de la Constituante et à un amalgame qui a été fait entre ces demandes somme toute légitimes, et le conflit devenu aujourd’hui chose courante entre les laïques et les islamistes. Ce quiproquo ayant été véhiculé par le problème des niqab au sein des universités.

Plus tard, les étudiants de l’université de Manouba, ayant déserté leur université suite à l’occupation et aux agressions des salafistes encore présents, sont arrivés en masse soutenir le mouvement.
A midi, l’annonce de la suspension de la séance plénière se propage. La matinée n’aura servi qu’à débattre sur l’ordre du jour, suite à des cafouillages survenus dans l’organisation de cette séance. La séance reprendra vers 16h nous dit-on. Peu de temps après, Maya Jeribi, en compagnie d’autres élus sortent du siège et rejoignent les manifestants. L’ovation des manifestants à l’endroit de la secrétaire générale du PDP est sans précédent, l’ensemble scandant le nom de « Maya », en cœur et à l’unisson. L’élue étant devenue, depuis sa candidature à la présidence de l’Assemblée, le symbole de l’opposition.
Les élus d’Ettakatol, Khemaïs Ksila et Khelil Zaouïa notamment, étaient également présents dans la foule. Des messages expressifs leur ont été adressés, de la part de certains électeurs d’Ettakatol, faisant part de leur déception quant à l’orientation prise par le parti auquel ils ont donné leur voix.

Dans l’ensemble, la manifestation peut être considérée comme un succès, tant par l’absence d’événements regrettables que par la forte mobilisation. Le changement de position du parti vainqueur des élections, notamment concernant la motion de censure et la classification du CSP en tant que loi fondamentale et non ordinaire, redonne de l’espoir aux opposants et un souffle nouveau pour poursuivre leur combat vers une démocratie solide.

06/12/2011 | 1
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