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Chroniques
Tunisie : l'empire de la femme objet
17/08/2016 | 15:59
3 min

 

La fête nationale de la Femme est passée depuis quatre jours, c’est vrai. Mais comme on ne reparlera plus d’elle jusqu’à l’année prochaine, il est utile de revenir sur le sujet, encore une fois. Y revenir oui, mais pour dire quoi ? Pour dire que la femme est considérée comme un objet, aussi progressistes que nous pensons être.

 

Commençons par le cas de Hbiba Ghribi, l’athlète tunisienne médaillée d’or aux jeux olympiques de Londres et douzième lors de la finale de Rio. On a mis de côté sa performance, bonne ou mauvaise, sa préparation ou le soutien que lui offre l’Etat tunisien. On s’est contenté de parler, grâce au musicien Rached Khiari, de l’intérêt de ses habits et du fait qu’elle coure dénudée au lieu de courir totalement couverte. Inutile de dire que la discussion est en soi une hérésie, mais on s’est laissé entrainer là-dedans pour, finalement, ne considérer Habib Ghribi que sous le scope d’un corps, qui devrait, ou pas, être couvert. On a considéré Habiba Comme un objet, c’est tout ce qu’elle a représenté. Alors que nos athlètes et nos champions devraient nous réunir, le génie tunisien en a fait une ligne de rupture et de division, encore une.

 

Parlons maintenant de Nourane Houas. Si l’on met de côté les communiqués laconiques et les versions officielles, on se rendra compte que le sujet n’est pas une priorité pour l’Etat tunisien. Dans les couloirs, on dit que c’est l’affaire des Français d’abord, puisqu’elle avait fait appel à François Hollande et qu’elle est beaucoup plus française que tunisienne. En second lieu, c’est l’affaire de son employeur. Bien sûr, personne ne prendra un micro pour dire ce genre de choses au public, mais on le pensera très fort. Et donc, Nourane Houas est aussi considérée comme un objet puisqu’elle représente un poids dont on se passerait bien. Un boulet qui s’alourdit à chaque fois qu’une vidéo d’elle est mise en ligne.

 

La politique est sans doute le champ qui dévalorise le plus la femme. L’ensemble des partis évoquent la femme, le CSP, la liberté acquise de la femme et autre blabla désuet et franchement ennuyeux. Par contre, rares sont les femmes qui sont placées aux avant-postes des responsabilités politiques réelles. A part le fait de donner une certaine image de diversité et pour agrémenter les photos de groupe, la femme ne sert pas à grand-chose finalement. Si on veut s’en assurer, on peut se demander combien de femmes Youssef Chahed a-t-il reçu à Dar Dhiafa, hormis Wided Bouchamaoui ? Elles ne sont pas nombreuses. Un autre exemple ? Celui des décorations distribuées par la présidence de la République à certaines femmes jugées méritantes. Il faut savoir que l’une des décorées a déclaré publiquement qu’une femme voilée ne devrait pas sortir de chez elle. Une autre avait demandé à la France d’agir militairement en Tunisie tellement les islamistes sont « méchants » ! Pourquoi les décorer dans ce cas ? Pour marquer une ligne de rupture idéologique et pour dire qu’en fait, c’est vrai que la présidence est très amie avec les islamistes mais qu’on reste quand même différents ! Comment ? Et bien nous on aime la femme et on aime sa liberté de penser et c’est pour ça qu’on la décore. Entre temps, la leçon est venue des anciens RCDistes qui ont nommé l’avocate Abir Moussi en tant que présidente du parti lors de leur congrès du 13 août. De mémoire, aucune femme n’a accédé, auparavant, à un aussi haut niveau de responsabilité politique. Entre temps, Béji Caïd Essebsi distribuait des écharpes avec des photos de lui…

 

Donc, la femme est un objet, a fortiori en politique, mais dans plusieurs autres champs d’activité. On peut évoquer les femmes qui travaillent dans les champs, transportées et traitées comme du bétail. On peut aussi évoquer les pseudo intelligentes, les femmes de la pseudo élite qui s’émeuvent d’être invitées ou pas à la garden party de la présidence, qui balancent leurs invitations sur les réseaux et qui critiquent les épices des petits fours. Toutes ces femmes sont considérées comme des objets et il n’est pas donné, pour nous Tunisiens, de changer cela. Pour changer cela il faudrait du courage, et le courage en Tunisie est une denrée extrêmement rare.

 

 

17/08/2016 | 15:59
3 min
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Commentaires (22)

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Nephentes
| 24-08-2016 13:32
l'article est intéressant et opportun, malgré queques facilités.

S'il n'y avait qu'un seul critère compartif entre Bourguiba le gentlman visionnaire et Benali le petit trund déparvé, ce serait bien celui du sort réservé à l'émancipation de la femme tunisienne.

Bourguiba l'humaniste avait dès les années 30 réfléchit sur l'émancipation de la femme en tant que capital humain salutaire pour al Tunisie, et avait entrepris des réformes juridiques et culturelles de très haute portée et parmi les plus avancées dans l'histoire.

Benali le barbouze de la CIA et Cie n'avit compris de la femme que l'intêr^t de l'instrumentaliser en tant qu'OBJET de sa "politique" de destruction et avilissement de la société tunisienne : il s'en est suivi une ignoble manipulation des femmes et adolescentes tunisiennes depuis les années 90, visant à en faire des clones de Leila DJIN.

on a abouti à une ignominie à grande échelle : la dépravation de centaines de milliers de femmes et le lavage de leur cervelle parfois réduite , au profit d'un modèle de la "femme libérée", correspondant davantage à une courtisane de bas étage qu'à une citoyenne éduquée responsable et intègre.

Le fait de la femme-objet en Tunisie, s'il est global et déplorable, n'est donc pas une surprise : la clochardisation de la femme tunisienne en raison de son instrumentalisation politique par les séides de benali ne peut qu'aboutir à un nivellement durable -une destruction, en fait- des potentialités féminines tunisiennes autrefois remarquables et à un réel -mais tabou- déficit d'intégrité et de compétence.

Le cas vaut également pour les hommes.

Il faut relancer le programme bourguibiste initial de valorisation du capital humain féminin pour former une nouvelle génération de femmes intègres et responsables, habilitées à diriger ce pays.

Ce sera alors une vraie bonne nouvelle pour la Tunisie.

bouglagem
| 21-08-2016 23:23
Certes la misogynie existe bel et bien
dans tous les pays du monde a part les pays scandinaves
La femme Tunisienne bénéficie d'un bon statut mais malheureusement dans certains coins de notre pays la femme reste soumise au diktat de l'homme
Le code du statut personnel lui donne
tous les droits .Je ne veux pas parler des pays du golfe la situation de la femme est catastrophique
Le chemin reste long mais la route est tracée et elle est sans détour
Parité ,égalité
Les aigris ,les refoulés,les braguettes
ouvertes exit immédiat allez vivre dans les pays moyenageux qui ne sont pas encore sortis des ténébres
Ines,habiba,marwa valent leur pesant
d'or et de fierté pour notre pays
les glandeurs qui n'ont jamais couru
un 100 métres
et font partie des sportifs fauteuil
essayez pour voir la difficulté de
pratiquer un sport à un haut niveau
et vous verrez que la critique est aisée mais l'art c'est autre chose

Canalou
| 20-08-2016 16:01
Il n y a pas un caractere unique chez les hommes ou les femmes meme si anatomiquement ils se ressemblent .il y a des qualites et des defauts chez les deux sexes et chacun doit exploiter ses qualites et choisir sa vie comme il le desire .le jour ou une femme choisira librement sa vie on peut dire que nous avons evolue .les hommes doivent se debarasser des prejuges et considerer la femme comme une personne a part entiere meme si elle accepte le role de femme au foyer et cela evitera bien des causes de divorces .une femme qui travaille doit participer aux depenses comme un homme avec le partage des responsabilites sans arriere pensees .

TeTeM
| 18-08-2016 16:07
Nazou l'égalité n'est qu'un leurre car nous ne le sommes pas tout à fait. Mais oui, il y a des mentalités à changer dans notre perception de la femme.

Les couches et le ménage ne sont qu'un exemple. Un rôle traditionnellement dévolu à la femme objet au service de l'homme!

Je ne parlerai plus d'égalité mais plutôt d'équité! Le terme me semble plus juste!

nazou
| 18-08-2016 15:44
L'égalité ça n'est pas le biberon ou le ménage !
Là, Les couples font ce qu'ils veulent,dans leur intérieur.

Je parle de la mentalité !!!!

Et je ne parlais pas de moi,ni de mon cas personnel.
Mais de généralité !
Le regard de la société doit changer, par rapport aux femmes.
Pour ce qui est des devoirs, la femme à prouvée depuis des siècles, qu'elle n'a jamais failli.

Ne dit-on pas que la femme est le pilier d'une maison.

L'égalité homme femme à plus détruit la cellule familiale, qu'autre chose
.

TeTeM
| 18-08-2016 14:46
Là est l'erreur nazou. Il n'y a rien à demander! Prenez ce qui vous revient de droit! Soyez ce que vous voulez être!

Même droits? Mais aussi même devoir. Pourquoi nous homme ne donnerions pas le biberon, ne ferions pas le ménage avec nos compagnes? L'égalité ne passe pas que par l'égalité des droits mais aussi l'égalité des devoirs !

averroes
| 18-08-2016 14:03
le terme "dénudé" est utilisé improprement. Les femmes ne sont pas dénudées lorsqu'elles ne portent pas le voile. Il faudrait donc déjà réformer notre vocabulaire et influer ainsi sur les esprit. Une femme non voilée n'est pas dénudée. L'utilisation de cet adjectif dénote tellement de l'etat d'esprit ultra-conservateur pour ne pas dire obscure des tunisiens.

nazou
| 18-08-2016 13:44
C'est là l'erreur.
Il ne faut pas demander l'égalité.
Mais un statut spécial d'obligations de respect !!!
Et d'obligations des mêmes droits !
Demander l'égalité homme femme est une supercherie.
Les occidentales rament encore ne serait ce que pour l'égalité des salaires !!!

TeTeM
| 18-08-2016 13:04
La tribune est intéressante avec plusieurs exemples bien choisie. Néanmoins, la femme est vue comme un objet partout dans le monde et surtout en occident.

Les mannequins, les concours de miss... tant de chose qui contribuent à renvoyer la femme comme un (bel) objet visant à assouvir les fantasme de l'homme.

Même les débats sur le burkini renvoie à ce statut d'objet. La femme ne peut donc pas décider d'elle même ce qu'elle souhaite porter. trop habillé c'est une "intégriste", trop dénudé, c'est une "péta..."

La femme est toujours enfermée autour d'un qualificatif ou d'une condition (femme de..., mère de..., fille de...) le chemin vers l'égalité est encore très long et pas qu'en Tunisie!

TeTeM
| 18-08-2016 12:59
Je plussoie votre commentaire mais il y a un soucis de chronologie. Le voile en Tunisie a fait son grand retour dans les années 2008-2009-2010 soit durant les dernières années de ZABA et l'événement du parabole.