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Tunisie – Forum de « Réalités » : Le religieux et le politique font-ils bon ménage ?
20/11/2011 | 1
min
Tunisie – Forum de « Réalités » : Le religieux et le politique font-ils bon ménage ?
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«Le religieux et le politique dans un État de droit : expériences comparées», tel était le thème de la troisième session du Forum International de Réalités, organisée les 17 et 18 novembre 2011 à Hammamet ; un forum qui touche un sujet d’actualité dans un moment des plus délicats.

Lors de la cérémonie inaugurale, Taïeb Zahar, président du Forum a rappelé lors de son discours de bienvenue, que la question identitaire est un sujet d’actualité très sensible. Il a cité l’exemple de l’affaire du film Persépolis, qui a suscité plus d’une réaction et qui a révélé au grand jour une société tunisienne à fleur de peau face à son identité arabo-musulmane.

Elisabeth Braune, représentante de la fondation Friedrich Ebert et chef de la délégation européenne, a à son tour évoqué l’attribution du prix Sakharov à feu Mohamed Bouazizi, en signe d’hommage et de reconnaissance envers ce jeune qui incarne un symbole de la révolution tunisienne. Elle a, par ailleurs, mentionné qu’un grand malaise s’est installé concernant le dialogue sur la religion qui reste toujours un sujet tabou et que la vraie question à poser maintenant est : quelle place donnera la démocratie naissante en Tunisie, à l’Islam?

Ahmed Nejib Chebbi, président du PDP, également invité à ce forum, a fait, d’abord, un récit historique des conflits entre religieux et politiques en Europe ayant abouti à la naissance de la notion de liberté de conscience qui constitue la libération de l’esprit de toute forme de tutelle par rapport au dogme religieux.
Abordant, ensuite, la situation actuelle dans notre pays, M. Chebbi a mis en exergue la tendance réformiste du pays et ce, depuis des décennies. Il a néanmoins évoqué la nécessité de rester vigilant notamment à la suite du discours de Hamadi Jebali qu’il a jugé en contradiction avec l’essence même des objectifs de la révolution.

Iyadh Ben Achour, lors de la deuxième journée du forum, a traité des notions «d’État de droit» ou encore «d’État civil». Il a précisé que l’État de droit implique le refus total de la souveraineté absolutiste, qu’elle soit idéologique, ethnique ou religieuse. L’État de droit refuse de se soumettre à un ordre supérieur à la constitution, car il y a une incompatibilité totale entre croyance intégrale et constitution.
L’État de droit est forcément civil, pluraliste et démocratique, ce qui n’accorde aucune place au monolithisme sous quelque forme que ce soit. Il a ajouté, par ailleurs, que notre Constituante est pluraliste par définition, à l’image de notre société, composée d’une mosaïque de catégories et de classes. D’autre part, il a exprimé sa méfiance à l’égard de la justice tunisienne et estimé que la société civile s’est montrée, jusque-là, trop molle.

Au cœur du débat sur la question identitaire et son impact sur la vie politique, des intervenants tunisiens et étrangers, chercheurs, philosophes et intellectuels de renommée, ont évoqué les expériences iranienne et turque en comparaison avec le cas tunisien. Au deuxième panel, les exemples maltais, polonais et français ont été exposés par des témoignages d’historiens, de prêtres et de diplomates.

Olfa Youssef, invitée à introduire la séance de l’après-midi du 18 novembre, a donné un bref aperçu sur les connotations politiques dans la religion islamique. Elle a précisé que l’Islam est un référent identitaire qui vise à ancrer l’identité musulmane et c’est une religion qui ne croit pas à la médiation entre l’être humain et Dieu. L’Islam est source de législation divine, ajoute t-elle, mais l’interprétation reste humaine, donc variable. Autrement dit, la législation ne peut être qu’humaine.

Le débat était riche et porteur de plusieurs messages dont l’essentiel se résume dans le fait qu’entre le religieux et le politique, il y a la conscience citoyenne et le respect des libertés.
20/11/2011 | 1
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