alexametrics
jeudi 25 avril 2024
Heure de Tunis : 23:34
Chroniques
Tunisia 2020, le show éphémère
29/11/2016 | 15:58
4 min

 

La conférence Tunisia 2020 est le grand événement de cette année. Cette réunion des plus grandes personnalités nationales et du monde durera deux jours. Deux jours qu’on prépare depuis des mois déjà. Depuis le gouvernement de Habib Essid, qui en a pris l’initiative, jusqu’à celui de Youssef Chahed qui l’inaugure aujourd’hui. L’idée étant de réaliser une grosse opération com’ autour de la Tunisie pour montrer au monde (aux investisseurs et bailleurs de fonds surtout) l’importance des projets prévus à horizon 2020. Pour montrer que la Tunisie est un marché dans lequel il et bon de croire…et d’investir.

« La Tunisie est un pays d’avenir, porteur d’espoir, de promesses et de projets ». Il faudra que les autres, ceux qui en ont les moyens, y croient assez pour venir investir leur argent ici. Pour alimenter la croissance, la transition et la démocratie. Pendant deux jours, les discours sur « le devoir, la responsabilité » que les autres pays proches, amis et voisins, ont envers la Tunisie se feront retentissants. On n’entendra plus que ça, en plus des mains serrées, des sourires à la presse et des nombreuses photos clinquantes qui ponctueront les dizaines d’accords signés depuis ce matin.

 « Mais il ne s’agit pas de chercher l’aumône » répète-t-on à l’unisson. Uniquement de l’aide et du soutien. De l’aide pour redémarrer et du soutien pour continuer sa lancée vers une économique plus florissante. Le tableau est bien beau et l’idée est bien louable. Mais qui faudra-t-il convaincre  au juste ? Ces étrangers, qui réalisent eux aussi leur grosse opération com’ ou nous-mêmes ?

 

A quelques jours avant l’ouverture, l’organisation a été méticuleuse. Tout est orchestré, tout est paramétré pour donner la meilleure image possible de nous pour que le monde croie en ce petit pays à la grande destinée. Tunis s’est transformée en une « ville modèle ». Plus de saletés dans les rues, plus de chaussées délabrées, mais, partout, de la propreté, de la verdure, une circulation fluide, des rues illuminées. Du jamais vu depuis des années.  On martèle des slogans positifs, on appelle la presse à la retenue, à la réserve, à n’évoquer que les sujets agréables et à éviter tout ce qui pourrait tâcher l’image du pays. En somme, à « jouer le jeu ». Mais ce jeu ne durera pas. Du moins, pas plus de quelques jours après que tout ce beau monde soit rentré chez lui. Tôt ou tard, nous serons rattrapés par la réalité et la réalité n’est, avouons-le, pas belle à voir.

 

Mais pour cela, nous ne pouvons que nous blâmer nous-mêmes. En réalité, si les pays étrangers et les institutions internationales prennent le risque de croire en nous, nous n’en faisons pas de même avec nous-mêmes. Nous ne croirons pas assez en nous-mêmes pour penser mériter un pays propre, pas seulement pendant deux jours mais pour toute l’année ; pour nous accorder sur des sujets à des années lumières de ce qui est important ; pour travailler durant toute l’année et non uniquement lors des grands événements et pour que ces ondes positives deviennent une réalité. Car, en vrai, les investisseurs n’attendent pas de voir l’image du pays pour se décider sur place. Tous ces accords ont été décidés depuis un moment déjà, l’état des rues, de la chaussée, du trafic, et du contenu des unes de notre presse, n’y changeront rien. Du moins pas aujourd’hui, pas pendant cet événement qui durera deux jours. «  S'ils sont capables de le faire pour une conférence internationale, pourquoi ne pas le faire tous les jours pour NOUS ? » s’interrogent des Tunisiens sur la toile. Et ils ont bien raison.

 

Au lieu d’appeler à camoufler la vérité par des slogans trompeurs, à planter des arbres qui dureront seulement quelques semaines, à embellir des jardins qui ne seront pas entretenus et à « distribuer de la joie » seulement pendant deux jours, ne faudrait-il pas commencer à repenser réellement l’image du pays ? Son image à long terme, son image réelle et non éphémère. Mais aussi notre manière de faire et d’agir tous les jours. Ne faut-il pas investir, aussi et surtout, dans ceux qui, tous les jours, font que le pays est ce qu’il est. Ceux qui ont les moyens d’y investir tous les jours, d’y travailler et de l’améliorer. Parce que la Conférence sur l’investissement ne concerne pas seulement les étrangers mais tous les Tunisiens, il est temps de dépasser ce complexe de l’étranger et de réaliser que les Tunisiens mériteraient que ces ondes positives éphémères durent, non pas deux jours, mais toute l’année. La Conférence de l’investissement, ce n’est pas seulement aujourd’hui et demain, c’est tous les jours qu’on devrait donner le meilleur de nous-mêmes et inciter les autres, mais aussi nous, à voir notre réel potentiel. Au lieu d’attendre que les autres viennent investir chez nous, commençons par investir en nous-mêmes et faisons-le, pas seulement les jours de fête, mais tous les jours…

29/11/2016 | 15:58
4 min
Suivez-nous

Commentaires (15)

Commenter

Bechir Toukabri
| 05-12-2016 21:57
Nous sommes un peuple d'imbéciles, avec ses dirigeants, ses politiciens, ses intellectuels et toutes ses classes sociales.Nous n'avons rien compris, surtout depuis la révolution. Nous vivons avec des fantasmes, et nous ne prendrons connaissance de la réalité qu'après une bonne STAKA sur la tête?

ALAZON
| 30-11-2016 22:16
@JOHN WAYNE
cher ami je vous remercie pour votre article rien à ajouter
à part que ca ma fait marrer et pitié peut être quand je vois qu'on compte sur le QUATAR ET LES 33 tours du golf quand est ce que on va s'apercevoir que ce sont des enfants de malheur, des oiseaux de mauvaises augures regardez la Syrie. Merci pour votre article

JOHN WAYNE
| 30-11-2016 12:56
La vie est belle pour moi.
Car même si je me trouve être théoriquement à l'aube de ma vie, je savoure victoire après victoire contre mon ennemi numéro un.
Cet ennemi numéro un n'est plus la France qui a humilié mes parents et colonisé mon pays, mais vous le peuple Tunisien indigne, traitre, opportuniste, et dépourvu de la dignité la plus élémentaire.
La libération de la Tunisie recolonisée un certain 14 Janvier 2011 passera par une victoire totale contre l'ennemi le plus tenace de la Nation Tunisienne : le peuple Tunisien lui-même !
Voyez-vous peuple de gueux, ce siècle contemporain que vous vouliez moquer par vos fausses révolutions pour la liberté et la dignité, à la ferme intention de vous donner une bonne leçon.
Car chaque évènement qui secoue ce siècle contemporain, affaibli un peu plus vos manigances et vos malversations de l'histoire.
Il n'y a pas seulement la victoire imminente de Bashar El Assad que vous avez trahi et même enterré vivant, mais la mort de Fidel Castro qui elle aussi donne une leçon magistrale au monde.
Ouvrez les yeux et écoutez peuple sans dignité : vendre son pays aux sionistes ne paye pas, même si l'argent a des déguisements d'Islam et de vertu.
L'argent même s'il est imprimé à la Mecque ou des pèlerins morts broyés par des foules en panique sont évacués au bulldozer, ne blanchira pas votre révolution sioniste.
Un peuple vendu est un peuple vendu même si l'or qui l'a acheté est béni par un prédicateur pédophile de l'Université Islamique de Médine, ou par Moza et ses gardes robes estimées à des millions de dollars.
Les hommes qui ont bâti des Nations afin de préserver la dignité et l'identité des peuples l'ont fait sans virements du Qatar et de l'Arabie Saoudite, ni visites d'Hillary Clinton et George Soros a un Palais de Carthage qui tombe en ruine.
Vous êtes un peuple de vulgaires traitres et votre révolution a échoué car elle a vendu une glorieuse Nation à ses ennemis impérialistes et sionistes.
La révolution de Fidel Castro est immortelle car elle a eu comme leader un homme de la même trempe que celle de Bourguiba et de Nasser.
Des hommes qui voulaient créer des Nations pour que les peuples survivent dans la dignité.
Votre révolution a détruit la Tunisie et le monde Arabe.
Elle n'a plus de raison d'être.
Le monde Arabo-musulman subit depuis des siècles la malédiction de l'Islam car cette religion fut très tôt accaparée par des êtres cruels, et plus tard utilisée par des colonialistes odieux et racistes afin d'exploiter des peuples maintenus dans le sous-développement pour des raisons d'hydrocarbures.
La Révolution de Fidel Castro est d'autant plus forte que le « Commandante » vient de rejoindre le paradis. Elle ne mourra jamais même si Washington pense le contraire. Les révolutionnaires Cubains ne sont pas les révolutionnaires Tunisiens que la CIA a acheté en dollars sales.
Cet homme bourgeois mais né d'une mère qui fut une bonne à tout faire, avait décidé comme Bourguiba, d'élever le niveau de son peuple alors qu'il aurait pu continuer à vivre dans le luxe au sein d'une république de bananes que Washington avait l'intention d'exploiter en maintenant au pouvoir un homme corrompu.
Le Cuba de Batista est la Tunisie de l'après révolution des gueux. Les républiques de bananes contrôlées par Washington se ressemblent toutes.
La Tunisie ne sera sauvée que par un nouveau 7 Novembre qui verra l'avènement d'un régime militaire qui fera marcher au pas un peuple indiscipliné préférant l'Islam au travail, et l'argent sale des pétromonarchies du Golfe a la souveraineté.
En attendant ce jour glorieux, soufrez peuple de gueux.
Les humiliations de l'histoire ne font que commencer.

JOHN WAYNE


El Chapo
| 30-11-2016 11:20
Le Vaudeville hilarant a bien commencé avant hier soir à la régence française avec le fameux 'Béji Caïd Ez....i' lanc de la bouche d'un MAnuel Valls exténué sûrement par un voygage de 2 heures 30 de Paris

le déçu
| 30-11-2016 07:21
Votre chronique,Madame a
mis en exergue quelques vérités,elle a,cependant négligé un élément fondamental ,celui de dénoncer l'incivisme congénital du tunisien!!Car, aprés que les autorités aient, enfin entrepris le ravalement global de TUNIS, IL REVIENT A NOUS TOUS ,de veiller au respect de la propreté des rues et des espaces verts.NOTRE comportement actuel EST MALHEUREUSEMENT à MILLES LIEUX DE CELA.Pire,si d'aventure il vous arrive de faire observer à quelqu'un qu'il se trouve à quelques mètres d' une poubelle municipale prête à recevoir ce dont il vient de se débarrasser par terre ,je vous laisse deviner.......CE QUI S'EN SUIT . MA suggestion est la suivante: j'invite les plateaux médiatiques ,les journalistes les politiciens responsables et non populistes,les syndicalistes les associations civiles ,la ligue des droits de l'homme tous ceux qui ont fait de leur fond de commerce le droit et rien que le droit ,je les invite tous de rappeler à tout tunisien que seul l'accomplissement du DEVOIR DONNE ACCÈS AU droit

Harki
| 30-11-2016 07:12
Les voleurs sont bien placés.

DHEJ
| 29-11-2016 19:05
Densité institutionnelle qui donne des idées sur le mode de gouvernance du pays!


2 jours par 4 km carré c'est possible mais tous les jours sur tout le territoire alors la yabta ...

Observateur
| 29-11-2016 18:55
Et vrai ce que vous dites, le tout un theatre de deux jours que le gouvernement instrumentalise pour faire croire qu il a reussit
a conquerir les investisseur et ces derniers jouent le jeu sachant qu ils ne feront rien tant que les elites du pays ne se resignent pas a combattre la corruption,a cesser de fuir le payement de leur impots,a faire des reformes economiques et sociales qui touchent leur previleges illegales et injustes ,des reformes sans lequelles le peuple ne voudra ni travaillerv,ni produire..

TMT
| 29-11-2016 18:16
Vous nous gâchez même le droit de rêver?où. Voulez vous en venir!?
Ce qui est sûr,c'est que le développement ne se fait dans les salons en recherchant des tournures qui font le plus mal...
Malgré ça,je reste optimiste et les tunisiens gagneront le défi, promis.

kameleon78
| 29-11-2016 18:05
Faire des ravalements de façade en vue du Show Tunisia 2020 me rappelle les villages Potemkine du 18ème siècle sous la Grande Reine Catherine II de Russie (une Reine qui modernisa la Russie et qui avait des moeurs légères). Potemkine était le ministre et aussi l'amant de la Reine, et pour faire plaisir à celle-ci il l'emmenait visiter la Russie profonde de l'époque pauvre et rurale, il faisait construire des villages factices avec du carton-plâtre et un semblant de petites routes, il ramenait du monde dans ces villages qui devaient applaudir la Reine et quand elle était partie, on détruisait ces villages factices et tout revenait comme avant, la saleté, la pauvreté et l'anarchie dans cette Russie profonde du 18ème siècle.