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Chroniques
Toutes les bonnes choses ont une fin
Par Synda Tajine
21/05/2019 | 15:59
3 min
Toutes les bonnes choses ont une fin

 

 

Entre dimanche soir et lundi, le monde a vibré avec le dernier épisode de la série emblématique Game of Thrones. Un événement ridicule, anodin avec lequel on nous bassine depuis des mois, pour certains, mais un grand moment de télévision pour des milliers d’autres humains de par le monde.

Pendant que le monde vivait famine, crises économiques, mouvements sociaux, combats pour les libertés, campagnes électorales, des milliers d’êtres humains aux origines, couleurs de peau, orientations sexuelles, religions, opinions politiques et situations géographiques diverses se sont réunis l’espace de quelques heures pour s’extasier - et crier leur déception - devant le grand final d’une des plus grandes séries télévisées de tous les temps. De quoi rappeler les grandes finales de la coupe du monde de football, les grands événements historiques et les épopées dont on pourrait parler des années durant à nos arrières petits-enfants qui n’en comprendront sans doute pas grand-chose.

 

Le monde se réunit lors d’événements de ce genre. Qu’ils soient futiles et parfaitement agaçants pour certains, ou au contraire historiques pour d’autres. Le monde a vibré lorsque la cathédrale Notre-Dame de Paris a brûlé, lorsque Donald Trump a été élu président, lorsque la famine a frappé des centaines de Syriens, lorsque des attentats – par dizaines – ont secoué plusieurs parties du monde… Dans ce monde ultra-connecté, où l’être humain est le même, partout, où malgré la distance, l’histoire et la culture, les besoins et les peurs restent les mêmes.

 

Ces peurs sont aussi les mêmes aux Etats-Unis où on assiste, tout aussi ébahis, à la fin d’une liberté que nombreux croyaient acquise. Celle du droit de disposer de son corps, de décider de sa maternité et d’avoir accès à l’avortement.

Ces dernières semaines, plusieurs Etats conservateurs dont le Missouri, l’Alabama, la Géorgie ou l’Ohio, ont ou sont en train de voter, des lois liberticides – et anticonstitutionnelles - ôtant le droit à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) à de très nombreuses Américaines. Dans ces Etats, il sera désormais interdit de recourir à un avortement s’il ne présente pas de risque pour la santé de la mère. Même dans les cas extrêmes de viol ou d’inceste. Au nom du « droit sacré » à la vie, les médecins qui pratiqueront une IVG seront passibles de peines de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans. Certains vont même jusqu’à suggérer le recours à la peine de mort.

Une régression dénoncée par des défenseurs des libertés dans le monde entier. Si dans certains pays, l’IVG est récemment devenue « destigmatisée » et parfaitement libre, le fait que le sujet soit remis sur le tapis dans un pays tel que les Etats-Unis dérange. Si l’avortement a toujours été un sujet épineux dans les Etats du « Monde libre », à cause de la pression religieuse, les pays qui ne se sont pas encore libérés de cette pression retiennent leur souffle.

 

En Tunisie. Parlons-en justement. Là où les voix pour rendre punissable par la loi le fait de « dé-jeûner » à ramadan, se font entendre, où une circulaire vieille de plusieurs dizaines d’années se dresse contre des libertés constitutionnelles, où les policiers font des décentes dans des cafés et où les homosexuels se voient encore intimement « fouiller », il y a de quoi avoir peur. Dans ce pays où les dogmes sociaux régissent ce qui est accepté et ce qui ne l’est pas, où tout reste à construire, le droit à l’avortement, s’il est légal, n’est pas encore dépourvu de honte et de stigmatisation.

Alors que l’accès à l’égalité de l’héritage, pourtant élémentaire, continue de patauger et ne semble pas être « la priorité du moment », que la défense des minorités sexuelles fait encore face aux sacrosaints « principes de la société musulmane », que des intellectuels et des blogueurs font l’objet de plaintes pour de simples écrits, il y a de quoi se poser des questions.  

Les combats, peu importe dans quelle partie du monde on se trouve, sont parfois les mêmes et il ne faut jamais les arrêter. Rien n’est jamais acquis et toutes les bonnes choses peuvent – malheureusement – avoir une fin…

 

Par Synda Tajine
21/05/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (4)

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ameur k
| 22-05-2019 15:16
une tre belle analyse de la situation .En tunisie ,on est en plein dedans du fait de l esprit trop conservateur et trop lié à la religion et aux ancetres
l esprit CITOYEN est pratiquement absent .Dans une société à culture hypocrite : ennifek hérité des coutumes religieuses ancestrales, on ne peut pas evoluer vers la modernié et on continuera à mentir et à adopter le double language ou la langue de bois dans lesquels on excelle.....avec un résultat NUL

Riri
| 21-05-2019 21:58
+1

Roger Rabitt
| 21-05-2019 18:14
Surtout en terrain marécageux

La promotion et le respect des droits fondamentaux ne peuvent se faire qu'au sein d'une société où la majorité de ses membres sont sensibilisés à la citoyenneté responsable et ont les capacités de l'assumer.

En Tunisie, ce n'est pas le cas.
La majorité de la population est étrangère au fait démocratique et citoyen : les schèmes culturels d sont en contradiction frontale avec les possibilités d'exercice et de respect de la différence; L'Ignorance (en particulier du principe responsabilité de Hans Jonas) et le Dogme font office de culture sous nos cieux.

Donc à court terme, inutile de s'évertuer à rendre civique une populace d'ignorants, que cela vous plaise ou non.

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mansour
| 21-05-2019 18:10
Qui en décide dans notre pays sous domination des khawangias et un système politique fermé par la dictature de l'islam politique des islamistes freres musulmans salafistes d'Ennahdha et ses serviteurs qui acceptent de collaborer pour le pouvoir