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Tourisme : Sans les Algériens et les Russes, ça aurait été la catastrophe !
04/09/2016 | 17:07
6 min
Tourisme : Sans les Algériens et les Russes, ça aurait été la catastrophe !
Le tourisme a été toujours un pilier de l’économie tunisienne. Outre son apport dans le PIB qui tourne entre 7 et 10%, c’est un secteur à forte employabilité directe et indirecte ainsi qu’un capteur d’investissements et de devises. Or, depuis 2011, les années se suivent mais les résultats ne sont plus au rendez-vous. En plus, les attentats de Bardo et de Sousse n’ont pas arrangé les choses. La fin de l’été a sonné et avec elle la fin de cette saison touristique 2016 et les chiffres officiels sont plus qu’éloquents. Bilan d’un secteur qui peine à sortir de la tête de l’eau.

 

La haute saison vient de s’achever et avec elle tout espoir d’améliorer la situation. Ainsi et selon les indicateurs jusqu’au 31 août 2016 communiqués par l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) à Business News, 3.787.158 visiteurs ont fait leur entrée les 8 premiers mois de 2016 en Tunisie, en baisse de 1,6% par rapport à 2015 (qui représente une année blanche à cause des attentats) et en baisse de 25,2% par rapport à 2014. Pire, ces chiffres sont gonflés par les entrées des Tunisiens résidant à l’étranger, représentant 23% des entrées, calcul qui n’avait pas lieu avant la révolution.

En effet, seulement 2.915.242 touristes étrangers ont visité la Tunisie cette année (-31,7% par rapport à 2014), au cours de ces 8 premiers mois de 2016. On rappelle, dans ce cadre, que l’ensemble des entrées touristiques des touristes étrangers était de 6.902.749 sur l’ensemble de l’année 2010, donc plus que deux fois plus que pour ces 8 premiers mois !

 

Ce bilan terne est marqué par une baisse des principaux marchés européens de la Tunisie, en l'occurrence la France (-49,4% par rapport à 2014), l'Allemagne (-71,6% par rapport à 2014) et la Grande Bretagne (-94,8% par rapport à 2014), pour ne pas dire par la baisse de tous les marchés européens (-51,9% par rapport à 2014). Seuls quelques pays de l’Europe de l’Est (Ukraine et Slovénie) nous sauvent, et à leur tête la Russie avec l’arrivée en Tunisie de 451.432 Russes, en hausse de 875,5% par rapport à 2015 et de 110,7% par rapport à 2014.

Ainsi, hors marché russe, la baisse des entrées européennes est de 70,31% par rapport à 2014. Le marché européen, qui représentait 40,3% des entrées touristiques en 2014, n’est plus que de 25,9% aujourd’hui !

Pour le marché maghrébin, les Algériens restent nos plus fidèles alliés et n’ont jamais failli à la Tunisie même aux plus sombres moments. Ils sont toujours au rendez-vous et les entrées se sont même améliorées par rapport à 2014 (1.118.979 visiteurs, soit +35,5% par rapport à 2014). En contre partie, on enregistre une baisse des entrées des Libyens (696.221 visiteurs, soit -17,1% par rapport à 2015 et -44,4% par rapport à 2014). Globalement, le marché maghrébin reste sable par rapport à 2015 et régresse de 12,5% par rapport à 2014.

 

Autre volet, pour la période allant du 1er janvier au 20 août, les nuitées ont enregistré une baisse de 40,4% par rapport à 2014 et 52,5% par rapport à 2010, passant de 23.259.629 nuitées en 2010 à 18.528.146 nuitées en 2014 puis à 11.040.633 en 2016. Le taux d'occupation a baissé passant de 52,3% en 2010 à 45,5% en 2014 puis à 29,7% en 2016, soit -43,2% par rapport à 2010.

Les recettes touristiques ont atteint jusqu’au au 20 août 2016, 1.405,5 millions de dinars (MD) contre 2.123,6 MD en 2010, soit une baisse de 33,8%. Une baisse conséquente de 46,5% en termes d’entrée en euros, alors que le pays en a le plus besoin maintenant, en cette période difficile que traverse l’économie tunisienne.

 

Contacté par Business News, le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), Mohamed Ali Toumi, a souligné dans sa lecture de ces derniers chiffres que la saison touristique a été sauvée par les Russes. Ceci dit, il a rappelé que ces derniers se sont tournés vers la Tunisie à cause de l’inaccessibilité pour eux de la Turquie et de l’Egypte. Pour lui, il faut tout faire pour les garder, notant que le produit tunisien n’est pas forcément adapté à eux et pointant quelques problèmes durant leurs séjours. «Ce volet fera l’objet d’une prochaine réunion de la FTAV», a-t-il confessé, sans vouloir en dire davantage.

Concernant les maghrébins, il a souligné que plusieurs chantiers sont à faire pour rendre leurs séjours plus agréables et pour les faire entrer dans les canaux officiels, notamment l’Office des frontières ainsi que des aires de jeu et de repos aux frontières.

 

Autre point abordé, il faut que la diplomatie tunisienne travaille sur la levée des restrictions de voyage imposées sur la destination Tunisie. En effet, M. Toumi note l’amélioration de la situation sécuritaire dans notre pays, en rappelant que nul n’est à l’abri du terrorisme, la preuve étant les récentes attaques subies par la France, la Belgique ou la Turquie. La lutte contre le terrorisme est un travail de longue haleine, imposer des restrictions sur la Tunisie, c’est servir les intérêts des terroristes en privant la Tunisie d’une part importante de sa croissance économique.

 

Tout en remerciant le TO tunisien qui a capté les Russes, Mohamed Ali Toumi a expliqué que le produit classique balnéaire n’est plus suffisant et qu’il faut développer d’autres produits qui durent sur toute l’année et qui permet une stabilité de l’emploi dans ce secteur ce qui permettra aux professionnels de mieux rémunérer leurs employés et surtout mieux les former pour mettre en place un meilleur service. Tout est lié comme il l’explique : «Comment demander à un employé de fournir un bon service, alors qu’il ne reste que les 3 mois de l’été ?».

 

Pour sa part, le secrétaire général de la Fédération tunisienne d'hôtellerie (FTH), Wajdi Skhiri, a confié à Business News que le secteur touristique travaille aujourd’hui au rythme d’une huilerie, à peine 4 mois, alors que les hôteliers ont investi dans des infrastructures qui couvrent la basse et la haute saison. Il a noté dans ce cadre, que pour 2016, le marché russe a sauvé cette saison.

Pour lui, le marché tunisien dépend trop des tour-opérateurs (TO) qui font la pluie et le beau temps. Il estime que l’Open Sky et les vols low-cost seront la solution et permettront aux touristes de venir sans passer par des TO, créant un renouvellement vers le haut. Ainsi, il propose, dans ce cadre, que Tunisair travaille seule sur l’aéroport de Tunis-Carthage et que les compagnies et de lui créer une filiale low-cost, ce qui permettra de sauver son surplus d’effectifs en adoptant le modèle d’Air France avec Transavia.

Autre axe à développer en Tunisie, celui du tourisme de 3ème âge de long séjours, en passant des accords avec les comités d’entreprises, les syndicats et les caisses de sécurité sociales. La Tunisie pourrait ainsi capter 1 million de touristes par an de ce genre. Le pays pourrait également développer un tourisme de shopping, la Tunisie produisant aux plus grandes marques dans le monde, en instaurant une détaxe qui encouragerait ce genre de tourisme.

 

Il fait remarquer que la reprise du secteur touristique profiterait à tous les autres secteurs, étant tous liés (transport, restauration, agriculture, commerce, artisanat, etc.). Prenant l’exemple de la colère des agriculteurs du secteur laitier et des centaines de litres de lait déversés par terre. Il a rappelé que selon les statistiques, un touriste consomme 1 litre de lait par nuitée, ce qui correspond actuellement au gap entre la production laitière du pays et la consommation (moins de touristes).

«De simples décisions, et non pas des investissements massifs, pourraient améliorer le secteur touristique», a martelé Wajdi Skhiri, en rappelant que les professionnels du secteur ont souvent été écartés des dialogues avec le gouvernement, comme s’ils n’existaient pas !

 

Un sentiment partagé par Mohamed Ali Toumi qui pointe la dernière décision de Néji Jelloul concernant le changement du calendrier et des vacances scolaires. En effet, ce changement affecte directement le tourisme local en Tunisie et bouleverse la dynamique économique du pays et celle du secteur. Il s’est interrogé, dans ce cadre, sur le devenir des festivals de Douz et de Tozeur.

«Bien que nous ayons beaucoup de respect pour le ministre de l’Education, nous sommes étonnés du lancement de cette initiative et des chambardements qu’elle va provoquer, impactant directement le tourisme local, sans que les professionnels de notre secteur aient été consultés !», s’est offusqué M. Toumi.

 

Le secteur touristique est un secteur important de l’économie tunisienne, il représenterait selon une étude faite en 2005 par l’AFD 19% du PIB. En 2010, il représentait 96.611 emplois directs, 289.833 emplois indirects et 376,4 MD d’investissement, selon l’ONTT. Aujourd’hui, ce secteur vit plusieurs problèmes et a besoin de la mise en place de décisions urgentes pour le faire sortir de cette spirale infernale et lui permettre une reprise, afin qu’il redevienne une force motrice de l’économie tunisienne et non pas un boulet.

 

Imen NOUIRA

04/09/2016 | 17:07
6 min
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Commentaires (17)

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Lario
| 10-09-2016 23:04
Les algériens ont commencé à développer leur industrie touristique vu que le prix du baril du pétrole est en continuelle dégradation et l'avenir de ce secteut est trés prometteur, quant à la clientéle russe, on ne doit pas compter trop sur elle car tot ou tard les russes préféreront la turquie et l'egypte et d'autres destinations plus avantageuses , plus concurentielles et plus performantes, il nous faut préparer dés maintenant à revoir notre politique touristique et opter pour une meilleure gouvernance de ce ministére Mr chahed est sollicité de constituer un comité de consultation qui peut étre composé des anciens ministres et de toutes les institutions et les organismes qui intéressent ce secteur si fragile , si aléatoire mais d'une importance économique et sociale trés ressentie

Extra
| 06-09-2016 10:19
La référence dont vous faites allusion ( 2014 année de la troyka almanhouca) c'est durant ces années que les terroristes ont êtes préparer et ont commencés a agir quand le nidaa et la nahdha ont êtes élu maroritaire au parlement. r

EL OUAFY avec Y à la fin
| 05-09-2016 17:58
En a écarté les hommes de domaine les Sahli c'est inconvenant de ladite révolution personne ne nier que la meilleure résultat en tourisme c'est bien la période de l'Etat profond de SIDNA Ben Ali qui veillait personnellement sur l'instauration d'un climat favorable et vraiment et sincèrement on a regretté l'absence de ce digne président qui était réprimé par certains qu'ils ont trahis puis ils ont lancé une compagne de propagande pour le salir sans preuve mais il viendra le jour ou la réalité s'éclairera .

kissimmee!!!
| 05-09-2016 15:11
bof!!!!! pour ma part d'habitude je vais chez moi à djerba, mais cet été j'ai passé de très très agréables vacances en floride, caroline du sud. "Myrtle Beach" pour un mois entier.
voila. la Tunisie est devenue infréquentable. c'est dommage,

el manchou
| 05-09-2016 13:19
Vous avez vu à quoi ressemblent les "hôtels" Tunisiens vendus aux touristes Russes et Algériens ?
Des wkélas 3*

Maryem
| 05-09-2016 10:12
Des imcompetents gerent l industrie touristique en Tunisie et prennent tous les hoteliers en otage.C est une verite amere sinon comment expliquer le refus des autorites l autorisation aux compagnies lowcost de servir les aeroports Tunisiens,sachant la logistique est un probleme important de la branche touristique en Tunisie.Elle n est pas proportionnelle en terme de nombre de sieges/avion au nombres de lits existants en Tunisie.
A titre d exemple,la compagnie low-cost Germanwings,filiale de la Lufthansa dessert les aeroports suivants.
Maroc:Casablanca,Marrakech,Nador,Tanger
Grece:6 aeroports
Espagne:11 aeroports
Italie: 14 aeroports
Turquie:4 Aeroports.......etc.
Les principales compagnies Low-cost en
Europe de l Ouest disposent de 1264 Avions(Ryanair,Easyjet,TUI Groupe, Eurowings,Transavia,Norwegian,Vueling..
la grande partie de ces compagnies sont autorisees en Turquie,au Maroc,en
Egypte,en grece,en Espagne.....etc.
La Turquie a part la Turkish airline dispose de 18 compagnies aeriennes en grande partie privees dont les principales Pegasus 67 avions et Sun express 64 avions.Ses pays disposent d assez de logistiques pour developper sainement leur industrie touristique alors qu en Tunisie nos tetes de betons des ministeres du tourisme et du transport dressent des barricades
la ou il faut ouvrir les portes,deux ministres aveugles et sourds et deux federations FTH et FTAV somnolentes pourtant gerees par deux personalites que je respecte,Si Toumi et Si Ben Salah mais restent les mains lies et
n osent entreprendre aucune decision pour imposer les decisions succeptibles de sauver le secteur.Toutes les solutions sont connues dont l open Sky mais aucun d eux n eprouve le courage de denoncer l imcompetence des 2 ministres de tutelle.Je suis sur qu ils seront soutenus par tous leurs adherents Hoteliers et Voyagistes et ne doivent en aucun cas accepter de sacrifier toute la branche touristique a cause du deficit enorme de Tunis air,apres avoir accepte et ferme les yeux sur le sabotage de Syphax airline et la disparition de Karthago airline qui aurait due etre reprise par Tunisair et en faire sa filiale low-cost.
Les hoteliers paieront la facture amere de leur incompetence.
@vacancier tunisien...Oui les tarifs des hotels varient suivant l offre et la demande.Quand aux 30 dinards il vaut mieux revoir cette decision arbitraire imposee aux freres Algeriens...il faut les remercier d etre toujours presents pour nous soutenir quoiqu il arrive.

observator
| 05-09-2016 09:29
Pourquoi vous prenez l'année 2014 comme référence et non 2013.

C'était la Troïka en 2013, donc chut il ne faut surtout pas en parler.
Jomaa en 2014 a fait 6 068 000 entrées
Essid en 2015 5 359 000 entrées.
L'année référence 2010 : 6 900 000 entrées.

Le meilleur gouvernement en terme de tourisme est ¨celui de la Troïka malgré les gréves les complots les sit-unn.

Je ne suis pas là pour pleurer sur la Troïka mais pour que les Tunisiens prennent conscience qu'on nous a menti et qu'on continue à nous mentir.
Et que finalement ce sont nous les Tunisiens en général qui payons.
Voilà cet article est l'archi-type de la manipulation de l'information au quotidien dans ce pays.
Il fait une comparaison sur l'évolution du secteur touristique dans le pays après 2010 et prend comme référence l'année 2014 celle du gouvernement Jomaa et non la meilleure année 2013 tout simplement pour occulter toute amélioration durant la période Troïka.
Après ils nous rabâchent les oreilles avec leur "patriotisme" ....etc...
Le mensonge à grande échelle continue.

Vacancier tunisien
| 05-09-2016 04:38
Je viens de passer deux nuits dans un hôtel à Hammamet. Je voudrais attirer l'attention des responsables sur les faits suivants:

- bien que le taux d'occupation soit très moyen, les tarifs sont restés inadaptés par rapport au pouvoir d'achat du Tunisien moyen. En Europe le tarif change continuellement en fonction de la demande et des disponibilités.

Une gestion dynamique basée sur une analyse objective et continue des faits est indispensable pour pouvoir couvrir les frais de fonctionnement et ce, en attirant la classe moyenne tunisienne, surtout lorsqu'on est presque à la fin de la saison estivale.

- bien que le nombre des chambres disponibles soit important, le supplément Single est exigé et il n'est pas symbolique; je peux même dire qu'il est très élevé

- La clientèle est constituée en majorité d'Algériens. L'un d'entre eux m'a signalé que deux de ses amis n'ont, pour le principe, pas accepté le principe de la taxe de 30 D. et ont préféré passer leurs vacances en Turquie. Le manque à gagner doit inciter notre Ministère du tourisme à revoir son môde de gestion

Vent du Nord
| 04-09-2016 23:29
Les touristes russes se sont tournés vers la Tunisie à la suite au conflit entre Erdogan et Poutin. Mais ce problème est résolu après qu'Erdogan s'est mis à genoux devant Poutin pour s'excuser pour l'avion russe abattu par la Turquie.
Donc les russes commencent à revenir passer leurs vacances en Turquie. L'an prochain ils ne reviendront plus en Tunisie d'autant plus que « que le produit tunisien n'est pas forcément adapté à eux et pointant quelques problèmes durant leurs séjours » dixit M. Mohamed Ali Toumi, Président de la FTAV. Le passage des russes en Tunisie c'est comme « une hirondelle qui ne fait pas le printemps ».
Et M. Toumi de dire : « il faut que la diplomatie tunisienne travaille sur la levée des restrictions de voyage imposées sur la destination Tunisie ». Même si les gouvernements européens lèvent les restrictions de voyage, les gens ne veulent plus aller dans les pays musulmans. Ils préfèrent aller en Espagne et au Portugal ou bien rester chez eux. Cette tendance est notable depuis le début du Printemps arabe lancé par la révolution tunisienne début 2011, mais elle s'est accélérée en 2015, année où se sont multipliées les attaques terroristes.
Et dire que ces Messieurs hôteliers décident de faire la grève !!
Et dire que le syndicat général de l'enseignement secondaire a décidé de suspendre les cours à partir du 21 septembre.
Et dire que la production du phosphate est bloquée.

Allez-y Messieurs,vous êtes arrivés la Tunisie est au bord du précipice. Elle est au bord de la faillite. Voir le reportage de la TV CNBC : http://www.babnet.net/cadredetail-130403.asp

Gabès-la-polluée
| 04-09-2016 23:02
On ne peut être plus clair. Bravo!