La Tunisie a participé les 29 et 30 septembre 2015 au salon IFTM Top Resa qui s’est déroulé à Paris. Près de 30 mille professionnels ont pris part à cet événement accueillant 160 destinations. La foire a abrité 365 stands et plus de 1200 marques. De grandes enseignes de billetterie, d’hôtellerie et d’événementiel se sont mobilisées pour ce rendez-vous immanquable.

Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme, a présidé la délégation tunisienne. Celle-ci était composée, en particulier, du directeur général de l’ONTT, du président de la FTH et des représentants de la FTAV. Cette participation a pour but de relancer la destination Tunisie auprès de la clientèle européenne, notamment française.

Les réservations en provenance du marché français ont notablement baissé cette année. Une chute d’environ 60% a été enregistrée par rapport à 2014. Les pertes étaient lourdes, voire insurmontables pour beaucoup d’unités hôtelières et agences de voyages. Les retentissements de cette baisse se sont même fait sentir de l’autre côté de la méditerranée. Le chiffre d’affaires de plusieurs tour-opérateurs français actifs sur la Tunisie a été considérablement réduit. Il est, ainsi, de l’intérêt des deux parties que la barre soit redressée.

Pour ce faire, il va falloir regagner la confiance des décideurs du marché touristique. L’image du pays a été largement ternie par les deux attentats terroristes du Bardo et de Sousse. La Grande-Bretagne, le Danemark et la Belgique ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en Tunisie. Le niveau d’insécurité est assez élevé, jugent-ils, pour lever les restrictions qu’ils avaient mises en place. Pour le cas de la France, le message d’alerte du Quai d’Orsay est relativement « souple ». Il n’est pas question de restrictions, mais plutôt d’appel à la vigilance. « Cette flexibilité rend plus facile de relancer la destination Tunisie sur le marché français que, par exemple, sur le marché anglais », a fait remarquer Hédi Hamdi, directeur de Destination Tunisie.

Pour recouvrer la confiance des Français, la ministre a tenu un point de presse au salon Top Resa. Elle y a souligné les efforts de l’Etat en matière de sécurité. Ainsi, a-t-elle mis l’accent sur les dernières dispositions prises, à cet effet, par le gouvernement. « C'est une situation conjoncturelle, et nous avons pris les mesures nécessaires pour sécuriser les accès du pays, les aéroports, les zones touristiques. La Tunisie est dans une phase où elle se démocratise, et cela ne plaît pas à tout le monde », a-t-elle affirmé selon une déclaration rapportée par Le Figaro.

Mme Rekik n’a pas manqué de préciser que le terrorisme n’est pas propre à la Tunisie, rappelant qu’il a frappé également en Europe. La ministre en a aussi profité pour faire appel à la solidarité internationale. « En Tunisie, la victime, c’est le peuple », a-t-elle glissé.

Toutefois, le discours sécuritaire ne suffit pas pour rassurer les touristes étrangers. Une stratégie communicationnelle de pointe est de rigueur. Abdellatif Hmam, directeur général de l’ONTT, a indiqué, à cet égard, que l’intention de solliciter l’expertise de spécialistes en communication existe. « On pourra aussi attribuer un nom à la stratégie sécuritaire de la Tunisie, comme c’est le cas du plan Vigipirate en France », a-t-il suggéré. Puis d’ajouter sur Express Fm : « Il est utile que le système d’alerte soit gradué et chiffré. Comme ça lorsqu’on annonce que le danger a baissé et que la situation s’est améliorée, le message sera plus convaincant ».

La participation de la Tunisie au salon Top Resa était axée, cette année, sur la destination Djerba. « L’idée c’est de choisir chaque fois une région. Pour cette édition, le choix s’est fait sur Djerba. Rappelons que l’année dernière, il y avait le grand événement artistique Djerbahood. Lors du prochain salon ça pourrait être Tozeur, Hammamet ou une autre ville. Nous voulons montrer que la Tunisie n’est pas une seule destination, mais un ensemble de destinations », a expliqué Abdellatif Hmam.

Les Tunisiens ont mis, cette année, le paquet sur le numérique. Des tablettes ont été mises à disposition des visiteurs pour tester les dernières applications dédiées au tourisme. Une série de spots touristiques avaient été également projetés sur une grande table tactile, à l’intérieur du stand qui mesurait 150 m2.

Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV, a déclaré lundi à Business News qu’il n’ira pas au Top Resa « Je n’ai rien de nouveau à apporter », a-t-il argué. Toutefois, il appuie la participation de la Tunisie à cet événement.

Le patron de la fédération tunisienne des agences de voyage nous a révélé qu’il sera de voyage à Paris le 30 septembre pour rencontrer le président et le vice-président du syndicat national des agents de voyages français (SNAV). Mohamed Ali Toumi compte beaucoup sur l’aide du SNAV pour prêter main forte au tourisme tunisien. « Le SNAV a les moyens d’influencer les réseaux de distribution de sorte que notre destination soit de nouveau commercialisée en France comme elle l’était auparavant », a-t-il avancé.

« La relation entre la FTAV et le syndicat français se renforce de jour en jour, notamment depuis que nous sommes devenus membre de l’ECTAA », a-t-il assuré. Ce rapprochement est bénéfique pour le

tourisme tunisien. « Le SNAV a accepté de nous livrer toutes les données qu’il possède sur le marché français. Lesquelles sont très utiles pour nous », a-t-il conclu.

Elyes ZAMMIT