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Terrorisme et banalisation : le double drame
13/10/2015 | 19:59
4 min
Terrorisme et banalisation : le double drame

On est loin des temps où une simple blessure d’un soldat par l’explosion d’une mine créait l’événement et faisait les tristes manchettes des médias. A force de multiplication des opérations terroristes, de plus en plus rapprochées les unes des autres, le risque d’établissement d’une certaine lassitude chez l’opinion publique est accru. Les derniers affrontements à Jebel Semmama à Kasserine le prouvent.

Mais la mort de deux, trois, voire quatre de nos vaillants militaires et autres membres des différents corpos des forces sécuritaires, ne suscite plus cette rage habituelle en de pareilles circonstances chez les citoyens. Cela veut-il dire qu’on est devenu insensible aux frappes menées par les terroristes ? Ou est-ce le nombre, relativement réduit des victimes qui ne secoue plus les consciences ?


Au cours de ces vingt-quatre dernières heures, une succession de drames est survenue sans que l’on constate cette tristesse et cette vague de condamnations en pareille conjoncture. Qu’on en juge. Pourtant la violence des terroristes retranchés dans les montages de Kasserine est montée d’un cran. Descendus des montagnes, dans la soirée du lundi 12 octobre 2015, se ravitailler dans les maisons environnantes à Mazreg Echames, une zone fortement bombardée située sur la route reliant Sbeïtla à Laâyoun, tout près du champ pétrolier d’Eddouleb, les individus armés, appartenant à la brigade de Okba Ibn Nafaâ, ont violemment agressé le propriétaire de la maison qui a essayé de les empêcher de voler des provisions. Plus grave encore, le fils du propriétaire, un adolescent, qui essayait de défendre son père en criant sa colère au visage des assaillants, s’est vu trancher la langue avant que les assaillants n’emmènent les provisions volées et prennent la fuite.

 

Auparavant, des affrontements ont eu lieu entre un groupe terroriste et des unités de la Garde nationale et de l’Armée. Epilogue malheureux avec deux soldats tombés en martyrs dans cette opération et trois autres ont été blessés. Et ce n’est pas fini. Un terroriste, qui s’était attaqué aux habitants du village de Sidi Harrath dimanche, a pris en otage deux bergers dont un a été relâché par la suite. Le deuxième otage a été retrouvé mort aujourd’hui mardi. La dépouille du berger enlevé a été, effectivement, découverte, ce mardi 13 octobre 2015, hors de la zone militaire fermée avant d’être transportée à l’hôpital régional de Kasserine. A noter que le berger relâché, la veille, avait révélé que son compagnon a été retenu parce que les terroristes le soupçonnaient de fournir des informations les concernant aux forces de sécurité.

 

D’ailleurs, dans des posts publiés sur les réseaux sociaux de Facebook, le groupe « Okba Ibn Nafaâ », appartenant à Ansar al Chariâa, a clairement menacé toute personne fournissant des informations aux sécuritaires de connaître le même triste sort. Tous ces faits n'ont pas ému, outre mesure, l'opinion publique, ni fait les grands titres des journaux. Et dire qu’en cette même journée, un autre drame a failli survenir avec la prise en otage de près de 300 Tunisiens dans la ville libyenne de Sabrata à 70Km de Tripoli par des milices islamistes extrémistes qui réclamaient aux autorités tunisiennes de relâcher un de leurs chefs, arrêté en Tunisie.

Pourtant, la tentative d’assassinat de Ridha Charfeddine, président de l’Etoile Sportive du Sahel et député de Nidaa Tounes avait créé un choc autrement plus grand. Est-ce dû à l’envergure du personnage ou à la conjoncture au vu de sa liaison avec Moez Ben Gharbia qui venait de diffuser une vidéo au contenu spectaculaire et grave ?

 

Ces événements survenus à Kasserine, prouvent que les lacunes et les défaillances sécuritaires persistent surtout que la région montagneuse est censée être une zone militaire où les mesures sécuritaires sont qualifiées de draconiennes. Et la tentative d’assassinat est survenue, de son côté, à Sousse, une ville censée être mise sous haute surveillance après l’attentat de l’Hôtel Imperial. Où réside le hic alors ?

Il y a bien eu cette réunion de la Conférence des présidents au siège de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui a, essentiellement, porté sur la situation sécuritaire dans le pays et les mesures prises par les ministères de la Défense et de l’Intérieur pour lutter contre le terrorisme.

Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Najem Gharsalli, ayant pris part à cette réunion, a indiqué avoir informé le législatif de la situation sécuritaire dans le pays, en particulier de la stratégie de lutte contre le terrorisme du ministère. « Je les ai informés, également, de l’évolution de l’enquête sur la tentative d’assassinat du député Ridha Charfeddine » a-t-il dit.

Il ajouté avoir fait part aux membres de la Conférence des présidents de l’importance de la barrière de sable sur les frontières Est du pays, relevant que les fléaux du terrorisme et de la contrebande sont étroitement liés.

 

Il y a bien des succès et des améliorations dans le rendement des services sécuritaires, mais des maillons semblent rester faibles. Sinon comment expliquer la répétition des actions terroristes, notamment dans des régions où les la sécurité est théoriquement la plus hermétique ?

Une remarque s’impose dans ce contexte : malgré tous ces coups et ces violences, on assiste à travers la majorité des médias, et autres blogs et réseaux sociaux, à une profusion de déclarations haineuses, diffamatoires et autres paroles mettant en doute, même la nature terroriste des derniers attentats, sans que cela ne soulève des réactions officielles de la part des autorités compétentes, plus particulièrement le ministère public.

13/10/2015 | 19:59
4 min
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Commentaires (16)

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Rudy
| 16-10-2015 13:59
Sa me fait mal de voir tout le temps ces attentats, pourtant pour se qui concerne de retrouver les terroriste du Jebel, la solution est simple et peut coutant, vous avez en Tunisie des Quantités de chiens èrrant, ramassée les entrainée les et mettez les sur le terrain a la chasse des terroriste la meilleure façon de les faire fuire, en temps de calme utilise les pour ratisser toutes les Jebel que vous avez, un par un , est l'avis d'un ancien Sous Off des forces Special avec 10 de service vivant chaque année 4 à 5 mois sur le terrain, regardez comme en Engleterre ont chasse le Renard, Le blaireau ou le Salglier, résultat garantis !

Rudy
| 16-10-2015 13:49
Sa m'écoeur de voir tout le temps ces attents alors que le problême pourait être résolut en quelques mois, vous avez en Tunisie tout a la disposition pratiquement gratuit ca

A4
| 15-10-2015 11:43
BERGER
Ecrit par A4 - Tunis - Le 15 Octobre 2015

Le bâton est orphelin
Il a perdu son berger
Ça s'est passé ce matin
Et personne n'a bougé

Le pauvre berger est mort
D'une balle sur le front
Il ne roulait pas sur l'or
Et vivait sans compagnon

Est-ce que c'est pour cela
Qu'il est parti en silence
Sans prière, ni blabla
Sans aucune reconnaissance ?

Ce n'était pas un élu
Un gradé ou un grand chef
Il n'a droit sur son talus
Qu'à quelques mots courts et brefs

Il a été la victime
D'enfants pieux et sanguinaires
Un berger sans patronyme
Vit et meurt en solitaire

momo
| 14-10-2015 17:22
Raisonnant, les terroristes sont des islamistes, peut importe la confrérie, l'appartenance, les islamistes sont aussi au pouvoir, à l'assemblé du peuple au gouvernement.
L'idéologie, les convictions sont les mêmes, ne cherchant pas ailleurs, le feu est dans la maison, la maison brule et les tunisiens votent pour les terroristes.
N'accabler pas Nida tounes, ils ne sont pour rien, c'est la faute des tunisiens, surtout ceux qui ont voté pour les islamistes

Gg
| 14-10-2015 16:45
J'explique, c'est très sérieux.
Jetez une grenouille dans une casserole d'eau bouillante: elle ne tombera même pas dans l'eau. Au seul contact de l'eau, d'un grand coup de pattes elle se sauve.
Je n'ai jamais fait l'expérience, mais on dit cela.
Maintenant, mettez votre grenouille dans une casserole d'eau froide. Elle est bien, elle y reste.
Et allumez le feu.... l'eau va chauffer, et la grenouille va cuire sans réagir.
C ainsi que l'on s'habitue à tout. A ne plus pouvoir respirer l'air des villes, à ne plus voir les étoiles du ciel à cause des éclairages, à ne plus boire l'eau de nos ruisseaux, à vivre dans la dictature, dans la violence et dans la guerre.
J'ai lu que des enfants nés dans la guerre et y ayant vécu de leur naissance à l'âge adulte, ne supportent pas la paix.
C'est terrible...

watani
| 14-10-2015 14:30
Des terroristes font des descentes inopinées, agressent des habitants,volent leur bétail, tuent des soldats et des civils et regagnent sain et sauf leur domicile. Je rêve, et ce n'est pas la première fois. Notre armée est-elle incapable de rattraper quelques uns ou de les tuer ? si non appelons Poutine pour les radicaliser. A chaque fois on parle d'une stratégie de défense, j'aimerai bien savoir de quoi s'agit-il ? Appelons des experts étrangers pour nous aider à défendre nos soldats et notre patrie si on est pas en mesure de le faire.

BHN
| 14-10-2015 13:40
Tout les pays ayant subit le terrorisme et en le banalisant au fil du temps (Irak, Syrie, Libye..) sont tous détruits avec des centaines de Milliers de morts à la clé.
En Tunisie, avant le coup d'Etat de la CIA le 14 janvier 2011 notre pays avait connu une seule attaque terroriste majeure c'était en 2002 à Djerba et une autre tentative à Soliman où les terroristes ont été haché menu en quelques heures, mais depuis ce sinistre 14 janvier 2011 et le démantelement de l'appareil sécuritaire tunisien par les droitsdelhommistes, les islamistes (sous ordre de la CIA et du Pentagone) on ne compte même plus le nombre d'attaques terroristes sur notre sol avec son lôt macabre de morts, rien que ces dernières semaines on a subit plus d'attaques terroristes qu'en 23 ans sous Ben Ali, cherché l'erreur.

Épicure
| 14-10-2015 13:16
Le tempérament du tunisien est malheureusement un tempérament mou et apathique.
La majorité de nos compatriotes sont passifs, nonchalants et lymphatiques. On a cette fâcheuse habitude de s'habituer à tout et à adopter tant bien que mal les nouvelles conditions qui se présentent à nous.
On s'est habitué à Ben Ali, ce qui lui a permis de gouverner pendant près d'un quart de siècle. On a adopté les rétrogrades islamistes qui ont pris le pouvoir et qui voulaient l'accaparer pour toujours. Sans les femmes et la société civile qui se sont battus avec beaucoup de courage et de ténacité on aurait eu droit à notre république islamiste.
On s'est révolté aux premiers attentats contre Chokri Belaïd, Mohammed Brahmi et les premiers soldats abattus par les terroristes. Petit à petit, notre énergie s'est épuisée et de graves signes de faiblesses ont commencé à se faire sentir. Le tunisien encore une fois s'est accommodé à cette actualité et à ces tueries. C'est là, un début de victoire pour les terroristes.
Rien qu'à voir le nombre de réactions à cet article on a envie de s'arracher les cheveux ! (Je profite de mon intervention pour saluer Sarra HLAOUI et rendre hommage à sa clairvoyance). Les intervenants ont préféré commenter massivement les propos futiles de Meherzia Laâbidi et de Hamadi Jebali.
Je suis triste de faire ce terrible constat et j'appelle les patriotes amoureux et jaloux de notre Tunisie à se réveiller et à militer pour s'opposer à cette dérive.
Sans réaction nous seront phagocytés par les Daech et consorts.

ameur k
| 14-10-2015 12:52
il faut mettre à contribution les habitants des régions montagneuse en les aidant pour ne pas quitter les lieux, par:
-une indemnité mensuelle pour leur vigilence
-le renfort des équipes des gardiens des forets par l'integration d'un jeune en chomage pour chaque famille
-la distribution d'armes d'une maniere selective à 1 personne de chaque "DAOUAR" ou bourgade avec un controle strict par la garde nationale 1fois /semaine par ex
le tout peut etre financé à partir d'une caisse issue de l'argent récupéré de la contre bande par ex
ne rien faire pour aider ces gens serait "LA PIRE CATASTROPHE " pour le pays

Maya
| 14-10-2015 11:40
Je crois que le pauvre peuple est mene en bateau, sinon comment expliquer qu'au moment de l'attentat contre ridha charfeddine, alors que ce dernier a avise les forces de l'ordre, aucune sortie de la ville n'a ete bouclee concomitamment avec le ratissage de la zone? Et comment expliquer que des zones sous haute surveillance militaires laissent s'infiltrer les terroristes qui descendent pour se ravitailler et rejoignent leurs qg sans etre inquietes? A la longue, je vais finir par attrapper la complotite aigue de abderraouf ayadi.
Essaye-t-on par hasard de sacrifier tout un peuple, son economie, sa jeunesse desabusee, l'histoire d'un paye 3fois millenaire, pour des conflits partisans et des luttes intestines a cause du pouvoir??? la tunisie a besoins de vrais leaders pour la sortir du bourbier dans lequel elle s'enfonce un peu plus chaque jour. Et a bon entendeur salut.