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Tataouine, règne du chaos et récupération politique
24/04/2017 | 19:48
5 min
Tataouine, règne du chaos et récupération politique

2.500 hommes, des centaines de véhicules tout terrains, des tentes de grandes dimensions flambant neuves, des provisions pour tenir un siège et même des pulls imprimés pour l’occasion. Tout y est pour cette opération très bien organisée visant à couper les routes du pétrole dans le Sud tunisien. Pour ces jeunes, il s’agit de reprendre en main l’héritage familial que l’Etat tunisien leur a confisqués, à savoir « des terres riches en hydrocarbures ».  Plus concrètement c’est le droit au travail au sein des sociétés pétrolières privées qu’ils revendiquent. 

 

Voilà exactement un mois qu’ont débuté des mouvements de protestation dans la ville de Tataouine. Une ville isolée et à l’écosystème rude et montagneux. Sous le colonialisme français, être déporté vers le bagne de Tataouine représentait un châtiment sans égal, tellement les conditions de détention étaient dures.

Aujourd’hui, 70 ans après l’indépendance, les conditions de vie à Tataouine ne se sont pas beaucoup améliorées. Dans cette région reculée du pays où deux jeunes sur trois sont au chômage, l’infrastructure est archaïque et la colère est en train de céder la place à la haine. On le voit aux revendications et au ton vindicatif qui imprègne les voix de ses jeunes qui reprochent à l’Etat « son absence ».

« Ceci est le résultat du silence de l’Etat tunisien qui nous a pris nos richesses et nos droits. Nous sommes tous ici aujourd’hui pour reprendre ce droit. Nous ne resterons pas muets, nous allons amplifier nos actions, ceci est un message au chef du gouvernement ». Voici le discours tenu par certains manifestants, filmé hier alors qu’ils se dirigeaient vers un point de contrôle pour barrer la route aux camions des sociétés pétrolières actives dans la région. Dans les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les protestataires demandent également que ces sociétés qui recrutent habituellement leurs cadres et techniciens dans les régions du nord et du sahel se mettent à recruter, en priorité, parmi les habitants locaux.  

 

Les partis politiques n’ont pas attendu longtemps pour faire de cette grogne sociale un slogan. Il est indéniable que la ville de Tataouine a souffert pendant des décennies de marginalisation en dépit de sa grande richesse.  Mais cette injustice, engendrant déception et colère auprès des habitants, a représenté une occasion rêvée pour les amateurs de récupération et de manipulation politique de tirer avantage de la colère des citoyens. En canalisant cette haine sociale, il en résulte une tentative d'affaiblir l’Etat qui nous rappelle celle menée en 2016 avec la campagne « Où est le pétrole ? » ou « Winou el pétrole ? ». Une ancienne campagne, menée par le parti de l’ancien président Marzouki, Al Irada, mais aussi le CPR et les LPR (Ligues de protection de la révolution), aujourd’hui dissoutes. Le même Moncef Marzouki qui, dans une déclaration faite à la presse étrangère, il y a quelque temps, disait: « Pour redresser le pays, nous devons nous focaliser sur nos compétence car probablement nous n’avons pas de pétrole ».

L’année dernière, « Winou el pétrole » a mis à nu l’ampleur de la fracture qui existe désormais entre nord et sud du pays.  Commençant à prendre conscience du danger que peut provoquer cette instrumentalisation de la haine, les autorités tentent de réagir.

A la mi-avril 2017, le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi s’est rendu à Tataouine où il a rencontré les représentants des manifestants « nous avons pris note de toutes leurs revendications et nous avons convenu de répondre à une bonne partie de celles-ci » déclarait-il quelques jours après sur Shems FM. Lors de cette intervention, le ministre avait, en outre, déclaré que l’accord trouvé incluait le recrutement prochain de 500 personnes au sein de la société locale pour l’environnement ainsi que dans d’autres sociétés pétrolières installées sur place. Une promesse « tout à fait réalisable », si l’on croit M. Hammami.

Successivement à cette visite, la tension est retombée d’un cran. L’accalmie ne dura que quelques jours. Ce weekend, les « fils des Fellaga », comme ils aiment se faire appeler, ont repris leurs mouvements de protestation… ou de sabotage. Toutes les routes qui mènent aux puits de pétroles ont été coupées mais aussi l’eau nécessaire au procédé d’extraction des hydrocarbures, également. Les stations de pompage des entreprises privées sont donc à l’arrêt.

 

Lors de son programme de visites dans les régions, le chef du gouvernement prévoit de se rendre à Tataouine jeudi 27 avril. Youssef Chahed devra présider, lors de cette visite, un conseil ministériel à Tataouine et annoncer un ensemble de projets en faveur de la région. Une visite très attendue et qui sera marquée par « la volonté d’aller dans le concret », annonce-t-on. Ce déplacement du chef du gouvernement fait suite à un autre, effectué au début du mois d’avril courant par une délégation gouvernementale dirigée par le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, afin de « voir les mesures qui doivent être prises dans le secteur de l’emploi et de l’infrastructure » et « chercher à établir une relation participative avec les composantes de la société civile afin d'identifier les priorités essentielles ».

 

 Tout comme la visite tenue à Sfax il y a quelques jours, l’équipe gouvernementale a attendu avant de se rendre à Tataouine que les solutions proposées soient concrètes afin d’éviter de faire des promesses qu’elle ne tiendra pas par la suite. Cette visite demeure d’autant attendue que les partis politiques multiplient eux-aussi les communiqués afin d’appeler « le gouvernement à trouver des solutions urgentes au chômage des jeunes de la région et à élaborer une vision globale pour impulser la croissance ».

 

 

 

24/04/2017 | 19:48
5 min
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Commentaires (16)

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Tataouiniste
| 26-04-2017 13:49
Halim Ferme Là !! Le droit de manifester relève de la liberté de chacun,et dans le respect de l'autre.Tataouine manifeste pour avoir leur part du gâteau des bénéfices du petrole et pas seulement pour Tunis et les regions du nord... depuis 60 ans que tataouine est mit de côté.maintenant c'est terminé et c'est juste le commencement.. Les régions doivent bénéficier des memes avantages sinon c'est le CHAOS... el 3akh Laaaaa

Halim
| 26-04-2017 09:14
Ne quittez pas avant de dire "sob7anallah"...

takilas
| 25-04-2017 19:38
Nahdha est maintenant dans l'obligation de présenter des excuses aux gens de Tataouine, pour leur avoir menti, et ce en leur promettant de les recruter dans les administrations de Tunis, comme cela a été effectué pour les habitants de Gabes et de Mednine , par lex-chef de gouvernement provisoire Laarayedh (*) et qui ont été "inscrits"pour la forme aux administrations de Tunis (sans compétence et sans avoir besoin d'y aller au soi-disant travail) et qui ont bénéficié dès le départ d'un logement neuf et d'une auto toute neuve, ainsi que d'une somme de cinq mille dinars en guise d'avance ou d'un prêt mariage de plus importante valeur ; une gâterie accordée à des centaines de milliers de sudistes qui suscita la jalousie non seulement aux gens de Tataouine mais à tout le restant du peuple tunisien.
Toutes ces faveurs rentrent dans le cadre des campagnes d'élections prochaines quelles qu'elles soient pour
Nahdha connu par son mafiosisme et son banditisme, d'ailleurs le travail n'est pratiquement jamais accordé, par exemple aux tunisois soit à Tunis ou ailleurs, puisque les partis tablent leur populisme sur les régions dites marginalisées, mais que paradoxalement comptent les individus les plus riches de La Tunisie . Pour la petite histoire l'argent entassé dans ces régions se chiffre par des centaines de milliards de millièmes.
Cette secte de nahdha n'a rien à faire à longueur de journée que de préparer des élections ou amadouer ou duper les gens.
Pour Tataouine et puisque la question (d'arnaque) de recrutement dans les administrations à été dévoilée par tout le peuple, Nahdha pensa trouver une autre astuce pour calmer les ardeurs de la promesse (mensongère) quoique antidémocratique et anarchique, des gens de Tataouine alléchés par l'aubaine (pour eux) d'aller à la capitale Tunis, car ils renient leur ville et leur région, qu'ils pensent ennuyante ; sans plages ni amusements. Donc Nahdha pensa, comme dit, trouver une autre solution qu'ils supposent ingénieuse, mais paradoxalement pleine de bassesse, soit celle de démonter une usine sise au Kef (ville prestigieuse du nord-ouesr) et de l'installer dans la célèbre ville balnéaire de Hammammet. L'accord pour cette compensation (de recrutement donc dans les administrations de Tunis la capitale) est alléchant et donne à rêver, sauf un coup de théâtre survint, lorsque les habitants du Kef (tous) se rendirent compte de la duperie et manifesterent leur colère et opposeraient à cette mascarade, qu'ils supposérent une humiliation voire une moquerie à leur encontre.
L'arnaque a été donc avortée et cestvaubtour de Tataouine d'exprimer leur mécontentement face auxvfaussesbpromessesvde nahdha ; à noter que nahdha n'a aucun effet ni autorité sur le gouvernement, mais ils pensaient réussir leur manigance et ce en imposant des pressions et des menaces sur le gérant propriétaire de l'usine ; cette tactique s'est avérée caduque après avoir été dévoilée comme expliqué précédemment.
Et, le dernier recours actuel de nahdha c'est de jouer la comédie avec la gens de Tataouine, jusqu'à prétendre qu'ils les soutiennent (bien sûr il s'agit de mensonges), mais de les soutenir en quoi et avec quoi ? En fin de compte et en conclusion, suite à ses duperies et ses moqueries, Nahdha se trouve par voie de conséquence dans une situation peu envieuse et sa crédibilité (dans cette arnaque nafieuse) est douteuse.

A4
| 25-04-2017 19:21
La Tunisie est un pays pauvre du Sud au Nord et d'Est en Ouest.
La production de pétrole était de 80000 barils par jour en 2010. Elle n'est plus que de 40000 barils par jour en 2016.
Le cours actuel du pétrole est au maximum à 52 dollars le baril.
40000 barils par jour × 52 dollars × 2,4 (taux de change) = 4992000 Dinars par jour de chiffre d'affaire.
Supposons qu'on réalise 30 % de bénéfice, soit: 4992000 × 0,30 = 1497600 Dinars par jour de bénéfice net.
Le gouvernorat de Tataouine compte 150000 habitants, d'où la part de chaque habitant de Tataouine et Tataouine seulement, sera: 1497600 / 150000 = 10 Dinars par jour. Soit 300 Dinars par mois et par tête d'habitant ! Jugez par vous même, mais sachez que la seule chose qui crée les richesse est le TRAVAIL !!!
Mais sommes nous prêts à travailler ???
Ma réponse est NON !!! Nous préférons "ello9ma el berda" ...

takilas
| 25-04-2017 19:07
Nahdha est maintenant dans l'obligation de trouver des excuses aux gens de Tataouine, pour avoir menti et ce en leur promettant d'abord de les recruter dans les administrations de Tunis, comme cela a été effectué pour les habitants de Gabes et de Mednine qui ont été "inscrits"pour la forme aux administrations de Tunis (sans compétence et sans avoir besoin d'y aller au soi-disant travail) et qui ont bénéficié dès le départ d'un logement neuf et d'une auto toute neuve, ainsi que d'une somme de cinq mille dinars en guise d'avance ou d'un prêt mariage de plus importante valeur ; une gâterie accordée à des centaines de milliers de sudistes qui suscite la jalousie non seulement aux gens de Tataouine mais à tout le restant du peuple tunisien.
Toutes ces faveurs rentrent dans le cadre des campagnes d'élections prochaines quelles qu'elles soient pour
Nahdha connu par son mafiosisme et son banditisme, d'ailleurs le travail n'est pratiquement jamais accordé, par exemple aux tunisois ni à Tunis ou ailleurs,

Moi
| 25-04-2017 15:02
Personnellement, la multiplicité des partis, incompétents et opportunistes par ailleurs, me dérange au point de vouloir retourner au système du parti unique où tout fonctionne en cohérence sans que personne ne cherche à briser personne !...Basta, nous citoyens nous avons assez de ces partis de pacotilles... qui embrouillent la Tunisie et nous font haïr tous ce que nous avons aimé en Tunisie

observator
| 25-04-2017 12:38
C'est ce qui n'a pas été fait depuis 2011 à cause de la main mise du système corrompu sur le pays.
C'est la condition sine qua non pour régler les problèmes de fonds dans ce pays.

Le modèle économique actuel a été conçu pour une minorité corrompue.

Il faut repenser un nouveau modèle pour l'ensemble des Tunisiens et des régions, sur la base du travail bien fait, le mérite, la liberté de création d'innovation, le partage des fruits récoltés et le respect des règles dont une lutte sans merci contre les corrompus et la corruption.
Donc il faut que les vraies compétences celles qui ont été marginalisées par la dictature régionaliste corrompue soient impliquées dans la gestion du pays.
A la tète de l'Etat nous devrons avoir des gens qui ont plus de leurs compétences techniques doivent avoir cette volonté de vraiment vouloir servir l'intérêt général. Ils doivent être issus de toutes les régions.
Tant que les centres de décision sont aux mains d'une minorité issue de la cote tant que le pays continuera à s'enfoncer vers l'éclatement et le sous-développement. C'est devenue une maxime aujourd'hui.
Donc les centres de décisions doivent échoir à un encadrement représentatif de toutes les régions du pays.
Il faut au plus vite une décentralisation du pouvoir vers les régions. Donc tout de suite la nécessité d'un code des collectivités locales.
Le système du crédit à l'économie doit être chapeauté par une commission dans les membres doivent être originaires de tout le pays et non un monopole d'une minorité de la Cote.

La réforme de l'éducation doit être confiée à une commission d'experts compétents et volontaires dépourvus de toute arrière-pensée idéologique, ses recommandations doivent être appliquées par le ministère chargé de l'éducation.
Ceci évitera qu'encore un charlatan de ministre utilise nos enfants comme des cobayes pour des intérêts autres.
L'UGTT doit se soumettre ou se démettre. Il ne faut pas qu'une bande de soixante-nuitards attardés prenne l'avenir de nos enfants et notre pays ( l'école) en otage pour guérir leurs frustrations devenues quasi existentielles.
C'est lamentable ce qui se passe depuis 3 ans autour de l'éducation. C'est une catastrophe.
Concernant le secteur privé, seuls ceux qui risquent qui travaillent qui produisent une richesse réelle pour doivent avoir une certaine bienveillance de l'Etat.
Tous les samsaras qui tiennent, aujourd'hui, cette économie de la pauvreté et de l'assistance, doivent être marginalisés.
Ceux qui inventent la nouvelle économie basée sur l'innovation la qualité, la technologie et le travail bien fait doivent être encouragés.

Voilà nous les Tunisiens majorité silencieuse ce que nous devons imposer comme grandes lignes pour changer notre existence et surtout celle de nos enfants.
Donc les manifestations dans nos régions intérieures pillées par une bande de corrompue sont légitimes en plus qu'elles sont pacifiques.
Tout ceux qui essayent de lier ces événements au terrorisme et autres interventions étrangères sont les actuels profiteurs de cette économie de la minorité et ne veulent pas que les choses changent.
Nidaa, par exemple, n'a t il pas promis monts et merveilles aux Tunisiens, en 2014, s'il était arrivé au pouvoir lors des élections ? . Ce n'était pas le quinquennat ou des grandes réformes devraient être entreprises ?
Eh bien il est au pouvoir depuis presque trois ans autant que Troïka et Jomma réunis . Pire la situation s'est considérablement dégradée.
De plus en plus les Tunisiens se rendent compte de la supercherie de tous ces politiques qui sont passés maîtres dans la manipulation et le mensonge. Et toute chose a une fin, leur mensonge passe de moins en moins d'où les réactions populaires que connait notre pays.
Nous devons exiger ces changements profonds au nez et la barbe de tous ces bandits qui corrompent notre pays et le maintiennent dans le sous-développement pour sauvegarder leurs intérêts étroits mais dans le même temps nous devons être solidaires et penser à l'unité et la sauvegarde de notre pays.

takilas
| 25-04-2017 11:54
Pour décanter cette situation et résoudre ce problème, il n'y a qu'une solution à savoir :
- Annuler toutes les décisions anarchiques prises par Ali Laarayedh qui consistaient au recrutement dans les administrations de TUNIS de centaines de milliers d'originaires (sa région) de Gabes et de Mednine qui n'ont de surcroît aucune compétence. - Replacer ces faux recrutés dans des administrations, des usines et des entreprises à édifier dans les gouvernorats de Mednine et de Gabes.
- Procéder à des formations continues à ces recrutés de Laarayedh selon les critères requis et selon les tests préliminaires.
- Étudier au cas par cas leur situation sociale et les prêts accordés hâtivement soit pour l'acquisition d'appartement ou de véhicule.
- Sensibliser les jeunes en général à délaisser la paresse, à pratiquer la course à pied et arrêter de fumer, et puis de donner de l'importance à la formation professionnelle.

adel
| 25-04-2017 11:33
C'est bien de réclamer le droit au travail.
Cette revendication signifie que le citoyen doit prendre la bonne initiative en ce sens et que le gouvernement lui prépare le terrain pour la réussite de cette initiative.
Mais revendiquer le travail précisément dans les sociétés pétrolières ou dans la fonction publique ou dans phosphate Gafsa dénote d'une ignorance totale de la société et de l'économie.
Pourquoi est-ce que le gouvernement ne se penche pas sur l'éducation culturelle du peuple qu'il pense diriger?