Et pour que vous compreniez bien mon raisonnement, je vous offre encore ce verre:" Entre la peste et le choléra, on ne doit choisir ni la peste, ni le choléra;" Dégustez!
Par Nizar Bahloul
Nous étions en plein farniente, en pleine improductivité estivale, sous les parasols ou sous les paillotes (la nouvelle tendance hammaméto-soussoise), quand soudain le ciel nous est tombé sur la tête avec cette information dramatique : un guet-apens du côté de Ghardimaou, sur les frontières tuniso-algériennes, a eu raison de six de nos agents de la Garde nationale. C’est le groupe Katibat Okba Ibn Nafâa qui en serait derrière.
Ce n’est pas le premier acte terroriste et celui-ci n’est qu’un de plus. Le plus gros risque est que ce genre d’actes soit banalisé et, hélas, celui d’hier prouve que l’on est déjà dans la banalisation. Pire, on a dépassé le stade de la banalisation pour atteindre celui de l’indécence.
Paix à vos âmes soldats ! Je m’interroge sincèrement et avec énormément d’amertume si votre mort servirait à quelque chose, car vous avez laissé derrière vous un bon nombre de crétins dont la particularité est d’être trop bruyants !
A la veille de ce drame, les nantis étaient sous les parasols et les paillotes, les contrebandiers étaient en train de pleurer les pertes enregistrées après avoir spéculé sur les prix du lait et les précaires étaient en train de chercher une solution budgétaire pour finir le mois.
Pendant ce temps-là, nos hommes politiques étaient en train de se jeter des peaux de banane et de se tirer les cheveux comme de vulgaires commères. Un coup par ci, un coup par là et les médias comptaient les points des deux camps en mangeant du popcorn. Parfois, il y a des coups qui les atteignent comme celui lancé vendredi par le camp de Hafedh Caïd Essebsi avec sa liste noire de journalistes (j’y figure, merci pour l’honneur) ayant reçu des livres sterling de chez la Reine Elizabeth II. Bien entouré de Borhen Bsaïes et Noureddine Ben Ticha, le « fils à papa » prend le chemin des renégats et félons de Ben Ali, de la liste noire de Lotfi Zitoun (version 2012) et du Livre noir de Moncef Marzouki. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose, « ça m’en touche une, sans faire bouger l’autre », a dit Jacques Chirac un jour.
Nos hommes politiques étaient donc à couteaux tirés et attendaient impatiemment que le FMI nous débloque la 4ème tranche de son crédit pour que l’on passe à l’étape suivante : le remaniement. Youssef Chahed allait-il rester ou pas ? Rached Ghannouchi continuera-t-il à le soutenir après sa réunion avec Béji Caïd Essebsi samedi ? L’UGTT fumera-t-elle le calumet de la paix avec Youssef Chahed s’il lui accorde les augmentations voulues ?
Et puis vint le drame ! Six agents de la Garde nationale décèdent suite à une attaque terroriste. Dans les démocraties établies, les pays civilisés et les pays où la bannière nationale est au dessus de tout, un pareil attentat aurait dû raffermir l’unité nationale (celle des 15 janvier 2011, du 6 février 2013 et du 25 juillet 2013) pour cerner le problème, identifier les coupables et trouver les solutions. C’est le drapeau national rouge (comme le sang des martyrs) et blanc qui aurait dû surplomber tous les toits hier.
Pour les hommes politiques, le sang des martyrs était une occasion pour récupérer quelques dividendes politiques. Pour plusieurs, l’indécence l’a disputée à la bêtise, comme on a pu le constater dans les réactions de plusieurs qui cherchaient à faire tomber le gouvernement.
Pour les médias, certains ont choisi d’inviter n’importe qui et de mélanger les torchons et les serviettes et d’autres se sont transformés en chambre de résonnance des groupes terroristes.
Pour le reste de la population, le drame était une occasion, pour tout un chacun, de présenter son « doctorat en sciences politiques et en lutte contre le terrorisme ».
A les écouter, si Lotfi Brahem était resté ministre de l’Intérieur, il n’y aurait pas eu de drame. Il est inconcevable que Ghazi Jeribi limoge 115 directeurs du ministère de l’Intérieur, Youssef Chahed est coupable de ce drame etc. En bref, nous étions onze millions d’experts hier pour parler de tout, sauf de ce terrorisme et de cet islam politique qui nous menace tous !
Le plus grand absent hier était cette unité nationale et c’est encore plus dramatique que le drame lui-même, car nous avons démontré que le sang de tous les soldats morts depuis 2011 n’a servi à rien !
De quelle unité nationale peut-on parler quand on constate que la démocratie choisie depuis 2011 est devenue un facteur de division ? Que des partis politiques considèrent la Tunisie comme une simple « wilaya de la Umma islamique» ; que des partis au pouvoir veulent instaurer la « chariâa » ou un maximum de textes qui s’en inspirent ; que des députés islamistes changent leur photo de profil pour la remplacer par celle du dictateur turc Erdogan, celui-là même dont on vante les mérites « démocratiques » 24/7 ; que l’honneur des femmes et des hommes publics est sali juste parce qu’ils ont une opinion différente !
Bourguiba et Ben Ali étaient convaincus par une théorie et ce que nous vivons depuis 2011 leur donne raison à tous les deux : « La démocratie se fait par étapes, elle ne peut pas être imposée du jour au lendemain à un peuple qui n’est pas suffisamment cultivé et civilisé, on risque tout simplement la déliquescence de l’Etat ! ». Leur théorie n’a cependant pas tenu compte du risque de leur propre hégémonie sur l’Etat.
Résultat des courses : nous ne sommes pas maitres de notre destin sous la dictature, mais nous ne le sommes pas non plus, sous la démocratie, à cause de cette menace du terrorisme islamiste, certes, mais pas seulement. Car ce qui nous arrive comme drames, c’est aussi à cause de l’islamisme tout court, de notre totale inculture politique, de notre incivisme, de notre paresse, de notre improductivité, de l’assistanat que nous exigeons de l’Etat et de notre égoïsme.
Le terrorisme frappe partout, mais ses causes diffèrent d’un pays à un autre. En occident, les terroristes frappent pour répliquer aux guerres déclenchées contre l’islam, d’après eux. Ils ne distinguent pas parmi leurs victimes. Chez nous, ils frappent pour casser les bases mêmes de l’Etat et ne s’en prennent qu’aux soldats de l’armée et des forces de l’ordre. Leur projet a le mérite d’être clair : ils veulent instaurer la chariâa par la force et recréer une « Umma islamique ». Un projet identique à celui des partis islamistes qui entretiennent la même idée, mais utilisent juste des moyens politiques pour atteindre cet objectif commun. Les uns se servent de leur cerveau, les autres se servent de leur épée. C’est avec ce projet en entier qu’il faut en finir pour pouvoir avancer.
Sans unité nationale, sans projet national commun, sans un Etat démocratique, civique, républicain et laïc, ces terroristes risquent d’avoir de bons jours devant eux.
Commentaires (39)
Commenter@ taoufik | 10-07-2018 20:17
Et pour que vous compreniez bien mon raisonnement, je vous offre encore ce verre:" Entre la peste et le choléra, on ne doit choisir ni la peste, ni le choléra;" Dégustez!
@ taoufik | 10-07-2018 20:17
salut
Soyons précis : L'islamisme est un programme qui émane d'un projet concocté depuis l'indépendance par les islamistes depuis leurs prisons
A ourwa
Vous donnez raison à Bourguiba tout en prétendant qu'il avait tort.
C'est loin d'être une bombe votre commentaire...
Il se censure de lui-même.
Pas seulement le projet islamiste, mais aussi ses alliés du bled...
Bahloul, je doute que le présent commentaire soit publié, TEL QU'IL EST, SANS AUCUNE CENSURE, d'ailleurs, de mon point de vue, c'est plus un DROIT DE REPONSE qu'un commentaire. Si vous vous ne le publiez pas, et ce serait votre choix, regrettable, il me suffit que vous le lisiez ; c'est fait. Répondez, si ça vous chante, mais sur le site de BN. Autrement, continuez à gérer BN dans l'ambiguïté et l'allégeance qui caractérise ce journal en ligne. Quand on s'estime réellement républicain, réellement démocrate, l'on se doit de ne faire risette à aucun régime présent ou passé macérés dans le totalitarisme et l'abjection, dans le vol, l'escroquerie et la négation des Droits de l'Homme.
@ Nephentes
Je me pose aussi la question de savoir si "une dictature islamiste [ne serait pas] le mode de gouvernance politique et sociétal le plus adaptée aux caractéristiques psychosociales de la population tunisienne actuelle".
La majorité du pays est tellement déboussolée devant une modernité qu'elle subit et qui lui fait peur.
Le problème, et il est gros, c'est la petite moitié du pays qui ne veut pas cette dictature, et la violence sanguinaire dont a fait preuve l'état islamique partout où il s'est un moment installé...
Comment voulez-vous que le projet islamiste meurt ?
Et,
- Tant que nahdha (un clan mafieux composé de traîtres avides d'enrichissement) s'accroche par tous les moyens vils et mesquins, pour s'enrichir à leur tour par les dividendes (os à ronger) qui peuvent leur revenir suite à cette manigance mondialement révélée mais demeurée sous silence et non divulguée.
L'argent tout s'achète tout se vend, et ils parlent de religion.
Bon courage
L'Islam pour les nuls!
Je suis une musulmane 2.0!
Je n'ai que des gros mots à la bouche, je ne respecte rien ni personne et surtout pas moi-même...je fornique dès que je peux, bois de l'alcool dès que je peux...mais dès que vient le mois saint du ramadan la je deviens super pieux..tellement pieux que je permets de juger qui est mécréant et qui ne l'est pas...il m'arrive d'aller à la mosquée le vendredi, avant ma biture du soir...mais immédiatement après je fais ma prière de repentance et redeviens un bon musulman...vivre dans les ordures et les immondices ne me gêne pas le moins du monde, que mon voisin se fasse égorger comme une poule non plus! Après tout il n'avait pas qu'a être un taghout...en revanche, si par malheur on vient me parler de libertés individuelles, alors la je suis prêt à tout brûler!
Je suis un musulman 2.0!
C'est l'Islam pour les nuls! L'Islam par lequel les Saouds maintiennent depuis plus de deux siécles leurs privilèges d'un autre temps sur une population qui n'a pas voix au chapitre...l'Islam ou l'idéal féminin est d'aller faire du shopping dans les maules et ou l'idéal masculin et de faire tourner son gros 4x4 à vide dans le désert...le même Islam que le gourou s'efforce de nous présenter comme démocrato-compatible...et les pimbèches et les petits abous en redemandent...portant fièrement en étendard une identité qui n'est pas la leur et dors et déjà prêt à toute les extremités pour la défendre...chapeau bas le gourou, quel exploit!
Ha oui, n'oublions pas de préciser que cet Islam ne concerne que la populace...les promoteurs de cet Islam 2.0 ne sont pas fous, eux...leurs enfants c'est en occident qu'ils vont faire leurs études, et les parents, quand ils sentent que la cocotte minute va finir par exploser, et bien de suite ils se rendent en Europe histoire de gouter un tout petit peu à cette décadence qui, il faut bien l'avouer, fait quand m'ême du bien...;o)
Hannibal
L'idéologie islamiste source du terrorisme
Tous les malheurs viennent de cette idéologie islamiste, c'est elle qui pousse des milliers de jihadistes à passer à l'acte soit en Tunisie, soit à se rendre au Daesh (aujourd'hui battu).
Tant qu'on tolérera les appels au jihad dans les mosquées, sur internet, la prolifération des écoles coraniques échappant à tout contrôle de l'état, le terrorisme proliférera en Tunisie.
Souvenez-vous des paroles de Mourou se confiant à Ghonim :" On inculquera à nos enfants notre idéologie islamiste, cela fera perdurer nos idées et notre mouvement". Donc tout vient de l'idéologie islamiste, il faut la combattre, les autorités doivent interdire cette idéologie destructrice de l'islam vengeur. Souvenez-vous de Ghannouchi qui disait en 2015 ou 2016, le "terrorisme" c'est l'islam en colère (il justifie la violence de l'islam politique). Tant qu'on tolérera ces paroles de haine, tant qu'on laissera diffuser l'idéologie vengeresse de l'islam revanchard, on aura du terrorisme pour longtemps en Tunisie. On ne fait rien dans ce pays pour combattre l'idéologie islamiste à cause de ce fameux "Tawafeq".
Il faut une gouvernance plus répressive avec les islamistes, mais on a l'impression qu'on veuille conforter Ghannouchi et lui donner des gages de soutien, c'est pour cela qu'on laisse faire la propagation de l'idéologie, à cause de cette maudite alliance Nidaa Tounès - Nahda dont nous subissons tous les conséquences néfastes.