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Tant que le patronat est lâche, le gouvernement fait ce qu'il veut !
01/11/2017 | 19:59
6 min
Tant que le patronat est lâche, le gouvernement fait ce qu'il veut !

Le patronat, représenté par Wided Bouchamaoui, hausse le ton après avoir vu les textes de la Loi de finances 2018. Le gouvernement, représenté par son chef Youssef Chahed, hausse les épaules et continue son chemin sachant pertinemment que la patronne des patrons paiera encore une fois ses excès budgétaires. A moins que la dame décide de se conduire en véritable cheffe de guerre en refusant de se laisser piétiner. Ce serait un miracle que les patrons espèrent de tout cœur.

 

 

Le « Rass el mal est jaban » (le capital est lâche). Phrase mythique de Hamadi Jebali, alors chef du gouvernement, qui a provoqué la risée de tous les Tunisiens quand elle avait été prononcée en 2012. Tout le monde à l’époque s’est arrêté sur la forme de la phrase et son français approximatif, en oubliant d’analyser son fond. Le chef du gouvernement de l’époque savait exactement de quoi il parlait en évoquant les chefs d’entreprises tunisiens qu’il qualifie, ni plus ni moins, de lâches.

Le sont-ils vraiment ? Au vu de tout ce qu’on leur fait subir, depuis des décennies et notamment depuis 2012, on pourrait bien le croire. Les chefs d’entreprise tunisiens subissent les augmentations d’impôt et différentes aberrations fiscales, les unes derrière les autres, sans vraiment réagir, à part quelques gesticulations disparates sur leurs pages FB et quelques plateaux télévisés.

 

Placés sous la houlette de deux centrales patronales, Utica et Conect, ils ont été de tout temps dans le consensus et n’hésitent jamais à verser de l’eau dans leur vin. Avant la révolution, la politique du bâton et de la carotte faisait bien son effet. Il suffisait de mettre en prison de grands patrons comme   Moncef Sellami ou Mohsen Ben Abdallah ou bien d’envoyer les brigades du fisc et de la CNSS à de grands groupes comme Poulina de Abdelwaheb Ben Ayed pour que tous les autres patrons se mettent au pas. Après la révolution, ce type de méthodes est plus difficile à appliquer puisqu’il faut garantir la complicité des juges et le silence des médias. On a alors joué sur la fibre patriotique et la nécessité de sauver le pays pour boucler le budget d’un Etat dont les charges sont nettement supérieures aux recettes. Sous la troïka, on s’est limité à puiser dans les réserves épargnées par Ben Ali et à souscrire des crédits à tout va.

L’ère des aberrations fiscales s’est ouverte avec le gouvernement de Mehdi Jomâa qui a profité de l’implication de Wided Bouchamaoui dans le Dialogue national (couronné ensuite par un Prix Nobel de la Paix) pour faire avaler différentes couleuvres aux patrons. La plus aberrante des décisions reste l’imposition des dividendes lesquels sont calculés sur des résultats nets déjà imposés. Une « double-imposition » reconduite par le gouvernement de Habib Essid puis par Youssef Chahed, lequel s’apprête, ni plus ni moins, à la doubler pour passer de 5% à 10%. Pour la Loi de finances 2017, Youssef Chahed a réussi à faire avaler une autre couleuvre aux patrons, celle de leur imposer une contribution exceptionnelle de 7,5% qui viennent s’ajouter à 25% d’impôt sur les sociétés et aux aberrants 5% d’impôt sur les dividendes ensuite ! Et avant d’atteindre ce résultat net (s’il existe déjà), les patrons ont dû subir les différentes augmentations de charges liées à la hausse des salaires, l’inflation galopante des produits de base, hausse des prix des outils de production et la baisse vertigineuse du dinar. Last but not least, les entreprises subissent de surcroit la bureaucratie de l’administration tunisienne et ses montagnes de lois et mesures contraignantes les empêchant d’être compétitives par rapport à leurs homologues étrangères. Cela  va des barrières douanières entravant le travail ordinaire des exportateurs aux petites mesures qui empêchent une PME de disposer rapidement des devises nécessaires pour faire marcher l’entreprise.

 

Pour manifester leur colère, les chefs d’entreprise tunisiens ne brillent pas par leur ingéniosité. Les seuls à avoir vraiment réagi pour réclamer leurs droits sont les chauffeurs de taxi en observant, sans succès, une grève de trois jours. Quant au reste du patronat, on se suffit d’actions timides dans les coulisses et de  lobbying sur des ministres et décideurs politiques où les relations personnelles jouent beaucoup plus que le bon sens pour obtenir l’efficacité requise.

Dans l’absolu, les patrons ne demandent pourtant pas beaucoup de choses au gouvernement. Juste de la cohérence, de l’équité et une politique fiscale efficace. Les mesures prises dans le projet de la Loi de finances 2018 sont par exemple contradictoires par rapport à celles prises un et deux ans en arrière.  Il n’y a même pas d’efficacité puisqu’en reprenant de la main gauche ce qu’il a cédé par la droite, le gouvernement ne fait qu’ajouter de la pression fiscale à ses contribuables. « L’histoire prouve qu’à chaque fois que la pression fiscale a augmenté, des tensions sociales s’en sont suivies ! », avertit Ahmed El Karm DG d’Amen Bank. Des centaines d’autres patrons ont rappelé l’évidence que « trop d’impôt tue l’impôt ». A cause de toutes ces pressions et de la conjoncture très morose, les chefs d’entreprise se trouvent acculés à puiser dans les réserves et de publier des bilans négatifs ou, au mieux, équilibrés. Si le nombre de faillites est tu, cela se voit à l’œil nu qu’il y a de plus en plus de PME qui mettent la clé sous la porte, ce qui génère de facto, moins de recettes à l’Etat et fait augmenter le chômage.

 

Le plus frustrant cependant est que les gouvernements successifs ne mettent la pression que sur les entreprises qui ont choisi la légalité. Celles opérant dans le commerce informel échappent à toute imposition, à toute fiscalité, à toute pression et à tout contrôle. Normal puisque fiscalement ces « entreprises »  n’existent pas, bien qu’elles aient pignon sur rue. Selon diverses estimations, l’informel représente quelque 50% du PIB ! Cela touche tous les secteurs, du commerce ordinaire de babioles à la vente de carburant de contrebande qui se vend même dans les quartiers de Tunis, au détriment des minima de sécurité requis, en passant par le commerce des voitures vendues à des centaines de milliers de dinars au nez et à la barbe des concessionnaires patentés ou la vente de devises.

Autre frustration des patrons, certaines entreprises de l’Etat opèrent en toute impunité comme des voyous fiscaux avec des comptes plombés et des impayés de CNSS et d’impôts qui se comptent en millions de dinars. « L’Etat, à travers ses propres entreprises, cumule des impayés énormes et c’est aux privés de les payer. Ce même privé qu’on continue à charger pour payer des bureaucrates et une absence totale de politique de lutte contre le commerce informel », observe un commissaire aux comptes de renom.  « Tous parlent de redistribution des richesses mais on n’a pas de richesse, il faut d’abord la créer », fait remarquer Wided Bouchamaoui qui n’exclut plus l’escalade, voire même les grèves et la fermeture d’institutions.

 

La patronne des patrons a-t-elle cependant les moyens de sa politique ? Sera-t-elle suivie par ses pairs à travers de véritables grèves des entreprises ? Ce serait une première mondiale, car jusque là, comme le dit Hamadi Jebali, le capital est lâche. On imagine mal un pays où les stations service, les PME, les  grandes surfaces, les médias et les différents opérateurs économiques fermer tous en même temps. Sachant pertinemment cela, Youssef Chahed s’est permis de narguer la patronne des patrons en la défiant par un « On ne marche pas sous la menace ». Autrement dit, tu peux dire ce que tu veux, on sait que tu n’y pourras rien. Un discours à l’exact opposé de celui mené face au puissant syndicat UGTT. Aucun gouvernement, même sous la dictature, ne s'est permis ce type de phrases défiantes.

Youssef Chahed, tout comme ses prédécesseurs, sait que Wided Bouchamaoui a une marge de manœuvre limitée et sera désavouée, dès le premier instant, par ses pairs.

Tant que la patronne des patrons n’est pas soutenue par les chefs d’entreprises, tant qu’elle ne frappe pas du poing sur la table en mettant en exécution ses menaces et en refusant le diktat et le chantage du gouvernement, tant que ce dernier obtiendra gain de cause et fera passer les plus aberrantes des mesures.

 

01/11/2017 | 19:59
6 min
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Commentaires (16)

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Socrate
| 06-11-2017 10:24
un Grand Bravo pour votre commentaire, Vraiment une analyse académique et intelligente d'un docteur en mathématiques, nos experts pourraient apprendre plein de choses de vos textes!

@Business News:
Pourquoi l'"OK MAIN" ne fonctionne pas souvent sur votre site. Je voudrais donner un feedback aux commentateurs sans écrire un commentaire!

Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2017 13:51
1ère partie
Une politique conjoncturelle pour la Tunisie pourrait être une combinaison des paramètres suivants:
-Politique monétaire (taux d'intérêts),
-politique budgétaire (dépenses et investissements publics),
-politique fiscale (impôts),
-politique de financement,
-politique sociale,
-politique des salaires et le taux de change.

Les politiques de relance se basent en particulier sur deux théories économiques: les keynésiens et les libéraux. Je vais parler dans la suite de la politique budgétaire keynésienne et je parlerai une autrefois de la politique budgétaire antiétatique (les libéraux). Je vais essayer de situer la Tunisie dans ces systèmes de pensées économiques.

L'interventionnisme (les keynésiens)
1) Les keynésiens sont pour l'Appui de l'Etat et recommandent une politique de relance par l'augmentation de la demande de consommation et de la demande d'investissement. Pour inciter ou ralentir l'activité économique, ils utilisent la politique monétaire (taux d'intérêts) et la politique budgétaire (dépenses et investissements publics). Le but est la consolidation de l'emploi par l'investissent et l'élargissement de la croissance. La relance engendre ainsi un déficit budgétaire mais augmente les investissements: C'était la politique conjoncturelle de Mr. Essid qui était un désastre puisque nos entrepreneurs ont profité des dépenses publiques sans ou avec très peu d'investissement.

2) Le déficit doit être équilibré par les impôts à long terme ==> ce que Mr. Youssef Chehed doit faire afin d'équilibrer les énormes dépenses publiques sans aucun résultat socio-économique de Mr. Essid.

3) Certes, la contribution de l'Etat est indispensable lorsque l'économie est déficiente afin de corriger les imperfections du marché et d'atteindre le plein emploi. La politique monétaire, entre autre par les taux d'intérêts, est le régulateur primordial. Mr. Essid a fait baisser le taux directeur de 5% à 3.5% afin de motiver nos entrepreneurs à investir mais rien de cela!

4) D'après la politique budgétaire keynésienne, Il n'y a pas de relance si la politique monétaire ne produit pas une augmentation de la demande. Or, une forte demande est déjà existent en Tunisie puisqu'il n'y a pas assez pour tous les Tunisiens (il manque de tout en Tunisie). ===> De ce fait cette condition keynésienne est vérifiée en Tunisie.

5) oui la politique socio-économique de Mr. Essid vérifiait toutes les conditions indispensables afin que sa politique budgétaire réussisse. Et pourtant Mr. Essid a complètement échoué pour la simple raison que rien ne pouvait motiver certains de nos entrepreneurs oligarques qui ont profité des dépenses publiques sans bouger le petit doigt en contrepartie.

6) La politique budgétaire keynésienne qui a été appliquée par Mr. Essid n'a pas fonctionné et n'a créé que de l'inflation En effet, Mr. Essid, a fait baisser le taux directeur de 5% à 3.5%; il a fait baisser l'impôt sur les sociétés de 30% à 25%, il a injecté 10 milliards de dinars dans notre système bancaire oligarque (recapitalisation), il a fait baisser le prix du carburant, il a fait baisser La taxe sur les dividendes et il a facilité la sortie/exportation de nos capitaux, et ceci afin de motiver nos entrepreneurs à investir, mais rien de cela!

7) Pour les keynésiens, les marchés laissés à eux-mêmes ne conduisent pas forcément à l'optimum économique. De ce fait, l'État a une fonction à jouer dans le domaine économique particulièrement dans le cadre de politique de relance. Les États-Unis ont employé d'une manière méthodique la formule keynésienne pour sortir de leurs récessions d'après-guerre. Une possibilité de se convaincre est de constater dans quelle mesure ils ont autorisé à leur ratio dette/PIB d'augmenter entre la récession et le premier sommet conjoncturel. Oui, à la différence de nos entrepreneurs, les américains ont extrêmement investi!

Jamel Tazarki

Zaz - Je veux
https://www.youtube.com/watch?v=Tm88QAI8I5A



Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2017 13:45
2ème partie
8) En Tunisie, Mr. Essid a surestimé le degré d'efficacité de la politique monétaire et budgétaire.

9) Mr. Youssef Chehed a heureusement très vite compris que la politique budgétaire keynésienne comme elle a été définie par John Maynard Keynes n'est pas applicable en Tunisie et a déjà conduit l'état tunisien à la faillite! Mr. Youssef Chehed a compris qu'il faudrait varier plutôt d'autres paramètres comme la politique fiscale (impôts), politique de financement, la politique sociale, politique des salaires et le taux de change tout en structurant notre industrie et notre agriculture. ==> C'est évident que notre oligarchie et nos milliardaires qui ont été trop gâtés par la politique keynésienne de Mr. Essid se "révoltent" contre le gouvernement de Mr. Chehed et vous savez maintenant pourquoi. En effet, Mr. Youssef Chehed voudrait appliquer plutôt une politique budgétaire keynésienne conditionnelle: ==> grands allègements fiscaux à condition d'investir et de créer de l'emploi. Et ceux qui investissent dans les régions intérieures de la Tunisie auront encore plus de privilèges et de facilités. Alors que Mr. Essid a injecté inconditionnellement des Milliards de devises étrangères (crédit et aide internationale) au profit de notre oligarchie entrepreneuse et de nos milliardaires qui n'ont investi que très, très peu!

10La politique budgétaire d'inspiration keynésienne qui consiste à laisser galoper le ratio dette/PIB ne peut relancer notre économie que si nous la rendons conditionnelle comme a été prévu dans la PLF2018.


11) Une chose est évidente est que la crise économique en Tunisie n'est pas liée à la baisse de la demande privée (comme dans les pays du nord). Le peuple tunisien veut consommer mais il n'y a pas assez pour tout le monde. En Tunisie, la demande est là, mais la productivité est faible et ainsi le prix de revient est très haut.

12) Donc une solution évidente est celle i)de la baisse conditionnelle de la fiscalité (seulement ceux qui investissent pourraient profiter d'un allègement fiscal), ii)l'augmentation de l'offre grâce à une meilleure productivité, iii)minimiser le prix de revient, iv)équilibre budgétaire, v)minimiser les dépenses sociales et vi)augmenter progressivement la masse d'argent en circulation afin que l'offre ainsi crée sera absorbée par la demande.

13) Il faut que l'activité économique augmente plus vite que La masse monétaire dans notre pays. Sinon on aura un accroissement anormal de la quantité de monnaie par rapport au volume de la production.


Jamel Tazarki


khaloucha
| 04-11-2017 09:49
Ne pas avoir publié mon commentaire sur l article de Mr Bahloul conforte chez moi l idée de la collision de Business News avec les patrons et la haine de ce journaliste contre l UGTT.

Salim
| 03-11-2017 12:43
WBC décidé de défendre les siens ,ce n est pas le cas de KF president de la FTH qui n à fait acun comunique de ce genre pour défendre les hôteliers qui l ont élus ,c est dire dire que tout baigne pour eux ,juste quelques passages gentils sur des plateaux de TV pour des hôteliers furieux .

Alexandre Dumas
| 03-11-2017 08:24
votre référence en économie alors qu'il est de toute évidence l'une des causes de la dérive du PLF 2018 de Y.Chahed pour des raisons que beaucoup connaissent et pour qui elles sont plus qu'évidentes! Du moment que le gouvernement s'est montré incapable de créer de l'emploi, alors il se doit d'encourager le secteur privé à le faire en allégeant ses charges et surtout en réformant une administration gangrenée et inefficace tout en ayant le courage de confronter les fraudeurs y compris dans le secteur public, qui paradoxalement s'avère être le plus mauvais payeur à tous les niveaux: Caisses de SS, impôts, factures STEG et j'en passe!
Nous souhaitons lire des commentaires moins tendancieux de votre part et SVP, si vous voulez paraître plus crédible, évitez
de citer des responsables islamistes en référence, surtout pas R.Saïdi !!!'

Dr. Jamel Tazarki
| 03-11-2017 07:08
Malgré tous les calculs dramatiques de Si Nizar dans l'article ci-dessus, nos entrepreneurs ont réalisé officiellement un gain net de 12000 Millions de dinars, et ils n'ont même pas investi le 1% de ces gains!

Dr. Jamel Tazarki
| 02-11-2017 20:26
I) Malgré tous les calculs dramatiques de Si Nizar dans l'article ci-dessus, nos entrepreneurs ont réalisé officiellement 12000 Millions de dinars, ce qui fait 12 Billions de millimes en l'an 2016 (en réalité, si on exclut les falsifications et les fraudes) ils ont même réalisé un bénéfice net de 20000 Millions de dinars, alors qu'ils n'ont même pas investi le 1% de cette somme.


Et les augmentations salariales ne font que 1% des gains nets de nos entrepreneurs!


Un petit calcul numérique:
Je vous propose de relire l'article suivant:
http://www.businessnews.com.tn/ridha-saidi--2000-nouveaux-controleurs-fiscaux-au-sein-du-ministere-des-finances-dici-2019,534,75114,3

===>
d'après le lien ci-dessus, la taxe supplémentaire de 7,5% pour les entreprises a rapportée 900MD en 2016. ce qui fait que le gain net de notre oligarchie entrepreneuse avant la contribution exceptionnelle de 7,5% est de (900*100)/7.5=12000MD

Par contre,
1) les exigences de notre UGTT pour la masse prolétaire ne dépassent pas les 250 millions de dinars et ceci pour la période de 4 ans.
2)Je vous rappelle que le gain net de notre oligarchie entrepreneuse est de 12 milliards de dinars par an, ce qui fait 12000 millions de dinars (voir ci-dessus)
===> en pourcentage, L'augmentation salariale est de (250*100)/12000=2% du gain net de nos entrepreneurs ==> ce qui correspond à 0.5% par an (==>je vous laisse le soin de tirer votre intelligente conclusion)!



II) Tout d'abord, j'insiste que je suis pour l'investissement étranger en Tunisie, la Tunisie a besoin des capitaux étrangers. Par contre la Tunisie et les Tunisiens devraient profiter des investissements étrangers, ce qui n'est pas le cas pour certaines entreprises franco-tunisiennes: elles exportent beaucoup plus de devises étrangères qu'elles ne rapportent et offrent des services dont on n'a pas vraiment besoin ou que l'on a déjà.


Les étrangers détiennent environ 60% des grandes sociétés tunisiennes cotées en Bourse de Tunis, les petits porteurs détiennent moins que 5% et le restes appartient à quelques oligarques et milliardaires tunisiens. Le pourcentage des petits porteurs tunisiens a beaucoup diminué depuis les années 2000.

Le PLF2018 est clair, 1)si nos oligarques, nos milliardaires et les étrangers détenant plus que 60% des actions de nos entreprises tunisiennes investissaient en Tunisie et créaient de l'emploi , ils bénéficieraient de grands allègements fiscaux. 2)Par contre si les investisseurs étrangers voulaient rapatrier des sommes gigantesques de devises étrangères (les dividendes/bénéfices boursiers) sans investir un centime en Tunisie, ils payeraient alors les taux d'impôt fixés par le PLF 2018, sans aucun allégement fiscal (ceci est aussi valable pour les entrepreneurs Tunisiens qui refusent d'investir)!

Des milliards de devises étrangères quittent annuellement la Tunisie sous prétexte de rapatriement des bénéfices boursiers. Parfois on fait gonfler artificiellement la valeur de certaines actions de certaines entreprises tunisiennes cotées en Bourse de Tunis rien que pour créer de pseudo-dividendes et faire sortir des sommes gigantesques de devises étrangères au nom du rapatriement des bénéfices, bien que certaines entreprises vont vraiment très mal (c.à.d. qu'elles n'ont pas en réalité les moyens afin de payer un dividende) . Je vous donne une règle, à chaque fois qu'une société tunisienne cotée en Bourse de Tunis accorde un dividende, ceci signifie que les 3/4 des sommes versées quittent la Tunisie au nom du rapatriement des bénéfices. Il y a même des sociétés tunisiennes cotées en Bourse de Tunis qui prennent d'énormes crédits afin de payer des dividendes et vous savez maintenant pourquoi! ===> Oui, la loi de finance 2018 va mettre fin à ce jeu mal-saint!

Oui, la Tunisie a besoin de notre PLF2018 dans sa version actuelle et vous savez maintenant pourquoi!


Je vous propose de lire la " Dependency Theory" afin de comprendre pourquoi la Tunisie va mal!

Jamel Tazarki

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

Ali
| 02-11-2017 17:39
C'est vrai que le capital est lâche et il a lâché la Tunisie à la première épreuve. Mais il reviendra, ce n'est que partie remise, la situation finira par se stabiliser chez nous et le pays sera bien un site d'investissement privilégié et sûr.Le Maroc, lui, a bien profité de la confusion générée par la révolution tunisienne mais sa situation sociale et politique n'inspire pas confiance et le pays porte les germes de l'explosion sociale. Rien n'est éternel. Quant aux produits faits en Israël, ils ne sont pas plus compétitifs que ceux produits en Tunisie. "Le capital est lâche", il se précipitera vers la destination où il gagnera plus et se portera mieux. C'est une vérité définitive.

A4
| 02-11-2017 17:03
La grève des patrons est différente de celle des salariés. Elle consiste à planifier sur le moyen terme, une délocalisation. Une fois le plan B est mis en place, on abandonne le plan A et on ferme la boutique.
Les exemples ne manquent pas: allez jeter un coup d'oeil au Kef, à Ben Arous ou à Menzel Bourguiba.
Le capital est lâche oui, mais pas au point de travailler à perte !
Et puis les entreprises n'ont jamais été des oeuvres de charité.
Rappel: plus que 10 % du budget de l'état sert à renflouer les caisses des entreprises publiques, qui elles travaillent à perte. Ces 10 % sont payés par les entreprises privées.