Le président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ), Taïeb Zahar, a tiré ce vendredi 16 mars 2018 une sonnette d’alarme sur la situation du secteur de la presse écrite en Tunisie « la presse écrite connait sa plus grande crise depuis sa naissance en Tunisie » a affirmé le patron de média. Il explique ces importantes difficultés par l’absence de politique publique en matière de subventions des médias. Taïeb Zahar intervenait dans le cadre d’une rencontre annuelle, placée sous le signe de la nouvelle économie des médias, qui a pour but de réfléchir à l’avenir des médias dans un monde marqué par les nouvelles technologies organisée au sein de l’hôtel Mechtel à Tunis.
« Il faut que les pouvoirs politiques admettent que la presse doit jouer son rôle de 4ème pouvoir, et qu’elle n’a pas à être à la solde d’un gouvernement ou d’un parti politique, il ne doit y avoir aucun conflit d’intérêt entre les deux parties » a clamé haut et fort Taïeb Zahar.
Le président de la FTDJ a exprimé les deux principales revendications de son organisme, à savoir le respect du principe de publicité publique pour les médias ( tache qui serait confiée à une Agence nationale de publicité publique qui veillerait à ce qu’il n’y ait pas de copinage dans la répartition de ces montants), ainsi que l’instauration d’un Fonds de soutien à la transition digitale, d’une valeur de 5 millions de dinars, en faveur des médias électroniques.
Pour Taïeb Zahar, l’ère du tout gratuit (médias en ligne qui proposent du contenu gratuit) constitue une menace pour la pérennité de la presse en ligne. Pour que le secteur survive, il est indispensable pour le patron de presse que les médias instaurent du contenu payant « le tout gratuit doit devenir payant dans une certaine mesure » a-t-il affirmé.
Cela étant, le président de la FTDJ est bien conscient qu’une mise en place d’une presse électronique payante nécessite une amélioration du contenu, et du niveau de formation des journalistes et étudiants en journalisme.
C’est dans ce cadre que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique devrait annoncer dans les jours à venir une réforme d’envergure de l’IPSI.
Taïeb Zahar plaide également en faveur d’un renforcement du rôle du CAPJC (Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs), et ce en apportant plus d’autonomie, administrative et financière, et de souplesse dans son statut.
Prenant part également à la manifestation scientifique, Fadhel Kraiem, PDG de Tunisie Telecom, a affirmé que la société a décidé en dépit du contexte économique défavorable de ne pas réduire le budget destiné aux entreprises de presse (dans le cadre de la publicité et du partenariat). Le PDG a justifié cette décision par le fait que Tunisie Telecom était une entreprise citoyenne, qui se souciait de l’avenir de la presse en Tunisie.
Fadhel Kraiem a également affirmé que l’opérateur téléphonique a précédemment noué un partenariat avec le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), dans le souci d’offrir de bonnes conditions de communication aux journalistes.
N.B. G
