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Success Story – Yassine Younsi : Dépoussiérer la profession d'avocat est ma mission !
21/05/2017 | 15:52
12 min
Success Story – Yassine Younsi : Dépoussiérer la profession d'avocat est ma mission !

Avocat à la cour d’appel de Tunis depuis 2012, président fondateur de l’Association tunisienne du droit des robots (ATDR) et président de l’Association tunisienne des jeunes avocats (ATJA) depuis son élection le 13 mai 2017, Yassine Younsi est un jeune avocat des temps modernes. A 34 ans, cet expert des technologies avancées a exprimé sa volonté de moderniser la profession la plus politisée de Tunisie. Animé par une éthique professionnelle inébranlable, il est revenu sur son parcours, sa vision moderne du droit et les controverses qui ont précédemment touché sa profession au siège de l’Ordre national des avocats de Tunisie, à Bab Bnet, où il nous a reçu.

 

Le parcours d’un homme de loi

 

Yassine Younsi a effectué ses études primaires à la Fondation Bouebdelli puis au collège Rue Ressas à Menzah 1. C’est au lycée les Pères Blancs qu’il obtiendra son baccalauréat en Economie et Gestion. En 2002, son diplôme en poche il s’inscrit à la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales (FSJPS) de Tunis 2 où il étudiera le droit jusqu’en 2009. Titulaire d’une maîtrise en sciences juridiques et d’un master en droit des affaires, Yassine Younsi s’inscrit par la suite au Barreau de Tunisie où il sera avocat stagiaire durant 2 ans.

 

L’Ordre national des avocats tunisiens (ONAT) avait alors mis en place un concours pour permettre aux dix premiers avocats tunisiens de passer un stage international de deux mois à Paris et un mois aux Etats-Unis. Yassine Younsi réussit brillamment en se classant 4ème et est envoyé à Paris au cabinet Lexing Alain Bensoussan Avocats, un cabinet spécialisé en Droit du numérique et des Technologies avancées.

 

Les coups d’éclats de Yassine Younsi chez Alain Bensoussan

 

Lors de son premier jour de stage au cabinet Alain Bensoussan, Yassine Younsi assiste à une réunion avec un client qui cherchait à vendre sa pharmacie au quartier d’affaires de la Défense en région parisienne. Il intervient et apporte sa touche personnelle en adressant au client des conseils avisés en matière fiscale. Alain Bensoussan est séduit par Yassine Younsi et sa perspicacité et lui attribue le titre de directeur du pôle « clients internationaux » lui permettant ainsi de devenir le vis-à-vis du réseau Lexing ®. Son stage en poche, Yassine Younsi se rend aux Etats-Unis pour un stage de 1 mois entre le cabinet IT Law Group à Palo Alto en Californie et l’Université St Clara University dans la Silicon Valley.

 

Yassine Younsi, conférencier national et international en droit des TICs

 

De retour à Tunis, Yassine Younsi multiplie les conférences au niveau national et international. En Tunisie, il a animé des conférences sur la cybercriminalité organisées par l’ONAT,l’American Bar Association (ABA) et par la Section des Avocats de Sousse. Yassine Younsi encadre également des workshops dans son ancienne Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis 2.

 

A l’international, Yassine Younsi a animé des conférences à Paris, à Barcelone, à Palo Alto, à Shangaï et bientôt à Milan en juin 2017 où il interviendra au sujet de la cyberattaque mondiale Ransomware Wanna Cry. Lors de son voyage à Palo Alto, dans la Silicon Valley, Yassine Younsi raconte avec enthousiasme qu’il était placé juste en face des anciens bureaux du PDG de Facebook, Marck Zuckerberg. A Shangaï, c’est sur la législation relative aux drones qu’il intervient tout en faisant la promotion du projet Smart Tunisia instigué par l’ancien ministre des Technologies, de la Communication et de l’Economie numérique, Noômane Fehri. Durant ces colloques, Yassine Younsi et d’autres avocats technologues s’adressent à des ministres d’Etats et aux géants des TIC(s) tels que les multinationales Hewlett-Packard, Microsoft,Kaspersky et Google pour échanger sur le cadre légal des nouvelles technologies dans les Etats.

 

Younsi&Younsi Law Firm, le droit de père en fils

 

Fondateur du cabinet Younsi&Younsi Law Firm à Tunis et à Djerba en 1977, le père de Yassine Younsi, Habib, est un spécialiste en droit des Affaires qui a occupé plusieurs postes au barreau de Tunis. Secrétaire général puis président par intérim de la section des avocats de Tunis, Habib Younsi est également membre du conseil de l’ONAT. Le cabinet qu’il a fondé est le seul à traiter du droit des technologies avancées en Tunisie et est le pionnier en droit de la robotique.

 

La firme qui a 30 ans d’exercice à son actif, couvre plusieurs domaines de compétences. L’arbitrage et l’arbitrage électronique, le droit bancaire et le droit financier, le droit de la propriété industrielle, littéraire et artistique, le conseil et contentieux fiscal, le droit social et les contentieux sociaux, le droit des assurances et de la réassurance, le droit des énergies et des technologies avancées, le droit maritime et aérien, le droit des sociétés, fusions et acquisition, le droit de la concurrence, de la distribution et de la consommation mais aussi le droit des PPP et des PFI (Public Private Partnerships and Private Finance Initiative). L’adhésion du cabinet Younsi&Younsi au réseau international Lexing suite au stage effectué par Yassine Younsi au cabinet parisien a permis aux entreprises internationales de bénéficier de l’assistance d’avocats tunisiens dont les compétences en droit des technologies avancées sont reconnues à l’international.

 

Yassine Younsi un avocat futuriste

 

Président fondateur de l’association tunisienne du droit des robots (ATDR), Yassine Younsi est le pionnier tunisien de la législation des robots humanoïdes. Le cabinet Younsi&Younsi est d’ailleurs le seul à traiter de ce type de législation dans le droit tunisien. Dans l’espace juridique, Yassine Younsi étudie la responsabilité et la sécurité des personnes par rapport à ce droit singulier en devenir. « Nous parlons ici d’un robot humanoïde qui peut conduire votre voiture et accompagner vos enfants à l’école. Pour la Tunisie, ces robots représentent l’avenir mais dans certains autres pays, il s’agit du présent » a déclaré Yassine Younsi évoquant les avancées technologique du leader français mondial de la robotique humanoïde, Aldebaran Robotics. L’avocat est d’ailleurs intervenu sur le sujet du droit des robots lors d’une conférence sur le thème « Cloud &Privacy » à l’INSAT et il a également animé la première conférence tunisienne dédiée au droit des Robots à l’école ESPRIT.
Par ailleurs, l’école polytechnique de Tunis a récemment contacté Yassine Younsi pour qu’il élabore des modules sur l’éthique et la robotique pour que cette matière soit enseignée aux étudiants.

 

Yassine Younsi à la présidence de l’Association tunisienne des jeunes avocats (ATJA)

 

Le samedi 13 mai 2017, Yassine Younsi a été élu président de l’ATJA. Pour se faire connaitre du grand public, il a mené unecampagne ultra moderne sur le site suivant : votezyassineyounsi.com.

 

Son élection est une véritable consécration qui est intervenue après deux précédentes tentatives sans succès. La première fois en avril 2013, Yassine Younsi n’avait pas réussi à rassembler le nombre de voix suffisantes pour accéder au poste de président de l’ATJA. Puis en 2015, avec le jeu des alliances politiques, il est une nouvelle fois débouté du poste de président de l’association. Il occupe néanmoins le poste de président de la commission des relations internationales au sein de l’ATJA. A ce titre, Yassine Younsi conclut plusieurs conventions de jumelage avec la Fédération française des unions des jeunes avocats, avec l’association des jeunes avocats norvégiens et avec l’association européenne des jeunes avocats (EYBA). Ces conventions ont permis à l’ATJA de devenir membre de la Fédération africaine des unions des jeunes avocats. Une avancée considérable pour Yassine Younsi qui a expliqué que c’est sur la base de ces conventions conclues qu’il s’est porté candidat à la présidence de l’ATJA.

 

En octobre 2015, les statuts de l’ATJA sont modifiés. Le mode de scrutin pour l’élection du président de cette instance est ainsi passé de l’élection par voie collégiale au suffrage direct des avocats. La représentation régionale de l’ATJA a également été favorisée. Avec 380 voix sur 957,  Yassine Younsi a ainsi été élu président de l’ATJA pour la période 2017/2020, devenant de ce fait le premier président élu de l’association.

 

Dépoussiérer et moderniser la profession d’avocat, une priorité pour Yassine Younsi

 

En tant que président de l’ATJA, les missions de Yassine Younsi seront multiples. Au-delà de ses fonctions traditionnelles de représentant de l’instance et de conférencier, l’avocat propose de « digitaliser et numériser les procédures juridictionnelles pour plus de rapidité dans le traitement des procès». Il s’agira également d’« amender la loi actuelle régissant la profession d’avocat » en modernisant cette profession. Yassine Younsi a également évoqué la nécessité d’« élargir le champ d’intervention des avocats pour garantie aux citoyens une représentation légale quel que soit l’affaire plaidée ». Autre mesure prônée par Yassine Younsi, « l’avocat comme le commissaire aux comptes devra être conseiller auprès des entreprises pour prévenir au lieu de guérir ». Concernant le contentieux de l’Etat, Yassine Younsi appelle à permettre aux jeunes avocats et aux avocats stagiaires de plaider ce type d’affaires dans le respect du principe d’équité. Il a aussi appelé à dupliquer le système français du réseau virtuel de la profession d’avocat (RPVA), ou e-barreau, pour favoriser les échanges de rapports virtuels entre avocats. « Cette mesure permettra de trouver une solution à n’importe quel type de contentieux. La perte des dossiers, le report des séances et toutes les pertes de temps seront ainsi évités » a précisé Yassine Younsi conscient que la profession d’avocat, aujourd’hui, nécessite une refonte pour passer à l’ère moderne de la « e-justice ».

 

Yassine Younsi a également fait état de deux mesures importantes au sein de l’ATJA. Le prochain congrès de l’ATJA intitulé « Avocats 2050 » qui aura pour objectif de servir  les générations futures d’avocats ainsi que le 50ème anniversaire de l’ATJA qui aura lieu le 7 mai 2020 et pour lequel un musée d’archives sera bâti.

 

La modernisation de la profession d’avocat pour favoriser les investissements étrangers en Tunisie

 

Le président de l’ATJA a évoqué sa volonté de former les avocats à de nouveaux domaines comme la propriété intellectuelle, les contrats de franchises, les contrats de cloud computing, la protection des données, les contrats et les signatures électroniques et le droit de la robotique. De nouvelles formations qui sont en lien direct avec la réforme de l’administration et qui ont pour but de faciliter les procédures en faveur des investisseurs étrangers en Tunisie. « L’objectif est que les investisseurs n’aient pas recours à des experts étrangers en ayant sur place en Tunisie des avocats spécialisés dans tous ces domaines » a avancé Yassine Younsi.

 

La vision de Yassine Younsi sur la polémique relative à l’imposition des avocats

 

Revenant sur cette polémique, Yassine Younsi a déclaré : « Si le projet d’imposition des avocats était passé devant le tribunal constitutionnel, il aurait été frappé d’inconstitutionnalité. Seulement ce tribunal n’a pas encore été mis en place. Les avocats ont la parole libre, derrière cette imposition il y avait la volonté de frapper fort sur cette profession ». Il a ajouté qu’un comité composé d’avocats experts en fiscalité et de fiscalistes se réunira bientôt pour mettre en place un projet d’imposition qui sera constitutionnel et égalitaire. Ce projet de loi concernera toutes les professions libérales et pas seulement les avocats. A propos des avocats qui exercent illégalement sans patente, Yassine Younsi a avancé : « Il est faux de dire qu’il existe 3000 avocats tunisiens qui exercent sans patente en Tunisie. Leur nombre est beaucoup moins important car il faut aussi comptabiliser les avocats décédés, les avocats qui exercent à l’étranger, les avocats artistes, les avocats journalistes...Avec l’ONAT et les sections régionales des avocats nous tendons à améliorer la situation actuelle de la profession ».

 

Yassine Younsi a rappelé que l’ATJA est une association apolitique. Il a précisé que le terme « apolitique » signifie neutralité de l’association mais que cela « n’empêche pas les membres de l’association d’avoir leur propres idées politiques ». Concernant le bâtonnier de l’ONAT, Ameur Mehrezi, Yassine Younsi a déclaré entretenir avec lui des relations pérennes. 

 

Yassine Younsi : Il faut laisser le gouvernement d’union nationale travailler !

 

« Je suis pour qu’on laisse les gouvernements travailler, c’est ma position de principe ! »a déclaré Yassine Younsi dénonçant par ailleurs les voies qui s’élèvent pour demander la démission du gouvernement actuel. « Même si le gouvernement se trompe il faut le laisser avancer » a-t-il ajouté.

 

Concernant la multiplicité des partis en Tunisie après la révolution, Yassine Younsi a avancé que le véritable danger est celui de la quête perpétuelle pour s’accaparer le pouvoir. Il a également critiqué la dispersion de certains partis politiques qui ont pourtant les mêmes programmes et les mêmes idées et a dénoncé les grèves à répétition. « Il ne faut pas être égoïste alors que le pays est en crise, donnons-nous une chance. Laissons le rendement du pays s’améliorer puis contestons après » a martelé l’avocat.

 

La théorie de la réconciliation nationale selon Kais Saïd, un leitmotiv pour Yassine Younsi

 

« Si chaque homme d’affaires s’occupe d’une municipalité en élaborant des plans d’infrastructures, en stimulant l’employabilité et en y mettant en œuvre  une politique de l’environnement alors la Tunisie aurait été un paradis depuis 2011 » a déclaré Yassine Younsi, reprenant l’idée de l’éminent professeur en droit constitutionnel, Kais Saïd. « En Tunisie, il y avait 496 municipalités et nous avons une liste de 500 hommes d’affaires appartenant à l’ancien régime, pour payer leurs dettes vis-à-vis de la société il serait simple de les affecter à cette tâche d’envergure nationale » a ajouté l’avocat en martelant que concernant la réconciliation nationale : « Il ne s’agit ni de pardonner ni de punir mais de payer sa dette par l’action civique ». Si au bout de cinq ans, rien n’est fait alors un procès interviendra, selon Yassine Younsi.

 

Yassine Younsi, la lecture et les voyages

 

Le jeune avocat passe la plupart de son temps libre à lire des magazines sur les technologies avancées et sur la robotique. En véritable globetrotteur, il collectionne les photos des différents tribunaux à travers le monde qu’il a visité de l'Asie à l'Amérique. En homme reconnaissant, il a tenu à saluer les 8 membres de son bureau à l’ATJA pour leur professionnalisme. Il a également adressé un message aux hommes politiques tunisiens en les exhortant à « miser sur les jeunes compétences car ce sont eux qui feront avancer le pays. Il suffit de voir l’apogée d’Emmanuel Macron à la présidence française pour comprendre que c’est cette tendance qui est de mise ».

 

Khawla Hamed

21/05/2017 | 15:52
12 min
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Commentaires (5)

Commenter

ADN
| 22-05-2017 13:57
où est mon commentaire???

el manchou
| 22-05-2017 09:54
Est ce que ce jeune avocat fait comme ses vieux collègues et ne déclare que 500 dinars de revenus annuels ?

independence day
| 22-05-2017 09:50
... de Lionel Abelanski

G&G
| 22-05-2017 07:32
Miser sur les jeunes c'est ma bataille depuis le 14 maudit. vous avez bien fait de citer les exemples des jeunes catastrophes tels que Macron , Chahed ou Jomaa mais vous avez oublié la perle ex ministre du tourisme de Mehdi Jomaa que j'ai oublié le nom et qui est vide aussi vide que ses propres selfi.
En tout cas la Tunisie ne peut être sauver que par ses jeunes mais de prototypes différents

Mohamed Obey
| 21-05-2017 19:30
Miser sur les jeunes, je dirais 'oui!' Mais nous imposer l'exemple d'Emmanuel Macron comme étant l'illustration la plus pertinente du concept de jeune success story n'est que simplification du phénomène de ce jeunisme qui bat son plein en ces jours-ci. M. Chahed est jeune et le voilà en train de patauger et improviser des idées inefficaces; avant lui, il y avait un certain Mehdi Jomâa qui n'a brillé que par son populisme flagrant...En France, Ce Macron ne révèle pas autant son esprit génial que la faillite de les partis traditionnels de la droite française_ distinguée seulement par leur chefs élégamment costumés et cravatés. Quant à la gauche française, elle estt clairement gauche avec son Hollande qui, faute de projet capable de booster l'économie de la France eut l'idée de cette guerre sainte contre Bachar le prétendu bourreau que l'Occident dénudé de toutes les valeurs veulent faire porter la casquette de leurs échecs...Macron, ce n'est qu'un guignol chargé par l'oligarchie financière internationale pour gouverner le destin de la France...Ce scénario sera répliqué ailleurs...