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Success Story – Nesrine Gharbi : L'énergie nucléaire est ma passion !
17/09/2017 | 15:59
7 min
Success Story – Nesrine Gharbi : L'énergie nucléaire est ma passion !

 

Elle a à peine 29 ans, elle est Tunisienne et fait déjà partie de la cour des grands des ingénieurs nucléaires mondiaux. Nesrine Gharbi, femme scientifique d’exception dont la curiosité intellectuelle est infinie, surprend par sa précocité et son esprit cartésien. Primée par la Société française de l’énergie nucléaire (SFEN) qui lui a attribué le prestigieux prix Jean Bourgeois en 2016, elle travaille aujourd’hui, en France, dans la branche nucléaire de EDF où elle évolue à pas de géant. 

Entretien !

 

 

Le parcours d’excellence d’une femme d’exception

Lauréate du premier prix présidentiel en 2007, Nesrine Gharbi a décroché son baccalauréat en section Mathématiques au Lycée Pilote de l’Ariana avec mention très bien. Elle a par la suite intégré le Lycée Janson de Sailly, à Paris, où elle a effectué 2 années en classes préparatoires puis l’Ecole centrale de Lyon où elle a étudié durant 3 années en cycle d’ingénieur. Efficace et téméraire, elle décide de faire un Master de recherche en Matériaux du nucléaire en parallèle avec sa troisième année à l’Ecole centrale de Lyon. Pour son stage de fin d’études, elle intégrera le Commissariat de l’Energie Atomique et des énergies alternatives (CEA) qui a débouché sur l’élaboration d’un projet de thèse de doctorat en collaboration avec la multinationale française du secteur de l'énergie nucléaire, AREVA.

 

La passion pour le nucléaire

« Le domaine de l’énergie, de manière globale, a toujours été un domaine passionnant vers lequel je souhaitais m’orienter » a déclaré Nesrine Gharbi. Une passion qui s’est confirmée davantage au cours de ces 3 années d’études à l’Ecole centrale de Lyon. « Les cours qui m’ont été dispensés, les projets de fins d’études et les rencontres avec les chercheurs en conférences et en congrès » ont attisé sa curiosité intellectuelle au plus haut point. A ce sujet, elle a souligné que c’est « la technicité du nucléaire et le fait qu’il s’agisse d’un secteur de pointe très exigeant en termes de sûreté et de performances » qui l’ont ardemment poussée sur cette voie. En véritable chalengeuse, Nesrine Gharbi explique sa ferveur pour la filière nucléaire par le fait qu’ « il y a de perpétuels défis à relever ». C’est d’ailleurs avec beaucoup de gratitude qu’elle a évoqué le soutien que lui ont apporté ses proches et ses parents qui l’ont toujours encouragée dans ce qu’elle a entrepris. « C’est grâce à leur soutien inébranlable et leurs encouragements que j’ai pu réussir dans mes études et dans tout mon parcours professionnel » a-t-elle mentionné, reconnaissante.

 

Le prix Jean Bourgeois et l’apport décisif de Nesrine Gharbi dans la filière du nucléaire

Le 23 juin 2016, le prix Jean Bourgeois récompensant le meilleur travail de thèse dans le secteur du nucléaire est décerné à Nesrine Gharbi par la SFEN. Une dotation de 1000 € lui a également été octroyée pour sa « contribution à la compréhension de la formation sous irradiation des alliages de zirconium à forte dose des assemblages combustibles des réacteurs nucléaires à eau pressurisée ».

Cette récompense vient valider le travail de thèse de Nesrine Gharbi sur un sujet essentiel et d'actualité qui concerne les réacteurs nucléaires à eau pressurisée. Des travaux qu’elle a effectués au service de Recherches métallurgiques appliquées de la Direction de l'énergie nucléaire du CEA à Saclay, en Ile de France, en partenariat avec AREVA. Son travail a été dirigé par le professeur Xavier Feugeas de l'Université de La Rochelle sous la supervision de ses deux encadreurs Fabien Onimus et Thomas Jourdan. « Ils m’ont accompagné tout au long de mes 3 années au CEA. Leurs précieux enseignements, leurs conseils avisés mais aussi leur disponibilité, leur enthousiasme au quotidien, leur implication sans faille et leurs encouragements m’ont permis d’évoluer dans le bon sens et de mener à bien mon travail. Travailler avec eux m’a beaucoup apporté aussi bien sur le plan scientifique qu’humain » a-t-elle mentionné à leur propos.

En femme savante et brillante, Nesrine Gharbi a ainsi mené une étude expérimentale complexe couplée à des simulations numériques multi-échelles. Elle a proposé « un modèle multi-échelles prédictif qui permet de décrire l'évolution sous irradiation de la microstructure des alliages de zirconium mais aussi le comportement macroscopique sous flux de ces matériaux ». Une étude qui a permis d'améliorer la compréhension du phénomène de grandissement sous irradiation des assemblages de combustible des réacteurs nucléaires « dont la prédiction est primordiale pour garantir la performance des assemblages des réacteurs ». La portée de ces découvertes a d’ailleurs donné lieu à 2 publications et à 5 conférences dont deux aux Etats-Unis.

 

Les femmes et le nucléaire

Interrogée sur l’éventuel machisme qui pourrait régner dans la filière du nucléaire, Nesrine Gharbi a tenu à rectifier ce préjugé qu’elle a qualifié de « complètement infondé». Autant dire que nous sommes bien loin de l’époque où la scientifique de renommée mondiale, Marie Curie, subissait des discriminations.

« J’ai eu la chance de travailler dans des environnements ouverts sur le plan de la mixité et de l’égalité entre hommes et femmes. D’ailleurs, dans certains services où j’ai eu l’occasion de travailler il y avait plus de femmes que d’hommes » a-t-elle précisé. Il apparait d’ailleurs que la filière du nucléaire, en France, observe aujourd’hui une inversion des tendances puisqu’ il y a de plus en plus de femmes dans ce domaine.  

 

Quel futur pour la filière nucléaire en Tunisie ?

L’électronucléaire, c’est-à-dire la production d’électricité à partir de la fission nucléaire, est une solution parfaitement envisageable en Tunisie pour Nesrine Gharbi. « Je pense notamment aux centrales nucléaires de petite taille et de faible puissance qu’on appelle SMR (Small Modular Reactors). Ce type de réacteurs nucléaires peut être envisagé pour répondre aux besoins énergétiques des pays, comme la Tunisie, pour lesquels la demande et les réseaux ne sont pas adaptés aux centrales nucléaires de grande puissance » a expliqué la chercheuse.  Elle a ajouté que ce projet de construction d’un réacteur SMR « doit être étudié de la manière la plus complète qui soit, et ce afin de faciliter la décision d’investir ou pas sur cette nouvelle filière en Tunisie. De toute évidence, il faudra que la Tunisie se dote alors d’une autorité de sûreté nationale ».

 

Les passions et ambitions de Nesrine Gharbi

Elle est passionnée de lecture et de dessin. La danse et la cuisine sont aussi les loisirs auxquels elle s’adonne pour se divertir librement. Tenace et perspicace, Nesrine Gharbi est une compétitrice dont l’ambition est de travailler dans le cadre de projets de grandes envergures dans la filière nucléaire. Elle n’exclut pas un retour en Tunisie mais pour le moment ses obligations professionnelles ne le lui permettent pas. 

 

 

Khawla Hamed

17/09/2017 | 15:59
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Commentaires (16)

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Hannibal
| 20-09-2017 15:44
Nesrine,en premier lieu toutes nos felicitations pour ta reussite,je pense que la majorite ecrasante des citoyens Tunisiens ne soutiendront jamais un projet de centrale nucleaire aussi minime soit elle,(SMR).Nos projets energetiques sont plutot orientes vers les energies renouvelables,propres et ne portent aucun risque majeur pour la sante.Faciles d entretien,le vent,la mer et le soleil sont des sources inepuisables.Plutot se referer au nucleaire medical en y encourageant les recherches pour soulager les malades chroniques.

Léon
| 18-09-2017 19:17
mais il va de soi que je félicite Nesrine pour sa réussite. Mon post précédent n'a rien contre cette jeune fille.
Léon.

Léon
| 18-09-2017 15:02
1- Il n'est pas plus dur d'être expert en nucléaire qu'expert en fruits et légumes. Tout est question d'apprentissage et ni les ingénieurs tunisiens qui pullulent à Aréva, ni leurs formateurs ne sont des génies hors-normes.
Une idée qui fasse avancer le chmilblic, c'est bien plus dur à recouvrer que l'apprentissage-perroquet de quelque matière que ce soit.
D'autre part, le point délicat est de dominer le back-ground de physique-mathématique qui se cache derrière ces "inventions" utilisées par les lâches à des fins de massacres. Et çà, c'te demoiselle ne domine certainement pas.
2- Dites à c'te demoiselle qui ne connait apparemment pas l'histoire, d'éviter de penser ne serait-ce qu'une seconde à l'importation de cette énergie chez nous et cela pour deux raisons:
2-1) En cas d'accident, c'est la mort pour toute une région, si ce n'est pas pour tout un pays.
2-2) Ils (devinez qui?) ne la laisseront pas faire, aussi bien qu'ils n'avaient pas laissé faire en Irak (en 74) et d'autres pays. Le dernier en date étant l'Iran avec tous les malheurs qu'il vit à cause de l'accès à cette énergie.
3- Si tu crois que tu es la première tunisienne à y penser, tu te trompes. En 2009, un accord a été signé par la Tunisie pour l'acquisition d'une centrale à des fins électriques. La révolution a arrêté net ce projet.
Même si je suis contre le nucléaire, je trouve qu'il est dommage que la Tunisie qui voyait grand du temps de Ben Ali, peine aujourd'hui à se frayer un chemin parmi les nations, et a du mal à nourrir ses enfants.
Voilà chère d'moiselle un topo sur la chose; qui te permettra peut-être de revoir un peu tes ambitions à la baisse.
Harvard y Merci.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

rz
| 18-09-2017 13:06
Le pays est devenu une mine à matière grise pour l'occident qui continue sur sa lancée tandis que nous ici on est absorbé par la fainéantise et l'hypocrisie à tel point qu'on s'est retrouvé recroquevillé sur nous même avec un cerveau en hibernation continue tant qu'on est ici, mais une fois parti sur d'autres cieux l'esprit éclate et attrape 14 siècles de retard en très peu d'années.

Moustache
| 17-09-2017 22:14
Nous avons un soleil que nous envie tous les pays d'Europe

L'algérie à mis en place un programme de 3 grand projets de photovoltaique qui lui offriront "GRATUITEMENT" plus de 5000MW!
La Tunisie est semble-t-il également dans le mire d'un projet similaire: à savoir le projet Tunur
https://positivr.fr/tunur-centrale-solaire-desert-sahara-tunisie/

Après ce qui s'est passé au japon, il faut vraiment être idiot pour encourager le nucléaire quand on sait qu'en France récemment 17 réacteurs nucléaire vont être fermé, que la Suisse par referendum a décidé d'abandonner sa production via le nucléaire: On ne peut que s'indigner par cette idée.
Je rappel qu'une journée de soleil au désert équivaut à la consommation énergétique d'une année de toute l'humanité (source dans l'article cité plus haut)

Donc non merci Nesrine! si c'est pour nous pondre des sottises pareils reste en France et ne touche pas à la Tunisie

Tounsi
| 17-09-2017 21:44
Bonsoir à tous,
Le futur est dans les énergies propres dont on doit développer d'avantages, nous avons un grand trésor dans notre pays qui est soleil.

Forza
| 17-09-2017 21:43
Les difficultés des énergies renouvelables sont solvables en investissant suffisamment de ressources dans la recherche, le nucléaire présente une menace existentielle pour l'humanité.
Concernant le lithium, j'ai lu dans un article que son prix sur les marchés internationaux s'est triplé en une année et les analystes prévoient des augmentations substantielles car le lithium joue un rôle important pour les batteries de voitures électriques. De ce même article j'ai compris que le lithium se trouve en forte quantité dans les salines et il y'a des entreprises de minières canadiennes et australienne spécialisées. Je me demande si nos salines nombreuses en Tunisie contiennent du lithium, peut-être que l'un ou l'autre des commentateurs de BN est un chimiste et peut nous informer, peut-être une opportunité pour la Tunisie.

el manchou
| 17-09-2017 21:15
Je dis NON au nucléaire en Tunisie, pas seulement parce que les barbus pourraient s'en servir, mais parce que c'est une énergie has been et qui comporte de trop grands risques quant au retraitement des déchets et les investissement colossaux à effectuer.

Un pays comme la Tunisie doit miser à 100% sur l'énergie solaire couplées à l'énergie éolienne et hydraulique.
La plupart des pays développés ( donc pas la France ) misent sur le renouvelable, le prix des panneaux solaires ne cesses de baisser et leur rendement augmenter et l'avenir est à l'auto-production avec panneau solaire domestique et batterie de type Tesla pour stocker le surplus d'énergie.

Gg
| 17-09-2017 20:21
Vous posez exactement le problème: il faut garantir la stabilité géologique et politique sur 100.000 ans!!!
VGE s'est totalement planté, aujourd'hui pour une jeune inge du nucléaire, la bonne voie est la recherche de procédés nouveaux, et EDF ne fait pas cela!
Je ne comprends pas cette jeune femme.

Benje
| 17-09-2017 20:03
Chaque type d'énergie à ces avantages et inconvenients . Le nucléaire avec des contraintes de securite (et je sais de quoi je parle j'ai dirigé une thèse sur la prolongation de durée de vie des centrales actuelles) presente l'avantage d'être disponible quelque soit le temps nuit et jour ou lla force du vent mais il reste le problème des déchets et leur traitement et enfouissement Quant à l'énergie solaire les cellules photovoltaïques utulisent des semi-conducteur dont la production est très polluantes avec des produit chimique dangereux et surtout il faut des batteries de stockage à base de lithium et de terre rares que seule la Chine en possède ! Vous savez le problème la production des voitures électriques par dizaines des millions (pas par milliards) génèrent dès batterie usagers qu'il va falloir stockés et recyclé c'est un problème ...
Mais notre chercheuse a bien precise que le nucléaire est actuellement base sur la fission . L'autre technologie propre qu'est la fusion est très étudiée dans plusieurs pays et notamment le projet ITÉR en France et on prévoit que dans un demie siècle cette technologie serait au point et en quelque sorte on pourra produire un soleil en faisant fondre de l'hydrogène lourd deutérium à plusieurs millions de degrés ...