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Success Story : Jihene Ben Jazia, la styliste tunisienne qui habille les princesses du Golfe
01/10/2017 | 15:59
7 min
Success Story : Jihene Ben Jazia, la styliste tunisienne qui habille les princesses du Golfe

Elle a un look de star et l’âme d’une princesse. Il suffit de quelques minutes passées avec elle pour que sa spontanéité, sa jovialité et son franc parler en font votre nouvelle meilleure amie ! Jihene Ben Jazia séduit et met son savoir-faire au service des femmes pour les rendre encore plus belles et uniques. Passionnée de couture et de mode, elle lance en 2012 Atypik, une marque spécialisée dans la confection des Kaftans modernes. Une niche où la diplômée d’une école de commerce tunisienne et ancienne publicitaire, laisse libre cours à sa créativité pour le plus grand bonheur d’une clientèle très exigeante. Portrait.

 

Jihene Ben Jazia est titulaire d’une maîtrise en Marketing obtenue à la Faculté des sciences de gestion de Tunis. Elle a entamé sa carrière professionnelle dans une agence française de publicité où elle a été responsable de compte et conseillère en communication pendant deux années.  En 2002, elle entame une nouvelle aventure et obtient le poste de chef de service publicité au lancement d’un nouvel opérateur de téléphonie mobile. Pendant 7 années, Jihene aura à gérer un des plus grands, sinon le plus grand, budget publicité du pays. Pendant ces 7 années elle fera également la rencontre de celui qui deviendra son mari, qui la soutiendra comme elle tient à rappeler dans toutes ses démarches, et aura trois enfants.

 

Le nouveau départ

En 2009, alors qu’elle était au zénith de sa carrière professionnelle, son mari, un expatrié libanais, se voit offrir une opportunité d’emploi au Koweït. « Du jour au lendemain, j’ai tout laissé tomber pour le suivre. Au début c’était dur. J’étais passionnée par mon travail et je m’y épanouissais, toutefois je suis de celles qui pensent que dans la vie il y a des priorités et pour moi la famille passe avant tout ! » nous a confié Jihene, de son nouveau pays d’accueil, l’Egypte. Nous y reviendrons.  

Au Koweït., celle qui exècre l’immobilité, s’inscrit en MBA à la Maastricht School of Management et obtient son diplôme avant de se lancer dans l’aventure de sa vie, son projet, Atypik.  

« J’ai foncé et lancé Atypik en 2012. Au début, j’avoue, j’avais des appréhensions, le marché des Kaftans et des Djellaba, abbaya etc. était fermé et tenu exclusivement par les femmes de la région, par les Koweitiennes particulièrement. J’ai quand même foncé, et ces femmes m’ont soutenue, aidée et nous sommes même devenues amies. L’idée de départ était de ramener des produits tunisiens et de les commercialiser au Koweït. où il existe un très grand marché de « Jebba » et de Kaftans. Je comptais faire du commerce, puis, comme je suis passionnée et qu’il m’arrive très souvent de me confectionner des vêtements qui plaisent beaucoup à mes amis, je me suis dit que je devrais tâter le terrain en proposant une collection capsule que j’ai exposée lors d’une grande exposition où j’avais, pour la première fois, dévoilé l’enseigne Atypik. 80% des modèles que j’avais exposé étaient mes propres créations et elles se sont vendues comme des petits pains ! » nous raconte Jihene, des étoiles encore plein les yeux.

 

Atypik, un rêve d’enfant qui devient réalité

« J'ai grandi dans une famille de couturières, ma mère et mes tantes sont des passionnées de couture et j’ai même des parents qui ont fait de la broderie un métier. J’ai côtoyé les aiguilles et les étoffes depuis toute jeune et très tôt, j’ai eu un penchant certain pour l’art en général et la mode, la couture et la création, en particulier. J'ai cousu ma première jupe quand j'avais 12ans, je faisais du tricot avec ma mère et j'adorais ça ! D’ailleurs, je garde toujours le premier pull en laine rose avec un palmier que j'ai tricoté moi-même avec l'aide de ma mère. Tout ce que je créais était précieux pour moi et avait plus de valeur qu'un article acheté en boutique. Porter le fruit de son imagination et ce qu’on se confectionne avec ses propres mains, c’est être unique, c’est inestimable » ajoute Jihene.

Au Koweït., la créatrice sonde le marché et adapte ses modèles. « J’ai fait des choses adaptées aux goûts et au contexte des femmes du Golfe. Elles portent le Kaftan au mois de ramadan, il faut donc qu’il couvre bien le corps et qu'il soit frais et agréable à porter. Des tissus comme la mousseline et les tissus synthétiques ne sont pas prisés, j’ai donc travaillé avec des tissus adaptés, du lin par exemple et axé également mes créations sur la broderie. J’ai proposé aux clientes des Kaftans modernes qu’on peut porter pour aller au resto, pour bouger. J’ai fait des coupes atypiques et les femmes ont apprécié ce souffle nouveau. Depuis, on attend mes collections et on suit mes expos. Désormais on juge de la notoriété d’une expo du fait que ma marque y soit présente ou pas » précise la styliste, non sans fierté.

 

Des débuts à l’avenir…

Jihene Ben Jazia n’a pas de boutique physique. Encore aujourd’hui, elle vend ses produits en ligne ou via d’autres boutiques, à l’instar des boutiques au Koweït ou la chaîne anglaise Harvey Nichols. Ce choix est calculé mais aussi conditionné par un mode de vie où la sédentarité n’a pas de place.

« Quand j’ai entamé l’aventure Atypik, j’ai commencé par sous-traiter la partie confection puis très vite, j’ai monté mon propre atelier. J’avais également commencé une ligne de vêtements pour femmes voilées en plus des kaftans pour les mois de ramadan. Je lançais donc et encore aujourd’hui, deux collections par an que je distribue dans des boutiques de la place. Je reçois également beaucoup de commandes en ligne, émanant des quatre coins du monde. J’ai des clientes en Arabie Saoudite, au Qatar, à Dubaï, en Europe, aux Etats-Unis, en Australie et en Tunisie où me réclame souvent de marquer encore plus ma présence » nous révèle Jihene. 

En Tunisie, Jihene compte lancer son projet en bonne et due forme. « En 2018 je compte préparer un projet implanté en Tunisie. Je voudrais m’inspirer de l’artisanat, des matières premières et du savoir-faire local pour apporter une touche tunisienne encore plus marquée à mes créations » nous livre-t-elle. « Je vise également d’autres marchés, travailler à l’international. Je pense aussi à entrer encore plus dans le domaine du prêt à porter, viser l’Europe. Le marché des pays du Golfe est un marché particulier et qui offre des opportunités remarquables, je voudrais étendre ma griffe au reste du monde et proposer des modèles plus variés mais toujours avec la touche ethnique caractéristique de mes créations » poursuit Jihene.

 

L’Egypte, encore un vivier d’inspiration

En ce moment, Jihene Ben Jazia s’est établie en Egypte où elle a encore suivi son mari. Pour la créatrice toujours en quête d’inspiration, le pays des pharaons est une riche source d’inspiration. « Je suis un électron libre, et c’est un peu pour cela que l’idée de lancer ma boutique n’a pas encore abouti. Mon mode de vie ne me permet pas de construire quelque chose comme une boutique dans un pays que je risque de quitter à tout moment, cela dit, je fais avec les circonstances, ces déplacements qui peuvent paraitre contraignants c’est en fin de compte une richesse, chaque culture m’apporte et dans mon travail je suis marquée par les influences que je côtoie au gré de mes voyages et de mes découvertes » précise la styliste.

 

Jihene Ben Jazia a souhaité finir notre entrevue par un conseil à prodiguer à tous ceux qui ont un rêve à réaliser. « La persévérance, la foi » voilà ce que recommande la styliste aux jeunes en quête de réussite. « Il ne faut jamais lâcher, même dans les moments les plus difficile, des doutes il y’en aura mais l’important est de tenir bon. Au pire des cas, si ça ne marche pas, on se dira qu’on aura au moins essayé » souligne-t-elle. Jihen côtoie aujourd’hui, grâce à sa passion, des célébrités, des princesses et le gotha du monde arabe féminin. Elle reste néanmoins, comme nous avons pu l’observer, cette fille spontanée et chaleureuse avec des rêves plein la tête en plus d’être une maman poule dédiée à l’éducation de ses enfants, qu’elle place au top de ses priorités. Une combinaison qui fait tout le succès de cette jeune mère de famille passionnée, ambitieuse et déterminée.

 

 

01/10/2017 | 15:59
7 min
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Commentaires (13)

Commenter

jamel
| 04-10-2017 18:16
bon courage a tous les créateurs et a tout ceux qui travaillent,c'est l'intelligence des tunisiens et des tunisiennes,il faut compter sur soit meme avant de se mettre sur le dos de l'état

Hannibal
| 04-10-2017 09:13
Le genie des Tunisiens et Tunisiennes n est plus a stopper.Jihene en est un exemple vivant.Il y a aussi Le Styliste Ezzedine Alaya grand specialiste du cuir est le prefere de la grande chanteuse Tina Turner,il y a aussi Leila Menchari
styliste vedette de Hermes.....etc.
Souhaitons a Jihene tous les succes possibles et imaginables,habiller les princesses d orient est une reussite totale....Que ceux qui parlent de bedouines n ont aucune idee de l avancee et du developpement culturel de la junte feminine dans les pays du golfe,elles accaparent la beaute,le gout et l intelligence,rien a voir avec la politique.

Lilia
| 03-10-2017 12:16
J ai laisse un commentaire dont le contenu n etait ni abusif ni grossier. Ca n a pas ete publie ! On n accepte pas les critiques a businessnews.tn ? Je pensais que l epoque de la censure est passee. Bref, l essentiel c est que vous passez le message au journaliste qui a ecrit cet article, " on veut lire de vraies success stories svp ". Ne vous en faites pas, le commentaire qui n a pas ete publie, sera poste d une maniere ou d une autre.

zohra
| 02-10-2017 12:52
Bonjour Sarra,

"Une success story pour ca? J'ai vu milles fois mieux que ce qu elle fait"

L'essentiel est d'encourager, parce que on est tellement en manque de réussite, on aime entendre qu'il y a des gens qui réussissent, assez d'entendre que les tunisiens voyous ou tueurs. Personnellement, j'aime lire ce genre d'article.

Bonne continuation

Professeur de droit
| 02-10-2017 09:17
Comme j'aime les produits raffinés, quand le prix permet, bien sur (comme vous, sans doute), je voulais juste vous signaler que c'est CHANEL (et non channel) et GABBANA (et non gabanna).

kissimmee
| 02-10-2017 09:10
on s'en fout, ce n'est pas le plus important dans le monde pour le moment.et vu la dégaine de ces soit disant "princesses bédouines" n'importe qui peut les habiller. vu qu'elles sont laides et grosses. alors épargnez nous ces commentaires bidons

Sarra
| 02-10-2017 08:28
Une success story pour ca? J'ai vu milles fois mieux que ce qu elle fait

anti rats
| 02-10-2017 08:09
Je tiens à vous féliciter pour votre sérieux .. et votre courage car travailler dans des pays de bédouins n'est pas facile ..

zohra
| 02-10-2017 07:13
Bonjour Halouma,

J'aime beaucoup ce quelle fait, je suis fière d'elle car elle a su garder l'art artisanal tunisien tout en le modernisant et l'adaptant à notre époque et sa mode avec un style bien à elle.

Excellente journée chère amie

MAM
| 01-10-2017 20:18
Une artiste née, une très belle âme et une Carthaginoise avec toute la profondeur de l'expression ... Bravo Jihene et très bonne continuation.