Que dire de plus sur une affaire qui a fait couler des rivières d’encre et usé les claviers. A vrai dire beaucoup de choses, tant les faits revêtent plusieurs dimensions. L’opinion publique tunisienne est choquée d’apprendre les détails sordides de la tristement célèbre affaire de l’école coranique de Regueb. Oui, les faits sont choquants : des enfants se font endoctriner, violer, isolés de la société, déscolarisés par des fous de Dieu. Nous avons découvert un véritable camp, une pouponnière de futures bombes à retardement.
Mais le fait est là, ce ne sont pas les dirigeants de ce pseudo « établissement » qui sont les seuls à incriminer. Ce n’est pas comme si ils avaient arraché les enfants à leurs familles. Ce sont les parents, en toute conscience, qui ont décidé de livrer leur progéniture à ce campement d’endoctrinement. Ce sont ces parents qui ne voulaient pas voir leurs enfants intégrer l’école « mécréante » de l’Etat, une école qualifiée par ces individus d’antre du mal qui ne peut que pervertir les âmes innocentes des petits musulmans. Ce sont ces mêmes parents qui ont crié au complot laïc quand leurs enfants ont été placés en sécurité par les autorités. Alors qu’on leur disait, preuves à l’appui, que leurs gosses ont été victimes de sévices et de viols, ils persistent et signent qu’il ne s’agit là que d’une affaire fabriquée de toutes pièces par l’Etat apostat !
Et c’est là qu’une autre dimension entre en jeu. C’est celle d’un phénomène qui s’est emparé de la société tunisienne, un phénomène pernicieux, qui gagne du terrain imperceptiblement mais sûrement. L’islamisation rampante et organisée de la société, accentuée dès l’avènement d’Ennahdha au pouvoir, touchant désormais toutes les classes. Par islamisation, il faudrait évoquer les masses abreuvées par les discours et prêches extrémistes dans les mosquées et le cercles religieux. Par islamisation, il est nécessaire de parler d’une idéologie réactionnaire qui érige l’extrémisme, sous couvert de religiosité, en valeur morale suprême.
Pourquoi s’étonner de voir des centaines d’écoles comme celle de Regueb pulluler dans le pays ? Pourquoi donc s’indigner que des parents soutiennent les violeurs de leurs enfants, parce qu’ils ne peuvent l’être, parce qu’ils leur apprennent le coran et qu’ils ne peuvent de ce fait être des violeurs ?
Le porte-parole du gouvernement se disait choqué par un drame qui se déroulait pourtant sous les yeux des autorités depuis des années. Choqué ! Fallait-il attendre qu’une enquête journalistique fasse éclater le scandale pour que le phénomène de ces écoles d’embrigadement soit une affaire nationale ? Du Omda, au gouverneur, en passant par les ministères, l’Etat a failli et continue à faillir. Il ne suffit pas de limoger un délégué ou de fermer quelques établissements pour que le phénomène soit éradiqué. Le problème est plus profond et s’est désormais ancré dans notre société, à coups de dollars et d’ingérence étrangère. Des centaines d’associations religieuses ont vu le jour en Tunisie. Elles ont obtenu un visa et se prêtent à leur besogne sous l’œil des institutions de l’Etat. Et un parti takfiriste, légal, nous sort des communiqués accusant l’Etat d’avoir fomenté cette histoire d’école pour porter atteinte à l’islam, à quoi s’attendre après tout cela ?
Il faut dire aussi que le terrain était plus que favorable et le plan de séparer les enfants de leurs parents (comme le disait si bien Abdelfattah Mourou) est bel et bien en marche. La complicité d’Ennahdha dans la transformation de la société tunisienne est plus qu’établie, et qu’a-t-on fait ? On a fait en sorte d’oublier les années de « moutou bi ghaydhikom », les années où des dirigeants d’Ennahdha menaçaient ouvertement leurs adversaires progressistes, les années où les Wajdi Ghenim et Cie étaient accueillis en héros, les années où Chokri et Brahmi ont été assassinés, les années où des milliers de jeunes paumés ont rejoint la Syrie (et j’en passe ! Cet espace ne suffit pas à énumérer les traumatismes subis sous Ennahdha). Certains ont feint d’oublier, certains ont trahi des électeurs qui espéraient endiguer ce danger en les élisant. Certains ont préféré les alliances et les consensus.
Daech est en nous ! Allez voir les réactions à propos de l’affaire de Regueb, allez voir les commentaires sous les articles des journalistes qui dénoncent ce drame et vous comprendrez enfin que le ver est dans le fruit. Des personnes qui ont perdu toute confiance en l’Etat, abreuvées de théories complotistes, convaincues que la société leur ment, convaincues de la nécessité d’une confrontation avec un Etat hérétique que seul l’islam est capable de détruire. Combien d’enfants endoctrinés aujourd’hui, se transformeraient dans quelques années en une véritable menace pour la Tunisie ? Une chose est sûre, ils sont parmi nous.
Commentaires (9)
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bombes
L'islam politique tronc commun
Il est une émanation du tronc commun que constitue l'islam politique.
Comment neutraliser daech tout en conservant la source ?
La solution est dans le modèle européen. La démocratie-chrétienne n'impose aucunement à la société le modèle qu'elle suit pour elle-même. Elle ne dicte aucun mode de vie à emprunter obligatoirement. Ce que bon nombre de pseudo -islamisants refusent. Même les lois rétrogrades sont remises au goût du jour. Leur ridicule défense est de proclamer qu'ils n'en sont pas les auteurs. Certainement que leur goût prononcé pour les libertés les a commandés de réanimer les lois liberticides dépassées.
Le daechisme survivra tant que la source est toujours là.
Ali Baba dit...
Mais non, il y a des élections, votez!
Manifestez, sortez dans les rues pour exiger la juste conclusion des assassinats de Belaid et Brahmi. Attaquez les écoles de terrorisme dites coraniques. Exigez par la force l'interdiction d'Etahrir, etc...
Je ne comprends pas la passivité résignée du peuple tunisien. Certes 30% environ sont acquis aux thèses obscurantistes sanguinaires et violentes, mais ce ne sont que 30%...
Oui, sortez toute la pourriture qui est en vous..
Nous avons tiré la sonnette
V' était le commencement du viol su peuple tunisien qui a voté en majorité pour Nidaa et Bce..
C' était clair il y avait un bris de confiance irrémédiable d' ou est parti le chaos que nous éprouvons kusqu' à présent..
Pourtant ce n' était pas difficile à prévoir à visualiser... Pas besoin d' être fin politicien pour voir venir la CATASTROPHE
Nous ne pouvons que penser que nos politiciens ou bien sont de gros NIAIS dénués de conscience politique ou vraiment des enjeux hautement politiques internationales et financiers et ingérences extérieures graves qui les empêchent de dire la vérité.
On ne peut tomber plus bas de manque de clairvoyance , de manque d' inertie et de réactivité.
Le Gvt actuel ne fait rien pour se dissocier des islamistes.
La traîtrise et la traîtrise sont entrés dans les moeurs
Des poltrons les politiques, avalés par la Secte satanique des islamo-fascistes salafistes..
A bas l' Islam politique
Nous voulons un gvt fort
Nous voulons changer cette constitution ***
Les islamistes punis
ENTRE MAFIEUX ET TERRORISTES
EXACT
Une société sans culture
Aucun livre d'ouverture d'esprit est disponible, aucune émission de télévision enrichissante, aucun cinéma, aucun théâtre, aucun atelier de formation, de perfectionnement. Le vide total à part la religion. Ce pays est foutu