Invitée sur le plateau de Myriam Belkadhi sur Elhiwar Ettounsi, la secrétaire d'État auprès du ministre de la Santé Sonia Ben Cheikh, est revenue ce jeudi 26 avril 2018, sur la crise de la pharmacie centrale et la pénurie de médicaments qui préoccupe les Tunisiens.
Sonia Ben Cheikh a assuré que la pénurie des médicaments a été exagérée. « Notre système de soins de santé est parmi les meilleurs dans la région et les défaillances constatées sont le fruit d’un cumul de quelques années. Je tiens à préciser qu’aucun citoyen ne s’est adressé à un centre de santé et n’y a pas été soigné. Oui il y a eu du retard ou un manque en médicaments, des fois. Cela n’empêche que la santé du citoyen est la priorité absolue de l’Etat » a-t-elle précisé.
« Il y a effectivement un manque en médicaments. Cela dit, on parle de pénurie mais on ne dit pas quand les médicaments sont remis sur le marché. Quand il y a un médicament avec zéro stock, nous allons vers les médicaments génériques car il ne faut pas oublier que nous avons en Tunisie 55 unités de production de médicaments. Il y a des cas où les génériques n’existent pas, dans ce cas, les laboratoires internationaux auprès desquels on se fournit nous livrent ces médicaments, suivant évidemment les paiements effectués. Mais nous continuons à négocier avec eux au cas par cas et avec des quantités certes réduites. On nous livre à un flux assez tendu pour ne pas accroitre davantage notre endettement » a poursuivi Sonia Ben Cheikh.
« Nous sommes en négociation quotidienne et ces laboratoires sont nos partenaires depuis des décennies et sont conscients de la situation du pays, d’autant plus que nous faisons preuve d’une transparence totale. Nous nous sommes d’ailleurs mis d’accord sur un échéancier pour régler les anciennes dettes. Il y a aussi des médicaments dont le stock n’est pas nul mais en deça du stock stratégique qui est de trois mois. Dans ce cas de figure, nous adoptons une stratégie préventive afin de nous prémunir contre la pénurie » a expliqué la secrétaire d’Etat.
«L’état de panique participe à créer la pénurie car les consommations explosent. Nous avons un médicament largement utilisé, dont les ventes mensuelles sont de 30.000 unités, aujourd’hui 140.000 unités ont été vendues, ce qui est loin d’être une consommation réelle. Oui il y a une pénurie mais nous sommes en train de jongler et de négocier, nous ne restons pas les bras croisés et les médicaments sont fournis dans des officines hospitalières, parfois pas dans d’autres et nous avons mis au point depuis décembre un mécanisme de suivi de ces officines pour contrôler efficacement les stocks. Nous attachons également une importance et une priorité aux maladies chroniques, auxquelles nous consacrons toute une stratégie » a-t-elle assuré.
Sur la question de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Sonia Ben Cheikh a affirmé que les ministères concernés œuvrent dans l’urgence et de concert à résoudre tous les problèmes liés à l’intervention humaine dans la gestion des stocks des médicaments. Elle a évoqué l’application permettant de lier la pharmacie centrale aux pharmacies des centres hospitaliers et entre les centres eux-mêmes permettant de contrôler efficacement les stocks et éviter le stock 0. « Nous avons aussi mis en place la facturation électronique entre la pharmacie centrale et les grossistes répartiteurs qui fournissent les officines privées, le 1er mars 2018, cela permet aussi de tout contrôler » a enfin annoncé Sonia Ben Cheikh.
M.B.Z
