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Chroniques
S’il continue comme ça, c’est la petite porte qui attend Béji Caïd Essebsi
23/07/2018 | 15:59
6 min

Par Nizar Bahloul

 

La crise politique perdure en cet été dans les hautes sphères du pouvoir et on ne sait toujours pas si Youssef Chahed va rester à la primature ou non. Il n’y a pas pire pour un pays que ce manque de visibilité et cette instabilité qui empêchent les gouvernants de gouverner.

De quoi on parle ?

D’un supposé bilan désastreux du gouvernement et de son chef. Soit ! Par qui va-t-on le remplacer ? On ne sait pas !

Que doit faire concrètement Youssef Chahed de plus que ce qu’il n’a déjà fait ? On ne sait pas !

Quels programmes alternatifs proposent les détracteurs de Youssef Chahed ? On ne sait pas !

Quelle est cette recette magique qui vous permet de préparer un plat en deux heures alors que son temps incompressible de cuisson est de cinq heures ? On ne sait pas !

Avant de prendre position pour ou contre Youssef Chahed, merci de répondre à ces questions !


En attendant, la crise perdure. Les accusations fusent des deux camps, les pro et les anti Youssef. Les uns vous disent si vous êtes pour Youssef Chahed, c’est que vous êtes forcément avec Ennahdha. Ce à quoi les autres répondent, si vous êtes contre Youssef Chahed, c’est que vous êtes forcément avec Hafedh Caïd Essebsi. Ambiance au sein même du parti au pouvoir !

Cet étalage de linge sale en public fait suite à de multiples vaines tentatives de fragilisation du chef du gouvernement qui ont démarré voilà dix-huit mois. A l’origine de la crise, l’insistance de Hafedh Caïd Essebsi à placer ses « hommes » dans plusieurs postes de responsabilité au sein de l’Etat et de l’administration, en récompense à leurs engagements au sein du parti Nidaa. Le refus de Youssef Chahed de céder au népotisme et à ces nominations partisanes, lui a ouvert la porte de l’enfer. Depuis, on ne compte plus les peaux de bananes et les phrases assassines de Hafedh et de son camp. Du Kamour à Chafik Jarraya en passant par l’infiltration et les pages sponsorisées sur Facebook, on a une belle idée sur les méthodes abjectes utilisées pour faire plier Youssef Chahed.

 

Été 2018, après l’échec de toutes les tentatives de déstabilisation, Hafedh Caïd Essebsi a sorti les grandes armes en appelant le président de la République à la rescousse.

Les désirs du fils étant des ordres pour le père, dimanche 15 juillet, Béji Caïd Essebsi donne une interview qui déclenche une grosse polémique. Est-ce suffisant pour le président de la République pour se convaincre qu’il a pris un mauvais chemin en préférant le parti à la patrie ? On l’aurait sincèrement espéré, mais la réponse est négative. Les événements de la semaine passée et ceux prévus les prochains jours montrent que Béji Caïd Essebsi est devenu sourd aux critiques et aux avertissements de ses plus grands soutiens et fidèles.

Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir et, hélas, le président de la République est actuellement dans cette position. Il fait appel aux vieux pour faire du neuf, il se désavoue lui-même, il dit une chose et fait son contraire et il descend lui-même dans l’arène pour combattre ! Il préfère être chef de parti (ou chef de clan plutôt) à sa stature de président de la République.

 

Mardi 24 juillet, dans son planning officieux, il envisage de recevoir un nombre de députés Nidaa. L’invitation leur a été envoyée samedi via SMS (bourré de fautes) par Hafedh Caïd Essebsi et par un coup de fil des services du protocole de la présidence de la République. Voilà donc où en est l’institution présidentielle ! Le samedi 14 juillet, les plus proches conseillers du président ne sont pas informés d’une interview du Chef de l’Etat ; le samedi 21 juillet, les services officiels de la présidence sont empêtrés, un jour de repos, dans des histoires partisanes.

Dans cette fameuse interview polémique, Béji Caïd Essebsi a répété une énième fois, et sans ambiguïté, qu’il n’a pas à s’ingérer dans les affaires du parti. Les faits le démentent avec le rendez-vous de ce mardi 24 juillet.

Dans la fameuse interview, il a déclaré que les prestations du chef du gouvernement sont à désirer et qu’il se devait de démissionner ou d’aller vers l’ARP pour regagner la confiance. Il a été démenti la semaine même dans son palais, par une équipe du FMI.

Précédemment, il a limogé son chef de cabinet Ridha Belhaj parce qu’il s’est amusé à immiscer publiquement la présidence dans les affaires de Nidaa. Non seulement, il répète exactement ce qu’il a reproché à M. Belhaj, mais en plus il réintègre celui-ci dans sa sphère et dans la sphère de Nidaa ! Oubliées toutes les déclarations de Ridha Belhaj à son encontre, oubliée la création par Ridha Belhaj de tout un parti pour déstabiliser le parti du président de la République, oubliés les secrets d’Etat dévoilés par Ridha Belhaj après son départ de Carthage. Pour les besoins de l’heure (sauver son fils), Béji Caïd Essebsi  redonne confiance à une personne qui n’a aucune idée de ce qu’est l’obligation de réserve !

Mardi 24 juillet, Béji Caïd Essebsi va faire une nouvelle tentative de déstabilisation de Youssef Chahed en essayant de retourner contre lui les députés Nidaa. L’objectif, ensuite, est « d’obliger » le chef du gouvernement à passer devant l’ARP et de ne pas obtenir un vote de confiance.

 

Béji Caïd Essebsi mesure-t-il le risque qu’il prend en entreprenant une telle initiative ? Sait-il qu’il n’a aucune chance d’obtenir même 50% des 86 députés qui ont été dans son camp en 2014 ?

Pour les beaux yeux de son fils, Béji Caïd Essebsi s’expose politiquement et perd, petit à petit, ce qui lui reste de plus précieux : son aura !

En 2014, quand il a remporté la présidentielle, il était question qu’il sorte de Carthage, cinq ans plus tard, après avoir marqué l’Histoire en lettres d’or, comme son prédécesseur Bourguiba. Il était question d’en finir avec le terrorisme, l’extrémisme, l’islamisme, la saleté, le népotisme, la corruption, etc.

Quatre ans après, alors qu’on devait débattre du modèle économique salvateur pour le pays, du rapport de la Colibe, de la réforme profonde de l’Education et de mesures révolutionnaires pour les générations futures, on est en train de discuter d’une réunion partisane au Palais de Carthage !

On voulait parler, dans 50 ans, de Béji Caïd Essebsi qui a marqué positivement l’Histoire de la Tunisie par sa stratégie et sa vision futuriste. Voilà qu’on est en train de parler de Béji Caïd Essebsi en train d’établir une stratégie pour casser Youssef Chahed en réintégrant Ridha Belhaj par ci et en s’apprêtant à nommer Selma Elloumi en qualité de paravent pour son fils. 

 

Le syndrome de Carthage est en train de nouveau de se vérifier. A l’exception de Foued Mbazâa, tous ceux qui sont passés par là ont eu de mauvaises fins. Habib Bourguiba y est entré leader suprême, il en est sorti sénile. Zine El Abidine Ben Ali y est entré homme du Changement, il en est sorti « déchu ». Moncef Marzouki y est entré militant des Droits de l’Homme, il en est sorti « tartour ».

Il est encore temps pour Béji Caïd Essebsi de ne pas décevoir ses alliés, ses fans et ses sympathisants. Il est encore temps de lever sa main et de laisser le pays fonctionner comme l’exige la Constitution et non comme son fils et lui le souhaitent.

Il est encore temps que Béji Caïd Essebsi se conduise comme président et non comme chef de clan.

Il est encore temps que Béji Caïd Essebsi sorte par cette même grande porte par laquelle il est entré !

 

23/07/2018 | 15:59
6 min
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Commentaires (50)

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TOUNSIBENTOUNSI
| 29-07-2018 19:02
ya NB, enti tahreth fel bhar. c'est unitile tu perd ton temps.

Léon
| 24-07-2018 21:24
Comment pouvez-vous croire en 2014 à autre chose qu'une sortie par la petite porte. Je vous l'avais dit depuis son élection, vous appelant à ne pas voter en pays occupé.
Finirez-vous un jour par comprendre ce qu'est Léon. Rien d'autre qu'un visionnaire qui vous aurait épargné tous les malheurs que vous vivez. Mais vous avez préféré écouter le parterre de perroquets à hauts diplômes stériles.
Libre à vous! Mais l'amour de mon pays ne me permet pas de ne pas conseiller le peuple et de ne pas lui montrer la bonne direction.
Nidaa: Une fumisterie. Une tromperie d'envergure payée par des hommes d'affaires pro-merdolution et qui commençaient à regretter le poignard qu'ils avaient planté dans le dos de leur pays. Et par là même dans leur propre dos.
Il parait que certains d'entre-eux en étaient même jusqu'à demander le secours des atlantistes avant 2011. Dans une théorie du gagnant-gagnant, tellement douteuse que je suis encore en train de me demander quel est la contrepartie atlantiste. Si pour les esprits simples ils avaient gagné un système démocrotte, qu'ont alors gagné leurs prestataires atlantistes? La mise sous tutelle de la Tunisie peut-être?
Nidaa: Le plus grand détournement du parti la lutte nationale contre l'occupant. Cela ne pouvait, à l'évidence, réussir.
Même si pour leurrer davantage le peuple, BCE s'était muni des lunettes de Bourguiba. C'est la tête qui compte et non pas les lunettes.
Cher Nizar, ton ami inconnu, tel le soldat du même nom, le Léon de BN, a-t-il, ne serait-ce qu'une fois, fait administré un conseil qui ne s'est pas avéré vital pour la Nation?
S'est-il trompé ne serait-ce qu'une fois et n'a-t-il pas prédit tout cela depuis 2011?
N'est-ce pas à lui, et à lui seul, que tu dois rendre hommage. D'autant plus que tu es quand même l'un des rares qui doit connaitre l'efficacité de son serviteur lorsqu'il s'agit de monter un programme d'envergure nationale (puisque tous mes articles sur le vol d'idées par une certaines firme étrangère m'ont été censurés).
Amitiés.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES (le verset qui a dirigé toutes mes prédictions).

Zohra
| 24-07-2018 21:00
Bonsoir Monsieur,

Je sais Monsieur, c'est terrible ils ont dépassé elkhinzira dans la propagande.

Un journaliste est un citoyen par excellence c'est normal qu'il penche d'un côté ou de l'autre.

Mais par contre la façon inadmissible de certaines chaînes dépasse l'imaginaire.

On dit que les médias sont le 4 ou 5ème pouvoir, moi je dit dans les pays arabes les médias sont le premier pouvoir car nos peuples sont tellement naifs et ils gobent tous ce que ces médias manipulateurs racontent malheureusement.

Bonne soirée

Toto
| 24-07-2018 20:12
Bonsoir Madame Zohra :)

J'aimerai vous donner par exemple le cas de Nessma. Elle n'est plus crédible à mes yeux car elle est systématiquement contre YC. Ce n'est pas normal.

J'ai eu l'impression sur ce site que c'était l'inverse. Systématiquement Pour YC. En tout cas ces derniers temps...

J'étais donc très déçu car j'aime bien BN que je suis régulièrement car je sentais qu'il y a avait un certain sérieux dans l'information qu'il mettait à notre disposition.

Mais depuis un certain temps... La vie n'est pas noir ou blanc... Elle est souvent gris si on veut être un peu plus juste...

Toto
| 24-07-2018 20:05
Je vous remercie pour votre réponse et j'ai bien pris note de votre commentaire et de vos éclaircissements.

Je suis les nouvelles sur votre journal depuis un certain temps. BN était devenu depuis un certain temps ma principale source d'information.

Cependant, il devenait de plus en plus clair que vous preniez systématiquement position en faveur du premier ministre YC. Et ça devenait donc suspect à mon goût...
D'où mes interrogations concernant votre financement...
Surtout après les dernières révélations concernant les financements britanniques pour les médias tunisiens afin de supporter (quoiqu'en dise...) YC et où.... le nom de votre journal est systématiquement cité...

Cependant j'ai bien spécifié 'à vérifier'.
Je prends donc note que ce n'est pas le cas et je n'ai aucune raison de ne pas vous croire.

Je vous souhaite donc bonne continuation et je continuerai de toute façon à vous lire et à commenter. Merci

PS: essayez quand même de nous informer AUSSI sur les travers de l'exécutif et vous savez très bien qu'il y a de quoi écrire et informer

Nizar
| 24-07-2018 19:50
Bonsoir Mr Nizar Bahloul
Peut-être qu'il est temps que la "majorité silencieuse" (comme l'avait appelé Mr Mohamed Ghannouchi). manifeste sa présence et sa position par rapport à ce qui ce passe dans le pays (crise politique, caprice de BCE, probleme de l'eau,...). Il faudrait que des intellectuels comme vous nous guident et nous aident pour nous organiser soit pour manifester soit pour peut-être seulement monter la voix, mais faire quelque chose.

Zohra
| 24-07-2018 19:36
Vous avez raison, Anyway, there's something wrong with everybody. Allah ykhader elkhir

aj34
| 24-07-2018 19:14
Jamais BCE n'a été aussi médiocre que lors des deux dernières années. ça ne lui ressemble pas.Il y a quelque chose de beaucoup. plus fort que ce qu'on croit qui serait en train de le menacer.....il n'a jamis été aussi faible et mauvais stratégè qu'en ce moment.... il a peur de quelque chose..... je pense qu'on le sera bientôt si YC ne tombe pas .....BCE ne serait pas le seul à avoir peur manifestement......l'été va être chaud de point de vue climatique et surtout politique.... on ne serait qu'au début de nos surprises......ca nous rassure quelque part car on n'a jamais vu BCE aussi médiocre et pitoyable.....
Vivement les prochains jours pour découvrir bcp de vérités.

déja-vu
| 24-07-2018 18:37
Pour ceux qui lisent BN régulièrement, et notamment M. NB, il parait évident qu'il n'a jamais ménagé ceux dont il n'approuvait pas les agissement, mêmes ceux du camp qu'il défend.
Je n'approuve pas de cette démarche, que je respecte. Je pense qu'on doit défendre coûte que coûte une Tunisie moderne et résolument tournée vers le futur, ce camp attaqué sans objectivité aucune par des fanatiques solidaires et unis. Des milices qui tirent sur tout ce qui les dérange. Efficace, qu'on approuve ou pas. Bien des peuples primitifs ont abattu des civilisations très avancées grace à cet esprit de corps et aux divisions très "savantes" du camp adverse.(Ibn Khaldoun).

BN dérange beaucoup. C'est clair.