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Sihem Ben Sedrine, le vilain petit canard de l'Instance Vérité et Dignité
26/08/2015 | 19:59
5 min
Sihem Ben Sedrine, le vilain petit canard de l'Instance Vérité et Dignité

L’instance Vérité et Dignité ne cesse d’essuyer de nombreuses critiques depuis sa création. Toutes, ou presque, sont dirigées contre sa présidente Sihem Ben Sedrine. Malgré son passé de militante droit-de-l’hommiste, pourtant très respectée des instances internationales, Sihem Ben Sedrine est un personnage controversé. Avec des soupçons de mensonges et de mauvaise gestion, la présidente de l’IVD est accusée par ses détracteurs de vouloir faire d’un outil de justice une arme de vengeance.

 

Opposante à Ben Ali, Sihem Ben Sedrine est un personnage très respecté sur la scène internationale.  La journaliste et militante des droits de l’Homme avait tout pour plaire : femme de courage et de poigne, active et cultivée, elle était connue pour avoir été une farouche opposante à l’ancien régime dictatorial. De quoi lui avoir, confortablement, garanti l’élection à la tête de l’instance de la justice transitionnelle. Mais c’est au sein même de cette instance qu’elle est impopulaire aujourd’hui. Accusée de pratiques dictatoriales, de favoriser un climat non propice à l’activité de ses collègues, on pointe du doigt des mensonges qui auraient pour but de faire dévier l’instance qu’elle dirige de ses fins initiales. Favoriser des victimes au détriment d’autres, se venger de ses anciens bourreaux et mener une véritable croisade contre ceux dont elle ne partage pas les idées. Les exemples se multiplient pour accabler la militante d’hier et les faits sont visiblement contre elle.

 

Une vague de démissions s’est emparée de l’instance depuis sa création. Quatre, jusqu’hier soir. Après Noura Borsali, Azouz Chaouali et Khemaïes Chammari, c’est au tour de Mohamed Ayadi de quitter le navire, pas plus tard qu’hier, mercredi 26 août 2015. Il n’est, d’ailleurs pas exclu qu’une cinquième démission vienne s’ajouter dans les jours à venir. Celle de Zouhair Makhlouf, vice-président de l’IVD qui n’a pas manqué de  tirer à boulets rouges sur la présidente.

Dans une lettre, censée être secrète, mais rendue publique hier par le journal Akher Khabar, Zouhair Makhlouf s’adresse à Mohamed Ennaceur, président du Parlement, l’alertant sur « la mauvaise gestion qui règne au sein de l’instance ». Selon le texte de cette correspondance, Sihem Ben Sedrine se serait distinguée par ses décisions unilatérales, prises sans concertation avec le conseil de l’instance, tel que l’exige en réalité la réglementation. Des accusations qui rejoignent celles de Noura Borsali qui, dans sa lettre de démission, a protesté contre les pratiquées « dictatoriales » de Sihem Ben Sedrine appelant, par la même, à revoir la composition de l’instance ainsi que sa présidence.

 

Mais en plus de sa mainmise sur l’instance, on accuse également la présidente de l’IVD de mensonges. Zouhair Makhlouf avait en effet, toujours dans cette même correspondance, pointé du doigt les déclarations mensongères de la présidente qui aurait affirmé avoir reçu près de 250 dossiers d’hommes d’affaires alors, qu’en réalité, elle n’en aurait reçu que deux selon ses dires. Une manière selon lui, de gonfler le rôle de l’instance dans le processus de réconciliation économique et de « prouver » la confiance que des hommes d’affaires ont placé en elle. En grand nombre. De quoi faire croire, selon de nombreux observateurs, que l’instance pourrait pleinement assurer cette fonction et qu’elle est très sollicitée dans ce sens.

 

Derrière cette manœuvre, la raison est simple. Dans les faits, la gestion des « violations économiques » est un dossier que se dispute l’instance avec la présidence de la République. Car en plus de traiter les atteintes aux droits de l’Homme, un dossier qu'elle semble négliger pour l’instant, l’instance est également chargée de la lourde tâche de se pencher sur les violations économiques commises. Une deuxième mission qui se heurte au projet de loi initié par Béji Caïd Essebsi et approuvé en conseil des ministres le 14 juillet dernier.  

Alors que le projet présidentiel reprend, dans de nombreux points, les propositions de l’instance, cette dernière estime pourtant qu’il « portera atteinte à l'ensemble du projet démocratique auquel aspire la Tunisie », selon les dires de sa présidente. Ben Sedrine regrette, à ce niveau, de ne pas avoir été consultée et se dit avoir été « totalement marginalisée » dans l’élaboration de ce projet. Dans une volonté de s’accaparer ce dossier, elle mène une « véritable croisade » contre le projet présidentiel, selon les termes mêmes du vice-président de l’instance.

On tente, en effet, de faire croire auprès de l’opinion publique que le projet présidentiel servira à amnistier les tortionnaires de l’ancien régime en taisant, sciemment, le fait que cette loi de réconciliation économique et financière ne touche, comme son nom l’indique, que les malversations financières.

 

 

Force est de constater que les récentes allégations portées contre Sihem Ben Sedrine n’ont été démenties ni par la principale intéressée ni par l’instance. Alors qu’une campagne acharnée est menée depuis hier contre Zouheïr Makhlouf par des partisans, dont notamment des membres du CPR, aucune réaction n’est venue confirmer ou démentir l’objet de sa lettre. Une lettre dans laquelle il dit ouvertement que Ben Sedrine tente d’approcher l’ambassadeur de France pour obtenir son soutien et contrer le projet de loi de réconciliation nationale.

Dans sa croisade, Sihem Ben Sedrine est aussi accusée de négliger complètement le premier volet de son instance, à savoir les atteintes aux droits de l'Homme, et de se concentrer uniquement sur « les dossiers qui lui plaisent ». D'ailleurs, Violette Dagher, présidente de la Ligue arabe des droits de l’Homme, n'a pas manqué de souligner, dans un article publié le 10 août sur Al Chourouk,  qu'au lieu d'allouer des fonds au bénéfice des victimes qui se sont trouvés ignorées, Sihem Ben Sedrine préfère gaspiller les fonds publics, en voitures, voyages et cérémonies. Elle précise aussi que les dossiers déposés par les victimes n’ont pas été pris en compte, et que la présidente de l’IVD évitait de rencontrer la plupart des plaignants, sauf ceux qui peuvent servir son intérêt.

 

Défendue, contre vents et marées par ses partisans, Sihem Ben Sedrine semble pourtant causer plus de tort que de bien à cette instance de la justice transitionnelle. Alors qu’on présente l’IVD comme un outil au profit du consensus et de la réconciliation, sa présidente fausse cette image en essayant, par des moyens discutables, d’imposer ses choix en privilégiant l’affrontement, plutôt que la coopération. « Nous avons tous été témoins de ses confrontations avec les institutions de l’Etat, loin de l’esprit de réconciliation qui devait primer », note Violette Dagher.

Avec 11 membres sur les 15 initiaux, il est fort à parier que cette instance ne fera pas long feu et que son futur est plus que jamais compromis. Une unique responsable est pour l'instant pointée du doigt…

26/08/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (34)

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Tounsi
| 16-09-2015 22:44
IVD ne symbolise ben sedrine .yesina men histoire de droit de l'homme slogan utilise comme un joker a tort et a travers quand on veut se valoir ou defendre une cause perdue (?) .pour la dite ben sedrine un seul mot degages c'est mieux pour notre cher pays.

kaabour
| 30-08-2015 11:53
Le problems est que certains tunisiens quand il arrive au pouvoir oublie l interet de la nation et pense qu a sa guele etoublie les droits de l homme et se perfectionne dadans la negation de see freres et soeurs concitoyens reveillez vous pot magnifique pays

POSEIDON
| 29-08-2015 12:18
Si cette femme était l'épouse d'un souverain, imgibez un tant soit peu ce qu'elle ferait !
Voyez, il y a pire qu'une certaine Leila....

EL-OUAFI
| 28-08-2015 16:00
Bonjour,votre commentaire est incomplet, vous ne dites pas que il faut rendre justice à ceux qui ont été l'aises dans leur droit par l'ancienne équipe qui était au pouvoir,devrions nous passer l'éponge? Sincèrement êtes vous équitable? Cordialement. ( Manai )

Z_Zut !
| 27-08-2015 22:35
Zouheir Makhlouf depuis lors révoqué. restent ses allégations, lourdes, clairement formulées et élevées au plus haut niveau d'une République parlementaire. Son départ ne règle donc pas la question. Et, celle-ci touchant à une coupole dédiée à la Vérité et à la Dignité, il n'est dans l'intérêt de personne qu'elle reste en suspens !

Nasser
| 27-08-2015 22:13
Rien ne va plus dans ce bled!!!Rien n'est vrai!!!Rien n'est correct!!!Rien n'est juste!!!Tout est ouvert sur l'inconnu!!!Personne n'est responsable!!!Personne n'a de solutions!!!La solidarité n'existe pas : n'existe qu'une coalition d'égoïsmes. Chacun reste avec les autres pour se sauver soi-même.Et pour certains,meme Dieu n'est pas pour tous!!!

CHDOULA
| 27-08-2015 16:36
D'après la photo elle est très pâle , j'espère que la peur de ces derniers jours ne lui a pas provoqué un Boussofir . ye lattif !!!!

Bourguibiste nationaliste
| 27-08-2015 16:04
Votre commentaire est excellent.
Je suis rassuré de savoir que je ne suis plus seul à rappeler que ce sont les yousséfistes revanchards et les islamistes qui sont derrière l'IVD qui est une imposture comme l'est la "révolution" de 2011. Il y a un complot contre le Bourguibisme et le nationalisme.

Forza
| 27-08-2015 15:42
La question qui se pose est qui se cache derrière cette compagne et qui la finance ? A mon avis ce n'est pas difficile de deviner.

Nephentes
| 27-08-2015 15:33
Ce n'est pas seulement l'IVD en tant qu'organisation qui sombre

Participent à ce naufrage les idées et principes directeurs de Justice de Dignité et demain de Liberté

L'Impunité, tel un démon ricanant , se rend maître des lieux, par la volonté irresponsable et criminelle de cette oligarchie mafieuse qui n'a cessé de prospérer depuis la fin du règne Bourguiba.

La mixture nauséabonde des milieux affairistes, de la haute administration de pseudo-intellectuels, de vrais délinquants de droit commun fait merveille en Tunisie

Cette "tradition", ce pilier du fonctionnement de notre société remonte peut-être à Barberousse et ses corsaires, le courage et le code d'honneur en moins.

La société tunisienne est un espace clos,carcéral et archaïque où Vérité et Liberté n'ont jamais existé, et où les populations défavorisées n'ont jamais pu accéder à la Dignité

le cas SBS est donc emblématique : a priori compétente, cette militante a sombré dans l'amateurisme et la démagogie, éludant sa responsabilité historique, beaucoup trop écrasante pour elle.