Les questions précises sur le rôle d'un édile municipal étaient ridicules. "Si un homme a un problème avec sa femme, peut-il venir vous en parler en tant que maire ?"
Comme s'il s'agissait avant tout d'élire une assistante sociale !!!
Il y a aussi une gigantesque méconnaissance dans ce pays du rôle d'un élu et des qualifications nécessaires pour représenter ses concitoyens. Au niveau local, dans la plupart des petites communes, la bonne volonté, le dévouement - et un certain enthousiasme - sont les seuls moteurs vraiment nécessaires.
Pas besoin de sortir de l'ENA, donc ! Au contraire, ce serait le plus souvent complètement improductif.
Et l'étiquette politique compte le plus souvent pour du beurre.
C'est seulement un socle et rien n'empêche qu'on puisse en toute bonne foi se sentir proche de valeurs traditionalistes, qui font partie de notre histoire personnelle, tout en acceptant joyeusement que les femmes dévoilent leurs jambes si ça leur chante. J'ai des amis nahdaouis qui sont plus délurés - et très souvent bien plus boute-en-train que moi - mais pour autant ça ne me viendrait pas à l'idée de nier leur attachement à des valeurs traditionnelles dont ils craignent la perte. Et d'ailleurs sans doute n'ont-ils pas toujours franchement tort...
L'être humain est un noeud de complexité et c'est d'ailleurs cette même complexité qui, au fil des siècles, l'a amené là où il est.
Reste le fait que certains candidats choisissent avant tout de rejoindre un parti pour bénéficier de son expérience et, surtout, de son soutien logistique.
En général les plus malins vont là où ils savent que cette logistique sera justement la plus efficace, et ceux-là sont souvent motivés par des visées personnelles autrement plus ambitieuses que celle de rester ad vitam aeternam un élu municipal.
La bonne question à poser aux candidats Ennahda "antithétiques" ( du moins en apparence et à supposer que ce parti ne soit pas sincèrement sur la pente d'une réelle évolution, pour ne pas dire révolution ) serait donc au sujet de leurs ambitions politiques futures.
Force est aussi de constater - en toute lucidité - qu'Ennahda est un parti qui tient plutôt bien la route, qui se perd très peu en vaines gesticulations, qui bosse beaucoup et qui, au final, draine très large.
Et donc qu'il va falloir composer avec ( il y a au moins un réel prosaïsme à la tête de l'Etat sur ce sujet ), ou alors s'apprêter enfin à lui opposer autre chose de plus construit et d'autres formes d'engagement que se contenter d'invectiver et de faire de vains moulinets sur les réseaux sociaux et autres sources de commentaires.
Je prends d'ores et déjà le pari que, là où ils vont être élus, les conseillers Nahdaouis vont essayer de se montrer exemplaires et vont probablement y parvenir dans leur grande majorité.
Parce qu'il semble finalement que leur parti soit quasiment le seul à avoir compris depuis belle lurette les enjeux des élections municipales et donc aussi l'obligation de la diversité de ses représentants, qu'il s'y est totalement préparé et qu'il sera très probablement capable d'amener une bonne partie de ses barques jusqu'au port.
Mais, au final, peu importe sous quelle étiquette se présenteront les élus locaux, du moment qu'ils parviennent ensuite à assurer une meilleure existence à leurs administrés. L'expérience ayant prouvé maintes fois, et Ennahda ne l'ignore sûrement pas, qu'un bon maire peut toujours changer d'étiquette, ou l'abandonner, sans que cela nuise jamais à sa réélection.
@HatemC,
Mais pourquoi diable devrait-elle cesser de travailler? Il n'y a pas une incapacité tunisienne génétique à s'engager sur plusieurs fronts à la fois.
Sidi Bou Said est finalement une petite commune et elle peut tout à fait parvenir à gérer deux emplois du temps, comme le font d'ailleurs des milliers d'autres élus municipaux partout dans le monde. D'autant qu'elle est médecin-dentiste, donc son propre patron.
Ce qui est le plus dérangeant ce sont ses difficultés avec la langue nationale, qui est la langue administrative.
Elle peut sans doute s'en tirer quand il s'agit de gérer ses affaires personnelles, mais pour s'occuper de celles d'une commune cela risque bien d'être un insurmontable handicap.