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Santé -Transport : Taisez-vous, nous ouvrirons une enquête !
08/08/2017 | 19:59
5 min
Santé -Transport : Taisez-vous, nous ouvrirons une enquête !

Il parait que quand on veut noyer une affaire, le meilleur moyen reste d’annoncer la création d’une commission d’enquête, dont les résultats ne verront sans doute jamais le jour. En Tunisie, les affaires n’ont pas manqué depuis la révolution et nombreuses enquêtes ont été menées notamment au sein des ministères de la Santé et du Transport. Toutefois, jusqu’à ce jour, rares ont été les rapports d’enquêtes clôturées qui ont été rendus publics. A se demander si « nous allons créer une commission d’enquête » n’est pas juste une formule toute trouvée pour faire taire l’opinion publique… 

 

Aujourd’hui, mardi 8 août 2017, le ministre du Transport, Anis Ghedira, annonce l’ouverture d’une enquête sur un incendie survenu plus tôt ce matin à Tunisie Catering. Le ministre, qui s’est rendu sur les lieux pour examiner les dégâts, dont la valeur n’a pas encore été estimée, a autorisé qu’une enquête soit ouverte pour déterminer les circonstances de l’incendie et déterminer les éventuelles responsabilités.

Ce n’est pas la première fois que le ministère du Transport annonce une telle nouvelle. Nombreux autres incidents ont déjà fait l’objet d’enquêtes. Des enquêtes qui sont restées sans suite. Le dernier scandale de la compagnie aérienne nationale Tunisair a fait couler beaucoup d’encre mais rien n’a été révélé depuis.

Le PDG de la compagnie, Elyes Mnakbi, avait affirmé au mois de mars que le conflit qui a opposé l’équipage de l’avion et l’équipe technique du vol 716 et qui a causé la suspension de tous les vols de Tunisair, ferait l’objet d’une enquête pour « déterminer les responsabilités des personnes en cause ». Depuis, bien que les incidents se soient enchainés poussant le chef du gouvernement lui-même à exiger une enquête et des mesures disciplinaires adéquates, aucun rapport n’a été publié.

Le cas de la compagnie aérienne est édifiant. Car contrairement à ce qui a été dévoilé, le problème va au-delà d’un simple conflit sur des uniformes, et dénote d’un malaise plus profond, une crise réelle qui n’est un secret pour personne. La solution mise en place dans la hâte et qui consiste à changer les uniformes n’a pas fait de miracles. Faisant souvent la Une des journaux, le cas de la compagnie, dont la direction a aussi été l’objet d’une enquête ordonnée par Anis Ghedira, demeure un mystère. Les problèmes de gestion avérés et la crise financière qu’elle traverse ont été l’objet de nombreuses enquêtes mais rien n’est venu éclairer l’opinion publique sur la réalité des faits. Si enquête il y a réellement…  

 

Plus tôt dans l’année, au mois de janvier 2017, et suite à l’accident d’un bus scolaire à Jebal Rsass, qui a fait 86 blessés et un décès. Les ministères de la Santé et du Transport ont annoncé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de l’accident. Rien ne sera divulgué par la suite sur les résultats de cette enquête.

Le même constat s’applique également pour ce qui est des enquêtes menées par le ministère de la Santé. Là aussi, ce ne sont pas les affaires qui ont manqué.  Mis à part les innombrables manquements constatés à chaque visite effectuée par la ministre, Samira Meraï, dans les hôpitaux du pays, nombreux scandales ont ébranlé le secteur ces derniers mois.

Au mois de juin dernier, pour ne citer que ce cas, les photos d’une opération de circoncision collective, organisée par la direction générale de l’hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax en partenariat avec le syndicat de base des agents de la santé, a suscité l’indignation de l’opinion publique et de nombreux médecins. Les circoncisions ont été pratiquées sans le moindre respect des précautions d’usage. Une centaine d’enfants d'agents ont été circoncis par un praticien traditionnel, sans anesthésie, sans bilans préalables et sans asepsie, puisque pratiquée dans une salle ouverte au public, ont dénoncé les professionnels.

Le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Sfax2 avait ordonné le 21 juin l’ouverture d’une enquête sur les conditions de déroulement de cette opération. Plus tard rien ne sera dévoilé sur ses résultats.

 

Il en est de même pour les enquêtes concernant l’incendie dans un hangar de la douane au port de Radès, survenu au mois de juin, quelques minutes seulement après la visite sur place du chef du gouvernement., ou le décès d’un nouveau-né dont la mère a été refoulée par un médecin exerçant à l’hôpital régional Houcine Bouzaiene de Gafsa. Idem pour l’enquête concernant l’Ecole tunisienne au Qatar, dont les résultats qui dépassent de loin la moyenne nationale, ont fait alerter le ministère de l’Enseignement supérieur  qui a pointé du doigt « un problème de gouvernance ».

 

En Tunisie, après la révolution, tout fait objet à enquête ou presque. Il faut dire que l’IVD a été parmi les rares institutions à y avoir échappé, évitant de justesse la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les soupçons de corruption administrative et financière au sein de sa présidence.

Souvent quand elles touchent un ministère, un parti ou un corps de métier ces enquêtes semblent se perdre dans les méandres opaques de nos institutions, sans doute pour préserver le linge sale si précieusement dissimulé.

 

Le cas de Tunisair mais aussi et ce n’est pas le seul, de la commission dédiée à l’embrigadement des jeunes sont parlants. Le silence, les entraves sont tels qu’il n’y a aucun doute sur une volonté de contenir les dossiers. Nombreux en sont d’ailleurs à penser que créer une commission ou ouvrir une enquête sont des balivernes qui ne servent au final qu’à faire doucement passer la pilule en attendant que le temps aide à faire oublier les affaires. D’autres encore y voient de vaines tentatives d’assainissement qui, au final, ne mèneront à rien. Certains enfin espèrent constater un jour l’aboutissement concret de toutes les enquêtes ouvertes avec, à la clé, la stricte application de la loi pour seul résultat.

08/08/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (9)

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MT
| 09-08-2017 15:41
C'est un bel exemple à montrer sur les linges sales de ces ministres irresponsables !!!

adel
| 09-08-2017 12:32
Il faut ouvrir une enquête pour voir pourquoi les enquêtes n'aboutissement pas.

Khaled
| 09-08-2017 12:08
Qu'on le veuille ou pas, le premier responsable est Youssef Chahed. Quand on s'entoure d'incompétents , c'est qu'on est soit même incompétent. Il lui faut une autre année pour les évaluer ? les âmes sensibles vont dire c'est la bande à la tête de nida .... n'est-ce pas Youssef Chahed qui était à la tête de la commission des 13 qui a permis le putsch . N'est-ce pas lui qui cède aux demandes du syndicat ? à part cela , go jo ...

A . N .
| 09-08-2017 11:36
C'est la loi de la rue chacun fait comme il veut l'état est totalement absent .
Tout le monde a peur de tout le monde , fait comme tu veux et fiche moi , le commerçant fait comme il veut , l'administration font comme ils veulent , les marchands ambulants font comme ils veulent , les douaniers arnaquent les voyageurs comme ils veulent , les constructeurs des Autoroutes travaillent comme ils veulent même avec des années de retard , les voyous de la route font comme ils veulent....................................

rezouga
| 09-08-2017 09:45
C'est un constat on ne peut plus négatif; la cause est la nomination de personnes non adéquate au poste qu'elle occupe en plus du système politique qui nous a été concocté par la troïka et nakba en tête; pour mener à bien les réformes structurelles devenues obligatoires aujourd'hui,il faut des Ministres forts et au-dessus de tout soupçon pour mener à bien les réformes et nettoyer leur ministère de tous les corrupteurs.

ABDOU.
| 08-08-2017 21:25
Depuis 2011, l'impunite regne en Tunisie. Pourquoi ? Cela est du tout simplement a l'absence d'autorite de la herarchie. Le slogan a la mode est " defends ton frere meme s'il est fautif" en arabe "onsour akhaqua dhaliman aou madhlouman". Dans tous les conflits reels ou virtuels ayant pour objet la contestation de l'autorite du chef, le ministre et le simple citoyen ont ete mis sur le meme pied d'egalite. Exemple edifiant du cas de Kamour ou les representants de l'Etat ont ete humilie lors de la ceremonie de signature de l'accord. Ils ne savaient pas qui etait leur vis a vis et ont du attendre longtemps avant que les insurges ne daignent les rejoindre. Pire, tout se passe comme si le ministre avait pour chef herarchique le secretaire general de la federation de l'UGTT. Un exemple edifiant, pour le ministere du transport a chaque reunion de crise le ministre du transport est flanque d'un certain S.G de la federation M. Ben Romdhane. La question qui se pose : peut on etre juge etre partie et juge ? Resultat aucun agent quelque soit sa faute et sa betise et les degats occasionnes aux deniers publics ou aux citoyens, n'est passible de la moindre sanction. L'immunite et la couverture de l' UGTT est assuree et garantie. Pour les syndicats, la loi protege ceux qui sont dans leur droit, l'UGTT protege les agents hors la loi. Les ministres qui ont essaye de resister a cette pratique ont paye le prix fort. Tout le monde connait l'histoire de Said Aidi, Neji Jalloul ... Avis aux professionnels du vrai nationalisme. Rira bien qui rira le dernier.

Moustache
| 08-08-2017 20:56
Chapeau bas pour le contenu de cet article.

Malheureusement nos dirigeants ne sont pas aussi chevaleresques que ceux de l'époque de Ben Ali ou les hauts cadres avaient de l'honneur savaient que si un soucis venait sous sa responsabilité, il dégainerait son sabre tel un samourai préférant la mort à la honte! Avant les hauts cadres présentaient leur démission sans broncher, et s'il ne le faisait pas ils savaient qu'un coup aller leur tomber du ciel!

Aujourd'hui les hauts cadres préfèrent coller les soucis sur le dos des autres, Puis à force de ressentir de la culpabilité, ils se sont dit:"aller tiens! pourquoi ne pas ouvrir une enquête et d'une pierre deux coup!
Je garde mon poste, et j'ai la conscience tranquille puisque je ne renvoi personne, et pour ce qui est du peuple, qu'il aille se faire voir!"

Remarque... aujourd'hui on peut même être chef d'un parti politique et demander sans aucune honte à une personne que pour le bien de la démocratie il ne doit pas se présenter aux élections présidentielles

ET.... au lieu d'ouvrir une enquête pour voir si le type n'avait pas de problèmes médicaux lors de son interview, on a enfoncé encore plus le bouchon en publiant la décision d'un conseil des plus grands savants dans l'histoire de l'Islam et de l'Univers qui ont décrété: "Oui le gars était saint d'esprit et tout le parti politique est d'accord avec ce qu'il a dit, d'ailleurs tout ce qu'il dit est écrit dans les livres saints".

Donc la question qui se pose c'est allons nous créer une commission d'enquête pour vérifier l'état mentale et physique de ce haut conseil de savants dont le QI dépassent très certainement celui d'une moule, étaient ils tous saint d'esprits lors de leur conseil? avaient ils pris un bon petit déjeuner équilibré avant de pondre leur décision? est ce qu'ils ont tous signés la fiche de présence (peut être que l'un d'entre eux dont le nom commence par har... avait trop fumé de cigarette et a imaginé qu'un conseil s'est tenu).

Personne ne le saura puisqu'il n'y a pas et il n'y aura pas de commission d'enquête (ca doit être anti constitutionnel ou anti tout ce que vous boulez puisque chez eux la volonté générale n'est pas et ne sera jamais inaliénable)

Jilani
| 08-08-2017 20:17
Du sommet de l'Etat jusqu'aux directeurs, tout se passe comme ca, j'ai vu un voleur dans une banque qu'on a obligé de démissionner après il a occupe un poste de directeur dans une université privée enseignant les étudiants les manières de voler. Souvent les voleurs prennent quelques mois de congé et après ils seront promus dans des postes plus importants afin de retourner l'ascenseur à ceux qui l'ont sauvés et après on applique la réconciliation nationale de BCE.

Nomade.
| 08-08-2017 20:12
Cause toujours... tu m'intêrresses ...
C'est ce que semblent dire les ministres concernés . Il faut absolument enquêter sur les enquêtes !!!