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Chroniques
Sans Al Massar, Hafedh Caïd Essebsi serait encore anonyme
27/11/2017 | 15:59
5 min

Décembre pointe son nez cette semaine et tout le débat public tourne autour du prix du kilogramme du zgougou. Faut-il acheter ces graines de pin d’Alep, composante essentielle du célèbre et succulent dessert tunisien Assida, qu’on prépare traditionnellement chaque année à l’occasion de la fête du Mouled, correspondant à l’anniversaire du prophète Mohamed ? Les avis divergent, car les uns préfèrent barrer la route devant les spéculateurs, alors que les autres vous disent qu’il ne faut pas couper avec les traditions et ce n’est qu’une fois l’an qu’on célèbre cette fête. De combien parle-t-on dans cet « intéressant » débat public ? D’une poignée de dinars. On perd des heures entières en verbiages pour économiser trois-quatre-cinq-dix dinars dans une Assida dont la valeur globale est inférieure à la note d’un salon de thé où l’on dépense sans rechigner.

Ce sont ces mêmes Tunisiens qui se plaignent du prix élevé de l’huile d’olive et du pin d’Alep qui jouent les « choqués » face aux ouvrières qu’on transporte dans les bennes de camion, aux paysannes mal payées pour collecter l’olive et aux précaires qui peinent à boucler leurs fins de mois. Les mêmes qui exigent que le produit tunisien soit de haute qualité et respecte les standards internationaux, que la chaîne du froid et les conditions d’hygiènes soient respectés, que l’emballage soit attractif, que le point de vente ouvre jusqu’à 23 heures et que le SAV soit irréprochable. Un jour ou l’autre, il faudrait que l’on intègre l’idée que la qualité a un prix et que si l’on ne veut pas voir mal payée la paysanne qui collecte l’olive, il faudrait accepter que l’huile d’olive bien présentée et emballée selon les normes ait un prix élevé. En tirant les prix vers le bas, on sacrifie systématiquement la qualité et la bonne rémunération des ressources humaines. Il y a une indéniable relation de cause à effet et nos gouvernants ont le devoir de faire preuve de pédagogie pour expliquer aux citoyens que la logique socialiste, communiste et d’assistanat est révolue. Qu’il est temps de changer de mentalité et de modèle économique global pour intégrer la logique de marché à l’instar de tous les pays.

 

C’est que pendant que les Tunisiens débattent autour des quelques dinars qu’ils vont économiser en payant leur Assida, les députés qu’ils ont élu sont en train de débattre de la loi de finances 2018 qui va les délester de bien davantage. C’est à l’ARP et dans l’arène politique en général que l’avenir des Tunisiens se joue. C’est sous la coupole de la Chambre du Bardo que l’on choisit le modèle économique et que l’on peut peser sur les choix stratégiques du pays. Sauf qu’à l’exception de la parenthèse 2011-2014, la majorité des Tunisiens se désintéresse de la chose politique et préfère débattre du prix du kilo de zgougou, en insultant les gouvernants, que de débattre du prix du dinar et insulter les assistés qui plombent les comptes du pays et les évadés fiscaux qui empêchent d’alimenter ces comptes. On s’énerve que le gouvernement propose d’augmenter la TVA et on achète ses emplettes chez le commerçant informel qui gare son pick-up sur le bord de la route.

Si l’on veut faire baisser le kilo de zgougou et l’inflation en général, moderniser le pays et résoudre les problèmes socio-économiques, il n’y a pas d’autre moyen que de mettre la main à la pâte et de s’intéresser à la chose politique.

Il se trouve cependant que la scène politique est infestée d’opportunistes et d’incompétents qui ne respectent rien et ne font que donner le mauvais exemple.

 

Plusieurs dirigeants d’Ennahdha, premier parti au pouvoir, celui qui pèse le plus à l’ARP, sont accusés ou au mieux soupçonnés de terrorisme. Cela va de leur historique morbide des années 80-90 à leur participation supposée à l’envoi de djihadistes en Syrie. Le dernier scandale en date n’a étonné (ni ébranlé) personne d’ailleurs.   

Plusieurs dirigeants du deuxième parti au pouvoir, Nidaa,  ressemblent à tout sauf à des dirigeants politiques. Quand on voit Hafedh Caïd Essebsi dénigrer le parti Al Massar, on a envie de lui dire « sans Al Massar, tu serais resté un illustre inconnu et, au mieux, un ramasseur de balles à la direction de l’Espérance sportive de Tunis ! Que sans El Massar, Ennahdha t’aurait liquidé ainsi que ton père dès 2012. Sans Al Massar, Nidaa n’aurait jamais gagné les élections ni même pu trouver de place dans le paysage. Que c’est Samir Taïeb qui rend service au gouvernement en acceptant d’y participer et non l’inverse. Que chaque fois que le pays était en vraie crise, c’est Al Massar qui a été aux devants et non tes actuels alliés au pouvoir partis à Paris et à Londres. Que les dirigeants d’Al Massar n’ont pas les mains entachées de sang ou les comptes remplis d’argent sale de bananes de contrebande et de commerce d’armes.»

Quand on constate tout cela et que l’on voit les querelles de Lazhar Akremi et Borhène Bsaïes, les piques de Khaled Chouket à Saïda Garrache, les idioties de Mohamed Hachemi El Hamdi, les folies de Moncef Marzouki, les hystéries de Samia Abbou, la paranoïa de Abderraouf Ayadi ou l’opportunisme de Slim Riahi, le Tunisien n’a plus envie de faire de la politique.

 

Élever le niveau ? Certains s’y sont essayé et se sont cassé les dents. Cela va de Saïd Aïdi à Mehdi Jomâa en passant par Mohsen Marzouk et Mohamed Abbou. Il n’y a que le populisme qui paie et cela se voit dans les sondages. Dans le monde des médias, on a une idée exacte de cela, ce sont toujours les tabloïds qui se vendent le plus et les émissions merdiques qui occupent le podium de l’audimat. Ala Chebbi aura toujours  1000 fois plus de téléspectateurs que Abdelhalim Massoudi, tout comme TF 1 et M6 ont plus d’audience que Arte.

Le Tunisien veut faire baisser le prix du zgougou au détriment de la qualité et des revenus des paysans et intermédiaires. C’est pareil en politique, plus on tire vers le bas et plus on a de chances d’exister. Tant qu’on a ces politiques au devant de la scène, tant qu’on préfère s’intéresser au prix du zgougou plutôt que de débattre de la Loi de finances, tant que le populisme est maître de ce pays, tant que l’on restera esclaves. 

27/11/2017 | 15:59
5 min
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Commentaires (20)

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LARIO
| 03-12-2017 20:19
La démocratie TUNISIENNE après le fameux 14 janvier se résume : - les chiens aboient et BAJBOUJ - GANNOUCHI PASSENT - tu veux ou tu ne veux pas c'est comme ça. Le chemin est encore long et plein d'embuches, le peuple TUNISIEN doit attendre la résurrection d'un leader à l'image d'un de nos vaillants zaims comme un certain FARHAT HACHED,un certain BOURGUIBA,qui ont su lutter, planifier, guider et projeter le peuple vers la mise en marche au développement , la conviction de trousser les manches , une réelle instauration de l'égalité des chances et surtout la vénération et le respect total de notre chére NATION (EL OMMA TOUNISIA)

Houcine
| 30-11-2017 12:25
En Tunisie, le dogme capitalisme est naturalisé sans analyse ni pensée critique, au point que nul possible n'est envisageable ou pensable malgré les dégâts causés aux plus modestes et la vie dure qui leur est faite pendant que des parasites- je dis bien parasites- s'enrichissent sur leurs sueurs sans vergogne, alors nous parler des ouvrières qui récoltent les olives c'est presque démagogique.
Allez leur expliquer que l'huile d'olive leur est inaccessible au prix de 11 ou 12dinars le litre, et trêve de discours de salon,ElMassar vous salue.
Quand certains se gargarisent de discours sur la démocratie, d'autres vivent ou survivent en prise directe avec le réel sans avoir besoin qu'on le leur interprète, où on leur fasse la leçon.
La révolution à venir serait un printemps de justice sociale, économique, une démos un peuple respecté, traité dignement...

khaloucha
| 29-11-2017 04:54
il y a un proverbe célèbre qui dit;il n est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir;je le cite pour rappeler à Mr Bahloul que le capitalisme qu il chérit tant;sans l avouer ouvertement;est responsable de tous les maux dont souffre l humanité.Et dans cet article qui parle en apparence de Zgougou et de Assida ;ce monsieur veut nous convaincre d accepter la logique du système capitaliste qui,par définition ,est aux services des interets de quelques uns ,au détriment de l interet général .Non monsieur le socialisme est l avenir de l humanité!!!!!!

pappou
| 28-11-2017 16:03
Quand le sage montre la lune l'idiot voit le doigt.La bétise consiste à peser le poids d'un parti à ce qu'il a obtenu de voix dans les élections.A ce compte là les populistes Slim Riahi,Hechmi Hamdi pour ne citer ceux-ci sont representatifs de l'opinion des Tunisiens.El Massar est l'héritier du plus vieux parti politique (PCT).Ce dernier quand la plupart des politiques se terraient a presenté son candidat face à Ben Ali.En 1981 contre Le PSD de Bourguiba aussi.
Le poids d'un parti est à peser à l'aune de la justesse de ses positions et de sa lecture des evenements.
Donc oui avec NB sans El Massar ni Nida,ni Hafedh CE ne seraient là.

Takoua
| 28-11-2017 14:22
Merci pour les idées illustrées et très bien enchaînées dans cet article.
Je tiens bon à attirer votre attention qu'avoir une qualité irréprochable d'un produit/service ne signifie pas obligatoirement avoir un coût élevé et par conséquent un prix de revient très cher; le coût élevé est généré par la ''Non-Qualité" en d'autres termes c'est le coût de contrôle, de rebut..ceci est issu à la non application des procédures, autrement dit, les choses doivent être faites convenablement dès la première fois!pour éviter le gaspillage en temps et en matière.
Si seulement si nous arrivons à comprendre le mécanisme de fonctionnent des chaines de production , nous économisons assez d'argent , ceci est valide pour toute organisation qui propose un produit et/ou un service.

rania
| 28-11-2017 14:11
ah bon!!! on vient d'apprendre que le parti microscopique al massar est derrière toutes les réussites du pays. c'est grâce à ce parti que que la Tunisie est devenue la première démocratie dans le monde arabe. c'st grâce à al massar qu'on a une bonne récolte d'huile d'olive et de dattes. c'est grâce a almassar que l'équipe nationale s'est qualifiée pour la coupe du monde...

observator
| 28-11-2017 13:48
Comment voulez-vous élevé le débat quand une bande de soi-disant gauchistes , sous couvert de syndicalisme, bloque toute réforme concernant un secteur aussi vital pour l'avenir du pays et de nos enfants, à savoir l'éducation et la formation, base essentielle vers une économie et une société plus moderne plus riche.
Ces criminels et je pèse mes mots font tout pour saboter toute vraie réforme moderne qui va dans le sens de l'histoire humaine.
Une bande *** sous couvert de syndicalisme a mis la main sur le système éducatif.
Regardez le niveau de formation de la majorité des enseignants ?
C'est une honte pour ce pays. Parlez-y avec eux et vous vous rendrez compte qu'ils sont a des années lumière de ce que devrait enseigner à nos enfants.
Mais c'est un crime contre nos enfants dont les conséquences à long terme sont incalculables.
Le médiocre Jalloul nous a fait perdre 2 ans et demi passés à se disputer avec les pseudo-syndicalistes mais à la place on a eu L'actuel ministre n'était il pas ministre de l'éducation à l'époque Ben Ali et on connait le résultat déjà.
Au lieu de créer un comité de spécialistes qui se penchent sur une réforme en profondeur de l'éducation, le système corrompu nous a nommé un ancien du déjà vu .
Tout ce passe comme il y a une volonté pour que ce pays revienne à l'age de la pierre. La minorité corrompue qui gouverne réellement le pays n'a que faire des intérêts des Tunisiens.
Comment voulez-vous élevé le niveau du débat dans ce cas ?.
La Tunisie a donc encore de belles années de médiocrité, devant elle, tant qu'une minorité corrompue est au pouvoir.

observator
| 28-11-2017 12:30
J'ai envoyé par mégarde mon commentaire sans le relire et le corriger.

Je ne pense que BCE fils est redevable à Elmassar un parti avec un nombre de voix limite zéro.
Le Fils doit son ascension au père et tout le monde le sait. Ce qui est logique selon le mode de gouvernance héritage de Bourguiba.

Je ne défends aucun parti politique mais le droit au tunisien d'avoir une information vraie et complète.

"...TF 1 et M6 ont plus d'audience que Arte...." ;
Normal TF1 et M6 sont des chaines commerciales privées donc doivent vivre de leurs programmes et comme toute entreprise privée son objectif est de faire des bénéfices.
Alors que Arté est une chaîne européenne publique CULTURELLE financée par des fonds publics allemand et français donc à but non lucratif.
Son but est de promouvoir la culture donc son public est plus restreint.

Mr Bahloul pour élever le niveau et je suis d'accord avec vous, il faut avoir les compétences pour, or dans ce pays les médiocres tiennent tout entre leurs mains et logique ferment la porte à tous ceux justement qui peuvent élever le niveau. La médiocrité est voulu parce qu'elle protège le système corrompu et tous ceux qui en tirent profit.
Depuis 2011; 95000 tunisiens cadres ingénieurs toubib infirmiers, maçons homme d'affaires ont quitté la Tunisie à 75 % pour l'Europe. Ces 95000 compétences n'ont pas trouvé place dans ce pays tenu par un système mafieux corrompu et ils sont allés enrichir d'autres pays qui leurs ont ouvert la porte.
Comment voulez vous élevé le débat dans une telle situation.
Ce pays est celui des médiocres donc des corrompus.

observator
| 28-11-2017 12:09
de toux les maux dont souffre le pays.

Ya Si Bahloul Allah Yehdik vous tombez dans votre propre piège.

Tous les Tunisiens majeures sont nés et ont été éduqués par la dictature Bourguiba-Ben Ali.
Si le niveau moyen du Tunisien est assez bas on le doit donc à Bourguiba-Ben Ali.
Si l'économie tunisienne est dans un tel etat de délabrement, on le doit à cette dictature. Ses réalisations sont un secteur touristique dont la colonne vertebrale est une chaine d'Hotels située sur la Cote et dont le résultat est fonction des aléas de la conjoncture internationale. Aujourd'hui ces hoteliers sont devenus un fardeau pour l'Etat . Ces hoteliers sont cinq fois plus endettés que toute l'agriculture tunisienne qui nourrit les ventres affamées.
L'industrie de la sous-traitance textile encore un secteur plus d'exploitation des tunisiennes que createur de richesses.
Donc la grande responsabilité incombe à la dictature Bourguiba Ben Ali qui nous ont légués une économie de la pauvreté taillée sur mesure pour une minorité corrompue qui a lié ses intérêts avec ceux d'étrangers contre ceux de la majorité des Tunisiens. Aujourd'hui nous souffrons de la gestion du pays ces 60 dernieres années. Le problème est structurel et n'est pas nahdhaoui comme veut nous l'inculquer la propagande du système corrompu.
Si "l'économie" tunisienne continue à régresser continue à diriger le pays et ne veut à aucun cas perdre ses privilèges acquis illégalement sur le dos des Tunisiens.
Si on nous occupe avec le prix du zgougou et autres emission de Chebbi c'est le systelme corrompu et non Enahdha qui tient en main les médias.
Justement ce dernier est tellment corrompu qu'il n'arrive plus à résoudre les problemes socio-economiques du pays alors il lache ses medias pour occuper les Tunisiens sur des sujets seconadire pour gagner du temps incapavble qu'il est à résoudre le chomage le pouvoir d'achat et créer une économie moderne comme vous dites.
On nous sort Ennahdha Abbou S

Saber
| 27-11-2017 22:02
Je crois que les tunisiens sont disposés à accepter de payer un peu plus cher ces produits s'ils sont certains que cette hausse des prix profitent aux ouvrières.
Rien n'est sûr.l'augmentation des prix profitent aux intermédiaires et aux spéculateurs.
Les ouvrières sont les grand oubliés des hausses des prix.