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Chroniques
Samia Abbou, insolente mais utile
31/07/2017 | 15:59
5 min

Elle s’appelle Samia Abbou, elle est avocate, députée et épouse de Mohamed Abbou, fondateur du mouvement Attayar et ancien prisonnier politique sous Ben Ali.

Mme Abbou est connue depuis les années Troïka et ANC pour être une « grande gueule ». Elle crie tout le temps et intimide son auditoire par sa voix élevée, son arrogance et son style viril. Souvent, pour moquer le couple, on dit que Mohamed est le mari de Samia, tant cette dernière s’impose par des particularités généralement attribuées aux « mâles ». En termes de bassesse, il est vrai qu’on établit des records en Tunisie ces dernières années... Il se trouve cependant que la bassesse des « critiques » ciblant Samia Abbou n’est que la monnaie de la pièce tendue par Samia Abbou elle-même.

Elle n'a pas son pareil, en effet, pour faire rabaisser au plus bas le discours politique. Elle fait tout pour tendre à ses adversaires le bâton pour se faire battre. Elle est capable de prendre à bras le corps les meilleures causes, puis de les perdre à cause d’un discours ignominieux sur la forme.

Le plus gros souci cependant de Samia Abbou demeure dans son incohérence, dans sa politique de ‘’deux poids deux mesures’’, dans ses préjugés inébranlables, dans sa vision du ‘’tous pourris, quoi qu’ils réalisent’’ quand il s’agit de ses adversaires politico-idéologiques et du ‘’tous propres, quoi qu’ils commettent’’ quand il s’agit de son camp.

 

L’exemple le plus récent, et je peux en citer plusieurs, est dans sa salve dirigée contre Fadhel Abdelkefi. Le ministre des Finances par intérim a le mérite d’user d’un discours cartésien et de dire aux Tunisiens les choses telles qu’elles sont, de leur opposer leur réalité en face, de les mettre devant le miroir. A cela, Samia Abbou n’a de réponse que le dénigrement, juste parce que Fadhel Abdelkefi n’appartient pas à son camp. Le même discours de M. Abdelkefi aurait été prononcé par Hichem Ajbouni (co-fondateur d’Attayar et commissaire aux comptes), il aurait eu droit de la part de Mme Abbou à une salve d’applaudissements.

 

Samia Abbou crie sur tous les toits qu’elle est contre la loi de la réconciliation. Elle va jusqu’à se ridiculiser en portant sous la coupole de l’ARP le maillot d’une ONG fantôme derrière laquelle se cache une autre ONG financée par des lobbys étrangers puissants. On peut comprendre que Mme Abbou n’ait pas suffisamment de jugeote pour comprendre les intérêts et la portée positive de cette loi sur le pays. On peut comprendre qu’elle soit opposée, revancharde, haineuse et aigrie contre ceux qui la font. On peut comprendre qu’elle soit foncièrement contre le pardon. Mais pourquoi donc devient-elle clémente quand c’est son propre camp qui est attrapé la main dans le sac ? Ça fait à peine quinze jours-trois semaines, pourtant, que son collègue de l’ARP et camarade d’Attayar s’est rendu coupable d’avoir reçu indûment des jetons de présence d’une entreprise publique ! Cela fait à peine quelques mois que son secrétaire général a fait l’objet d’un scandale quand il cherchait à faire voter des avantages faramineux et ostentatoires pour les députés. Cela fait à peine quatorze mois qu’elle-même a été attrapée en flagrant délit de tricherie à l’ARP ! A chaque fois, son camp et elle-même présentent des excuses (en se targuant comme des paons d’avoir le courage de les présenter) et passent à autre chose. Pourquoi la culture du pardon devrait-elle être acceptée quand c’est le camp d’Attayar qui est « coupable » et refusée quand ce sont des « azlem » ou des « namat » ?

Du coup, à cause de ces incohérences, de cette mauvaise foi et de cette « politique de deux poids deux mesures », c’est tout le discours de Mme Abbou qui devient inaudible auprès de la masse et des observateurs. Et c’est dommage !

 

En dépit de tout ce qu’on peut penser et dire de Samia Abbou, mais également de son époux et de son parti, les Tunisiens ont besoin d’une opposition qui contre le discours gouvernemental et empêche l’hégémonie. A plusieurs reprises, voire souvent, le fond du discours de Samia Abbou est sensé et cartésien. Ses propos s’appuient souvent sur des documents, des témoignages et des preuves irréfutables à faire mourir d’envie les plus grands journalistes d’investigation.

Épingler un haut cadre nommé par Riadh Mouakher, prouver la malversation dans l’octroi de licences d’exploitation de carrières de marbre ou dénoncer les liaisons dangereuses entre Sofiene Toubel et Noureddine Bhiri est quelque chose d’indispensable dans une démocratie. Contrairement à tout le reste de l’opposition, Samia Abbou ne s’oppose pas pour s'opposer. Il lui arrive de faire ça, c’est indéniable, mais il lui arrive également de s’opposer parce qu’il est impératif de dire non, de crier la vérité et de dénoncer la supercherie.

 

Samia Abbou est utile pour la démocratie, indispensable pour la construction d’un Etat de droit ! Le gros souci avec elle est qu’elle use d’une forme inacceptable et odieuse, indigne de cette même démocratie et qu’elle est adepte fidèle du « deux poids deux mesures ». Quand on est femme (ou homme) politique, on n’a pas le droit de faire ça. On n’a pas le droit de descendre au dessous d’un certain niveau, on n’a pas le droit d’user d’un certain vocable digne de quartiers malfamés. Samia Abbou est une femme politique et non une  « journaliste » d’un canard de caniveau ou membre lambda des LPR. Son rôle d’élue lui impose un devoir d’exemplarité qu’elle ne devrait pas troquer contre un populisme facile.

En tant que femme, en tant que mère, en tant que militante, en tant qu’avocate, en tant que députée, en tant que « femme politique », elle se doit de se positionner au dessus de la mêlée, de donner exemple et de devenir modèle d’exemplarité. Il est préjudiciable pour elle et pour le pays que son discours sensé soit étouffé et inaudible à cause de la forme de ce discours. Un vice de forme est la pire chose qui puisse arriver pour un avocat, car ce vice prouve tout simplement son incompétence. Mme Abbou doit bien le savoir ! 

31/07/2017 | 15:59
5 min
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Commentaires (49)

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EL OUAFI
| 05-08-2017 13:51
Bonjour, Tout d'abord permettez-moi de vous remercier, et sincèrement je vous l'avoue, c'est ce que j'attendais de vous, ce que je comprenais à travers vos commentaires il y a, à mes yeux une objectivité manifeste, vos propos sont d'une clarté limpidité et dont j'appelle nos responsables politiques qu'ils optent ou qu'ils empruntent s'inspirent de ces lignes tracées par nos précédents et vaillants dirigeants politiques d'autrefois !
Vous remerciant encore de cette lucidité d'analyse de nos problèmes que traverse notre chère Patrie.
Cordialement à vous cher compatriote.(Manai)

Mohamed 1
| 04-08-2017 13:07
Bonjour, je n'avais pas remarqué vos interrogations.
Evidemment les grands patriotes sont ceux qui ont fait leurs preuves par leur action et non par leur parole, entre autres en terme de probité et de propreté. Pour ne citer que quelques uns, je dirais Behi Ladgham, Taieb Mhiri, Hedi Khefacha, Mongi Slim. A la tête desquels toute la planète honnête et sensée mettra sans surprise Bourguiba.
Le coup de balai est plus qu'urgent, mais il ne doit pas se cantonner à dénoncer les supposées embrouilles du camp opposé, mais doit concerner également tous les camps, y compris le camp et les alliés du camp à laquelle elle appartient. Car fermer les yeux sur les abus des copains revient à se rendre elle-même complice de leurs malversations. En matière d'intégrité, il n'y a pas de partisanerie qui vaille et une distance respectable doit être prise avec les malfaisants de tous bords.
L'ambition est légitime, mais les moyens mis en oeuvre pour atteindre les postes de commandement doivent être propres et patriotiques.
Un Marzouki, qui, d'opposant laïc passe subitement à la chasse aux voix des intégristes, et qui n'hésite pas à scinder le pays en nord et sud pour tenter de faire main basse sur les votants du sud, n'incite pas au respect.
Dans la même optique, comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne, et le modèle mondialement gagnant, ou triomphant serait plus juste, est le système libéral moderniste. Vérité au-dessus de toute contestation si on garde l'objectivité requise. Alors si certains voudraient changer l'équipe qui gagne et voudraient, au lieu de passer au 21ème siècle, retourner au 19ème siècle, rien que parce que c'est le moyen le plus facile et le plus sûr d'arriver au pouvoir dans une société croyante, alors là cette course effrénée vers le pouvoir se transforme carrément en crime contre le peuple. Un examen honnête de conscience opéré rapidement aboutira nécessairement à cette conclusion.
Cordialement.

HAtemC
| 03-08-2017 18:49
Le 3 Aout est l'anniversaire de naissance de Bourguiba ...

Aucun média n'en parle et aucune manifestation pour honorer notre grand homme d'état ...

Les islamistes ont réussi à enterrer sa MEMOIRE ... HC

lario
| 03-08-2017 09:49
Elle rale, elle proteste, elle critique, elle se souléve,elle se dépasse parfois,et puis après, voilà des années passées et la situation de notre chére tunisie est de pire en pire et on est arrivé au bout du tunnel et ceux qui détiennent le pouvoir, nos décideurs politiques pratiquent la politique de laisser les chiens aboient et notre caravane passe ou après nous le déluge, et notre sort est assuré et on a aucun souci de notre avenir et de celui de nos enfants, Mme abbou et d'autres qui ont une certaine présence , une certaine confiance et respect au sein de cette fameuse ARP doivent changer de stratégies et de tactiques plus courageuses et plus productives, c'est le contact direct avec le peuple, dans les quartiers, des tournées d'information et de sensibilisation, dans les régions rurales, dans les villes et les villages, sans aucune distinction, c'est une nécessité de se déplacer en vue de convaincre et d'expliquer sans cesse et sans se lasser et tenir bon méme si le début n'est pas satisfaisant

Toutou
| 02-08-2017 21:32
Nous avons bien constaté que ce mou ministre a fini par abdiquer en disant du n'importe quoi avec populisme de gamin en parlant soit disons de son non attachement au poste...ou encore pire en invoquant les difficultés budgétaires comme si il va ramener le taureau par ses cornes...alors qu'il n'a fait que faire planer le desespoir...
Yc doit le changer d'ailleurs meme RG n'est pas d'accord avec ce niveau de responsabilité que ce ministre a montré ...par tremblement signé Abbou S

EL OUAFI
| 02-08-2017 19:11
Vous relatez, et non. ((relatés))

EL OUAFI
| 02-08-2017 17:03
Bonjour Mr,vous relatés ceci: ((si elle était plus patriote, en se rangeant nettement du côté des grands))
>>Je vous prie de nous donner quelques indications, parmi ces Grands dont vous pensez qu'ils seront utiles, citez-nous des noms si vous ne voyez pas d'inconvénients!
>>elle se cantonne dans un rôle de parti-pris partisan!
Devrait-elle se convertir en porteuse de seaux d'eau,soumise aux injonctions de tel ou tel parti,ne trouvez-vous pas par ses interventions qu'elle est dans son rôle de dénoncer, ou soulever les malversations que hélas même des Élus du peuple s'octroient des privilèges en usurpant une honnêteté, des qualités qui ne leurs appartiennent guère,des avides et compétiteurs pour le profit illicite, oui malheureusement, ils nombreux!
>>Ne pensez-vous qu'il est temps de remettre les pendules à l'heure, et un coup de balai est plus qu'urgent.
>>Et cette course effrénée vers les postes de gouvernance, coûte que coûte, irrémédiablement une obsession innée dans le subconscient de ces dirigeants politiques ?
>> Et Mme Abbou pouvions nous dire heureusement qu'elle est là.
Cordialement à vous cher Monsieur.(Manai)

Khneji
| 02-08-2017 10:45
Toujours loin d etre convaicant,toujours il nage contre le courant NB est fidele a lui meme.

Citoyen_H
| 01-08-2017 18:33

Oui, j'avais compris.

Mon post précédent s'adressait indirectement à la galerie de nazes complexés qui soutiennent ardument ceux qui s'acharnent à démembrer notre NATION.

Salutations.


Mohamed 1
| 01-08-2017 17:25
C'est le but de mon comment: ranimer la fibre patriotique.
Salutations