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Sadok Korbi, le cafouillage que personne n'assume !
16/01/2018 | 19:59
5 min
Sadok Korbi, le cafouillage que personne n'assume !

En Tunisie, démocratie balbutiante, les cafouillages se suivent et ne se ressemblent pas. Le dernier en date a suscité une vive polémique auprès de l’opinion publique et contraint le chef du gouvernement à se rétracter sur une nomination qu’il était censé avoir décidée. La nomination à la tête de l’ONFP de l’ancien ministre sous Ben Ali, Sadok Korbi, et le rétropédalage qui s’en est suivi, aura semé le doute sur l’organisation des prérogatives au sein du gouvernement ou alors sur la capacité de Youssef Chahed à assumer ses décisions…  

 

 

L’Office national de la Famille et de la Population (ONFP) publiait le 12 janvier 2018 un communiqué faisant état de la nomination à la tête de l’organisation d’un nouveau directeur général, après une réunion extraordinaire du conseil d’administration de l’ONFP, qui s’est déroulée en présence du chef de cabinet du ministre de la Santé, Hichem Mchichi.

 

Docteur en Médecine mais également ancien ministre de l’Education sous Ben Ali, la nomination de M. Korbi n’a pas été accueillie à bras ouverts par l’opinion publique et une grande partie de la sphère politique. D’abord très proche des islamistes à sa jeunesse, puis acquis à la cause de l’ancien président, le zèle dont a fait preuve l’ancien ministre, pour tomber dans les bonnes grâces de son nouveau bienfaiteur, n’est toujours pas passé.  

 

N’en déplaise à certains, Sadok Korbi, après une passation effectuée avec l’ancienne directrice de l’ONFP, Sonia Ben Cheikh, appelée depuis septembre à assurer la fonction de secrétaire d’Etat au ministère de la Santé, a pris possession de son poste sur proposition du ministre de la Santé, Imed Hammami et approbation en conseil des ministres, ou du moins comme cela devait être fait, du chef du gouvernement.

 

Coup de théâtre, le 15 janvier 2018, Youssef Chahed annonce avoir refusé le décret de nomination de Sadok Korbi à la tête de l’ONFP. Décision largement saluée mais qui interpelle une grande partie de l’opinion publique sur les circonstances floues qui ont entouré cette « confusion ».

Du côté des « amis » de Chahed, les choses sont claires et on le crie à qui veut bien l’entendre que c’est le ministre de la Santé qui a outrepassé ses prérogatives et nommé sans s’en référer au chef du gouvernement Sadok Korbi. Tentative diront certains de prendre le contrôle du planning familial, grand acquis de la Tunisie indépendante.

 

Du côté des islamistes en revanche on affirme le contraire. Oui Imed Hammami a bien proposé le nom de Sadok Korbi mais le chef du gouvernement a bien rendu effective cette nomination. Comment peut-il en être autrement d’ailleurs vu que d’abord l’article 92 de la constitution stipule que c’est le chef du gouvernement qui est compétent en matière de nomination et révocation des emplois de la haute fonction publique et que la circulaire 22 en date du 2 décembre 2016, a été révisée pour que les annonces de ces nominations ne soient effectuées qu’après l’accord en conseil des ministres.

 

Ces versions discordantes n’ont néanmoins, pour les défendre, que les arguments des uns et la parole des autres. Aucun document officiel relatif à cette affaire n’a été rendu public et il parait évident qu’un cafouillage a bien eu lieu et que les responsabilités sont tues.

 

Dans la sphère publique les accusations ont fusé de toute part. Le passé « sulfureux » de l’ancien ministre Korbi a été dépoussiéré et réexposé aux yeux de tous. S’il a été accusé de faits et d’autres et dénoncé pour des dépassements antérieurs à la révolution, la justice acquitte Sadok Korbi et le libère en 2014 en le dédommageant pour le préjudice subi à son incarcération, dans la seule affaire où il a été cité. Il n’en est pas moins que le personnage est controversé et que de sérieuses suspicions planent sur son intégrité.

Certaines personnalités publiques, à l’instar de l’ancien ministre Noômane Fehri, ont pour leur part, estimé que Sadok Korbi a été nommé pour ses références et compétences « avérées » et que de simples accusations ne devraient pas être un obstacle à sa réintégration sur la scène politique d’autant plus « que dans un Etat qui se respecte, cette nomination a bien été validée par le chef du gouvernement ».

 

 

 

En fin de compte, ce sera Rafla Tej Dallegi qui occupera le poste de directrice générale de l'ONFP. Spécialiste en pédiatrie ; médecin principal des hôpitaux et chargée de mission actuellement au cabinet du ministre de la Santé, Mme Tej Dallegi est également ancienne directrice des soins de santé de base, limogée par l’ancien ministre de la Santé, Saïd Aïdi.

 

La pression infligée sur les réseaux sociaux au chef du gouvernement et la vive contestation suscitée par la nomination de Sadok Kobbi décrite comme une « provocation », auraient eu raison du court mandat de ce dernier à la tête de l’ONFP. Porteur de la bannière violette désormais méprisée, la réconciliation n’aura pas touché de sa miséricorde l’ancien ministre. Qui était réellement derrière sa prise de fonction et quelles sont les circonstances réelles du refus ou de la rétractation de Youssef Chahed ? Des incertitudes planent encore sur cette affaire aux responsabilités non élucidées…

 

 

Myriam Ben Zineb

 

16/01/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (10)

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@helios
| 18-01-2018 15:03
Mr, Soit vous êtes faibles en français, soit vous pouvez avoir les connaissances bien limité.

Vous comparez le CV et les compétence de SK avec les compétences et le CV de Mme la nvelle PDG, mais Mr, sois un peut réel Qd mm !!!!

anis
| 18-01-2018 09:30
Franchement il y a des centaines si ce n'est des milliers en Tunisie avec plus que BAC+19 avec des compétences bien supérieures á celle de ce Monsieur....Si ce Monsieur n'a pas travaillé avec ben Ali, son nom sera t'il proposé aujourd'hui? Personne n'est indispensable, et arrêter de prendre les tunisiens pour des idiots.....

Rossi
| 17-01-2018 16:51
Bonjour, j'ai une question svp :
Je lis souvent dans vos écrits une certaine rancune contre nos compatriotes en Europe (excusez moi si je me trompe), je n'ai pas saisi le souci !
(Il y en a bcp d'informaticiens, de médecins, de professeurs, etc...)
Qu'est ce que vous leurs reprochez exactement ?
Cdlt.

HatemC
| 17-01-2018 12:53
Bien sur que les ex ministres de BenAli ont été pour la plupart de grands commis de l'Etat et ont 'uvré pour la Tunisie d'abord et bien sur que certains responsables ont abusé de leur position pour de l'enrichissement ... dans toutes les démocraties il y a des dérives ... en France et ailleurs des responsables véreux se comptent par dizaine ... la Tunisie ne fait pas exception ...

Toutefois la Tunisie de BenAli était bien tenu et pour preuve les caisses du pays étaient bien rempli avant 2011, il y avait la sécurité des biens et des personnes ... avec du recul les statistiques le prouvent et je dirai où sont passés les milliards des générations futurs ...ils sont passés dans les poches de qui on sait ...
les détracteurs disent que Bourguiba et BenALi étaient des dictateurs ... or c'est FAUX il faut de l'autorité pour tenir la meute ... autrement ça part en vrille comme c'est le cas en ce moment avec la CLOCHARDISATION du pays ...

Si les gueux comme dirait JW analysaient mieux leur situation actuelle ils se retourneraient contre cette pseudo élite actuelle usurpatrice ....

Maintenant ce qui me gêne dans l'histoire c'est que cette fichu Nahdha a compris qu'il fallait s'entourer de compétences et drague les ex de BenAli pour lui permettre de mieux gouverner si Nhadha rafle la mise ...

Que ce Hamami le propose me gêne énormément ... tout ce qui est proposé par Nhadha me dérange au plus haut point ... Nahdha agit uniquement pour son propre intérêt celui de diffuser son venin islamiste ... Cdt ... HC

Helios
| 17-01-2018 12:07
Ton article me désole parce que d'abord tu ne connais pas l'histoire du monsieur limogé et avec cela tu as voulu prendre la défense de SK, c'est de la médiocrité et loin de l'éthique journalistique. Mme Rafla Tej est 10000 plus compétente et avérée à la tête de l'ONFP.

Léon
| 17-01-2018 10:56
Encore une histoire de conspiration peur-être:

https://www.tunisie-secret.com/Sept-ans-apres-un-journaliste-francais-donne-raison-a-Ben-Ali-video_a1756.html

Le pot auquel tu fais allusion, et atour duquel je tourne selon ton avis, quel est-ce? Moi, je ne tourne autour de rien. J'analyse. Si tu sais des choses, tu serais bien aimable de nous les dire.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Léon
| 17-01-2018 10:39
À vos ordres chef!

picadelly
| 17-01-2018 10:11
Pour légitimer la nomination de Mme Rafla TEJ, qui appartient à la famille régnante, et qui a été limogé début 2016 de son poste de Directrice des Soins de Santé de Base par le ministre de santé Mr Said EL AYDI, pour manquement grave à ses devoirs, et qui partira à la retraite dans 4 mois '. Tu ne peux pas trouver mieux que proposer un des « ennemis » de la révolution à la tête de l'ONFP.

On crée la polémique, pour passer en douceur ce qu'on veut réellement passer.

Kane
| 17-01-2018 10:01
Arrêtez de tourner autour du pot et d'alimenter les théories du complot et de vous croire plus malin que ne l'êtes. Soyez précis, donnez des noms et des preuves sinon ne dites rien, ça dépolluera l'atmosphère.

Léon
| 16-01-2018 21:16
Suivez le raisonnement de votre Ami Léon. Il est clair qu'il a été nommé et qu'il y eu rétractation.
Si aucun homme politique ne prend ouvertement la responsabilité de cette décision (la rétractation) alors que l'on affirme que c'est bien le premier ministre qui l'a nommé, c'est que tout simplement la décision vient d'un tiers pays.

Que vous disait votre Ami Léon? Votre Ami souverainiste: La Tunisie n'est plus maître de ses décisions. La Tunisie une façade de pays indépendant, mais est en réalité, bel et bien colonisée.
Pourquoi les pays qui soumettent la Tunisie jusqu'à lui en choisir ses ministres, ne le disent pas ouvertement? Vous voulez la réponse de Léon? Ehhhh bien je vous la donne:
C'est tout simplement parce que leurs responsables politiques risquent d'être trainés en justice par leur propres peuples.

Alors pourquoi ces puissances occultes n'ont pas voulu de Korbi? Quand je vous dit que l'état a été sciemment démis par les pays qui nous ont attaqué en 2011, vous ne vouliez pas comprendre.
Leur Hantise c'est de voir la Tunisie de Ben Ali renaître de ces cendres. Korbi a été ministre, donc il saurait assurer cette continuité (même si c'était loin d'être le meilleur).

Tout çà c'est la faute du peuple d'imbéciles qui n'a rien compris. C'est sur ce peuple que nos ennemis se sont appuyé.
Mais que voulez-vous que l'on fasse?
Voltaire disait: "Mon Dieu gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge."
Ce sont les tunisiens qui ont rendu possible cette colonisation. Par ingratitude, par haines conjuguées, et par sentiment tribal.
Alors quand on me dit que le peuple se soulève; je réponds que je m'en fous. Car je n'attends rien d'eux.
Rien ne rendra à la Tunisie sa splendeur. Le travail de cinq décennies, que certains ingrats haineux qualifient de temps des Azlems. Une contradiction de tout premier plan quand on voit qu'ils sont aujourd'hui gouvernés par un ministre de Bourguiba!!!!!!! Ces hypocrites auraient réveillé le Bey s'il le fallait!
Rien ne rendra à ma Tunisie sa splendeur.

Passent les jours et passent les semaines;
Ni temps passé, ni les Amours reviennent;
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure.

Guillaume Apollinaire.

LÉON, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant fatigué.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.