Au lendemain de l’assassinat de quinze soldats à la frontière algérienne, les autorités tunisiennes tentent de durcir leur stratégie de lutte contre le terrorisme. Le gouvernement de Mehdi Jomâa a annoncé, le 19 juillet 2014, la fermeture de deux médias proches de courants intégristes, sans consultation avec l’autorité de régulation.

Reporters sans frontières condamne la décision unilatérale du gouvernement tunisien de fermer la radio An-Nour et Al-Insan TV, médias basés à Mahdia qui appartiennent tous deux au même propriétaire. L’organisation appelle au respect des prérogatives de la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA).

“La lutte contre le terrorisme n’autorise pas le pouvoir en place à se substituer à l’Instance constitutionnelle chargée de la régulation. Cette décision constitue un précédent dangereux pour la liberté de l’information en Tunisie”, déclare Olivia Gré, responsable du bureau de Reporters sans frontières à Tunis, ajoutant que “Seule la HAICA est légalement habilitée à demander la fermeture d’un média. Cette autorité de régulation, en dépit des nombreuses difficultés qu’elle rencontre, remplit loyalement sa mission”.

A noter que la HAICA avait déjà sanctionné Radio An-Nour en mai 2014 pour brouillage des ondes de Radio Monastir et de Radio Culture, en lui imposant une amende de 50 000 dinars (soit 21 500 euros), en vertu de l’article 31 du décret-loi 116-2011.

Reporters sans frontières exhorte les autorités à respecter le travail de la HAICA et les dispositions prévues par le décret-loi 116-2011. De leur côté, face à l’imminence des élections, les membres de l’Instance doivent tout mettre en oeuvre pour respecter les délais annoncés et procéder à l’attribution des licences pour de nouveaux médias.

Dans le contexte sécuritaire extrêmement tendu que connaît la Tunisie, Reporters sans frontières appelle les médias et les professionnels de l’information à faire preuve d’indépendance et de professionnalisme, en vérifiant minutieusement leurs sources et en n’alimentant pas les tensions.