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Rached Ghannouchi, le retour aux sources
19/11/2018 | 19:59
5 min
Rached Ghannouchi, le retour aux sources

 

L’actualité de ces deux derniers jours nous vient du côté de Monplaisir. Il s’agit du discours prononcé par le chef du mouvement islamiste à l’issue de la rencontre annuelle de son bloc parlementaire. Publiée puis retirée de la page officielle du parti, cette allocution a suscité une vive polémique, dans la mesure où on constate un retour en force du discours religieux délaissé depuis un certain moment par Ennahdha. Coup de Com ou démonstration de force ? 


Depuis la tenue de son 10ème congrès, le mouvement Ennahdha a annoncé la séparation entre le politique et le religieux. Le volet communication du mouvement a suivi scrupuleusement ce choix stratégique. Un bon lifting de sa communication et un relooking extrême pour le chef du mouvement, qui a laissé tomber son titre honorifique de « Cheikh » au profit du titre moderne de « professeur ».

Ainsi, et après avoir opté pour le costard-cravate, on se retrouve, pas plus tard que ce samedi, face à un Rached Ghannouchi qui reprend son rôle de prédicateur. Le discours prononcé par le chef du parti islamiste ressuscite-t-il un style jeté aux oubliettes ?

 

On assiste à un retour en force du discours religieux où Rached Ghannouchi a réitéré l’attachement inconditionnel du mouvement au préceptes de l’islam et aux principes de la démocratie islamique. Selon lui, ces valeurs couplées à la Choura ont fait la réussite et la force incontestable du mouvement « Ce bloc parlementaire est l’exemple même d’un rassemblement islamique et notre Choura est l’exemple de la démocratie dans l’islam. Malgré la division qui a touché les partis politiques sur la scène nationale et les conflits entre les deux têtes du pouvoir exécutif, notre mouvement a réussi à garder son unité, maintenant sa position dans le paysage politique », dit-il.

Et mis à part la forme de ce discours ponctué de propos religieux, le chef d’Ennahdha s’est lancé dans une démonstration de force. En effet, Ghannouchi n’a pas hésité à rappeler à plusieurs reprises la force du mouvement et sa position solide sur la scène politique nationale : « Ennahdha n’est pas seulement le premier mais aussi le parti fondamental. Le mouvement a posé des vetos sur des personnes qu’il a estimées inadéquates aux postes lors du dernier remaniement. Ceux que nous estimons être des éléments corrompus ou incompétents ont été remplacés par d’autres plus compétents mais qui ne font pas forcément partie d’Ennahdha ».

Le chef du mouvement islamiste poursuit sa tirade, en lançant une pique au président de la République en lui rappelant la limite de ses prérogatives, sans épargner le parti de Nidaa Tounes: « Lorsqu’il y a eu une divergence, plus précisément au sein de Nidaa Tounes, nous avons appelé à un retour vers la Constitution. D’ailleurs, j’ai appelé le président de la République lors de notre dernière rencontre à se conformer à la Constitution. Si chaque responsable se limite à ses prérogatives, il n’y aurait aucun problème. Si quelqu’un veut évincer le chef du gouvernement, il n’a qu’à recourir au parlement, ainsi veut la Constitution. Nous avons ramené toutes les parties à respecter la Constitution ».

 

Tellement de messages politiques envoyés à plusieurs niveaux, bien que la vidéo soit supprimée de la page officielle du parti, quelques heures après sa publication. C’est dire que le chef d’Ennahdha bénéficie d’une position assez confortable pour s’exprimer de la sorte envers tous ses adversaires et même ses alliés. En effet, plusieurs analystes s’accordent sur le fait que cette déclaration musclée porte atteinte, également, au chef du gouvernement, qui a été réduit au rôle de simple exécutant des désirs d’Ennahdha, lui qui se taguait d’être un chef de gouvernement et non un Premier ministre.

D’ailleurs, suite à ces insinuations, la réponse de la Kasbah n’a pas tardé à venir. Et c’est le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani qui a affirmé que Youssef Chahed n’a subi aucune pression concernant ses prérogatives constitutionnelles. Il a également souligné que le gouvernement ne tolérera aucune atteinte portée aux membres sortants du gouvernement. Une atteinte qui pourrait perturber le commencement de la nouvelle phase de l’action gouvernementale.

Dans ce même contexte, certains anciens ministres à l’instar de Ghazi Jeribi, Mabrouk Korchid et Majdouline Cherni ont fait part de leur décision de porter plainte contre Rached Ghannouchi. « S’il ne fournit pas la liste des anciens ministres corrompus, il sera accusé soit de complicité, soit de diffamation. En tout cas, je ne me sens pas concerné par ces propos. Cela dit, il est nécessaire de révéler la vérité autour de ces accusations », indique Ghazi Jeribi, ancien ministre de la Justice

 

Face à ces réactions immédiates, le mouvement Ennahdha a essayé de tempérer ses propos à travers un communiqué assurant que les propos de Ghannouchi ne constituent pas une accusation mais plutôt un critère d’évaluation des candidatures en collaboration avec le chef du gouvernement. Le mouvement islamiste a réitéré son respect des membres partants du gouvernement, tout en se disant surpris de différentes interprétations.

 

En tout état de cause, le discours de Rached Ghannouchi a été une véritable démonstration de force. Le retour de l’aspect purement religieux dans ces propos, à peine une année avant les échéances électorales, semble être le moyen inévitable de reconquérir les bases et les fidèles du mouvement. Une manière directe de leur faire savoir que le mouvement n’a jamais déraillé de sa trajectoire initiale. Cependant, l’autre revers du discours s’adresse à ses adversaires politiques. Une piqûre rappelant l’adage « Qui s’y frotte, s’y pique ! ». Un proverbe qui sied parfaitement à Ennahdha, rien qu’en observant le sort de tous ses anciens alliés.

 

Sarra HLAOUI

 

 

19/11/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (11)

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Nephentes
| 21-11-2018 10:45
Il ne s'agit pas exactement d'un retour aux sources. Il s'agit plutôt d'une mise à nu.

Ce discours est un rappel. Il rappelle que l'axe stratégique fondamental de Nahdha est la bédouinisation de la Tunisie.

Cette bédouinisation , synonyme pour les islamistes d'un retour aux sources originelles () de la Tunisie, correspond à l'écroulement du projet moderniste de la Tunisie en tant qu'Etat-Nation; Ce projet a été initialisé depuis les années 1820, et s'inspirait des principes universels de l'Esprit des Lumières : capacité de jugement individuel par le rationalisme critique, prééminence du Droit Positif sur le Droit d'essence "divine" , égalité de tous devant la Loi, liberté de mouvement, d'opinion et d'expression .

Ces principes ont été entre autres longuement analysés puis promulgués par le courant réformateur tunisien notamment lors du Pacte Fondamental de 1857, un exemple méconnu ( volontairement occulté ) de tentative d'exercice rationnel et humaniste de pouvoir, c'est à dire une tentative de promulgation d'un Etat de Droit..

Aujourd'hui, en 2019, le projet de Nadha reste à l'opposé de ce texte fondamental et oublié.

Ennahdha capitalise les fruits atroces de l'écroulement du projet de modernité et de liberté en Tunisie;

Ce poison mortel exploite habilement les conséquences conjuguées de 30 années de déliquescence socio-économique :

- Effondrement des institutions investies de l'intérêt général et des circuits de régulation publique des flux économiques,

- Explosion de l'exode rural anarchique, et dénaturation voire disparition de la Loi dans certaines zones de l'intérieur du Pays et de certains quartiers rurbain, au profit de logiques bédouines en contradiction frontale avec les principes d'un Etat de Droit;

- Perte de mémoire et d'identité de l'immense majorité de la population tunisienne, au profit d'un folklore artificiel et obscène alimentant débilité et infantilisme de masse.

La Tunisie en tant qu'Etat-Nation édifiée depuis l'époque Hafside est en train de s'effondre, Najdha le sait bien.

Ses commanditaires porteurs du projet d'annihilation des possibilités de Modernité , Liberté et Développement de la zone sud-méditérannée ,aussi.

Be zen
| 20-11-2018 15:55
ILS NE CHANGERONT JAMAIS !
JAMAIS !
C'est là mon intime conviction.
Secte de merde !

Hanni2
| 20-11-2018 14:05
Vive la Tunisie!

Puisqu'on répète inlassablement sur ce site que c'est le gourou et lui seul qui décide de TOUT en Tunisie, et ce depuis 2011...puisqu'on vous disais que Chahed n'est qu'une marionette de plus avec date d'expiration à court terme aux mains du gourou...comme avant lui Jomaa, comme Essid...puisqu'on vous dit aussi que le gourou tient également BCE dans sa main...lui qui a éclaté le gourou et sa secte aux élections de 2014 mais qui a pris moins d'une semaine à le réintégrer au gouvernement...on se demande bien pourquoi.. enfait non, on sait...bref nous ne vivons plus en Tunisie, nous vivons dans une province de la "oumma" des "frères"....

L'économie est sinistrée, tout comme l'éducation et la santé...comme l'a voulu le gourou...le terreau idéal pour que lui et sa secte puissent continuer à prospérer pendant de longues années...à se repètre du sang des tunisiens par le simple fait de s'être auto-proclamé représentant de Dieu sur terre et seul détenteur légitime du business hallal...

Voila, je peux raisonnablement faire une croix pour revoir un jour une Tunisie ouverte et aimante avec ses enafnts de mon vivant...scysophrénie, frustrations, injustice, suicides, disette, maladie, pauvreté...voila ce qui attend notre jeunesse pour au moins deux décennies...c'est triste mais puisqu'il parait que le peuple veut la nakba à nouveau, et bien qu'il en bouffe jusqu'à plus soif!



Hannibal

LAZARD
| 20-11-2018 13:26
voila ce que disait Nasser des frérots et de l'aile secrète des frères
https://www.youtube.com/watch?v=dPVNVMHFw1w

Mansour Lahyani
| 20-11-2018 11:07
Le retour béni aux sources... L'une des manifestations les plus attendues, ce sera l'audition - en grande pompe - de ce malencontreux enregistrement dans lequel le gourou en devenir exposait à des auditeurs privilégiés le programme tel qu'il le caressait des futures actions promises à ses fidèles : les actions les plus séditieuses qu'il pouvait imaginer, et dont la réalisation se fera irrémédiablement ! Certaines ont déjà été mises en exécution, le reste devant venir prochainement... Au cas où il en aurait malencontreusement oublié quelque passage, je les tiens à sa disposition dans une cassette tenue bien au chaud!

Observateur
| 20-11-2018 10:51
Et alors ? C est son bon droit de tenir le discours que ses electeurs aiment entendre et qui ne plaira jamais au eradicteurs, car pour ces anti democrates un bon nahdhaoui est un nahdhaoui qu on torture,emprisonne ou exile, democratie ou pas.Si Ennahda est une devenue un mouvement incontournable et essentiel, c est grace a l incompetence et l impotence des faux modernistes qui ont malmene le pays, quoiqu ils ont obtenu le mandat des electeurs pour une bonne gouvernance . Ils ont eu leur chance, ils ont seme la pagaille et le jugement des electeurs sera terrible, discours religieux d Ennahda ou pas..

The Mirror
| 20-11-2018 09:42
D'abord, Mouled Mabrouk pour tout le monde.

Je pars d'une approche scientifique. La matière présente trois états: gaz, liquide et solide.
La même approche m'amène à dire que Rached Ghanouchi présente à son tour trois états: Consensus, Corruption et Terrorisme.
Je vais être bref, car, les dissertations ne servent à rien avec Rached Ghanouchi.
- Sous Bourguiba: Ghanouchi pratiquait le terrorisme (affaire Bab Souika entre autres),
- Sous Ben Ali: Ghanouchi est en exil doré dans un quartier chic de Londres,
- De 2011 à 2013: Ghanouchi est au Pouvoir, il pratiquait la corruption et le terrorisme (afaires Belaid et Brahmi entre autres)
- De 2013 à octobre 2018: Ghanouchi est en Consensus (mariage) avec Béji Caied Essebsi, il est au Pouvoir, il pratiquât la corruption
- Octobre 2018 à aujourd'hui: Ghanouchi est en divorce avec Béji Caied Essebsi (fin du Consensus), il est au Pouvoir, il menace avec le terrorisme.

Ahmed
| 20-11-2018 08:56
En face de lui, nous avons une bande d'irresponsables, d'amateurs, d'arrivistes et donc finalement des traitres a la Nation.
Chahed n'est pas a la hauteur.
HCE trop petit.
Hamma trop demago.
Marzouki trop fou.
Chebbi trop megalo.
Abbou ( madame) trop hystérique.
Ect. Ect.

ntc
| 20-11-2018 07:51
C'est l 'ennemi numéro 1 de la Tunisie . Il est le père spirituel de DEACH , n'a t ' il pas dit qu'ils sont l'islam en colére .

Zohra
| 19-11-2018 22:15
https://www.facebook.com/112214626167813/posts/292356081486999/