27 novembre 2012, après environ une semaine de mouvements de protestation réclamant le départ du gouverneur, la ville de Siliana vit un événement qui a secoué toute la Tunisie. Des affrontements musclés entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu ce jour-là et les forces de l’ordre ont utilisé la chevrotine. Projectile strictement interdit. Bilan, plus de 300 victimes. Des femmes ont perdu leur fœtus et on recense quelque 173 manifestants atteints par la chevrotine et souffrant jusqu’à aujourd’hui de leurs blessures. Certains ont perdu un œil.

Au lendemain de cette journée, Hamadi Jebali, à l’époque chef du gouvernement, sort pour dire qu’il ne répondra aux doléances de la rue et que le gouverneur en question ne sera pas limogé, même s’il faut que lui quitte le gouvernement avant lui.
En réponse à cette déclaration, et dans une action symbolique, quelques milliers de Silianais quittent la ville le 30 novembre. « Laissons le gouverneur régner sur une ville déserte »,  a alors commenté le député Iyad Dahmani qui a entamé une grève de la faim à l’occasion.
Finalement, le gouverneur en question est limogé le lendemain, 1er décembre 2012.


Qu’est-il devenu ensuite ? En parcourant le JORT, on apprend qu’Ahmed Ezzine Mahjoub, puisqu’il s’agit de lui, a été nommé au grade d’administrateur en chef au corps administratif commun des administrations publiques au ministère de l’intérieur. En récompense à ses « bons et loyaux services », la nomination est rétroactive à compter du 1er mars 2011. C’est ce qu’on peut lire dans le JORT du 17 janvier 2014. Soit une régularisation administrative qui arrive quelques jours seulement avant le départ du gouvernement Laârayedh.


Que fait aujourd’hui M. Mahjoub ? Rien de particulier, nous disent des sources informées proches du ministère de l’Intérieur. L’ancien gouverneur bénéficie d’horaires allégés, d’un salaire confortable autour de 2.000 DT, d’une voiture administrative, des bons de carburant qui vont avec et de quelques autres avantages.