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Que reproche-t-on à la Turquie ?
21/06/2017 | 17:59
4 min
Que reproche-t-on à la Turquie ?

 

Il a fallu d’une simple annonce, non confirmée, de la visite prochaine en Tunisie de Recep Tayyip Erdogan, président de la République turc, pour qu’une vague de protestation s’enclenche à travers les réseaux sociaux contre le « dictateur » pour les plus virulents, le « Sultan » pour qui le sont moins.

 

Mais que sait-on réellement de la Turquie de ces 15 dernières années ? Au début des années 2000, la Turquie s’est trouvée au bord de l’effondrement économique. Son PIB avait chuté de 7,5%, l’inflation avoisinait les 80%, ses finances publiques affichaient de graves déséquilibres, ses plus grosses banques étaient au bord de la banqueroute, ses entreprises nationales financièrement asphyxiées. La Turquie avait fait appel au Fonds monétaire international (FMI) pour stabiliser son économie. Comme on peut bien le deviner, le Fonds ne fut pas tendre avec le pays en dépit de la présence, lors des négociations, de Kamel Derwich, ministre turc des Finances et ancien Vice-président de la Banque mondiale chargé de la région MENA, celui-là même dont le nom avait circulé pour remplacer Dominique Strauss-Khan à la tête du FMI, avant que Christine Lagarde ne vienne le coiffer au poteau. En contrepartie d’un crédit de 4 milliards de dollars, un plan drastique d’ajustement est mis en œuvre reposant sur trois piliers : un ajustement budgétaire, des réformes structurelles et une politique monétaire et de taux de change soutenus par une politique des revenus conforme à l’objectif d’inflation. Comme ça nous ressemble !

 En 2005, Ankara a une fois de plus solliciter le FMI pour un prêt de 10 milliards de dollars sur 3 ans. Mais c’était sans compter sur la crise financière internationale qui allait frapper de plein fouet la Turquie, au point que les autorités ont envisagé de solliciter du FMI une rallonge d’environ 40 milliards de dollars. Elles s’en raviseront par la suite.

 

Aujourd’hui, la Turquie est devenue une puissance économique régionale. Le chemin parcouru ne fut pas une sinécure. Les sacrifices ont été énormes. A titre indicatif, la restructuration bancaire engagée par le pays au début 2000 a coûté l’équivalent de 30% du PIB. A comparer avec le coût de la restructuration des banques publiques tunisiennes entamée depuis 3 ans (3 à 5% du  PIB), il n’y a pas photo.

Entre 2000 et 2015, tout a changé

Entre 2000 et 2015, la Turquie a enregistré des progrès socioéconomiques prodigieux. Le taux de pauvreté n’est que de 1% en 2015 après avoir affiché plus de 30% en 2000. En Tunisie, ce taux est passé d’un peu plus de 32% à environ 15% sur la même période. En termes d’espérance de vie à la naissance, la Tunisie a gagné 6 ans entre 1990 et 2015. La Turquie en a gagné presque le double sur la même période. Le taux de mortalité infantile qui était de 70 pour mille est passé à 14 pour mille entre 1990 et 2015. En Tunisie, ce taux a évolué de 57 à 14 pour mille. Le taux brut de scolarisation au niveau secondaire est passé  de 73% à 100% entre 2000 et 2015 en Turquie. De 75% à 90% en Tunisie. L’accès à l’eau potable atteint 100% en 2015 en Turquie contre 93% en 2000. Nous en sommes qu’à 96% en 2015 contre 90% en 2000. On pourrait égrainer longuement l’évolution des indicateurs de développement humain et constater les écarts de performances entre les deux pays sur seulement 3 lustres.

 

Du côté économique, les différences d’évolution sont tout aussi importantes. La Turquie a triplé son PIB entre 2000 et 2015, alors que la Tunisie l’a seulement doublé. L’inflation a été ramenée de 50% à un peu plus de 7% durant la même période. Notre inflation est passée de 3,5% à 5%. En Turquie, on mettait un mois pour démarrer une entreprise en 2000. En 2015, il ne faut qu’une semaine. En Tunisie, cela n’a pas varié durant la période : 11 jours. La Turquie a réduit du tiers la pression fiscal durant cette période. En Tunisie, elle n’a pas varié.

 

On pourrait comparer sans fin les indicateurs socioéconomiques. Cependant, s’il ne fallait qu’en choisir les plus éloquents, ce serait le commerce extérieur, le textile-habillement et le transport aérien. La Turquie contribuait à hauteur de 0,4% dans le commerce mondial en 2000. Ce taux est passé à 1% en 2016 et les autorités projettent de l’élever à 1,6% à l’horizon 2020. En 2000, les exportations de textile-habillement atteignaient 10 milliards de dollars contre 2,2 milliards pour la Tunisie. En 2014, la Turquie a engrangé 29,5 milliards de dollars alors que la Tunisie en est restée au même niveau à peu près. En fin, en matière de transport aérien, Turkish Airlines recensait en 2005 une flotte composée d’une soixantaine d’appareils et 14 millions de passagers transportés alors que la Tunisair ne possédait qu’une trentaine d’appareils pour 4 millions de passagers transportés. Dix ans plus tard, la flotte de la compagnie aérienne turque est de 300 appareils et 54 millions de passagers transportés alors que la flotte de Tunisair n’a pas évolué d’un iota. Idem pour les passagers transportés.

 

Pourtant, dans l’un et l’autre pays, les défis socioéconomiques étaient sensiblement les mêmes. Et si l’un a émergé plus rapidement que l’autre, c’est que le premier a maintenu ses choix stratégiques – en 2001, Kamel Derwish avait bravé les violentes manifestations sociales et maintenu le plan d’ajustement -  alors que l’autre a tergiversé sur les siens. En quinze ans, on constate la différence. Depuis 2013, la Turquie a soldé totalement ses comptes avec le FMI.

Dernière indication, il y a 15 ans, la Turquie était un pays d’émigration. Il est devenu aujourd’hui une terre d’immigration. Et qu’on ne se trompe pas, il ne s’agit pas seulement de réfugiés.

Que reproche-t-on dès lors à la Turquie….d’Erdogan ?

 

Houcine Ben Achour

21/06/2017 | 17:59
4 min
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Commentaires (44)

Commenter

rzouga
| 13-07-2017 13:27
On n'a rien à reprocher ni au sultan ni à son pays, car c'est leur sauce interne, sauf qu'il ne faut pas oublier qu'on a un passé de quelque siècles sous leur domination et qu'est ce qu'ils ont laissé dans ce pays? un adjectif tunisien éloquent qui résume tout et qui en dit long sur ce passé: "tarraka" qui veut dire faillite et désastre à part "terka" ou patrimoine et le fameux registre foncier ou "dafter khana" en plus des grades militaires.

Ben
| 05-07-2017 12:41
Toujours aussi intéressant les critiques faites à l'encontre de Recep Tayyip Erdogan,
On fustige la Turquie composé à plus de 90% de musulmans (d'enfin) bannir les thèses de Darwin,
On accuse le "sultan" d'islamiser une société composé à plus de 90% de musulmans ^^
Les commentaires qui parlent des soi-disante femmes agressés devrais faire preuve de plus de rigeurs quand ils cherchent des informations sur le sujet, car l'histoire de la jeune fille tabassé dans le bus qui à fait le tour des médias occidentaux oublient de souligné que l'homme qui agresse comme la femme qui est agressé sont de tout deux des membres du parti républicain CHP.
La banalité de la brutalité contre les femmes est un pure mensonge, en ce qui concerne Wiki, ces derniers publiaient des articles mensongers ou ils accusaient la Turquie de connivence avec Daesh, car des terroristes appartenant aussi bien à Daesh qu'au PKK parvenaient à traverser une frontière de 900KM avec la Syrie :)
Et pour ce qui est des élections, elle se sont toujours faites sous le regarde des nations unies dans la transparence la plus totale depuis 2002, même les pires détracteurs Erdogan en occident le reconnaisse. Et ce même si les observateurs venu en Turquie se retrouve sur des photos à posé avec des drapeau et posters d'ABDULLAH OCALAN (fondateurs du PKK).

MEHMET
| 25-06-2017 21:15
A nos amies commentaire négative sur la Turquie.
Je connais pas votre source d'information sur la Turquie mais malheureusement vous êtes très mal informé sur la Turquie et Erdogan.
Je suis certaine que vous êtes très bien manipulé par les français Pour qu'il n y a pas une collaboration entre 2 pays.
IL FAUT SE RÉVEILLER!

Mehmet TURKOZ
| 25-06-2017 20:53
Nous sommes malheureusement fort manipulé par le média et par les pays coloniales.
Pendant des années, ils ont dit aux turcs qu'on ne peux jamais avoir confiance et collaborer avec les arabes parce que les arabes ont trahi les turcs pendant la premier guerre mondiale.
D'autre part actuellement ils font peur les arabes pour dire que attention l'Ottoman! arrive et vous serai colonisé par eux. Tout est juste pour empêcher une rapproche et collaboration entre la Turquie forte et les pays arabes.
Qui en tire le bénéfice?
RÉVEILLEZ-VOUS SVP.

Gg
| 25-06-2017 13:28
Oui, l'abrutissement des masses fait partie du programme d'islamisation. Interdiction de Wikipedia et autres sites instructifs, revoilà la terre plate, le créationnisme et la banalisation des brutalités envers les femmes.
En arrière toute, vive Erdogan!

HatemC
| 24-06-2017 09:22
La terre est plate ...
http://www.lepoint.fr/monde/turquie-la-theorie-de-l-evolution-bannie-des-programmes-scolaires-23-06-2017-2137834_24.php


Les agressions contre les femmes se multiplient ...

https://www.youtube.com/watch?v=N7_Ld3hgbwc

Kakou
| 24-06-2017 07:43
Vous posez la question :ce que l'on reproche aux Turcs et
Vous êtes un comparatif de leurs performances avec La Tunisie.Que Dieu les aide!
Ce que nous craignons c :1/:leur hegemonie si on ne sait pas se protéger ,sachez que c un pays qui rêve de refaire l'empire Ottoman,et qui a entamé sa phase de réalisation
2/Si Le pays est truffé d'armes et munitions c eux via La Lybie pour défendre l'islamisation progressive de la Tunide
3/Erdogan c le cousin deGhannouchi ( hiha)

Gg
| 23-06-2017 20:57
Il est bon de rappeler aussi que les élections remportées par Erdogan ont toutes été entachées de fraudes et de manipulations.
Une petite recherche sur le net est éloquente !

Abel Chater
| 23-06-2017 16:44
Ce qui me plaît beaucoup dans ton post à moi, c'est ton chagrin de nous voir "inondés" par des produits turcs de bonne qualité, sans jamais été chagriné par les décennies d'inondation réelle de la Tunisie, par toute sorte de ferrailles chinoises.
Ta "bonne foi" est en outre très bien illustrée par ton malaise, de me voir exprimer ma reconnaissance et mon dévouement au courage de l'Allemand, qui n'a pas attaqué les pauvres pays faibles de l'Afrique et d'Asie, à l'image des colonisateurs français et anglais, et même des nains hollandais et belges, mais qui a eu l'énorme et gigantesque courage historique jamais égalé, ni imité, d'attaquer les puissances coloniales de l'époque, jusqu'à avoir affaibli nos propres colonisateurs français en compagnie de leurs homologues anglais de l'époque et les avoir poussés à quitter l'Afrique et l'Asie de gré ou de force.
Qu'est-ce qui te dérange de savoir avec une certitude à mille pour cent, que s'il n'y avait pas ces courageux Allemands, qui occupèrent Paris en 24 heures seulement et qui encerclèrent les Anglais, jusqu'à les avoir affaiblis, que jamais ces puissances coloniales de l'époque, n'auraient quitté leurs proies ni en Afrique ni en Asie. Surtout en constatant facilement, que si les courageux Allemands avaient encore attendu une décennie, jusqu'à ce que ces colonisateurs s'approprient la bombe atomique et par la suite cette technologie de pointe qu'on voit à présent, qui leur permettra de gérer leurs colonies de chez eux à Paris ou à Londres, qu'il nous serait impossible de penser une fraction de seconde, que les pays d'Afrique à qui nous appartenons ou les pays d'Asie, ne seraient libérés des griffes de ces sangsues coloniales de l'époque?
Pourquoi tu ne veux pas donc, que j'aime et que je comble d'éloges nos courageux sauveteurs et sauveurs allemands de l'époque, qui furent trahis par l'habituel lynchage des lâches. Ces mêmes lâches qui nous appauvrissent à présent et qui bombardent nos pays arabes et musulmans en s'unissant dix contre un?
Quel Arabe ne rêve pas de l'arrivée de nouveaux Allemands du courage de leurs prédécesseurs?
L'Africain et l'Asiatique qui ne sont pas reconnaissants aux Allemands, ne sont pas des êtres humains par toutes les logiques humaines.
Trouve-moi un seul cas de mauvais comportement de ces courageux Allemands venus en Tunisie de passage vers la Libye. Ils ne nous ont rien fait de mal. Au contraire, ils étaient à mille pour cent meilleurs que nos occupants de l'époque, les Français et les Anglais.
Tu veux que je sois bête et débile, au point de ne pas être reconnaissant à tous les Allemands de pères en fils, jusqu'à les poser sur ma tête, pour nous avoir libérés en Afrique et en Asie?
Aux services de qui, tu voudrais que je le fasse ?
Vive les Allemands nos sauveteurs et les meilleurs amis de la Tunisie depuis toujours.

Hanni2
| 23-06-2017 12:58
Hello Hatem,

Faut le comprendre le pauvre Bebrel, lui qui beugle dictature à toutes les sauces tout en étant fan d'un sultan dictatorial..;O)...en tous cas il semblerait que j'ai touché une corde sensible pour qu'il daigne me répondre, lui qui m'ignorait superbement depuis des mois...;o)!

Amitiés!

Abel,

Relis tes messages, puis relis les miens, et reviens me dire qui qui est le plus haineux d'entre nous deux...pour ma part je considère pas Adolf Hitler comme un prophète, je ne traite pas les intervevnants de ce forum de chacals humains, quand bien même ces intervenants n'auraient plus grand chose d'humain...à ton image!

Je comprends que tu sois mal à l'aise, obligé de défendre un dictateur simplement car il est de la confrérie...et à propos du putsch, tu les as vu les putchistes? Tout juste sorti de l'adolescence et à se demander ce qu'il faisait la, ton dictateur qui a une liste déjà prête de plusieurs milliers de personnes à arrêter juste quelques heures après ce fameux "putsch"...son cinéma sur résaux sociaux alors qu'ils disait vouloir les intrerdir...hahah non mais la blague...comme te l'as la très justement fait remarquer Hatem, ton sultan ne voit en la Tunisie qu'un débouché pour les produits turques, il met au chômage et dans la misère des tunisiens avec la complicité des frérots du gourou..et toi bien sur tu le soutiens, car tu es un internationaliste de la conférie, et non un tunisien!

Bien à toi,

Hannibal