alexametrics
samedi 20 avril 2024
Heure de Tunis : 17:17
Tribunes
Quand eux, parlent de GAFA, BATX et IA, nous parlons d'UGTT, SIAPE et C.J.
02/01/2018 | 09:35
5 min
Quand eux, parlent de GAFA, BATX et IA, nous parlons d'UGTT, SIAPE et C.J.

 

Sous d’autres cieux, la tendance est à l’excellence et à la méritocratie comme en témoigne l’élection du célèbre mathématicien Cédric Villani à la députation en France. Un homme qui a défrayé la chronique par ses positions tranchées et en disant tout haut ce que la majorité pense tout bas : les déclarations d’intention et la distribution d’iPad ne suffisent pas pour sauver le système éducatif qui sombre inéluctablement dans la tourmente à cause de cette mixité sociale dans les écoles et le taux élevé d’enfants issus de l’immigration qui ne maitrisent pas les fondamentaux de la langue et des sciences.

 

Et en ces périodes de fortes turbulences internationales et nationales marquées par  tant de distorsions idéologiques, de montée du populisme et de grand-écarts intellectuel entre les Nations, je vous dresse un petit tableau comparatif  entre les  phrasés , les mots et les postures utilisées dans les différents médias par nos politiques locaux et par le reste du monde.

 

GAFA: Google, Apple, Facebook, Amazon. Des entreprises américaines de la Sillicon Valley, qui totalisent à elles seules, plus de 1000 milliards de $ de chiffre d’affaires et qui dominent le monde en surfant sur la révolution numérique qui a commencé en 1990. En à peine 30 ans, ces entreprises sont devenues les géants du monde en faisant d’internet un levier de croissance et de développement.

BATX : Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi

L’équivalent chinois des GAFA avec des entreprises qui ont non seulement rattrapé le retard mais dépassé leurs homologues américains en capitalisant sur les composantes le soft et le hard.

I.A : intelligence Artificielle. Quand l’ordinateur Deep Blue bat le champion du, monde d’Echecs Gary Kasparov, le monde a basculé vers ce qu’on appelle aujourd’hui l’intelligence artificielle. Les nano processeurs ont pris la place des neurones humains et on a développé ce qu’on appelle la nouvelle science : le transhumanisme.

 

Des ingénieurs tentent actuellement de construire des machines en se basant sur le « deep learning », qui est un entassement de milliards de données stockées dans l’ordinateur pour lui permettre d’identifier sa propre perception des choses et des objets. En 2012, la machine a pu identifier un chat sans que personne ne lui dise que c’est un chat.

Le « Big data » avec ses milliards d’informations personnelles et matérielles ont été introduites dans ses gigantesques machines, pour faire rouler leurs algorithmes sur la base de ces données, des théories ont été développées, des jobs ont été créés et d’autres ont disparu ou sont en voie de disparition. Le médecin deviendra certainement l’infirmier de sa machine dans quelques années.

Aujourd’hui c’est le temps du Full data.

Zuckerberg a promis que d’ici quelques années, vous n’aurez plus besoin de votre Smartphone, pour communiquer avec vos amis, mais d’un casque télépathique. Le Smartphone est peut-être le dernier objet matériel qui fait le pont entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle.

 

Et nous, ou en sommes-nous de toute cette intelligence ? 

 

N’en déplaise aux plus romantiques, nous nous contentons du simple rôle de consommateur passif de ces technologies sans apporter, comme l’ont fait les chinois, nos spécificités et notre couche d’intelligence.

Nous nous disputons encore pour installer des usines de voitures pour créer des emplois d’ouvriers et d’exécutants sans tenter de créer des usines technologiques pour créer de l’intelligence génératrice de croissance et de richesse.

Mon vœu pour cette nouvelle année civile, est que nous soyons les prestataires d’Apple pour fabriquer non seulement des smartphones mais surtout les applications qui lui sont intégrées.

Quand les gens ont pris la ruée vers l’or gris, après avoir épuisé l’or jaune et l’or noir sur leur route, nous n’arrivons même pas à nous débarrasser d’un détritus sédimentaire polluant pour les beaux yeux de 500 employés qui veulent toujours vivre à Sfax.

J’aime une belle formule de DR Laurent Alexandre* : pour l’économie du futur, il faut des travailleurs ultras qualifiés, un écosystème numérique et un Etat stratège, et dans tout ça je pense que nous n’avons rien.

Le fossé qui nous sépare du reste du monde ne cesse de s’agrandir et sans une prise de conscience rapide et salutaire, il nous sera impossible de rattraper ce retard.

L’Europe qui nous devance de très loin est déjà à la traine par rapport à l’Amérique et à la Chine mais les nouveaux gouvernants, comme Macron, qui ont rompu avec la politique politicienne, sont en train de rééquilibrer les rapports de force mondiaux en tentant de freiner l’autoritarisme de ces nouveaux régimes qui sont GAFA et BATX.

En Tunisie, nous avons besoin de dirigeants qui capitalisent sur l’intelligence et la méritocratie. Nous avons besoin de dirigeants qui soient convaincus que le Big Data est le plus grand espace de stockage sans que nous ayons besoin de Km de terrains, qu’Internet va soigner 90% des cancers, que 80% des transactions commerciales en ligne sans payer de fonds de commerce, que nous pouvons faire du tourisme sans avoir d’hôtels et transporter des personnes sans avoir de taxis.

Internet est certainement la vraie révolution et si chez nous elle a permis de polluer le débat public, de légitimer la calomnie, de diffuser la vulgarité et d’aider à l’embrigadement, sous d’autres cieux elle permet de créer de nouveaux business, de générer de la richesse, de faciliter la vie avec les objets connectés et de généraliser le Savoir puisque dans un avenir proche l’éducation est appelée à devenir une branche de la médecine et que le monde deviendra sans frontières.

 

Le monde est déjà l’intelligence artificielle, alors qu’en Tunisie, hélas nous sommes encore au stade des discussions  superficielles. 

 

Bon réveil 2018

 

 

*DR Laurent Alexandre : Neurologue « La guerre des intelligences »

 

02/01/2018 | 09:35
5 min
Suivez-nous

Commentaires (21)

Commenter

le monde de demain
| 04-01-2018 12:06
Pour illustrer notre retard,
le cas paypal est un bon exemple.
un cas qui traine, toujours pas résolu alors que le monde avance.
d'ici que les gouvernants résoudront la question (si ça arrive un jour), les technologies des moyens de paiement auront évolué 5 fois.
La société tun est vraiment bridée par un système archaïque même si tout le monde a salué la continuité de l'Etat (et donc sa force) pendant la révolution...

DHEJ
| 04-01-2018 11:19
Et qui connait si la Chine a copié le brevet de la SIAPE???


Oui la SIAPE a vendu son brevet à la Chine pour la construction de son usine ses NPK à QINGHUANGDAO;;; en l'an 198X!

Hamid
| 03-01-2018 16:06
Analyse pertinente.Que faire?trouver le moyen pour convaincre l Ugtt de la necessite de changer le code du travail,privatiser les entreprises publiques deficitaires,degraisser une fonction publique plethorique,mieux controler l economie parallele,octroyer les terres domaniales aux diplomes du superieur.Mais j avoue que ce ne sont que des voeux pieux.

le monde de demain
| 03-01-2018 14:28
Tres bonne tribune.
Malheureusement, je ne sais pas combien de personnes la liront (sans sous-estimer la visibilité de BN) ?
Dit autrement, il faudra marteler ce discours sur plusieurs supports médiatiques !!!
J'avoue, je ne regarde pas les chaines tunisiennes mais existe-t-il des émissions périodiques radio/tele pour promouvoir ces sujets (digital, IA, commerce en ligne, apps, IoT et j'en passe) ?
Pour faire bouger la société, il faudra occuper l'espace médiatique avec ces sujets.
Si la société y est sensibilisée, au diable les gouvernants :)

Ahmed
| 03-01-2018 10:48
Comme vous le dites, la chine a commencé par la "copie" pour devenir maintenant meneur de jeu. On connait tous ce que faisait huawei et ZTE qui copiaient Alcatel, Lucent et Nokia, mais qui maintenant se sont transformées en les plus innovateurs et les premiers déposant de brevets au monde. Quant à la situation actuelle de leurs concurrents, elle est connue de tout le monde.

En ce qui nous concerne et grâce à l'intelligence de nos dirigeants qui ont récemment signé un accord de validation des brevets européen sur le territoire nationale, l'étape de commencer par "copier" pour améliorer par la suite n'est plus possible. Les tunisiens doivent donc surpasser les européens en partant de rien, et sans étapes intermédiaires, chose impossibles pour nos fainéants !

DHEJ
| 03-01-2018 09:37
Connais-tu la SACF???


Quand la Chine apprenait de la Tunisie son premier investisseur dans le domaine agricole!

DHEJ
| 03-01-2018 09:07
La Chine faut-il la connaite depuis pas mal de temps ou bon temps?!

Pour dire que le borgne DENG a mis en liberté sur chats pour manger les poissons des pécheurs en réplique au proverbe chinois...

why
| 02-01-2018 22:08
Etant cadre en Chine depuis pas mal de temps et ayant vu l'évolution d'une économie depuis la copie de basse qualité à l'apprentissage de la qualité et aujourd'hui la montée en gamme, je peux rajouter quelques petits points:
1- Que ce soit la Chine ou la Corée du Sud (autre pays que j'apprécie particulièrement), pour développer économiquement un pays, il faut incluquer largement façon lavage de cerveau la valeur travail.
2- Accepter de rogner les acquis sociaux pour créer de la croissance, des emplois, des investissements...
3- Une fois que les bases sont solides (en relation avec le point 2.), le fruit de la croissance se traduira par: augmentation des salaires, sortie de la pauvreté d'une frange de plus en plus grande, et établissement d'une classe moyenne.
4- La croissance ne peut s'obtenir que si l'état assure plusieurs conditions:
- Une main d'oeuvre abondante
- Le droit à la propriété acquis et respecté
- La facilité de l'investissement
- Une administration efficace
- Un code fiscal avantageux et à défaut "simple"
- Un système éducatif de très bonne facture et en adéquation avec le marché de travail
- Et une infrastructure impeccable. Quand on dit infrastructure, on doit penser: routes, terrains pour des usines (viabilisés, raccordés etc.), des ports en eaux profondes, des infrastructures portuaires efficaces, des formalités d'export accélérées etc.
5- Enfin, il faut une vision claire.

Or, en Tunisie, on a tout fait en sens inverse.
1- Pour diverses raisons, le niveau scolaire est en train de reculer: le nombre de jeunes que je côtoie et qui sont incapables d'aligner deux mots en français sans 3 fautes et tout juste effarant... Et je parle de l'oral, je n'ose même pas évoquer l'écrit.
2- Un appareil productif en panne pour un oui pour un non. Une sucession de grèves, de blocages etc.
3- Une mentalité détestable de la plupart de plusieurs de nos compatriotes à savoir s'enrichir et vite, faisant fi des lois, de la bienséance et de l'honnêteté...
4- Une centrale syndicale qui ne pense qu'aux augmentations sans jamais se poser de questions.
5- Et plus important: une infrastructure aux abonnés absents. Pour prendre un exemple: même quand je visite une "petite ville" en Chine de taille équivalente à celle de Tunis, je suis choqué! Tunis devrait doubler ou tripler son infrastructure en termes de: routes, échangeurs, autoroutes, voies rapides, transports en commun etc. pour que la ville soit un tant soit peu "vivable" et que les bouchons (et donc les pertes liées à ça) soit absorbés.
Rajoutons à ceci les années de la Troïka qui ont inondé les administrations de recrutements de nombreux ignares ou incompétents dont la seule compétence est d'avoir été khwanji sous l'ère précédente. En plus, ces mêmes incompétents n'ont jamais été intéressé par le travail en lui-même mais plutôt par la mentalité de "walima", réparation du préjudice etc.
Enfin, (je sais que ça fait long comme exposé), le plus grave problème est l'absence de vision. Les 200+ partis, le gouvernment, l'UGTT, l'UTICA... etc. PERSONNE n'est capable de décliner en 2/3 phrases quelle vision d'avenir pour la Tunisie: Quel domaine doit-on développer? Bio-technologies? IA ? Off-shoring ? Solaire (couplé à des usines de dessalinisation d'eau par exemple), éolien, marées ? Hydroliennes ? Agriculture bio?
Personnellement, l'exemple Chinois me semble pertinent: un gouvernement central puissant qui a des plans sur 5 ans, 10 ans et même 30 ans et 40 ans et des objectifs intermédaires... De telle sorte qu'aujourd'hui par exemple, un effort monstre est dirigé vers l'IA, la robotique entre autres. Ça laisse rêveur.

Mohamed Naceur EL Ferjani
| 02-01-2018 21:43
Cher Imed, ce que tu as exposé est malheureusement notre caractère depuis l'Andalousie, pas maintenant seulement!? Tu es entrain d'essayer de réveiller des Idiots Sourds, qui continuent à jouer les "Bousaadias" de la Place de Marrakech! Tu n'as qu'à voir les qualifications, les expériences, les expertises et les C.V de tout ceux qui occupent les responsabilités des peuples depuis..., et continuent à occuper ces postes même après la fausse Révolution, qui n'était qu'une des périodes de turbulences sociales!!??

adel2018
| 02-01-2018 19:42
bonjour je suis en chômage depuis 10 ans et j ai 36 ans .. j ai un diplome bac + 3 j ai un diplome de tourisme et patrimoine. s il vous plait aidez moi.. je cherche un travail ou a financer mon propre projet. voila MERCI