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Chroniques
Professions libérales : Shame on you !
24/11/2016 | 15:59
4 min

En Tunisie, on est unanime sur les principes qui doivent fonder notre système fiscal : transparence et équité. Malheureusement, dès que des initiatives sont entreprises pour consacrer ces principes ou les renforcer, on assiste à des vagues de protestation qui fournissent une réalité autre que celle qu’on pouvait imaginer.

 

Il serait fastidieux d’énumérer les dispositions fiscales, contenues dans les lois de finances successives de ces dernières années, qui n’ont pas été appliquées, même après leur adoption par les représentants du peuple. Il n’y a qu’à citer la mesure fiscale de la Loi de finances 2014 qui conditionnait l’octroi de l’avantage fiscal du paiement au tarif réduit de la taxe de la circulation pour les petits véhicules de transport de produits agricoles à la présentation de la carte d’identifiant fiscal du bénéficiaire. Face à la contestation, cette mesure fut retirée par le chef du gouvernement de l’époque, Ali Laârayedh, au grand dam de son ministre des Finances, Elyes Fakhfakh. On maintenait ainsi une situation proprement ahurissante : octroyer un avantage fiscal à une entité qui n’a aucune existence fiscale. Ce rappel était opportun car le transport de produits agricoles fait partie des professions non commerciales, tout comme celle des avocats, des médecins, des architectes, des experts et consultants en tout genre, etc. Tous sont dans l’obligation d’être patentés, selon le langage juridico-fiscal. Tous sont tenus d’inscrire dans tous leurs documents de correspondance leur adresse, coordonnées téléphoniques et identifiant fiscal. Or, cette règle de base, qui garantit le principe d’équité, n’est pas appliquée par certains corps de métier. Les médecins par exemple. Les avocats, eux, n’y sont pas tenus. Vis-à-vis des autres professions non commerciales expressément soumises à cette obligation, n’est-ce pas là un privilège indu qui peut exciter les tentations les plus inavouables ? Dès lors, il devient pour le moins paradoxal qu’on puisse considérer la levée d’un tel privilège comme une forme de stigmatisation. Un pays ne stigmatise pas ses élites lorsqu’il les invite au devoir d’équité. Il ne stigmatise pas ses élites, avocats, médecins ou toutes autres professions libérales lorsqu’il  rappelle au devoir ou plutôt à l’exemplarité de transparence qui sied à leur statut. Il ne convient aucunement d’accommoder l’exigence de transparence à un sombre a priori. Et quand bien même cela le serait-il, rien n’est plus judicieux que d’en administrer le contraire, de démontrer sa bonne foi et participer de la sorte à isoler le bon grain de l’ivraie.

 

L’équité et la transparence, c’est pour les autres ?

 

De ce point de vue, la ruée dans les brancards des avocats contre la création d’un timbre fiscal sur chaque dossier justiciable est manifestement stupéfiante. Elle l’est d’autant plus qu’on les exonère, en contrepartie, de l’obligation du versement des acomptes provisionnels, auquel sont soumis toutes les professions non commerciales. Un timbre fiscal dont rien ne prouvera qu’il sera exclusivement supporté par l’avocat comme le stipule l’article 31 du projet de loi de finances 2014 alors même qu’il sera déductible de l’impôt.

 

La réponse des avocats à une telle mesure - une grève générale et la démission du ministre des Finances - est disproportionnée, loin de l’esprit de mesure et de sagesse devant guider cette confrérie. En tout cas, elle n’a pas manqué de faire naître des velléités de contestation dans d’autres corps de métier, chez les médecins qui refusent d’inscrire leur identifiant fiscal, des pharmaciens, suivis par les grossistes-répartiteurs qui refusent l’introduction d’une TVA sur certains produits pharmaceutiques importés, les taxistes qui revendiquent d’abaisser la valeur des contraventions et des amendes qui leur sont imposées.

 

A ce stade, il deviendrait logique que l’on refuse la création d’une police fiscale, la levée du secret bancaire, l’estimation du revenu par le train de vie et qu’on défende par ailleurs la réconciliation économique et l’amnistie de change.

 

Cela étant, c’est aux élus du peuple que reviendra la décision de trancher. Leur responsabilité est considérable pour balayer cette image et cette cacophonie à la veille d’un rendez-vous déterminant pour l’avenir du pays : la conférence internationale sur l’investissement. C’est également à eux qu’il revient de décider en dernier ressort sur le dossier des augmentations de salaires dans la fonction publique et implicitement sur des négociations salariales dans le secteur privé. C’est somme toute sur eux que reposent le sort du gouvernement et la réussite de la conférence et d’éviter que le pays ne tourne en rond en matière d’équité et de transparence fiscales à force de ne pas vouloir froisser tel corps de métier ou tel autre ou de prêter une oreille attentive et intéressée aux lobbies de toute sorte.

24/11/2016 | 15:59
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Commentaires (9)

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rzouga
| 28-11-2016 12:20
Ces mesures fiscales à la sauvette dérangent tout le monde: commençons d'abord par l'hémorragie de la contre bande défiscalisée et non patentée à 100% et qui accapare plus de 50% de l'économie nationale: c'est une honte; puis on se tourne on se tourne vers les professions réglementées: pas à pas et profession par profession,on arrivera à mettre tout le monde sur la bonne voie et l'Etat sera gagnant et le contribuable ne sera plus harcelé par des agents du fisc qui, à voir leur tête, attendent l'occasion pour égorger celui qui leur tombe sous les mains.Non, on est tous d'accord pour le principe de l'équité et la transparence fiscale reste comment instituer tout cela sans léser personne.
Que l'administration fiscale se mette à discuter, avec les représentants de chaque profession à part,car chaque profession est particulière par ses propres difficultés; discuter aussi l'assiette fiscale qui lèse actuellement 90% ou plus des professionnels libéraux,du petit commerçant au toubib spécialiste, c'est la principale cause de l'évasion fiscale.
Concernant le Toubib spécialiste que tout le monde prend pour escroc, sachez que ce toubib avant de travailler dans le privé a laissé dans les meilleurs des cas , au moins 35 à 40 ans de sa vie dans l'apprentissage et le service de la santé publique sans rien gagner; et puis il faut chiffrer leur exportation en savoir faire pour les laisser un peu tranquille et arrêter leur lynchage sur la place publique, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont exonérés de leur devoir en matière de fiscalité, il faut seulement revoir la manière et le comment de ces opérations.
Pour la rentré d'argent en urgence: organisez une quête exceptionnelle des citoyens patriotes, bien gérer les ports, arrêter la contre bande, patenter tout professionnel,installer des caisses enregistreuses partout: commerçants, cafetiers...etc

Ranjeet Singh
| 27-11-2016 11:37
Ce qui est sidérant c'est qu'en matière de fiscalité il y a un entêtement général à ne jamais poser jamais les bonnes questions et à apporter toujours de mauvaises réponses; on a commencé par cibler très injustement les bénéficiaires du régime forfaitaire; maintenant on cible les professions libérales qui il faut l'avouer pour quelques uns et seulement quelques uns , justement ceux qui gagnent le plus , n'ont jamais constitué des parangons de vertus. Or ce qu'on ne dit jamais c'est que l'administration fiscale condamne toujours le contribuable à une augmentation continue de ses revenus et lui impose un seuil arbitraitre minimal de taxation;or le moyen d'augmenter les revenus de l'état c'est d'abord augmenter l'échelle d'imposition actuellement fixée à 35% du chiffre d'affaires, d'instaurer l'impôt sur la fortune, et d'accroitre les droits de successions; toutes mesures frappant les vrais riches que le gouvernement et leurs amis des médias s'efforcent toujours d'épargner; y compris face à la justice.

watcher
| 25-11-2016 11:13
Cette solution respecte le secret médical puisqu'on ne peut pas savoir de quoi le patient est atteint, en ce qui concerne les médecins. Elle permet d'assurer la traçabilité des recettes des professionnels libéraux. Elle demande peu de temps pour établir le reçu.Le professionnel ne peut refuser d'établir un reçu au client qui demeure le garant de l'efficacité de la solution.

watcher
| 25-11-2016 09:38
Depuis la loi obligeant les médecins à faire des ordonnances prénumérotées, obligations jamais respectées et tombées en désuétude,on n'a pas trouvé la solution pour obliger certaines professions libérales à déclarer honnêtement leurs revenus, confortés en cela par des recettes en espèces ou par le secret bancaire quand le paiement se fait par chèque et que le client n'est pas astreint à effectuer une retenue à la source et d'en faire la déclaration au fisc. Une solution pour remédier à cela consisterait à astreindre les professions libérales à avoir des carnets de reçus à souche prénumérotés, visés par le service de contrôle des impôts dont dépend le contribuable libéral, avec obligation de délivrer un reçu au client et indication sur la souche de l'identité du client le montant des honoraires reçus et le mode de paiement. On oblige bien les sociétés exportatrices à avoir des carnets de bons de commande prénumérotés visés par le fisc, et obligatoirement visés par le fisc avant chaque commande pour pouvoir bénéficier de l'achat en suspension de TVA. A méditer.

Citoyen de Tunisie
| 25-11-2016 08:44
Les fonctions libérales paient moins d'impôts que le dernier des salariés, s'ils paient.
Les commerçants paient moins d'impôts que le dernier des salariés, s'ils paient.
Les restaurateurs et cafetiers paient moins d'impôts que le dernier des salariés, s'ils paient.
Les bouchers paient moins d'impôts que le dernier des salariés, s'ils paient.
Et les hommes d'affaires ou propriétaires de sociétés qui font travailler dans le noir profitant les lacunes fiscales.
Pendant des années des fonctionnaires d'état servaient des timbres fiscaux, des vignettes et autres traficotés en lésant les caisses de l'état.
Les ventes de biens immobiliers non déclarés, les locations non déclarées.
Le marché parallèle et ses fonds non déclarés.
Les trafiquants et autres contrebandiers opérant en toute impunité et couvert par les gros bonnets des différents services.
Et certains médias qui éditent ou parlent dans l'intérêt d'un camp politique quelconque, je ne crois pas que la gratuité est de mise dans ce secteur.
Les politiques qui tiennent au secret bancaire sous prétexte de la liberté de l'individu; et si cet individu opère dans le blanchiment d'argent et couvert par un parti au pouvoir ! doit-on attendre la chute de ce parti pour le juger quand il sera six pieds sous terre.
Le comble, avocats, médecins, experts, employeurs et gros bonnets ont un discours uniformisés :
"nous sommes nationalistes, patriotes et seul l'intérêt de la Tunisie nous motive".
NOTRE ELITE EST LA HONTE DE LA NATION.

verbatim
| 24-11-2016 20:15
Les peuples ne valent qui par leurs élites! Israël a sa création a proposé sa première présidence a Einstein, certes il l a refusé! Regardez où est ce pays actuellement en matière d innovation! Pauvre arabité qui ne s occupe que de vérifier la nouvelle lune....

slalom
| 24-11-2016 19:03
Ils défendent âprement leurs privilèges mais se sont de piètres plaidoyeurs pour le reste ... ce qu'ils sont minables!

DHEJ
| 24-11-2016 18:37
Quand on IMPOSE a des moments différents le produit d'un effort ayant un début et un développement territorial peut-être non équitable ...


L'équité ou L'ÉGALITÉ avec quels unités de mesure?


Poids volumique!

HSE 1994
| 24-11-2016 17:12
Le corporatisme à mis a nu l'égoïsme extrême du tunisien
Pour les avocats et les médecins les impôts c'est bien mais pour les autres
Eux ils sont au dessus de la loi