Prise d'otage !
Par Hédi Ben Abbes
Assez, assez, assez ! vous avez assez privilégié le jeu aux détriments des enjeux ! On a beau tiré la sonnette d’alarme, on a beau expliquer que l’inévitable va arriver, que ni Sidi Mehrez, ni personne ne peut sauver la situation si on continue à appliquer les mêmes recettes et à avoir les mêmes mauvais réflexes, en vain ! « faqidou echayi la yo’tih » (nul ne peut donner ce qu’il n’a pas) !
Aujourd’hui, les responsabilités sont bien identifiées. Le pays est littéralement pris en otage par MM Essebsi et Ghannouchi (voir mon article dans BN sur les deux oligarques 2017) qui ont conduit le pays au désastre politique, économique et social actuel. Vous avez choisi à deux reprises des chefs de gouvernement non seulement incapables de conduire les affaires du pays mais vous les avez aussi privés de moyens politiques pour le faire. Le résultat est désastreux : une dégringolade très dangereuse de la Tunisie à tous les niveaux. Ce n’est un secret pour personne que de dire que ce qui a motivé vos choix n’était ni les compétences de ses personnes, ni leur statut politique et encore moins leur charisme. Il faut arrêter de nommer des personnes que vous croyez malléables et ainsi espérer garder votre mainmise sur le pouvoir et protéger vos intérêts. (Voir mon article sur la récidive BN 2018)
Le pays est aussi otage de l’ambition d’un chef de gouvernement qui ne semble reculer devant rien pour se maintenir à un fauteuil sans pouvoir. Plus de deux ans sans gouverner et il n’a jamais eu la pudeur de se dire, si je ne peux pas gouverner, je dois assumer mes responsabilités et quitter ce pouvoir factice. Mais, c’est sans compter sur l’orgueil, la volonté d’être important sans être utile et l’obsession du « tout à l’ego » quitte à perdre le pays.
Querelles de familles, avidité de pouvoir, protection d’intérêts personnels et partisans sont aux fondements des préoccupations de cette faune pseudo-politique pour qui la Tunisie est le dernier de leurs soucis.
Allez régler vos comptes ailleurs, mais pas aux détriments de la Tunisie.
Les solutions à la crise économique existent. Nous avons des compétences tunisiennes qui savent comment arrêter l’hémorragie, trouver le chemin de la croissance et engager le pays dans une dynamique positive. Des compétences qui savent comment endiguer l’inflation, rétablir les comptes publics, sauver les caisses sociales, remettre les gens au travail, introduire plus de justice sociale, rétablir l’ordre et mettre un terme à l’impunité. Des compétences qui savent comment répondre à la crise actuelle en mettant en place des mesures à la fois conjoncturelles et structurelles.
Le plus frustrant, c’est le fait qu’il manque un seul et unique ingrédient : « la volonté politique ». Cette volonté qui doit être motivée par le sens de l’Etat, l’amour de la patrie, et la satisfaction d’être utile à ce pays et à ce peuple.
Il ne faut surtout pas nous sortir encore la fausse bonne idée du « consensus » (voir mon article BN 2016) qui n’est rien d’autre que l’aggravation de la situation et la faillite assurée. Soit, vous formez un gouvernement de coalition Nidaa-Ennahdha et vous assumez la responsabilité que les électeurs vous ont confiée, à commencer par présenter un plan de sortie de crise. Soit alors, quittez le pouvoir et confiez-le à des patriotes DESINTERESSES, prêts à travailler sans contrepartie pour sauver ce qui peut l’être encore.
Que des technocrates compétents aussi bien techniquement que politiquement se mettent au service de leur pays jusqu’aux élections de 2019, sans toucher de salaires et sans être concernés par les prochaines élections. Une feuille de route précise comprenant deux axes de travail, à savoir, un plan de sortie de la crise économique et un axe politique visant à préparer les conditions nécessaires pour la tenue des prochaines élections de 2019. Cette feuille de route doit être présentée de manière détaillée et précise et approuvée préalablement par les deux partis au pouvoir (Nidaa et Ennahdha) pour faciliter l’approbation au Parlement des mesures qui seront nécessaires à l’application de cette feuille. Le/la futur(e) chef du gouvernement doit être libre de former son équipe de travail sans interférence ni des partis politiques ni des autres lobbies. Il/elle et son équipe devront respecter scrupuleusement la feuille de route et seront comptables auprès de tous les Tunisiens de leurs actions.
Le chemin est clair et tout autre manœuvre serait un crime contre la nation.