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Chroniques
Pourquoi la candidature de BCE dérange
Par Synda Tajine
22/01/2019 | 16:59
3 min
Pourquoi la candidature de BCE dérange

 

Béji Caïd Essebsi semble briguer un nouveau mandat à l’élection présidentielle. Cette info ne vous choque pas ? Pourtant elle devrait. Le locataire actuel du Palais de Carthage compte réaliser un nouveau record en devenant, de nouveau, le plus vieux dirigeant du monde. Il détrône ainsi la reine d’Angleterre et offre à la Tunisie un nouveau record qui a le mérite de la rendre fière…ou pas.

 

On me dit que parler de l’âge du président de la République est politiquement incorrect et est une preuve d’une totale absence de finesse et de savoir-vivre. Je ne suis pas de cet avis, surtout lorsque l’intérêt national est en jeu. Béji Caïd Essebsi a 92 ans. Il en aura 93 au moment du prochain scrutin de 2019. Est-ce la meilleure alternative pour tous ces jeunes qu’on appellera d’ici quelques mois à sortir voter pour lui ? Est-ce le meilleur président qui garantira à ces jeunes-là un pays qu’ils n’auront plus envie de quitter ? Rien n’est moins sur.

Sans vouloir remettre en question le droit constitutionnel de tout citoyen éligible à présenter sa candidature au scrutin tant convoité, la candidature de Béji Caïd Essebsi ne me dit rien qui vaille.

 

Si la raison première est liée à son âge, les nombreuses autres qui la suivront ne le sont pas. D’abord, et à moins d’être un super héros immortel, Béji Caïd Essebsi pourrait bien ne pas survivre à son mandat, n’ayons pas peur de le dire. Dans l’état actuel des choses, et en ces temps de fragilité politique, devoir remplacer un président dans l’urgence n’est pas le meilleur des scénarios et pourrait bien plonger le pays dans une incertitude dont il se passerait volontiers aujourd’hui. Mais tout cela ne semble avoir que peu – ou pas – d’importance aux yeux de celui qui souhaite « mourir président ».

Mais les nombreuses autres raisons pour lesquelles cette candidature n’est pas vue du bon œil, n’ont rien à voir avec l’âge du candidat – excusez encore une fois mon manque de savoir-vivre.

 

Béji Caïd Essebsi n’a tenu que très peu des promesses qu’il a formulées au moment de sa campagne électorale. Ennahdha, qu’il a présenté comme l’ennemi à abattre, est finalement devenu son premier allié. Son fils Hafedh auquel il avait promis de ne jamais léguer le pouvoir est aujourd’hui le trouble-fête aux plus larges pouvoirs au sein de Nidaa Tounes. Son poulain Chahed qu’il a présenté comme étant le chef du gouvernement de la dernière chance et qu’il fait tout pour saboter aujourd’hui.

Les appels pour que Béji Caïd Essebsi se présente de nouveau à la présidentielle se font moins discrets. Auparavant empreints d’une certaine gêne à assumer une telle énormité, ils osent enfin sortir de l'ombe aujourd’hui. Un argumentaire de taille se cache derrière : « Qui d’autre ? »

 

En vue de ce jour tant attendu, Béji Caïd Essebsi prépare le terrain. Il rompt d’abord avec son ennemi-allié d’autrefois – comprenez par là Ennahdha de Rached Ghannouchi – en les menaçant de faire éclater un dossier des moins enviables. Il prépare aussi sa sortie par la grande porte - pour pouvoir mieux y rentrer par la suite – et mise sur la gente féminine pour redorer son blason poussiéreux. Modernisme, égalité des sexes et héritage pour tous annoncé lors de l’emblématique fête de la femme. Une carte gagnante mais qui ne sera pas de taille à faire de lui l’homme que ces dames ont élu en 2014.

 

Béji Caïd Essebsi a déçu et il est très peu probable qu’il arrive encore aujourd’hui à donner le change. Tous ceux qui l’ont plébiscité il y a quelques années comme le messie qui sauvera le pays d’une décadence assurée n’ont plus les arguments nécessaires pour faire avaler la pilule aux électeurs aujourd’hui. Surtout lorsque l’ont sait que le candidat a lui-même – en partie – participé à cette décadence…

Par Synda Tajine
22/01/2019 | 16:59
3 min
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Commentaires (22)

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Le Fouineur
| 25-01-2019 18:59
« La vieillesse vit sous le signe moins : On est de moins en moins intelligent, de moins en moins bête. ». Et depuis 2011, je n'ai rencontré aucun individu de la scène politique tunisienne qui possède un gramme de patriotisme ou un gramme d'intelligence.

Hobbi
| 24-01-2019 17:06
L'espoir fait vivre dit-on... Il avait pourtant appelé à rajeunir les politiciens et la politique de la Tunisie. Autrement dit, faite ce que je dis...

Maryem
| 24-01-2019 12:49
La vieillesse est un naufrage » écrivit Chateaubriand avant d'être plagié par le général de Gaulle, qui en avait après Pétain. »

LARIOSIS
| 24-01-2019 11:53
le peuple TUNISIEN a raté son premier départ pour sa transition démocratique, tous les signes le prouvent, et le premier responsable de cet échec,il ne peut étre que BAJBOUJ et son parti, ils ont fait des choix et des orientations qui sont aparus en définitif déplacés et méme ruineux, ses stratégies, ses choix de la gouvernance d'une nation qui a connue un chambardement et une transformation totale exigeant à court et à moyen terme une pluralité d' attentes du peuple qui se sont en définitif trouvées sans réponse et rien n'a été concrétisé, la désignation de ses chefs de gouvernement était mal ciblée, les résultats la confirment. Notre chére TUNISIE ne pourra sortir de ses marasmes et de ses failles surtout économiques et sociales que lorsque les TUNISIENS et les TUNISIENNES seront convaincus , confiants et assurés du déroulement des prochaines élections législatives et présidentielles de 2019 dans les régles de l'art, transparentes , légales, et où la garantie de l'égalité des chances des candidats est respectée et l'argent sale les médias corrompus et partiaux, l'immixtion étrangére sont hors circuit et farouchement combattus et controlés

Microbio
| 23-01-2019 14:54
Nous devons enfin comprendre qu'un Päsident à l´âge de 92 ans, même s´ il voudrait jouer le héros (révolutionnaire), devrait plutôt partir et profiter de sa retraite. Malheureusement, nous l´avons élu pour président de la république et nous demandons qu´il s´engage dans les reformes les plus difficiles et problématiques, dans une phase révolutionnaire !

Chers concitoyens, c'est vraiment une impertinence qu´on ne peut plus comprendre!

Bourguiba, Ben Ali et maintenant Essebsi, n'est-ce pas révolutionnaire?

Citoyen de Tunisie
| 23-01-2019 13:32
Se présenter aux élections est légitime.
Serait-il élu ? Telle est la question.
Qui l'éliront ?
Les citoyens avec un peu de jugeote, non car ses promesses n'ont pas été tenues, surtout celle de non-association avec Ennahdha.
Les femmes, je ne crois qu'elles seront aussi crédules qu'en 2014, les tunisiennes ne seront pas leurrés par un texte de loi qui peut-être ne verra jamais le jour car selon la constitution, la présidence de la république ne pèse pas lourd.

En plus avec quel parti il se présentera, l'ombre de Nida !!

Justinia
| 23-01-2019 12:36
"La vieillesse est un naufrage.Pour que rien ne nous fût épargné,la vieillesse du maréchal Pétain allait s'identifier avec le naufrage de la France".
(Charles de Gaule)

Maryem
| 23-01-2019 10:43
Notre Patrie regorge d eminentes personalites politiques de premier plan,poussees dans l ombre par un systeme politique et mediatique sous le parapluie de certains lobbys Tunisiens et etrangers...la finance douteuse fait le reste.....Le jour "J" il y aura des surprises....Une chose est certaine la grande majorite de ces morveux politiques d aujourd hui seront balayes dans les poubelles de l histoire.. et le veritable changement sera impose par le peuple seul souverain.et il n a pas la memoire courte.

Maryem
| 23-01-2019 10:28
"Modernisme, égalité des sexes et héritage pour tous annoncé lors de l'emblématique fête de la femme. Une carte gagnante mais qui ne sera pas de taille à faire de lui l'homme que ces dames ont élu en 2014." C est ce que vous ecrivez..Sachez chere Madame que ce ne sont pas ces Dames qui l ont elu en 2014..mais c est essentiellement Rached Ghannouchi qui l a elu.Je m explique:
1--Ghannouchi conformement a l accord de Paris a elimine l article concernant la limite d age de 75 ans pour la presidence de la republique.
2--Ghannouchi n a pas presente un candidat d Ennahdha pour les presidentielles pour lui ouvrir les portes du palais de Carthage grande ouverte...le reste on l a vaicu.
Donc l election de Beji Caied Essebsi a la presidence de la republique n a ete qu une comedie et une manipulation flagrande de l opinion publique et une escroquerie succeptible d annuler les elections de 2014.
Aujourd hui le risque d une rebelotte est possible dans l absence de la cour constitutionnelle et l inexistence d un article constitutionnel limitant l age a 75 ans ou mieux encore a 70 pour les elections presidentielles.
A tout commentateur politique de ne plus parler d election de BCE en 2014 mais plutot ces prétendues élections n ont ete rien de plus qu'une escroquerie ,une mascarade et une grande arnaque.où toutes les combines ont ete monnaies courantes,.Voila Madame tous les resultats de cette grande arnaque ...un pays au bord du gouffre et un peuple englouti par la misere et le besoin.Vous pouvez dire merci a......................votre Bajbouj ,Pauvre Tunisie elle est restee toujours orpheline. La vieillesse est un naufrage.

Abir
| 23-01-2019 09:59
Pour ceux qui disent que Béji est un renard politique,le renard ne laisse jamais un corbeau lui prend le dessus comme aujourd'hui avec Gannouchi,un renard politique,plaide toujours pour l'intérêt de son peuple et de son pays,pas pour l'intérêt de son ennemi!