Pour se défendre, le juge Ahmed Rahmouni s'en prend au gouverneur et au ministre
En réponse aux articles de presse publiés ces dernières heures à propos de l’ordre de démolition de son domicile à Nabeul, le juge Ahmed Rahmouni a publié un post sur sa page Facebook pour se défendre et attaquer le gouverneur de Nabeul. A entendre le juge, l’ordre de démolition le cible personnellement. « Le gouverneur Mnaouer Ouertani cible ma tête, c’est là l’objectif ! », dit-il. Le reste des maisons touchées par le même ordre ne seraient que de la poudre aux yeux pour noyer le poisson. Il évoque dans la foulée les articles de presse publiés récemment à propos des affaires de Gorjani ou de la torture ou encore de la question de financement de son Observatoire d’indépendance de la justice et des liens étrangers qu’il établit. Il fait enfin le lien avec l’actuelle campagne contre la corruption. Pour lui, la date de décision de démolition ne serait pas fortuite. Victimisation, paranoïa ? Ça en en a tout l’air.
Point important, le juge dit avoir déposé une plainte auprès du procureur de la République au Tribunal de première instance de Tunis, alors que l’affaire se déroule 100% à Nabeul et n’a rien à voir avec Tunis. La plainte vise le ministre de l’Intérieur, le gouverneur de Nabeul, le délégué de Hammamet et un magistrat dont il n’a pas évoqué le nom. Il les accuse « d’abus de pouvoir de la part d’un fonctionnaire ou d’une personne ayant autorité, tentative de falsification et atteinte à la réputation et autres crimes », d’après ses dires. Le juge dit avoir contacté le chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur et avoir saisi la justice et l’IVD de Sihem Ben Sedrine à propos de ce dossier.
Dans ce très long post, le juge Rahmouni indique que la propriété en question est son domicile principal et non secondaire et qu’il est en copropriété avec son épouse Leïla Abid (elle-même juge). D’une superficie de 311 m², il a été construit il y a trois ans (soit en 2014 si on a bien compris) après avoir obtenu un crédit bancaire de 250.000 dinars. Le lotissement en question fait l’objet d’un litige relatif aux permis de construction à la mairie de Hammamet depuis mai 2016. Il n’y aurait pas de litige entre les propriétaires du lotissement, d’après M. Rahmouni. Il signale que la mairie ne lui a fait aucun PV ou de sanction durant les travaux de construction. « Sauf que le gouverneur a cherché à faire de cette affaire une affaire personnelle », se plaint Ahmed Rahmouni qui l’accuse d’avoir fait pression sur les agents municipaux pour falsifier un PV, d’avoir poussé le chef de police municipale de pénétrer de force son domicile et d’avoir signé un ordre de démolition bien que « le PV signale que la maison est… vieille » ! Le juge conclut que le gouverneur ne mérite pas sa fonction et son argument « d’appliquer la loi et de combattre la corruption ne résiste pas parce que ce qu’il a fait n’a rien à voir avec la neutralité, l’intégrité et la vérité », d’après les propos du juge.
Comment ce juge, et son épouse juge, ont pu obtenir des compteurs d'eau et de gaz alors qu'ils n'avaient pas d'autorisation de bâtir ? D'après des informations obtenues par Business News, la Sonède et la Steg ont bien refusé de leur donner des compteurs et des abonnements liés à cette construction. Les deux magistrats ont alors intenté un recours judiciaire et ont réussi à avoir gain de cause obligeant ainsi les deux compagnies nationales à leur installer un compteur d'eau et un compteur d'électricité. Les autorités municipales ont été mises devant le fait accompli ! Ce qui explique les ordres de démolition dans cette zone de Mrazga (d'après nos données) connue pour être parmi les plus huppées des zones balnéaires de Tunisie. Quant à la construction, elle serait de trois niveaux d'après nos informations. On note que la région est plutôt connue pour être une zone de résidences secondaires vu la plage qui la longe.
R.B.H