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Chroniques
Plan de développement 2016-2020, un marché de dupe
13/04/2017 | 15:59
3 min

 

L’Assemblée des représentants du peuple a adopté le projet de plan 2016-2020 ou le programme 2017-2020 du FMI ?

Le projet de loi d’approbation du plan de développement 2016-2020 vient d’être adopté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). La bonne affaire ! N’y avait-il pas mieux à adopter ? Le projet de loi d’urgence économique, par exemple. On peut se demander en effet quelle mouche a donc piqué le gouvernement pour faire adopter un projet de loi dont le document qui lui est annexé, à savoir le plan de développement 2016-2020, est,  soit totalement obsolète si l’on se réfère au plan initial élaboré en 2015, soit que les objectifs de ce dernier aient été  précipitamment actualisés pour l’occasion,  rendant, de ce fait, sa pertinence sujette à de très fortes réserves.

 

Le plan quinquennal de développement 2016-2020 initial, élaboré sous le gouvernement de Habib Essid établissait un schéma de croissance dans lequel la croissance moyenne du PIB serait de l’ordre de 5% contre 1,5% pour la période 2011-2015. Selon le même document, l’enveloppe globale d’investissement durant 2016-2020 serait de 125 milliards de dinars, le double de ce qui a enregistré durant 2011-2015. Pour sa part, le taux de chômage atteindrait 11%  en 2020 contre un peu plus de 15% en 2015. En outre, les exportations de biens et de services évolueraient  à un rythme annuel moyen de 6% tandis que les importations ne croîtraient que d’un peu plus de 5% en moyenne. Au vu des résultats qu’affichent l’année 2016 en la matière et ce que préfigure l’année 2017, ce serait proprement miraculeux que l’économie du pays puisse réaliser ces performances. A preuve, pour les deux premières années du plan, la moyenne de croissance ne serait, au mieux que de 2%.  Ce qui exigerait un rythme de croissance annuel moyen de 6% sur le restant de la période. Un taux rarement atteint au cours de ces 20 dernières années.

 

Le gouvernement aurait-il actualisé ce schéma de croissance ? Rien ne permet de l’affirmer même si certaines sources indiquent que l’objectif de croissance a été réajusté à 3,5% en moyenne sur la période. Hasard ou nécessité, ce nouvel objectif correspond exactement aux prévisions établies par le FMI sur la base desquelles l’institution de Bretton Woods a accordé un crédit de 2,7 milliards de dollars sur 4 ans à la Tunisie. Des prévisions qui supposent des pré-requis que les autorités tunisiennes devront impérativement satisfaire. Autrement dit, il s’agit de mettre en œuvre, sans aucune autre alternative, les réformes structurelles identifiées par le Fonds. L’adoption du projet de plan 2016-2020 par l’ARP constitue un gage de bonne volonté du gouvernement et implicitement une manière de forcer la main au législateur qui, en adoptant le plan réactualisé, ne pourrait plus se défausser des contraintes qui le sous-tendent.

Les réformes, on en recense une vingtaine. Certaines ont été adoptées mais leur mise en place n’est pas totalement achevée : loi bancaire, marchés publics, partenariat public-privé ou code d’investissement. D’autres réformes et non des moindres doivent être introduites qui concernent des domaines et secteurs d’une importante sensibilité : l’emploi, le code des douanes, le code des changes, la réforme de l’administration et de la formation professionnelle, celle de l’éducation et de l’enseignement supérieur, sans oublier la réforme des entreprises publiques et celle de la compensation, en y ajoutant la réforme du système de santé et celui des retraites. Et tout cela devrait être opérationnel au cours de ces trois prochaines années. C’est d’ailleurs cela que la délégation du FMI chargée du suivi du programme de réforme de la Tunisie veut constater avant tout décaissement des tranches de crédit prévues par l’accord élargi. La délégation n’a pas pu l’acter lors de la revue-programme de la fin de l’année 2016 ni lors de celle de février 2017. La troisième sera-t-elle la bonne pour le gouvernement ?

 

 

13/04/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (7)

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Dr. Jamel Tazarki
| 14-04-2017 21:40
Merci pour votre feedback,

Oui je suis de votre avis: 'Le processus de développement socio-économique est largement tributaire de l'interventionnisme de l'Etat, et non de son désengagement. Le développement de l'appareil productif et des capacités d'innovation d'un pays exige une intervention [intelligente] tout à la fois déterminée et prudente du pouvoir politique."

Mais il faut aussi comprendre que l'actuel gouvernement de Mr. Youssef Chehed a hérité une situation politique, économique et financière particulièrement difficile et ainsi il ne parvient pas à atteindre ses objectifs en dépit de la très bonne volonté qui anime l'équipe gouvernementale.

Dans cette situation difficile de l'histoire de notre pays, nous avons plus que jamais besoin de l'appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux pour assister notre gouvernement dans le défi de lutter contre la pauvreté et le sous-développement. Mais seulement les pays du nord amis de la Tunisie nous ont déjà offert assez (pour ne pas dire trop) d'argent que notre troïka a gaspillé par idiotie. Il faut comprendre qu'ils ne peuvent pas nous donner/offrir des capitaux éternellement et inconditionnellement.

On avait eu la possibilité de réaliser le décollage socio-économique et notre ex-troïka a raté cette chance. Il n'y a même pas une gestion des dépenses afin de savoir où ont été gaspillés les 19 milliards d'aide au développement et de dettes extérieures. Le parti politique Ennahdha nous refuse cette transparence dans un pays qui se dit démocratique, et on peut imaginer pourquoi!


La communauté internationale n'a plus envie d'injecter de l'argent/capitaux dans un pays qui a déjà raté sa chance afin de faire le décollage socio-économique. Puis rien n'a changé depuis 2011, ce sont toujours les mêmes politiciens nuls qui dirigent maladroitement et indirectement derrière les coulisses l'économie et la politique nationale/internationale de la Tunisie...

Certes, Mr. Youssef Chehed est un politicien d'une très grande intelligence mais il ne peut rien faire contre ceux qui s'abottent ses efforts: il suffit de mentionner le verdict rendu par un tribunal tunisien à l'encontre du DJ britannique, ==> oui nos islamistes sont entrain de saboter (peut-être inconsciemment) le tourisme tunisien, alors que le DJ n'avait aucune intention de porter atteinte au sacré. Qui voudrait venir encore en Tunisie? Qui voudrait encore investir en Tunisie? En effet nos islamistes sont imprévisibles (unpredictable)!


Très Cordialement

Jamel Tazarki


Nephentes
| 14-04-2017 12:30
"Il faut d'abord commencer par transformer le programme socio-économique de notre gouvernement en opérations formelles"

Remarque très pertinente.

Je me permets modestement de souligner que l'Etat tunisien peut jouer efficacement trois rôles décisifs dans le redressement économique durable du pays :

- organiser la concentration et l'accumulation du capital,

- renforcer 'intégration de l'économie dans l'espace euro-méditerranéen et l'espace subsaharien

- renforcer notre compétitivité et notre capacité d'innovation dans le secteur des NTICs et énergies renouvelables

l'espace manque ici pour détailler; mais il faut souligner que le processus de développement socio-économique est largement tributaire de l'interventionnisme de l'Etat, et non de son désengagement.

Le développement de l'appareil productif et des capacités d'innovation d'un pays exige une intervention tout à la fois déterminée et prudente du pouvoir politique.

Il faut souligner un fait majeur dans l'économie tunisienne : la plupart de nos activités économiques SONT ORIENTÉES VERS L'EXTÉRIEUR.

Ceci implique qu'une grande partie de notre économie ne provoque ni effet induit ni effet multiplicateur puisque le
secteur moderne de l'économie est largement tributaire des aléas conjoncturels internationaux.

L'exemple du phosphate et du tourisme sont éloquents

la capacité d'accumulation du capital se trouve alors considérablement freinée, surtout dans notre contexte.

On se trouve alors dans un cercle vicieux car, en l'absence de capitaux suffisants, les objectifs de la production doivent
être poursuivis dans le souci d'épargner le capital.

Il est donc vital dans notre contexte que le capital investi augmente fortement considérablement le revenu national, c'est-à- dire qu'il soit employé avec un coefficient favorable et se rembourse
rapidement.

CE N'EST PAS DU TOUT LE CAS AUJOURD'HUI.

Il est également VITAL , et c'est la remarque de Si Ben Achour, que le gouvernement élabore un plan d'économie nationale dans lequel les rapports mutuels des facteurs de développement s'arrangent
favorablement.

CES BASIQUES ne sont pas actuellement appliqués en TUNISIE.

DHEJ
| 14-04-2017 11:40
Un PLAN, mais c'est quoi déjà un PLAN?

Et si c'est un DUPE qui "dessine" le PLAN???


Un "dupe" du NORD qui dessine un PLAN pour le sud dans un pays soumis aux cisaillements SOCIAUX-JURIDICO-POLITIQUE!


Bouf à quoi est un "TUNISIEN" si ce n'est d'etre un DESTRUCTEUR!


Dr. Jamel Tazarki
| 14-04-2017 10:21
Je voudrais aussi insister que la Tunisie n'aura jamais, oh non jamais un décollage socio-économique du sous-développement au développement sans une justice sociale, sans une réforme sociale et sans la satisfaction des besoins vitaux de tous les Tunisiens! Pour s'en persuader, il suffirait de revoir les analyses (faites par l'United Nations Organization: UNO) des différentes stratégies de développements qui ont été appliquées depuis les années 50.

La Stratégie de développement "Modernisation Theory" consiste à injecter des capitaux sous-forme d'aide au développement (venant des pays riches industrialisés) afin de garantir une croissance économique et ainsi le décollage des pays sous-développés

The Modernisation Theory n'a pas fonctionné dans le monde arabe et en Afrique! Alors que les pays asiatiques (que l'on appelle "the Asian Tigers") qui ont appliqué cette stratégie sont devenus des pays développés à part entière.

Pourquoi les quatre dragons asiatiques sont devenus des pays développés à part entière, et notre révolution de Jasmin ne nous a garanti que plus de misère? La réponse est évidente, les 19 milliards que l'on a eu sous-forme d'aide au développement et de dettes venant des pays riches ne se sont pas infiltrés jusqu'en bas afin que la masse pauvre en profite (et ceci d'après les études scientifiques/statistiques de l'UNO). ===> Oui, seulement l'oligarchie, la bourgeoisie, nos millionnaires et les arrivistes ont profité exclusivement des 19 milliards d'euros et pratiquement rien ne s'est infiltré à la masse pauvre!

Contrairement à la Tunisie "the Asian Tigers" ont commencé par satisfaire les besoins vitaux de la masse pauvre. Ils ont commencé par des réformes agraires importantes afin de créer une classe moyenne nécessaire pour la demande interne et la paix sociale. ==> Oui, sans une large classe moyenne et sans une justice sociale le décollage socio-économique de la Tunisie est impossible à réaliser.

Et nous sommes en train de refaire les mêmes fautes de 2011 à 2016!

Le monde parle de tigres asiatiques et entre temps même de Tigre celtique (qui désigne l'Irlande pendant sa période de forte croissance économique), par contre nous parlons de Révolution de Jasmin qui sent plutôt la misère que le jasmin faute de très mauvaises gestion de nos économies entre 2011 et de 2015.

Il est temps que les incapables (pour ne pas dire autres choses) qui ont ruiné le pays entre 2011 et 2015 se retirent de la scène politique et ils se reconnaissent.


Jamel Tazarki

La cause du peuple
| 13-04-2017 19:53
hahhaaaaaaaaa marche du dupe besoin aussi du temps a autre

Dr. Jamel Tazarki
| 13-04-2017 18:33
1ère partie:

Certes notre gouvernement a très bien répondu à la question " Quoi faire?", mais sinon il a pratiquement négligé la question qui est aussi importante "Comment faire?"

Sûrement, il est très important de définir les buts à atteindre, On sait maintenant ce que notre gouvernement voudrait réellement réaliser et quels sont ses objectifs, mais par contre la question du "comment faire afin de réaliser les objectifs?" est le véritable grand défi où notre ex-troïka et le gouvernement de Mr. Mehdi et de Mr. Essid ont déjà massivement échoué

Je suis continument les informations socio-économiques et même politiques en Tunisie, j'ai remarqué qu'il y a chez certains de nos politiciens une très grande confusion entre le "Quoi faire" et "le Comment faire".


Vous écrivez dans votre article ci-dessus " ce serait proprement miraculeux que l'économie du pays puisse réaliser ces performances" ===> oui, l'économie de notre pays pourrait réaliser ces performances et même plus, pour cela il faut répondre à la question "le comment faire" afin de réaliser ces performances! Il y a plusieurs chemins/solutions afin de réaliser ces performances. Il faut d'abord commencer par transformer le programme socio-économique de notre gouvernement en opérations formelles en se basant sur des données empiriques/statistiques (une forme théorique et abstraite) afin d'aboutir à un schéma théorique que l'on pourrait appliquer à notre réalité socio-économique sans ambiguïté.


Il faut même définir des règles socio-économiques qu'il faut tenir et ne jamais contredire. Je vous donne un exemple de deux principes de l'économie chinoise:
1) ne jamais acquérir une technologie semblable à celle que l'on a déjà dans notre pays
2) La technologie importée devrait permettre de fabriquer des produits ayant des effets socio-économiques positifs à l'intérieur de notre pays et ayant aussi une compétitivité sur le marché international.



Oui, avec notre budget national limité et avec nos ressources naturelles limitées on pourrait réaliser des miracles. Il faut faire/avoir confiance en l'intelligence et le savoir-faire de nos académiciens et des Tunisiens en général et il faut aussi mieux gérer notre budget national et nos ressources.

Je vous donne des exemples concrets,
1) pourquoi l'achat d'un logiciel de pronostics sportifs chez une société étrangère à 23,9 Millions de dinars alors que nous voulons créer de l'emploi et faire de la Tunisie l'eldorado de la production des logiciels et des Télécommunications. Pour plus de détail, voir le lien http suivant:

http://www.businessnews.com.tn/promosport-fete-sa-nouvelle-solution-pour-la-gestion-des-pronostics-sportifs,520,63054,3

Il y a quand-même une contradiction entre ce que nous voulons réaliser et ce que nous faisons! Avec une pareille somme, nous pourrions révolutionner le monde de la production des logiciels en Tunisie, et les compétences ne manquent pas en notre pays!

Dr. Jamel Tazarki
| 13-04-2017 18:31
2ème partie:

2) pourquoi ambitionner de vendre nos terres agricoles à des cartels internationaux pour la production entre autre de l'éthanol biologique alors que notre peuple n'a pas assez à manger. Voir les liens suivants:

http://www.businessnews.com.tn/signature-pour-la-realisation-dun-projet-de-culture-de-la-canne-pour-lextraction-et-lexportation-du-bioethanol,520,62739,3

http://www.businessnews.com.tn/arp-modification-de-laspect-legislatif-du-code-de-linvestissent,520,66101,3


3) La somme 471,431 millions de dinars pour la licence du réseau 4G est un prix cumulatif dérisoire pour Tunisie Telecom, Ooredoo et Orange Tunisie.

Moi, j'aurais proposé une attribution à ce prix très bas de 471,431 millions de dinars, mais avec l'obligation aux opérateurs de payer à l'État Tunisien un pourcentage de leur chiffre d'affaires annuel. Cette option permettrait, à coût sûr, aux opérateurs de se lancer dans le 4G avec un investissement initial minimal sans pour cela offrir notre argent, qui revient à tous les Tunisiens, gratuitement à l'oligarchie/bourgeoisie tunisienne et aux sociétés étrangères.
==>
Il est ainsi temps de réviser les conditions d'attribution de la licence pour le réseau 4G et éviter de faire les mêmes gaffes qu'avec le 3G (qui a été offert presque gratuitement aux opérateurs). voir le lien suivant:

http://www.businessnews.com.tn/les-trois-operateurs-mettent-471431-millions-de-dinars-pour-la-4g,520,62854,3


4) -On ne recapitalise pas des banques qui appartiennent en grande partie à l'oligarchie et à la bourgeoisie avec l'épargne de la masse pauvre sans les avoir nationalisées à 100% auparavant et ceci à zéro dinars/euros. L'Allemagne a eu le courage de nationaliser entièrement et à zéro euro l'une de ses plus grandes banques avant d'y injecter de l'argent, la Hypo Real Estate. Alors que notre ex-gouvernement de Mr. Essid injecte inconditionnellement des milliards de dinars dans le système bancaire tunisien en grande partie oligarque. ==> La nationalisation à zéro dinars/euros et entière des banques tunisiennes en faillites aurait dû être faite déjà en 2011. Toute autre solution (sans la nationalisation à 100% et à zéro dinars/euros ou la fermeture) coûte plus chère aux Tunisiens! Voir le lien: http://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3


5) il faut regarder les offres d'emplois sur Business News: certaines de nos entreprises tunisiennes privées cherchent un informaticien qui est simultanément fort en Java Enterprise Edition, en AS400, en ASP, en Webdesign, en Web-Services, en anglais, en français, etc., etc. etc. et avec 15 d'expérience! Mais c'est complètement ridicule. Qui va oser poser sa candidature? Aucun diplômé tunisien! A la fin on va importer un ingénieur européen qui ne maitrise absolument rien de tout ça!

Le jour où j'ai commencé à faire de la programmation Java Enterprise pour des sociétés allemandes je n'avais aucune expérience ou savoir préalable. J'ai appris le SAP et ABAB en autodidacte chez BMW. Les sociétés allemandes m'ont fait confiance et m'ont donné une chance sans aucune expérience préalable en programmation informatique (logiciel). J'ai programmé des robots chez Siemens sans aucune connaissance ou expérience antérieure. ==> Il faut arrêter de discriminer nos diplômés, il faut leur donner une chance afin de persuader de leur savoir-faire!

Très Cordialement

Jamel Tazarki