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Patrimoine archéologique : 4 mille saisies depuis la révolution !
17/01/2016 | 15:58
5 min
Patrimoine archéologique : 4 mille saisies depuis la révolution !

 

Riche de 40 mille sites historiques et archéologiques, la protection du patrimoine culturel n’est pas de tout repos en Tunisie. 4 milles saisies ont été effectuées ces cinq dernières années. Plusieurs corps et organismes de l’Etat sont engagés dans ce combat, munis de moyens limités.

 

Depuis la révolution, on entend de plus en plus parler de cas d’atteintes au patrimoine culturel et archéologique tunisien. Le trafic d’antiquité et les fouilles illicites semblent avoir pris des proportions immenses ces dernières années. La situation est-elle réellement devenue inquiétante ? Ou les choses ont été exagérées ? Pour faire la lumière sur ces questions, nous avons interrogé la directrice de l'inventaire général et de la recherche à l’Institut national du patrimoine (INP).

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les biens culturels mis, aujourd’hui, en vente, sur internet ou ailleurs, ont, pour la majorité, quitté la Tunisie des décennies avant la révolution, affirme notre interlocutrice. « Bon nombre de ces objets ont été exportés avant l’indépendance ou dans les premières années de l’indépendance. C’est notamment le cas des joyaux beylicaux. A cette époque-là, il n’y avait pas encore de législation nationale opposable. Pour la plupart de ces pièces, les ventes s’opèrent, aujourd’hui, par le biais des héritiers », a-t-elle expliqué.

 

Malgré la complexité de la tâche, l’INP « ne ménage aucun effort » pour rapatrier ces objets de patrimoine au pays.  L’institut collabore à cet effet et de « de manière très étroite » avec nos consulats et ambassades à l’étranger. « Nous avons réussi à stopper quelques ventes par le recours à la voie diplomatique et grâce aussi à la bonne réactivité de nos missions à l’étranger », indique la directrice de l'inventaire général et de la recherche. C’est une mission ardue, souligne-t-elle, du fait que ces pièces n’ont jamais été inventoriées. De quoi rendre difficile, voire impossible de prouver leur appartenance à la Tunisie.

 

Parlant toujours des joyaux beylicaux. Ceux-ci, précise-t-elle, sont conservés par la trésorerie nationale et relèvent de l’autorité du ministère des Finances. Toutefois, l’INP est sollicité à ce sujet pour son expertise. Comme ce fut le cas récemment dans l’affaire d’une émeraude beylicale mise en vente, il y a quelques mois, à Monaco. « La transaction, dit-elle, a été arrêtée et les négociations sont actuellement en cours pour récupérer cette pierre précieuse du ceinturon des beys du trône ».

 

Par ailleurs, un effort considérable est fait pour lutter contre le trafic illicite des pièces archéologiques. Environ 4 mille saisies ont été effectuées depuis 2011 à ce jour. C’est le résultat d’une collaboration « serrée » entre la douane, le ministère de la Justice et la police judiciaire, indique la responsable. « De plus, ajoute-t-elle, un officier détaché du ministère de l’Intérieur nous aide efficacement dans ce sens. Sa mission consiste à mettre en place un programme sécuritaire pour la protection des monuments et sites archéologiques. Il intervient aussi, sur notre demande, en cas de besoin ».

 

Cependant, et malgré la sincère volonté de tous les intervenants, il est difficile, selon notre interlocutrice, d’assurer une protection hermétique de ces lieux. La Tunisie regorge, en effet, de 40 mille sites historiques et archéologiques. D’autant plus que certains sont la propriété de privés ce qui complique davantage les choses et fait que ces derniers ne peuvent toujours être délimités.   L’INP dispose d’un budget pour acquérir ces terrains, mais la procédure est longue et dure, des fois, cinq ou six ans notamment quand l’affaire devient du ressort des tribunaux à cause d’un litige sur le prix. « Dans bien des situations, le propriétaire n’accepte pas l’offre que nous lui faisons et décide de saisir la justice. Cela fait rallonger les délais vu le temps que ça prend entre la première instance et l’appel », fait-elle remarquer.

 

Abordant toujours la question des sites archéologiques, la directrice de l'inventaire général et de la recherche nous précise que l’institut a procédé à la délimitation de six grands sites, à savoir : Carthage, Kerkouane, la Médina de Tunis, la Médina de Sousse, le village de Sidi Bou Saïd et le parc du Belvédère. « Ce qui est un pas considérable en prévision des plans de protection, de sauvegarde et de mise en valeur de ces lieux », a-t-elle affirmé.

 

Interrogée sur le changement de vocation de quelques terrains archéologiques à Carthage, sous Ben Ali, afin de pouvoir construire par la suite des bâtiments, la responsable a répondu qu’un décret émis en 2011 avait procédé au reclassement de l’ensemble de ces parcelles qui ont été déclassées antérieurement. Elle ajoute qu’une commission regroupant plusieurs ministères et experts planche sur ce dossier.

 

Le trafic illégal des biens culturels n’est pas particulier à la Tunisie. Il existe partout, au nord comme au sud. Ce trafic juteux se développe à vitesse grand V, notamment en ces temps de guerre et de chaos au Moyen-Orient où l’organisation terroriste, l’Etat islamique (Daech) finance, en partie ses combats, avec l’argent des antiquités qu’elle vend à des réseaux mafieux présents, en particulier, en Europe.

 

Consciente que la lutte contre ce genre de trafic ne se fait pas en solo, la Tunisie a signé en 1974 la convention de l’UNESCO sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels. Elle s’apprête aujourd’hui à signer la convention UNIDROIT de 1995. Celle-ci fait actuellement l’objet d’un examen par l’ARP. Ces conventions ont l’avantage de permettre aux pays signataires d’enregistrer des plaintes quand il s’agit de trafic illicite à l’étranger.

 

Elyes Zammit

 

17/01/2016 | 15:58
5 min
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Commentaires (11)

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Nourbr
| 18-01-2016 23:31
Ààa ah! Merci d'avoir insisté sur ce patrimoine oublié délabrer tomber en ruine à savoir les palais de la monarchie tunisienne c'est comme rien ne c'est passé de cette époque tunisienne d'avant la republique c'est pourtant d'un patrimoine de la nation tunisienne qu'il s'agit bien de préserver en mémoire de notre patrie partie prenante de notre identité tunisienne
"u dans les premières années de l'indépendance. C'est notamment le cas des joyaux beylicaux. A cette époque-là, il n'y avait pas encore de législation nationale opposable. Pour la plupart de ces pièces, les ventes s'opèrent, aujourd'hui, par le biais des héritiers », a-t-elle expliqué." bien que nous avons tournée la page nous avons négligé de faire de ces palais des musées de cette époque arabophone andalouse aux marques tunisiennes comme ce qui a été réaliser pour ces époques Carthaginoises, Romaines......moralité : c'est une bonne initiative de la part de la famille de faire faite voyager un patrimoine que le pays et les responsable négligent belle et bien! On n'est presque dès incapables de faire suivre ce patrimoine qui nous appartient....Vous savez qu'il existe au musee de Brokline à New York une salle de + de 80 sur la ville de Hammamlif et son patrimoine archéologique....bien à vous.


rzouga
| 18-01-2016 15:43
Notre pays est un véritable musée à ciel ouvert.A la venue de l'indépendance les nouveaux programmes des 2 colosses: Messieurs feu Messadi et C.Klibi nous ont révélé le début de notre Histoire restée jusque là totalement inconnue; les petits écoliers de 1958, pieds nus, poussiéreux et crasseux découvraient pour la première fois des noms barbares et des histoires fantastiques sur Hannibal, Alyssa, Carthage punique et ses richesses fabuleuses,les guerres puniques contre la Rome qui montait inexorablement; c'étaient formidable pour ces gamins...Ensuite et malgré le peu de moyens dont disposait le pays à cette époque, les sites archéologiques connus ont été protégés et des gardiens lions recrutés des même lieux que les sites, veillaient au grain, de jour comme de nuit, pour sauvegarder ce patrimoine témoin de notre identité et dont la plupart d'entre nous tout comme nos aïeux, ignoraient la valeur après des siècles de traversée du désert.
Ensuite le temps s'est écoulé, les priorités ont changé, et par le trop de laxisme, notre identité commençait a s'effriter et notre patrimoine avec elle, puis l'impensable s'est produit: on a vu pousser des constructions anarchiques sur les ruines millénaires même protégés par l'UNESCO ou non d'ailleurs (je cite par ex le site de Carthage,ou le site punique de Thapsus (Sahel) où César a délivré sa dernière bataille décisive contre son rival Pompée), on a vu nos pièces archéologiques de valeur quitter le territoire illicitement; on a vu voler les musées, abîmer des pièces et les sites... Certains voyaient de bon oeil cet effritement et cette an-alphabétisation de masse car cela va dans le sens de leur aspiration: gommer une fois pour toute notre identité encrée en méditerranée et plusieurs fois millénaire pour nous la troquer définitivement par une autre importée des sables brûlants du désert d'arabie.

tunisien d adoption
| 18-01-2016 11:12
excellent commentaire de nephentes rien a rajouter tel est la réalité des fait dans ce beau petit pays si riche passé ou malheureusement l inculture règne depuis des decenies

Nephentes
| 18-01-2016 09:19
Ce pillage de nos trésors archéologiques et de notre patrimoine historique,qui fut particulièrement brillant,pour des motifs exclusivement pécuniaires,illustre très bien l'état de de décadence et de sauvagerie actuels de la majorité du peuple tunisien.

Le terme 'sauvagerie" n'est pas utilisé ici à titre de provocation. Furent autrefois désignées comme "sauvages" toute population vivant hors de la Civilisation.

Et très précisément la grande majorité des tunisiennes et tunisiens "vivent" ignares et béats,tel un troupeau de bovins, totalement inconscients des différentes strates civilisationnelles qui ont édifié cette Nation.

le vol des ruines romaines ou des insignes beylicaux pour leur vente à des collectionneurs occidentaux témoigne de l'indifférence complète voire du rejet de de notre mémoire et donc de la Tunisie.

Ce type de comportement caractéristique de la population bédouine, désormais majoritaire en Tunisie, constitue une menace mortelle pour la survie de l'identité tunisienne.

Peut on en effet accorder la nationalité tunisienne à des hordes beaucoup plus soucieuses de ripailles agrémentées par les bêlements de mezzéoudias qu'à la compréhension et préservation d'un patrimoine exceptionnel auquel ils se sentent totalement étrangers ?

S'effectue ainsi depuis plus de trente ans,, sous nos yeux éberlués, la destruction de la mémoire et de l'identité collective d'une Nation autrefois parmi les plus brillantes au monde.

DHEJ
| 18-01-2016 08:53
Tu as une idée sur les lois qui punissent les fouilles illégales et le commerce des objets archéologiques???

pseudo
| 17-01-2016 20:49
Utique et tout le Nord de la Tunisie;quand au Musee du Bardo le portique ne fonctionne pas et on y entre comme dans un moulin apres l 'attentat

Citoyen_H
| 17-01-2016 19:23

Étant donné que nous sommes un peuple de traitres affamés congénitaux, pourquoi s'attendre à mieux.
On vendrait père, mère et enfants pour du flouss.
Demandez cela aux résidents de montplaisir, ce sont des experts dans le domaine du patriotisme.

Gardien
| 17-01-2016 19:10
Combien de temps il existeront encore quand on ne fait pas enfin fini Avec le soutien de l'Ennahda des extrémistes islamiste et les prêcheurs de la haine?
Regardez ce qu'ils ont fait dans les autres pays!!!!!

3ABROUD
| 17-01-2016 17:50
L'A. a comme source d'information une personne qu'il nomme "notre interlocutrice". Ils sont tous les deux complices et protègent les voleurs. Alors, il ne faut pas en vouloir aux hauts cadres de l'Etat ou à ceux de l'INP qui en savent des choses ! Quand on fait une visite au musée du Louvre ou au British Museum, nous sommes soulagés (!). Le patrimoine arabo-musulman qui y existe nous renseigne sur la qualité de conservation dans les différents pays d'origine. Allons-nous confier notre histoire à ceux qui en apprécie la valeur ?

Adnène
| 17-01-2016 17:42
Si vous avez des informations sures et véridiques sur ces délits portez les à la justice, à la police à une institution qui peut réparer un peu les dégâts que font les trafiquants.