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Ôtez vos mains de notre diplomatie
28/04/2015 | 14:51
3 min
Ôtez vos mains de notre diplomatie

Par Borhene El Kamel*

C'est indigne de voir des partis politiques se targuer d'avoir présenté au Chef du Gouvernement des listes de leurs adhérents susceptibles d'être nommés à la tète des missions diplomatiques et consulaires à l'étranger. Pendant que vous y êtes, vous n'aurez pas aussi des politiciens à proposer pour devenir médecins ou pilotes d'avion?

 

Quand est ce qu'on va comprendre une fois pour toute que la diplomatie est un métier et une technique qu'on acquiert après des années et des années de pratique au ministère des Affaires Étrangères et dans les postes diplomatiques et consulaires à l'étranger, après une minutieuse sélection parmi les diplômés du supérieur et une formation adéquate à cet art ?

 

Aspirer à diriger un poste diplomatique à l'étranger et avoir le titre d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, représenter fièrement et parler au nom de la Tunisie dans le monde, n'est pas donné à n'importe qui, même parmi les diplomates de carrière. Que dire alors des nouveaux politiciens, qui au bout de quelques années ou même des mois en tant qu'adhérents d'un parti politique «attrapent la folie des grandeurs» et revendiquent ouvertement ce privilège. Cette haute responsabilité est censée être le couronnement d'une longue carrière d'une élite parmi les diplomates, ou confiée exceptionnellement à des personnalités, qui disposent d'un aura international et capables d'apporter vraiment le plus, pour accomplir une mission particulière bien déterminée dans l'espace et le temps, qu'un diplomate de carrière ne pourra apporter.

 

Le ministre des Affaires Étrangères a pourtant été clair en affirmant que la règle c'est la nomination de Chefs de missions diplomatiques et consulaires, parmi les diplomates de carrière, l'exception c'est des personnalités en dehors du corps, mais pour cela il faudra bien trouver cette personne exceptionnelle qui apportera ce plus, qui fait défaut parmi les diplomates de carrière.

 

La diplomatie tunisienne, sous Ben Ali et même sous la troïka, a longtemps souffert des nominations partisanes qui ont grandement nui à l'image de notre pays et à celle de notre diplomatie.

 

Jusqu'à ce jour plusieurs tunisiens résidant à l'étranger ne veulent avoir aucune relation avec leurs ambassades, justement à cause des pratiques méprisantes, douteuses et non professionnelles de certains ambassadeurs de l'ère Ben Ali, qui ignorent les ABC du métier.

 

C'est là le principal tort qu'a fait Ben Ali à la diplomatie tunisienne, lui qui avait une aversion envers les diplomates, parce qu'il n'a jamais pu l'être. Et maintenant après la révolution de la dignité et après que la Tunisie a commencé à trouver la place qui est la sienne, parmi les pays tolérants, démocratiques et respectueux des droits de la personne, ces pseudo politiciens veulent recourir à ces pratiques d'un autre âge.

 

Du temps où M. Béji Caïd Essebsi était chef du Gouvernement, le mouvement diplomatique n'a concerné que des diplomates de carrière, à une exception prés. Ces chefs de postes se sont avérés être de dignes représentants de notre pays, y compris l'ambassadeur non carriériste qui a vraiment fait de l'excellent travail et a été chaleureusement décoré et honoré par le chef de l'État du pays hôte, au moment de son rappel précipité vers Tunis.

 

Aussi, je demeure optimiste, parce que tous les responsables de la diplomatie tunisienne et à leur tête le président de la République semblent partager cette opinion, défendue farouchement non seulement par tous les diplomates, mais aussi par tous ceux qui aspirent à voir la Tunisie d'aujourd'hui dignement représentée par des diplomates professionnels, neutres et apolitiques, mais aussi compétents et talentueux.

 

Le vrai salut pour notre pays c'est la neutralité de l'administration en général et tout particulièrement la diplomatie, tout comme l'armée et les forces de sécurité nationale.

 

Alors de grâce, ôtez vos mains de notre diplomatie et laisser faire les experts.

 

*Ministre Plénipotentiaire et Chef de Mission Adjoint à l'Ambassade de Tunisie à Ottawa

28/04/2015 | 14:51
3 min
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Commentaires (16)

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Lotfi Mahfoudhi
| 28-04-2016 21:34
Je suis de l'avis que chaque professionnel doit défendre sa profession. Néanmoins, tant de professions en Tunisie connaissent un manque de vrais professionnels. Je pourrais parler de la profession des traducteurs. Les meilleurs traducteurs sur l marché Tunisien, ne sont pas des diplômés de hautes écoles de traduction ni dans le monde ni en Tunisie. Dans la diplomatie idem. J'ai connu des diplomates (ambassadeurs et consuls) dans des pays européens et autre qui ne sont pas capables de formuler une phrase dans la langue du pays, ou ils sont accrédités. De ce fait, comment devrions-nous réagir ?? Est-ce qu'on devrait juger les diplomates sur leurs missions, même ceux qui appartiennent à la catégorie de ''''' ''''' et une voiture FCR à la fin de la carrière ?? Ou dire que notre pays est génératrice de compétences et placer l'homme/la femme adéquat/e au poste adéquat '' '''''' '''''''. ''''''' ''''' / '''''''' ''''''
C'est difficile dans l'état actuel des choses dans notre pays de pouvoir trancher.
Je suis traducteur et interprète de formation. J'ai étudié en Tunisie, en Allemagne, et en Italie et fait des stages dans plusieurs pays européens, aux USA'..Aujourd'hui je me vois l'ambassadeur le plus adéquat pour représenter mon pays, diplomatiquement, économiquement (je suis traducteur spécialisé en économie et en commerce infranational) et même socialement, vu que moi-même étais Zmegri en Allemagne et en Italie. Alors ai-je le droit de devenir Ambassadeur ou NON ??
Laissons le droit à coté. Est-ce que Notre Tunisie, ne pourrait pas profiter de mes compétences, malgré que je ne suis pas diplomate de carrière ??
A vous la réponse et le commentaire

Fethi
| 17-05-2015 14:15
Que le corps veut se protéger c'est légitime. Que le corps soit parfait , on est trop loin même. Certains diplomates de carrière n'ont que le titre a faire valoir . Du reste ce sont des gens très ordinaires que nous croisons dans n'importe quelle administration en Tunisie. Au contraire les années d'expatriation n'ont eu aucun effet sur ces gens qui continuent de perpétuer des réflexes et des discours du temps de la diplomatie Beylicale. Certains se portent plus comme gouverneurs en Tunisie que diplomates a l'étranger. Diamant que la Tunisie aura toujours du mal à se faire représenter a l'étranger meme en puisant exclusivement dans le réservoir des diplomates de carrière. Certains ont la carrière mais pas la diplomatie.

khNeji
| 11-05-2015 11:35
Je respecte l'avis de MR Borhane El Kamel mais ce respect ne m'empèche pas de lui dire qu'à mon avis la diplomatie Tunisienne n'était jamais rayonnante et jamais digne de respect.Souvenez vous(par exemple) du discours en Français de Mr BCS au conseil de sécurité suite au raid Israélien sur Hammam Echot

Sali
| 06-05-2015 20:15
Sur le fond, l'auteur a parfaitement raison.
Il ne faut pas que les postes diplomatiques deviennent un enjeu politique pour les uns et pour les autres.
Il y a des partis qui essaient de noyauter les hautes fonctions de l'état pour gagner de l'influence, d'autres cherchent à compenser leurs affiliés qui n'ont pas trouvé place dans le gouvernement, d'autres encore utilisent ces hautes fonctions pour recruter des membres à potentiel politique important, ou pour pantoufler des personnalités pour services rendus.
L'intérêt suprême du pays passe par une professionnalisation et une neutralité poussée de ces hautes fonctions.
Faute de quoi, ce corps diplomatique national se transformerait en "souk et dallel".
Sur la forme, je ne crois pas que l'auteur ait pu transgresser une quelconque règle de réserve, dans la mesure où, il n'appartient ni à la muette (l'armée), ni divulgué des secrets de l'état.
Le ministère des affaires étrangères organise des concours de validation pour passer de grade les candidats et vérifier leur qualité pour ces postes.
La diplomatie nécessite de connaître une foule d'informations sur les conventions internationales, sur les us et coutumes diplomatiques, et même de connaitre un certain "langage" avec des formulations précises pour exprimer un mécontentement ou une approbation réservée.
Ça rappelle le malentendu entre l'ambassadrice américaine April Glaspie et Saddam Hussein qui ne pige mot dans le langage diplomatique, en prenant les mots de l'ambassadrice pour un Accord tacite d'agression contre le Koweït.
Alors, si on commence à faire n'importe quoi, il faudrait demander au MAE de cesser de dépenser l'argent public pour ces concours, et laisser faire le laisser aller.

Amor
| 04-05-2015 22:11
Je rappelle à notre jeune collègue que cette dignité de Chef de Mission Adjoint n'a existé qu'à notre Mission auprès de l'ONU à New York,avec rang d'ambassadeur chef de mission adjoint,assorti d'indemnités conséquentes,pour permettre à son titulaire de faire face au train de vie consécutif à l'activité débordante que connaît ce poste.par ailleurs,cet article et bourré de contradictions. Par opportunisme et pour les besoins de la cause,l'auteur de l'article serait près à être moins intransigeant au sujet d'exceptions consenties au profit d'une catégorie bien déterminée de personnes jouissant des bonnes grâces du maître du moment. Cela n'a rien à voir avec une attitude de principe et de rigueur morale,c'est plutôt de la mesquinerie déguisée en acte d'honneur.

Hamidou
| 03-05-2015 20:49
Si el kamel ( akal wou dine), qui defendez? Votre metier ou votre place. Votre pays ou votre president? Enfin, pourqoi maitenant et pas avant? Cela aura-il une relation avec une ambition, une adpiration à une nomm...tion monsieur Le CHEF DE MISSION ADJOINT. Pauvre de ce pays et pauvre de cette révolution qui a donner envie de polémiquer à tous le monde.

CITOYEN
| 02-05-2015 14:20
pour ce "diplomate " de carrière , helas comme si les diplomates sont plus patriotes que les autres compétences éparpillées partout au sein d'autres départements à l instar de la coopération internationale , le min de l industrie , commerce .... M. le diplomate garder vos pieds sur terre

Hannibal
| 30-04-2015 21:52
Tout à fait d'accord avec vous. La diplomatie aux diplomates. Point à la ligne. Car les nominations, ça commence par soit disant des exceptions pour qu'on se retrouve dans des situations où le fou du coin est nommé ambassadeur car il a des liens personnels avec wild khou moula el bache. A bon entendeur, salut.

Djo
| 29-04-2015 14:10
Avec tout le respect que je vous dois, je pense qu'un fonctionnaire en général et particulièrement lorsqu'il est en exercice, est tenu d'être responsable de l'obligation de réserve (cela ne concerne pas seulement les confidences et secrets professionnels, mais également de s'interférer ou de critiquer publiquement les choix de son autorité de tutelle ou des décisions de son chef hiérarchique (ministre / poste politique).
Autrement, lorsqu'un gouvernement (issu légitimement d'élections démocratiques et qui bénéficie de la confiance du parlement, il serait hasardeux de mettre en doute ses choix politiques (notamment lorsqu'ils sont le résultat d'un consensus).
Certes, c'est tout à fait logique et normal que les postes diplomatiques doivent être affectés à des diplomates de carrière.
Cependant, à toute règle il y a toujours quelques exceptions.
Donc, il est possible, cela ne pose pas de problème constitutionnel ou juridique, que le Chef de l'Etat désigne un grand commis ou un haut cadre ou une éminente personnalité politique ou de la société civile à un poste diplomatique.
Si vous consultez à titre comparatif quelques exemples vous allez remarquer que cette approche existe partout et particulièrement dans les grandes démocraties comme la France, Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni '
Par ailleurs, il serait souhaitable que les deux corps des ambassadeurs et des gouverneurs (indépendants et neutres) soient assurés globalement par des carriéristes à quelques exceptions prés.

JOHN WAYNE
| 29-04-2015 04:02
L'on dit souvent que l'on n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces.
Ce dicton s'applique à moi, JOHN WAYNE, orphelin de Bourguiba et flic de Ben Ali qui grâce a deux gouvernements composés de Présidents et de leurs hommes brillants, a pu jouer avec le monde et protéger une Nation qui sans aucune ressources énergétiques en est arrivée à provoquer et à être qualifiée par ses ennemis de miracle.
Je suis un homme qui pourrait décrire sa vie comme ayant été une cavale perpétuelle sur les avions de Tunis Air ou ma seule mission a été de protéger l'essor de la Nation Tunisienne de ses ennemis sionistes et islamistes en ayant eu comme seules armes mon cerveau de Bourguibiste pragmatique et un passeport Tunisien de couleur bleue.
J'ai côtoyé pendant quatre décennies les diplomates de tous les pays du monde qu'ils soient Américains, Israéliens, Russes, ou Chinois.
La politique internationale est la même puis des décennies et elle a comme tournant dans le monde la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Les puissances coloniales jouent le même jeu machiavélique et odieux depuis que le roi Farouk, grand protégé de Londres et de ses alliés les Frères musulmans, sortait la nuit déguisé dans les rues du Caire afin de courtiser les prostituées qui arpentaient les rives étincelantes du Nile.
Ou quand Mouammar Kadhafi faisait l'admiration des journalistes étrangers, lui qui au lendemain de son coup d'état dormait par terre et avait pour petit déjeuner du lait tiède de chamelle.
Les puissances impérialistes mentent et ont comme but de protéger Israël et d'affaiblir ses ennemis et leur recette est la même depuis un demi-siècle : acheter les traitres des pays Arabes et en faire des pions au service du sionisme international.
Les Arabes sont dans la tempête comme le dirait Masmoudi, mais cet homme que je respecte a oublié de mentionner un simple fait : Ils sont dans la tempête car ils ont tous un prix en dollars.
L'occident impérialiste a toujours agi dans le monde Arabe pour des prétextes et des alibis l'un aussi factice que l'autre depuis le jour ou le Dey d'Alger avait « giflé » le consul de France Deval, jusqu'à l'affaire des armes de destruction massive de Saddam qui « pouvaient atteindre et détruire Washington en 45 minutes ».
Mais de nos jours, Al Qaeda est le plus grand prétexte jamais audacieusement inventé par l'occident. Une organisation terroriste est montée et financée afin qu'elle combatte l'union Soviétique. Une fois cette guerre de Jihad finie, cette nébuleuse sert ensuit de prétexte afin d'intervenir dans le monde Arabe.
Du temps de Ben Ali, les islamistes Tunisiens servaient de victimes à l'interventionnisme Américain.
Une fois Ben Ali parti, ils servent tout d'un coup de prétexte a un interventionnisme Américain en Tunisie et ailleurs car ils sont soudainement non plus des victimes, mais des ennemis de Washington.
Le résultat est le même :
La CIA infiltre et ré-infiltre des pays à travers des traitres salariés qu'ils soient au gouvernement, dans l'armée, ou dans des partis politiques afin de déstabiliser un monde Arabe dont les populations menacent par leur natalité et leur fécondité l'état Hébreux.
Et comme vous le savez, je passe le plus clair de mon temps à lire car le savoir est mon arme en plus de ce magnifique Browning 9mm que m'offrit Bourguiba dans le temps.