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Noureddine Khademi, un imam radical qui se veut modéré
23/08/2015 | 15:59
4 min
Noureddine Khademi, un imam radical qui se veut modéré


 

Depuis son éviction de la mosquée El Fath, Noureddine Khademi mène une campagne acharnée contre Othman Battikh, ministre des Affaires religieuses. Il conteste son limogeage, évoquant l’absence d’une approche disciplinaire progressive et proportionnelle. Mais également, en feignant d’être modéré. Une image que l’imam souhaite renvoyer de lui, mais qui est difficile à gober pour ceux qui connaissent le passif de cet homme.

 

Le 7 août 2015, Noureddine Khademi apprend son limogeage de l’imamat de la mosquée El Fath. Il en a été informé, dit-il, peu de temps après son dernier prêche du vendredi. Le lendemain, il publia l’information sur sa page Facebook avant de contre-attaquer dans les médias.

 

Sur le motif de cette décision, la correspondance du ministère des Affaires religieuses indique que M. Khademi avait permis à une chaine étrangère, en l’occurrence Al Jazeera Mubasher, de filmer la prière d’Aïd El Fitr, sans aviser ni solliciter l’accord du département de tutelle. Critiquant la sanction, l’ancien ministre des Affaires religieuses a qualifié la décision de « hâtive » et de « furieuse ». C’est aussi, à ses yeux, une sanction infondée. Aucune circulaire, d’après ses dires, ne demande à l’imam d’empêcher la transmission des prêches à la télé même en cas d’absence d’une autorisation préalable.

 

Face à cette décision, l’ancien ministre de la Troïka a annoncé qu’il allait riposter en justice, avançant que la sanction était brutale et que la punition aurait dû être progressive. « Elle est de plus contraire aux procédures d’usage et même à l’éthique. C’est indécent de traiter de la sorte une personne qui est imam, professeur universitaire et ancien ministre », a-t-il contesté.

 

Pour gagner la sympathie et le soutien du public qui le suit, l’imam a eu « l’intelligence » de soigner son discours en puisant dans un registre qui ne lui est pas coutumier. Il parle, ainsi, de « liberté de presse » et de « droit à la couverture médiatique ». « Le pays avance dans un processus de plus en plus ancré dans les libertés. Comme on autorise aux médias de couvrir les événements sportifs et politiques, il faut de même autoriser la couverture des cérémonies religieuses », a-t-il dit.

Noureddine Khademi se montre, par ailleurs, attristé qu’on s’occupe de futilités au lieu de concentrer son énergie sur le problème essentiel, à savoir le terrorisme. « Il aurait été de circonstance pour le ministère des Affaires religieuses de rassembler toutes les forces [religieuses] afin de mieux combattre ce fléau», a-t-il déclaré sur Shems Fm. « Malheureusement, au lieu de se focaliser dessus, on débat d’un sujet sans intérêt pour le pays », a-t-il regretté au micro de Saraha Fm.

Usant du même discours, il considère que sa révocation a privé « les sept mille fidèles qui priaient derrière lui d’un imam modéré » et « les Tunisiens d’un discours religieux rassurant et qui  incite à la bienfaisance ». Mais, M. Khademi semble avoir oublié, ou il feint de l’avoir, ses prêches enflammés et ses appels au jihad en Syrie. « Les Ulémas ont crié la vérité : Défendre nos frères syriens est un devoir pour tous les croyants. Celui qui se fait tuer dans cette bataille est un martyr aux yeux d’Allah», a-t-il dit dans un sermon qu’il avait donné en août 2011.

 

Rappelons aussi que Noureddine Khademi avait une sympathie inavouée pour le chef terroriste Seifallah Ben Hassine, alias Abou Iyadh. Interrogé, en 2013, par Hamza Belloumi, sur l’éventuelle arrestation d’Abu Iyadh en Libye, Noureddine Khademi a éludé la question, malgré l’insistance de l’animateur. Il a noyé le poisson pour ne pas avoir à exprimer la moindre opinion sur Abou Iyadh. Sa réponse était loin de choquer, car venant d’un homme qui n’a jamais condamné Ansar Chariâa, ni critiqué la pensée salafiste. On peut aussi se demander d’où cet imam tient son excellente réputation au sein de la communauté des fidèles de la mosquée El Fath, l’un des principaux fiefs salafistes à Tunis, si ce n’est à son radicalisme religieux.

 

Il est difficile de croire Noureddine Khademi sur parole, car à chaque fois les actes contredisent le discours. Vendredi 14 août, la semaine qui a suivi son limogeage, il a tenté, selon un témoignage de Fadhel Achour, secrétaire général du syndicat des cadres des mosquées, de monter, de force, sur le minbar. Un comportement qui dément les qualités de « modéré » et de « personne ayant le sens de l’Etat » que M. Khademi s’attribue à tort et ressasse, sans scrupule, dans les médias. Il était flanqué de ses partisans qui lui assuraient protection et assistance, toujours selon M. Achour. « Ce vendredi-là, l’appel à la prière n’a pas été fait. Ce qui amène à penser que le personnel de la mosquée était de mèche avec l’ancien ministre », a-t-il ajouté.

 

L’appel au jihad, la non-condamnation d’Abu Iyadh, le coup de force à la mosquée El Fath sont suffisants pour juger que cet imam n’est pas digne de son poste. Tout Etat qui se respecte ne peut tolérer de tels dépassements. D’ailleurs, Othman Battikh, l’a bien précisé, dans une déclaration à Shems Fm. « La couverture d’Al Jazeera n’est pas l’unique raison de ce limogeage ». L’imam, pourtant ancien ministre, ne se conformait pas dans ses prêches à la ligne tracée par le ministère de tutelle. « Les fidèles vont à la mosquée pour écouter la parole de Dieu et non pour se faire du stress ou entendre l’imam étaler ses différends avec le ministère », a-t-il indiqué.

 

Elyes ZAMMIT

 

23/08/2015 | 15:59
4 min
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Commentaires (21)

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abouali
| 24-08-2015 15:46
Je retiens les propos du ministre "on ne va pas dans les mosquées pour se faire du stress" car c'est exactement ce que l'on ressent aujourd'hui lorsque l'on écoute les prêches de la plupart des imams. Car à défaut d'être sensiblement provocateurs et incitateurs à la haine envers ceux qui n'épousent pas les thèses salafistes, certains de ces discours sont démagogiques à outrance et prétentieux dans leur contenu, puisqu'ils véhiculent de soi-disant leçons sur le mode de vie que nous serions tenus d'observer. Pourtant, la mission de ces prédicateurs est seulement d'expliquer l'Islam et le Saint Coran, et c'est aux fidèles de choisir leur voie. Pour ma part j'ai fini par déserter ces lieux supposés être de culte, et je n'assiste plus aux prières du vendredi. Car je considère que ma relation à Dieu le Tout Puissant est personnelle et ne doit pas être infléchie par une quelconque intervention humaine, y compris celle d'un imam.

1/raisonnable
| 24-08-2015 15:18
Il faut faire de même aux autres bandits de la religion, pour qu'il sachent néanmoins qu'ils ne sont pas au dessus de la loi. Outre que d'être limogé il faut le traduire devant les juridiction pour outrage et incitation à la haine et au terrorisme

MFH
| 24-08-2015 12:30
Il a trop fait de mal au pays, on aurait du l'emprisonner pas le limoger.

librexp
| 24-08-2015 10:56
mais conteste ma procédure et le motif. Encore un commerçant malin. Il faut êtr rusé pour coincer ces microbes

ARDURE
| 24-08-2015 09:54
Mais il y a pleins de trésors intéressants à remuer, alors pourquoi s'occuper des bas fonds et des minables !!!

BHN
| 24-08-2015 09:53
Même les égorgeurs de DAECH vous diront qu'ils sont "modérés" et que si ils égorgent, massacrent, tuent... "c'est pour le bien de l'humanité et de l'Islam"
Celà s'applique donc à Nouredinne Khademi, ce sinistre personnage qui a participé à l'ex filtration du terroriste Abou Ayadh de la Mosquée El Fath jusqu'en en Libye

averroes
| 24-08-2015 06:29
Il faut surtout se souvenir que ce type a ete nommé ministre par ennahda. les islamistes n'ont jamais ete modéré et ne le seront jamais. Ils n'ont qu'un dessein le califat en Tunisie. La lutte contre l'islamisme doit s'intensifier.

dadilesage
| 24-08-2015 01:58
Ce monsieur est un danger pour la Republique.Il faut le surveiller de pres.Il e pourra jamais obtenir de visa pour entrer dans mon autre cher pays les Etats -Unis d'Amerique. Il est tout simplement le Parrain du terrorisme et de l'extremisme dans mon premier pays la Tunisie.C'est un lache et un menteur,comme tous les autres extremistes de son genre.

samth
| 23-08-2015 22:36
Bravo pour ces proses , le texte est dur mais il passe comme une poésie , bravo alik

letunisie ancien fonctionnaire international
| 23-08-2015 21:36
Ce monsieur est surement victime de son parcours catastrophique. Personne ne l'a envoye en Arabie Saoudite pour l'apprentissage du wahabisme dont il veut nous imposer l'enseignement. Dans notre pays, il y a des ecoles connues et reconnues par dela les frontieres. On a des bons imams tres pieux et tolerant, on n'a pas besoin de monsieur Khademi comme imam, on peut facilement s'en passer. Quand j'etais petit et frequentant l'ecole coranique, les imams m'ont toujours appris la tolerance et l'amour des autres. Aujourd'hui, on les a surement ecarte au profit des manipulateurs nahdhaoui. Ces imams manipulent des pauvres gens et leur font le lavage du cerveau pour les envoyer mourir dans des pays lointains qui n'ont aucun rapport avec notre civilisation. Ceux qui reviennent de ces pays, ils sement la terreur et destabilisent notre pays.
Est-ce que messieurs Khadhemi, Lareyadh, Ellouse, Chourou, Jebeli et les autres nahdhaoui envoient leurs enfants dans ces pays ? bien sur que non, leurs enfants sont tres precieux pour eux. On expose pas les enfants nahdhaoui aux dangers.
Franchement notre pays merite beaucoup mieux que monsieur Khademi, Laryedh et consors.