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Nos futurs députés ont du pain sur la planche !
26/10/2014 | 1
min
Nos futurs députés ont du pain sur la planche !
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D’un quartier à l’autre, dans les différentes villes tunisiennes, l’on sent une ambiance particulière, en ce dimanche 26 octobre 2014, jour de vote pour les législatives en Tunisie. A midi passée, dans les différents bureaux de vote visités par Business News, on nous signale plus de 50% de votants parmi les électeurs inscrits sur les différentes listes. Euphorie générale, optimiste des citoyens et crispation dans les bureaux de vote, pour des électeurs relativement « novices » et un encadrement néophyte, mais se voulant, tout de même, professionnel et rigoureux.

A l’école Sadiki, centre de vote dépendant de la circonscription Tunis 1, devant les salles de classe converties, durant la journée, pour usage citoyen, il y a peu de monde : une dizaine de personnes devant chaque salle. Interrogée par Business News, une personne âgée nous déclare « j’ai voté en 2011 et j’ai tenu à être présente, en ce jour, pour exprimer mon choix ». A la question visant à savoir si elle avait bénéficié d’aide à l’isoloir, elle nous lâche en partant « J’ai mis une croix, au hasard, devant une des cases ». Conscience citoyenne, mais manque de discernement quant au détail de l’acte électoral ou intelligence d’une dame âgée cherchant à dissimuler son choix ? Qu’importe ! Cette octogénaire et beaucoup d’autres de sa génération étaient présents devant les bureaux de vote, conscients que la Tunisie a besoin de leur avis en ce jour. Couffins remplis des courses du dimanche à la main, certains semblent un peu perdus, ne connaissant pas leurs numéros ou cherchant le bon bureau. Les différents observateurs présents sur les lieux de vote portent secours aux plus perdus, au moyen de réelle recherche ou d’un simple mot de réconfort.

A quelques mètres de l’entrée de l’école, un jeune homme, se présentant comme sociologue à L’IRMC (centre de Recherche en Sciences humaines et sociales à vocation régionale placé sous la tutelle du ministère français des Affaires étrangères et européennes, du ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS)), effectue un questionnaire à la sortie de l’urne. L’organisme effectue, comme il nous le révèlera, une étude sur le processus électoral visant à mesurer l’indice de satisfaction des citoyens par rapport à la classe politique et au contexte général en Tunisie.
Non loin de là, c’est dans un quartier populaire de Tunis où l’on votera pour les listes de Tunis 2 que nous nous sommes rendus. A l’école de Borj Sebaï à Djebel Lahmar, le responsable du centre de vote a accouru vers nous, pour nous dire qu’un journaliste venait d’être mis à la porte pour avoir discuté avec les citoyens. A celui à qui nous avons rappelé que la limite entre la discussion cordiale et l’intimidation est infime, nous avons fini par poser quelques questions. On saura ainsi qu’outre le nombre important de votants ayant afflué assez tôt aux quatre bureaux prévus pour le vote, des problèmes ont été rencontrés notamment dans la liaison avec l’ISIE.

On nous a rapporté en effet, que les responsables du centre n’ont pas eu de téléphone, comme cela était prévu pour leur faciliter le contact avec l’instance mère. Lorsqu’ils ont été confrontés à des litiges, ceux-là ont dû utiliser leurs téléphones personnels à partir desquels l’accès à la plateforme de vérification est limité et bloqué au bout d’un certain nombre de tentatives, nous dira notre interlocuteur. La présence de responsables de l’ISIE, de passage d’un centre à l’autre n’est pas suffisante, nous confiera-t-on. Interrogés quant aux litiges rencontrés, on nous rapportera les cas de personnes ne se trouvant pas sur les listes et le cas d’autres venues à un centre et s’avérant inscrites dans un autre. « Nous rencontrons les mêmes problèmes que ceux révélés lors du vote des Tunisiens de l’étranger. Pour y faire face nous manquons de moyens et l’ISIE ne répond plus à nos appels », révèle le responsable d’un bureau de vote.

A deux kilomètres seulement de Djebel Lahmar, l’école Le Beau Site à Mutuelleville. Un citoyen nous aborde dans les environs du centre de vote. « Ce vote nous y croyons. Cependant même si cela se passe bien dans les quartiers bourgeois de Tunis, il y a une crainte par rapport au vote des les zones de l’intérieur », nous avouera-t-il. A l’intérieur de l’école, l’ambiance est moins tendue et l’accueil est courtois. Les chiffres sont quasiment les mêmes et la tendance tend vers un vote de plus de 50% à la moitié de la journée avec une affluence en nombre aux heures d’ouverture.

A l’école Menzah 7, relevant de l’Ariana, l’ambiance est plus jeune. Nous y rencontrerons ceux qui s’avoueront être des lèves-tard, venus après une grasse matinée, voter en groupe. Nous y rencontrerons aussi Fadhel Moussa, tête de liste de L’UPT sur la circonscription de l’Ariana.
Le leader de l’UPT nous a rapporté les problèmes rencontrés par les observateurs de son parti, restés sans badges jusqu’à quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote et ceux auxquels il a fallu, dans la nuit, envoyer les badges pour qu’ils puissent superviser les élections dans les régions de l’intérieur. M. Moussa a ainsi déploré un manque d’organisation flagrant de l’ISIE, mais a exprimé son optimisme quant aux résultats. « Nous pensons que ces élections seront représentatives de la majorité, une majorité qui n’est incontestablement pas la même qu’en 2011 », nous déclarera-t-il.

Quant à l’éventuelle alliance avec Nidaa Tounes, déjà annoncée par Béji Caïed Essebsi, Fadhel Moussa voit ce « louvoiement » comme une manière de rassembler les démocrates, loin de toute notion de vote de cœur ou de raison, évoquée par un citoyen qui l’a abordé à la sortie de l’urne.
Tout en restant à l’Ariana, notre tournée s’est poursuivie dans un détour méconnu de l’avenue Hédi Nouira à Ennasr. C’est à l’école Borj Ettorki que nous nous sommes rendus afin de recueillir impressions et informations. Un centre de vote ne comprenant qu’un unique bureau censé accueillir 400 inscrits. « Nous en sommes à la moitié des votants potentiels, aux alentours de 13 heures, des citoyens venant du quartier d’Ennasr, mais aussi du quartier populaire de Borj Ettorki, situé en contrebas de l’avenue Hédi Nouira ».

D’un centre de vote à l’autre, des quartiers bourgeois tels Mutuelleville, El Menzah, Ennasr, aux quartiers populaires et pourtant limitrophes de Borj Ettorki ou de Djebel Lahmar, la présence du corps sécuritaire est la même : discrète mais imposante. En civils munis de badges pour l’occasion, ils assurent la sécurité au sein des centres mais aussi à l’extérieur. Intervenant aux moindres détails, même ceux relatifs au stationnement des véhicules des citoyens venus voter. Egalement présents en nombre, les observateurs de différents bords, représentants de partis et d’associations. Ils veillent, à l’intérieur des salles, sur le processus électoral guettant le moindre écart. « Je suis là depuis 6 heures du matin, je suis fatiguée, j’ai faim et j’ai soif, mais je fais mon devoir de citoyenne », nous déclarera une observatrice assise en face des isoloirs.

A notre sortie, et pour le bonheur de cette observatrice, nous rencontrerons le convoi qui arrive, « tout droit d’un traiteur d’Ennasr » (nous dira-t-on) : A bord d’un taxi collectif, l’ISIE envoie ainsi le déjeuner des différents collaborateurs. Dans d’autres centres, c’est un sachet garnis de denrées qui a été distribué pour les besoins. L’intendance ne doit pas être chose aisée pour le nombre conséquent de coordinateurs. Elle est à l’image de la cuisine interne à l’ISIE qui doit être en ébullition à l’heure qu’il est. Il en sera ainsi durant au moins 24 heures !

De Tunis 1, Tunis 2, à l’Ariana, l’ambiance est similaire : un esprit de fête règne dans les rues de nos villes. Klaxons pour dire que le devoir est accompli, drapeaux à la main, brandis de l’extérieur des voitures ou accrochés aux fenêtres, les Tunisiens manifestent, chacun à sa manière, l’enthousiasme de ce second vote d’après –révolution. Une occasion, pour beaucoup, de visiter son école de quartier, celles de quartiers oubliés par le système ou encore celles signifiant le décalage entre l’étiquette portée par les quartiers résidentiels de la capitale et l’état des écoles publiques qui y sont implantées. Nos futurs représentants à l’Assemblée nationale en cours de constitution ont du pain sur la planche !


Inès Oueslati

26/10/2014 | 1
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