Nidaa 4 ans déjà. De quel bilan peut-il se prévaloir?
Par Karim Baklouti Barketallah
Voilà 4 ans, un certain 16 juin 2012, suite a la débâcle électorale d'octobre 2011, que naquit Nidaa Tounes. Un parti bâti autour d’un homme, pour combattre, disions-nous à l’époque, l’obscurantisme de Ennahdha et l’incompétence de la troïka à conduire les affaires du pays.
Autour d’un homme, des femmes (surtout) et des hommes, ont occupé les rues, sillonné le pays afin de se dresser contre un parti islamiste qui utilisait tous les moyens d’intimidation afin de garder le pouvoir. Des charlatans venant de contrées jusque-la inconnues pour nous, des ligues « de protection de la révolution » usant de violences verbales et physiques allant jusqu'à commettre l’assassinat de Lotfi Naguedh, d’un discours haineux dans les mosquées et sur les plateaux de télé, sans oublier l’endoctrinement et l’envoi de nos jeunes pour combattre en Syrie et détruire un pays souverain
Ils se sont attaqués aux acquis du code du statut du personnel et ont été jusqu'à renier le drapeau national qu’ils arborent aujourd’hui de façon hypocrite à toutes leurs manifestations et réunions publiques. Ils ont tenté d’imposer la charia et d’autres concepts qui mettaient en péril les acquis de la Tunisie Bourguibienne dans une constitution signée un certain 1er juin par leur pantin de l’époque, Mustapha Ben Jaâfar entouré des faucons de Ennahdha et du CPR.
Un cocktail tellement dangereux pour une société qui se voulait moderniste, que le discours et la personnalité de Béji Caïd Essebsi, issu directement de l’école bourguibienne avec lequel il a travaillé plusieurs décades durant, ont été rassembleurs pour tous ceux qui craignaient le basculement de la Tunisie dans l’islamisation.
Octobre 2014, ce rassemblement venu de tous bords, gagne les deux élections législatives et présidentielles grâce au vote utile.
Béji Caïd Essebsi parti à Carthage, et le parti n’ayant jamais tenu de congrès, ni n’ayant jamais eu une organisation quelconque, rentra dans des conflits interminables. Conflits dont l’un des principaux protagonistes a toujours été Hafedh Caïd Essebsi qui n’a cessé de remettre en cause toute organisation du parti qui ne lui était pas favorable
Le 16 juin 2016, le parti a soufflé sa 4eme bougie !
4 bougies et un reniement total des engagements pris vis à vis de nos électeurs, reniement qui a conduit le parti à une alliance contre nature contre l’ennemi d’hier, ennemi qui considérait Nidaa plus dangereux que les salafistes, qui avait des partisans qui ont tué Lotfi Nagdh et sur lequel pèsent des soupçons quant à l’assassinat de Chokri Belaïd
Si les résultats électoraux ont imposé que les deux partis forment ensemble le gouvernement, la compromission a été poussée à son comble, jusqu'à imaginer la possibilité de faire des listes communes aux prochaines élections municipales.
Ce parti qui avait fait rêver des centaines de milliers de Tunisiens célèbre aujourd’hui son anniversaire dans l'indifférence totale, que dis-je, dans le mépris.
Un parti qui a été bâti sur un rêve d'une Tunisie débarrassée d'une troïka incompétente et dangereuse, se trouve aujourd'hui au pouvoir défiant la Troïka par son incapacité à sortir le pays d'une crise de plus en plus menaçante pour le pays.
La plupart de ceux qui ont fait Nidaa hier, se retrouvent aujourd'hui en dehors du parti, observant des têtes jamais vues auparavant, fêter un anniversaire honteux tellement le bilan est négatif et odieux.
De quel bilan peuvent se prévaloir aujourd'hui ceux qui arborent fièrement le chiffre 4, anniversaire du parti?
Des conflits interminables conduits par des personnes tout autant impopulaires que gerbantes ?
Certes, quelques ministres de Nidaa à l'instar de Youssef Chahed, Neji Jelloul, Saïd Aïdi ou encore Selim Azzabi à la Présidence, font de leur mieux pour que leur mission réussisse, mais ils n'ont aucun support de leur parti, bien davantage préoccupé par la lutte pour le pouvoir et l'allégeance la plus soutenue à Ennahdha.
Malgré sa totale désintégration, ce parti demeure le premier dans les sondages car son brand name demeure fort et que dans le mental des gens, ce parti est celui de Béji Caïd Essebsi.
Les élections municipales sont à nos portes, et s'il n'y a pas de sursaut, nous allons droit vers la prise en main du pays, dans le contact direct avec le citoyen, par le parti qui a su décomposer la société tunisienne et profiter du désarroi qui existe chez son ennemi d'hier.
S'il est indéniable que cette alliance avec Ennahdha est contre nature, s'il est vrai que BCE aurait dû évincer son fils depuis longtemps vu qu'il est la cause de l'ensemble des crises vécues par Nidaa, il n'en demeure pas moins que les résultats des élections ont imposé des choix et que ces choix se devaient d'être assumés au risque de voir un pays déjà fragile, sombrer dans le chaos.
Aujourd'hui, certains, ceux-là mêmes qui ont contribué à faire de certains nidaistes des traîtres au service des islamistes conduisant à l'implosion de Nidaa, sont en train d'intensifier le bras de fer entre Carthage et la Kasba
. L'affaiblissement de Carthage ne servira qu'Ennahdha qui aura ainsi réussi à nous diviser et aller sur du velours aux municipales.
Affaiblir Beji Caïd Essebsi aujourd’hui, c'est achever ce qui nous reste pour nous cimenter et nous conduire vers le néant.
Une majorité présidentielle se met petit à petit en place.
Elle réunira tous ceux qui ont supporté la candidature de BCE et c'est dans ce sens que nous devons aller.