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Municipales - La déconvenue de l’Union civile
10/05/2018 | 19:59
5 min
Municipales - La déconvenue de l’Union civile

Aux déceptions de Nidaa de Harak ou du Front populaire, vient s’ajouter celle de l’Union civile. Une coalition de partis qui avait suscité de l’espoir sur la scène politique tunisienne et certains évoquaient déjà la possibilité de maintenir cette alliance à d’autres échéances électorales. Les résultats des élections municipales mettent sérieusement à mal cette option et font même regretter à certains ce choix. Analyse d’un crash.

 

Nous sommes le 23 janvier 2018, l’Union civile est annoncée en grande pompe et est présentée comme la coalition de 11 partis pour se présenter aux élections municipales sur des listes communes. Il s’agit de Afek Tounes, Al Badil, Al Joumhouri, le mouvement démocrate, le parti du travail patriotique et démocratique, la Rencontre démocratique, Al Moubadara, Al Massar, Al Mostakbal, Machrouû Tounes et Tounes Awalan.

Deux grands défis se posaient déjà à cette alliance : le premier est de remporter un maximum de municipalités sur les 48 circonscriptions comptant des listes de l’Union civile. Le deuxième est de parvenir à incarner une alternative crédible au duo au pouvoir Nidaa-Ennahdha. C’était les objectifs affichés par l’Union civile lors de sa création. Aujourd’hui que les résultats de ces élections sont tombés, force est de constater qu’aucun des deux objectifs n’a été atteint, loin de là. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet échec et probablement condamner, d’ores-et-déjà, à mort cette expérience de coalition. 

 

La première raison, et certainement la plus évidente, est la bataille d’égos entre les différentes composantes de cette alliance qui s’est avérée précaire. Mohsen Marzouk, Mehdi Jomâa, Yassine Brahim, Ridha Belhaj et les autres n’ont pas laissé de place à cette union pour exister vis-à-vis de leurs propres partis. D’ailleurs, aucun d’eux n’a affiché un soutien clair aux listes de l’Union civile durant la campagne, exception faite de Yassine Brahim qui a pris cette peine durant nombre de déplacements dans les régions du pays. Ce qui amène vers une autre raison pouvant expliquer l’échec électoral de cette alliance : le fait que la majorité des partis qui la composent présentaient, en même temps, leurs propres listes sur d’autres circonscriptions. L’effort des partis était tourné vers la promotion de leurs propres listes. Dans une configuration de difficulté financière pour plusieurs partis en plus des taux d’abstention annoncés, les têtes de pont de cette coalition qui avaient suscité l’espoir à la création ont préféré défendre leurs drapeaux partisans et ne se sont impliqués que de très loin dans la campagne des listes de l’Union civile. Ceci semble être de bonne guerre et il s’agit de l’une des réserves exprimées par plusieurs analystes politiques dès la création de cette alliance électorale.

 

Par ailleurs, l’Union civile n’a pas pu s’imposer dans le paysage politique et faire connaitre sa « marque » auprès d’éventuels électeurs. Il faut d’abord noter que cette union est née fin janvier pour concourir à des élections locales en mai, un délai de trois mois pour s’imposer, pour exister et pour atteindre des électeurs réfractaires et dégoutés par la chose politique dans son ensemble. A l’exception de Mehdi Rebaï, candidat à Tunis, l’Union civile a peiné à être incarnée, représentée dans l’offre politique faite aux Tunisiens.

A aucun moment l’Union civile n’a pu porter un message innovant et identifiable aux électeurs tunisiens. Les partis Nidaa Tounes et Ennahdha ont joué sur leurs acquis « historiques » et sur un réservoir électoral préexistant même s’il s’est fortement érodé. Le courant démocratique a trouvé un public grâce au fait qu’il a un discours éprouvé de transparence et de lutte contre la corruption en plus du fait qu’il s’agit d’un parti facilement identifiable grâce notamment au couple Abbou et à Ghazi Chaouachi. L’Union civile ne s’est pas distinguée par un discours particulier et s’est contentée de ressasser des généralités dans un contexte électoral frileux et en demande de concret. L'union civile, malgré le capital sympathie avec lequel elle partait, et malgré toutes les difficultés pratiques, n’a pas réussi à se différencier dans l’offre politique.  

 

Finalement, au lieu d’incarner la conjugaison des efforts et des discours des 11 partis qui la composent, l’Union civile est venue s’ajouter à toutes les tentatives ratées de coalition de partis progressistes. Cet échec est venu alimenter le discours des deux forces politiques du pays que sont les islamistes d’Ennahdha et les conservateurs de Nidaa Tounes. Cette énième déconfiture électorale des progressistes réaffirmera, dans le discours de ces deux partis, la croyance selon laquelle ils réalisent à eux deux l’équilibre de la scène politique tunisienne. Pire encore, aucun des partis composant l’Union civile n’a pu, par ailleurs, atteindre des résultats notables sur le reste du pays. Ce constat conforte la position de Nidaa Tounes et lui permet de continuer à narguer les partis progressistes. Les jeunes soldats du parti dirigé par Hafedh Caïd Essebsi s’en occupent d’ailleurs à merveille en se permettant de donner des leçons à des personnalités qui ont passé l’équivalent de leurs âges à faire de la politique.

 

Il semble clair que l’expérience de l’Union civile, au moins au niveau des partis, est condamnée et ne sera pas reconduite. Certains avaient même dit qu’il s’agissait d’une expérience mort-née. Les 11 partis qui l’ont composée peuvent aujourd’hui se tourner vers leurs préoccupations purement internes. Afek Tounes devra tirer les leçons de ce scrutin après les frasques qui ont l’ont secoué ces derniers mois, Machrouû Tounes semble être le parti qui a le plus tiré son épingle du jeu des élections municipales, une fusion entre Tounes Awalan et Al Badil Ettounsi est envisagée par les dirigeants des deux partis. Autant dire que ces partis vont continuer à se chercher une place au niveau de l’échiquier politique tunisien. Mais malheureusement, une éventuelle alliance de progressistes s’éloigne de plus en plus tant que les échecs de ce type s’accumuleront.

 

Marouen Achouri

10/05/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (4)

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le berbère
| 11-05-2018 13:27
étant donné que j'ai vécu toute l'histoire de l'évolution de cette horde ,j'ai toujours en moi une idée que ces zarabes ne seront jamais en accord pour développer au moins une simple idée qu'est l'union ,bref la lecture de qques phrases me dégoutte et me rend nerveux ,j'ai remercié dieu qui ne m'a pas guidé vers les urnes et voter des voleurs voire des arnaques de la même race que les nidaistes et les nakbaouis .
TOUS DES PROFITEURS ,TOUS DES VOLEURS BIEN S'?RE AU NOM DE LA D'?MOCRATIE .CES ARNAQUES VONT FAIRE LE COQ AU NOM DES URNES AVEC DEUX TIERS DES TUNISIENS QUI SONT RESTES CHEZ EUX .
M'?ME S . FREUD N'A PAS PU COMPRENDRE LA PSYCHOLOGIE DES ZARABES . C'EST DIFFICILE A LA D'?CHIFFRER ET LA D'?CODER .

Ahmed
| 11-05-2018 08:01
Moi, j'ai voté pour l'union civile.
J'ai demandé a ma femme de menage, tu a voté pour qui, elle m'a répandue le parti de madame Abbou.
Et tu connais l'union civile? Elle me repond non .
Elle a dans le passé votée nahdha puis nidaa et maintenant Madame Abbou.

L'union civile me rappelle le pole,une union politique invisible pour le peuple.

kameleon78
| 10-05-2018 22:16
On ne peut pas comparer des listes pour un mandat local avec celles d'un mandat national, les objectifs ne sont pas les mêmes, les cibles (électeurs) ne sont pas les mêmes, les enjeux politiques ne sont pas les mêmes. Je vous donne un exemple : Marine Le Pen se débrouille très bien pour les enjeux nationaux, la preuve elle a été qualifiée pour le second tour de la Présidentielle 2017 mais le Front National a été inexistant aux Municipales de 2014, le parti n'a aucune implantation nationale donc il est handicapé. Cette Union Civile si elle se présente aux élections générales de 2019, elle aura un autre sort donc elle n'est pas morte.

HatemC
| 10-05-2018 20:19
Rien à glander de ces losers .. ils méritent leur place d'opportunistes ... HC