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Morsi éveille les démons des islamistes
18/06/2019 | 19:59
6 min
Morsi éveille les démons des islamistes


La nouvelle du décès de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi, survenu hier, a particulièrement endeuillé les islamistes et ceux qui en sont proches. Alors que certains ont choisi de rendre un simple hommage au défunt, d'autres n'ont pas hésité à faire preuve de populisme afin de se démarquer de la foule. Ce décès a fait ressurgir les convictions dissimulées de quelques uns et a dévoilé pour d’autres, une hypocrisie et un opportunisme inouïs.


Le parti islamiste Ennahdha a été le premier à réagir à la nouvelle du décès de l’ancien président égyptien, mort d’une crise cardiaque en plein procès. Un président, élu à l’aube de la Révolution égyptienne, qui était à la tête du Parti de la liberté et de la justice fondé en 2011 et issu des Frères musulmans.

La confrérie établie en 1928 par Hassan Al Banna en Egypte ayant inspiré la création d’Ennahdha, précédemment appelé « Mouvement de la tendance islamique » qui puisait son identité et ses orientations stratégiques des fondements et de la doctrine de cette organisation et défendait une conception intégriste de l’Islam.

 

La nouvelle du décès de Mohamed Morsi, poursuivi pour espionnage, incitation à la violence et destruction de l’économie, est venue sidérer les dirigeants nahdhaouis en un temps record. Ghannouchi avait rappelé que « Morsi était le président égyptien élu au suffrage universel, dans des élections libres et transparentes » après avoir présenté ses condoléances à la famille et amis de l’ancien chef de l’Etat et au peuple égyptien. Le chef islamiste a, à cette occasion, appelé le régime égyptien à libérer tous les prisonniers islamistes en vue d’instaurer les premiers piliers de la démocratie.

 

Ce décès a suscité une vague de compassion sans précédent parmi les leaders nahdhaouis et islamistes énormément chagrinés par la nouvelle. L’ancien chef du gouvernement et ex-nahdhaoui, Hamadi Jebali a considéré que la mort de Morsi est « une tragédie pour la nation musulmane ainsi que pour toute l’humanité ».

Abdelhamid Jelassi a partagé une photo du défunt en écrivant « ceux qui ont su façonné le changement savaient comment vivre. Ils savaient comment, où et quand ils mourront ». Abdellatif Mekki a, quant à lui, considéré que la mort de Morsi « n’était pas la fin, mais plutôt le commencement » s’engageant à continuer sur son chemin.

Une position également partagée par Yamina Zoghlami ainsi que des personnalités proches d’Ennahdha et du courant islamiste à l’instar de l’avocat Seifeddine Makhlouf et le président honoraire d’Attayar et ex-secrétaire général du CPR, Mohamed Abbou qui avait condamné les procès « injustes » visant Morsi et sa destitution par un coup d’Etat fomenté par le chef d’Etat-major et actuel chef de l’Etat égyptien, Abdelfattah Al Sissi en 2013.

 

Visiblement, le décès de Morsi a levé le voile sur les tendances islamistes fondamentalistes d’Ennahdha. Le parti tente pourtant, depuis quelques années, de se défaire de son image de secte intégriste en abandonnant son discours rétrograde et en adoptant des propos plus souples et faisant preuve de tolérance et d’acceptation des divergences. Une stratégie entreprise par Rached Ghannouchi en vue d’embellir l’image du mouvement islamiste et le rendre plus accessible.

Ghannouchi est revenu sur ses déclarations concernant les salafistes qu’il avait considérés à un certain moment comme « ses enfants qui lui rappelaient sa jeunesse ». Ils sont devenus, à présent, « des terroristes qui doivent être combattus depuis qu’ils ont choisi la violence pour imposer leur vision ». Ghannouchi s’est montré plus ouvert en exprimant son regret de ne pas avoir lu plus de livres, écouté plus de musique, regardé plus de films ou voyagé davantage.

Il est même allé jusqu'à nier son affiliation aux Frères musulmans, fait preuve de flexibilité à l’égard des juifs, des homosexuels et des femmes non voilées présentant Ennahdha comme un parti civil ouvert à tous les Tunisiens sans exception et sans exclusion. Un argument appuyé par, entre autres, un rapprochement, à un certain stade, avec Nidaa Tounes, parti libéral progressiste au référentiel bourguibiste. Rached Ghannouchi ayant, au décès de Bourguiba, refusé d’appeler la miséricorde divine sur son âme.

Dans cette optique, Ennahdha a annoncé son intention de séparer l’action politique et l’activité de prédication affirmant « sa sortie de l’Islam politique afin d’adopter la démocratie musulmane ». Un retournement de veste qui n’a pas réussi à convaincre, d’autant plus qu’Ennahdha n’a pas pu abandonner son référentiel religieux et adopter un caractère purement civil et laïc.

Un échec qui se fait ressentir à travers les positions figées d’Ennahdha à l’égard de certaines questions à l’instar de l’égalité successorale. Une égalité rejetée par Ennahdha la jugeant « contraire aux préceptes de l’Islam, inutile, injustifiée et n’ayant pas sa place en Tunisie ».

 

Ennahdha n’était pas la seule partie qui a été extrêmement attristée par le décès de Morsi. L’ancien chef de l’Etat et président de Harak Tounes Al Irada, Moncef Marzouki, connu pour avoir été proche des islamistes et ouvert la porte aux projets sournois des prédicateurs salafistes et extrémistes religieux durant son mandat avait, lui aussi, pleuré Morsi en le qualifiant d’homme « courageux et fort et qui s’était accroché jusqu’au bout à ses valeurs et positions ».

Cependant, Marzouki ne s’est pas contenté d’exprimer sa profonde tristesse sur les réseaux sociaux. Il s’est assuré, d’ailleurs, de faire savoir au monde entier que la mort de Morsi l’a énormément touché à travers un passage sur la chaîne qatarie Al Jazeera où il a fondu en larmes en direct devant les caméras.

Un Marzouki dépité et inconsolable suite à l’annonce du décès de son « frère » Morsi avec qui il entretenait des liens étroits et des relations privilégiées. Marzouki avait, en effet, exhorté les autorités égyptiennes à reprendre le dialogue et à libérer l’ancien président Morsi lors de son allocution prononcée à la 68ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York en 2013.

 

Deux ans après, Marzouki a lancé un appel à signer massivement une pétition internationale visant à dénoncer « les exactions aux droits humains en Egypte, les condamnations à la peine capitale et les jugements abusifs rendus à l’encontre du premier président élu démocratiquement et d’autres militants » mettant en garde contre les répercussions de ces pratiques et leur contribution au « glissement de l’Egypte vers le tourbillon de la haine et de la vengeance ».

Des efforts louables pour un défenseur ardent et acharné des droits de l’Homme et un grand donneur de leçons de démocratie et de respect des libertés quand il s’agit d’un islamiste, mais qui fait la sourde oreille quant au sort de ses compatriotes.

Une compassion sélective de la part d’un président indifférent qui ne s’est manifestement pas donné la peine d’ouvrir une enquête sérieuse et fiable sur l’assassinat du leader de gauche, Chokri Belaïd, tué lors de son mandat, quand la Troïka détenait le pouvoir..

 

Boutheïna Laâtar  

 

18/06/2019 | 19:59
6 min
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Commentaires (8)

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Beni hilal
| 23-06-2019 10:05
C'est une évidence claire. Morsi a été élu démocratiquement au suffrage universel. Seulement voilà, pendant cette periode d'élu, il a voulu aller trop vite avec ses réformes dictées par ses frérots de basse cour enturbannes. Mal lui en a pris. La culbute a été fulgurante. Notre gourou a été sur le point de l'imiter et a vite changé de cap pour ne pas subir le même sort . Les islamistes sont passés maitres dans l'art de la manipulation. Gouverner par proxis. En d'autres termes, si le gouvernement laïque se casse la gueule, ils crieront au sabotage et à l'incompetance. Si par contre il reussit, c'est grâce â leur guidance â la volonté fe l'éternel. La tunisie a perdu 3 ans, et ces trois ans auront enfanté encore une dizaine d'années de disette. Vivement un dictateur pour nettoyer ces nids de frelons malefiques.

EL OUATFFY Y
| 20-06-2019 13:52
Selon certains la mort atteint que ceux qui sont en dehors des prisons tout personne mort dans un prison sa mort pour eux non naturel ,Abdel Fetah Essissi est responsable presque d'un milliard d'ame il n'a pas le temps meme de frotter sa téte et Morsy ce n'est qu'un individu parmi un Milliard d'habitant et si on procede à un comptage des déces en Egypte peut étre par centaine par jour mais ce qui inadmis c'est de décreter des lois anti - système de Ben Ali
en l'accusant du Dictateur pour tromper l'opinon publique sur les années d'or de la règne de Ben Ali
On réalité Ben Ali c'est vrai qui est un Dictateur mais avec ceux qui les mérites ceux qui cherchaient à démolir le pays au nom du droit de l'homme ou au nom de l'islam politique .
On se demande pourqu'oi on barre la route à ceux qui voudront améliorer la situation du peuple le cas de Abir Mouissy .B

Vidocq
| 19-06-2019 12:55
Comment vous permettez-vous de questionner Mme Boutheïna Laâtar qui a écrit un article comme il se doit ? Qui es tu toi pour oublier la souffrance extrême endurée par le peuple égyptien sous la férule des terroristes au pouvoir avec Morsi comme chef ! a chaque fois qu'un assassin comme Morsi disparait : moi je dis : Bon Debarras !

Crocodile
| 19-06-2019 12:32
Les larmes de Marzki, sont des larmes de crocodile, ..faut se rappeler son sbire Adnen Manser qui fonda en pleurs de peur d'aller en prison, lui qui n'a jamais connu une seule journée d'emprisonnement..
Que ne feront-ils pas pour s'attiere la pitié et la sympathie du peuple misérable....

YoussefKraiem
| 19-06-2019 07:59
La mort de Morsi éveille les démons des islamistes et des anti islamistes qui se substituent à Dieu le tout puissant pour envoyer en enfer qui ils veulent et refuser la récitation de la fatiha à la mémoire du défunt.Lorsqu'on prétend être démocrate,on est tenu de respecter le verdict du peuple égyptien qui s'est prononcé en faveur de Morsi.Vous préférez bénir les putschistes au nom de la laïcité. Bravo!

Ahmed
| 19-06-2019 06:41
Les frères musulmans une organisation terroriste.
Y a pas d'ambiguïté.

observator
| 19-06-2019 01:48
Vous êtes vraiment odieuse.
Voilà un président élu qui a été destitué par un coup d '?tat militaire sanguinaire et vous dites que Morsi est poursuivi pour espionnage..........et vous reproduisez les reproches mensongers de la dictature militaire epyptienne comme si c était une vérité établie.
Vous prétendez être une journaliste vous n êtes qu'une vulgaire propagandiste au profit des dictatures corrompues.
Vous faites comme s'il est mort d une mort naturelle alors qu il a été 6 ans détenu dans des conditions inhumaines selon les organisations internationales des droits de l,'homme et su il est mort en faisant face à ses geôliers.
Vous êtes vraiment ignoble. Honte à vous.
Deguelasse.

raspoutine
| 18-06-2019 20:24
il reste un president démocratiquement élu renversé par une dictature militaire