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Moncef Marzouki affute sa stratégie de campagne : Diviser pour régner !
14/10/2014 | 1
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Moncef Marzouki affute sa stratégie de campagne : Diviser pour régner !
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Parce qu’il est le président de la République, parce qu’il est militant des droits de l’Homme, parce qu’il est médecin, il se devait d’être rassembleur, considérant égaux l’ensemble des citoyens. Pourtant, Moncef Marzouki adopte une stratégie radicale basée sur la division et la discrimination entre les Tunisiens. Il y a eux et il y a nous. Le « Eux » c’est les bourgeois qui ont servi, ou qui se sont tus, sous l’ancien régime. Le « Nous », c’est les paysans, campagnards et pauvres qui subissent l’injustice. Pour sa campagne électorale, et comme il l’a fait durant trois années, Moncef Marzouki adopte la stratégie de la division entre les citoyens, croyant dur comme fer que l’essentiel de son électorat serait sensible à ce type de discours.

Eux c’est les corrompus et les menteurs qui se croient seigneurs. Nous c’est les honnêtes pauvres gens qu’on prend pour des esclaves. C’est en substance le discours de Moncef Marzouki, du dimanche 12 octobre, adressé à ses troupes (voir notre article à ce sujet) lors d’une réunion fermée de son équipe de campagne. Un discours rodé et ressassé depuis plus de trois ans suffit à prouver que Moncef Marzouki est loin d’être le président de tous les Tunisiens, comme l’exige sa fonction, et il en semble fier. A ses yeux, les Tunisiens sont classés en catégories. Les bourgeois qu’il exècre et les bédouins qu’il dit adorer. Peu importe le savoir et la compétence de l’individu, pour Marzouki, l’essentiel est la couleur de sa peau et son origine régionale.
Durant ses trois ans d’exercice au Palais de Carthage, Moncef Marzouki s’est défendu maladroitement de cela. Il a dit et répété plus d’une fois qu’il est le président de tous les Tunisiens. Les faits l’ont trahi durant cette période avec plusieurs lapsus et erreurs, comme par exemple lorsqu’il traite les salafistes de microbes. La vidéo du dimanche 12 octobre ne viendra que prouver ce que l’ensemble des observateurs politiques avisés savent : Moncef Marzouki n’est pas un homme de rassemblement, il cherche à diviser pour pouvoir régner. La stratégie n’a rien de nouveau, elle figure parmi les b.a.-ba de la manipulation politique.

Cette stratégie de la division a été entamée en 2011 par Moncef Marzouki. En se liguant avec les Islamistes d’Ennahdha, il a commencé par tancer les « laïcs » qu’il a qualifiés d’extrémistes, alors que lui-même disait en faire partie. Rapidement, ces « laïcs » sont devenus mécréants et islamophobes aux yeux d'une certaine opinion publique. Au palais de Carthage, il a invité les pires prédicateurs et leur a même offert des tribunes pour véhiculer leurs messages haineux.

Ennahdha est tombé des deux pieds dans son piège et le débat a été déplacé vers l’identité. S’en sont suivies des agressions d’intellectuels, de journalistes et d’artistes. Le pays a été partagé en deux : les laïcs d’un côté et les Islamistes de l’autre.
Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, a fini par s’apercevoir du danger de cette ligne de conduite qui pouvait mener le pays à une guerre civile et s’est démarqué de ce discours, en tentant (sans grand succès pour le moment) de donner une image civile et républicaine des Islamistes tunisiens.

Moncef Marzouki a alors changé de stratégie pour cibler désormais les même laïcs mais en les qualifiant cette fois de contre-révolutionnaires. L’adversaire politique principal, Nidaa Tounes, favori des sondages, est son adversaire principal. Ses troupes font le nécessaire pour alimenter la haine entre les rivaux politiques. Pire, ils élargiront la sphère de leurs attaques aux juges, aux forces de l’ordre et, surtout, aux médias. L’apogée de la stratégie sera atteinte en décembre 2013 avec la publication (rapidement interdite) du fameux Livre noir, un ouvrage de 500 pages épinglant l’ensemble des journalistes et acteurs politiques ayant collaboré de près ou de loin avec l’ancien régime. Un livre dans lequel il n’hésitera pas à encenser sa propre personne et à enfoncer certains « opposants » et « militants » avec des mensonges grossiers. Ses victimes déposeront des plaintes, mais aucune de ces plaintes n’aboutira. Du moins jusqu’à maintenant.

A la veille de la campagne, le rythme des messages de haine prend une vitesse supérieure. En l’espace de 48 heures, on peut dénombrer au moins trois sorties publiques de son état major (officiel et officieux) semant la division et la haine entre les citoyens.
Vendredi 10 octobre, son ancien directeur de la communication, Mohamed Henid, déclare sur France 24 que la centrale syndicale UGTT est le Daech de la Tunisie (voir notre article à ce sujet). Le même publie sur le site qatari Al Jazeera un long article haineux et pouvant semer la zizanie entre les Tunisiens.
Samedi, Lotfi Zitoun, conseiller spécial de Rached Ghannouchi, va sur le terrain pour transmettre des messages de rassemblement et d’unité aux Tunisiens (voir notre article à ce sujet) recommandant aux membres d’Ennahdha de s’éloigner de toute violence politique et verbale. Pour Ennahdha, l’unique adversaire c’est la crise et l’unique objectif est le redressement de l’économie et du pays. A ce message pacifique, Adnène Mansar directeur de cabinet de Moncef Marzouki répond par une longue lettre de remontrances lui rappelant qu’il y a d’autres adversaires à combattre, ceux qui ont collaboré avec l’ancien régime.
Et puis est venue cette vidéo de Moncef Marzouki pour sonner l’apothéose de ce discours, combinée avec l’émission polémique « Enquête exclusive » sur la chaîne française M6.
Le tout en parallèle des messages quotidiens insultants et odieux de ses soldats sur terrain. A la tête de ces soldats, Tarek Kahlaoui, Slim Ben Hmidène, Imed Daïmi ou Samir Ben Amor.

Face à l’ensemble de ces faits avérés et publics, ni le procureur ni l’ISIE ne réagissent. Le CPR et Moncef Marzouki semblent bénéficier d’une certaine impunité. Pourtant, l’article 56 du code électoral interdit strictement ce type de messages haineux et la sanction minimale est de six mois de prison ferme.
Les adversaires politiques ciblés par les messages haineux de la présidence et ses sbires demeurent silencieux préférant ne pas tomber dans le même piège que 2011. Leur campagne ne sera pas basée sur l’invective.
Cela a le mérite de ne pas tendre davantage l’atmosphère de la campagne, suffisamment tendue déjà par les menaces terroristes, mais le fait y est : il y a à la tête du pays un président de la République qui cherche à allumer le feu par tous les moyens légaux et illégaux, moraux et immoraux dans la seule fin de continuer à camper là où il est.
L’Histoire, ancienne ou récente, nous apprend que tous ceux qui ont adopté cette stratégie ont fini par se faire brûler. Moncef Marzouki ne devrait pas faire l’exception car les mêmes ingrédients mènent, systématiquement, au même résultat. "La haine, c'est la vengeance du poltron", a dit George Bernard Shaw. Une citation qui colle à merveille à l’ancien fuyard qui est allé se réfugier en France pour échapper à la dictature de Ben Ali et laisser, ceux qu’il incendie actuellement, se débrouiller seuls, face à la gueule du loup.

Nizar Bahloul
14/10/2014 | 1
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