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Chroniques
Mon prince, ô mon beau prince !
23/11/2018 | 15:59
3 min

 

Par Ikhlas Latif

 

Dans la lutte qui oppose Carthage à la Kasbah, tous les coups sont permis. Les deux têtes de l’exécutif se cherchent des noises depuis un bon moment. Un infime détail, une petite faille, une incartade communicationnelle est susceptible de constituer un motif pour épingler l’adversaire, de taper fort, d’appuyer là où ça fait mal. Cette bien étrange cohabitation entre un président de la République et un chef du gouvernement, au départ censés être du même bord, ne fait que creuser le malaise et la crise au sein d’une classe politique émiettée, polarisée et en perte de repères. C’est surtout la crédibilité des plus hautes instances de l’Etat qui est fortement ébranlée et remise en cause.

Un bien triste spectacle auquel les Tunisiens assistent ; d’aucuns se gargarisant de cette guéguerre entre le vieux renard et le jeune ambitieux, d’autres se désolant du fait que les rouages de l’Etat soient pris en otage par un duel de qui ferait pipi le plus loin.

 

Le tandem de l'exécutif est mis à rude épreuve dans ce bras de fer ubuesque. Depuis que Béji Caïd Essebsi s’est clairement positionné en soutenant son fils, qui s’est juré de faire la peau au locataire de la Kasbah, les hostilités sont allées crescendo. L’épisode du remaniement ministériel en est le dernier exemple en date, le chef de l’Etat a taclé publiquement et lors d’une conférence de presse la démarche anticonstitutionnelle du chef du gouvernement. Mais encore, il a exprimé sa colère face à l’inélégance de Chahed voulant démontrer que son ancien poulain n’est qu’un petit impertinent. Désolant spectacled’un président de la République, qui pour se donner l’air d’être au-dessus de tous, démontre au contraire qu’il perd du terrain. Mais passons, cet épisode est clos.

Le couples BCE-Chahed nous fait traverser par des zones de turbulences, mais on n’a pas, semble-t-il, atteint le point de non-retour comme le disait récemment Béji Caïd Essebsi. Pour le moment seulement, parce qu’entre temps, complots de courtisans, peaux de bananes jetées à tout-va en espérant que l’autre se casse la gueule, vont bon train.

 

C’est ainsi qu’on se saisit de la moindre occasion pour mettre à plat son ‘ennemi’. L’opportunité s’est présentée sur un plateau jeudi. Voilà que le prince-héritier d’Arabie saoudite Mohamed Ben Salmane débarquera en Tunisie sur invitation du président de la République. Tollé ! Comment a-t-il osé faire ça ! Inviter un tortionnaire, le commanditaire du meurtre sanglant d’un journaliste, celui qui a décimé le peuple yéménite !  Inviter MBS alors qu’il est en pleine tourmente politique et médiatique, il fallait le faire et en assumer aussi les conséquences.

Surnommé désormais le prince à la tronçonneuse ou à la scie, son arrivée a semé la zizanie. On fustige principalement la connivence du président tunisien qui, en recevant le jeune MBS, donne du crédit aux agissements barbares des Saoud et de renier les valeurs de démocratie et de liberté chèrement acquises par la Tunisie.

 

Après le tollé, vient la confusion. La présidence de la République se défend tentant de démentir les mauvaises langues. Non, la visite du prince-héritier n’était pas sur invitation de Béji Caïd Essebsi ! Non, ce n’est pas nous mais les Saoudiens qui ont demandé à venir en Tunisie ! Une réponse pas très intelligente en somme du point de vue diplomatique. La deuxième version est vite démentie à son tour par un communiqué de la Cour royale saoudienne confirmant que ces visites viennent en réponse aux invitations de chefs d’Etats y compris Béji Caïd Essebsi.

Alors invité ou pas invité, bourreau ou « innocent », l’idée qui sous-tend  cette énième polémique c’est que les deux pôles de l’exécutif tunisien sont plus que jamais à couteaux tirés. Chacun est à l’affut du moindre faux pas que ferait l’autre pour lui tendre un piège et le laminer. Quid de l’intérêt de la Tunisie ? Repassez dans quelques années… ou pas !

 

23/11/2018 | 15:59
3 min
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Commentaires (5)

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vieux tunisien
| 28-11-2018 08:50
Sans respecter l'opinion de la majorité des tunisiens, et sans consulter le parlement, notre vieux président a accueilli ce prince assassin des enfants et du journaliste JAMEL dont le corps a été dissous à l'acide dans le consulat de son pays.
Même Donald Trump n'a pas confirmé de rencontrer MBS lors du G20 en Argentine de peur d'attirer les critiques du Congres américain.
Pendant ce temps, notre vieux présent s'en fout de l'avis des tunisiens et décide tout seul d'accueillir cet assassin en évoquant des raisons de relations historiques avec AAL SAOUD. Alors que c'est NASSER qui a aidé à l'indépendance de la TUNISIE et non les saoudiens qui étaient l'ennemi juré de Nasser et l'ont dénoncé au israéliens en 1967, à cause de la première guerre du Yemen, vous pouvez consulter les livres d'histoire pour savoir un peu plus sur ces traitres AL SAOUD .....
Bravo Si EL BEJI, pouvez vous nous dire quel est le montant du chèque que MBS vous a offert pour que vous puissiez le placer dans une banque suisse au nom de votre fils prodige Hafeth qui a détruit NIDAA pour ouvrir la voie à la domination des islamistes en TUNISIE !

Fehri
| 23-11-2018 22:33
MBS a dit que la victime est un frère musulman et ennemi du Royaume, alors voyez-vous on ne fait que rendre la monnaie et on s'enfout De la liberté de La Presse. Ce qui compte pour nos dirigeant c'est une belle insulte. La visite va énervé beaucoup Ghannouchi. c'est le ballet des vampires qui déplaît à tout le monde j'en suis certain, même BCE.

Lotfi Tirellil
| 23-11-2018 19:00
Pourquoi invoquez-vous LE prince, en allant jusqu'à le qualifier de beau ? Appréciez-vous tellement sa barbe bien taillée en pointe, avant même d'avoir atteint la plénitude pour être portée , comme il sied à tous les forbans de la littérature ! J'espère que, vous aussi, comme Ticha, avez simplement cédé à des considérations diplomatiques, car ce prince est bien loin d'être beau, d'un point de vue esthético-moral, bien sûr!

Trançonneuse
| 23-11-2018 18:02
Il y a cent ans ils bouffaient des cailloux dans le désert et dans cent ans ils reboufferont des cailloux dans le même désert

Faouzi38
| 23-11-2018 16:33
Tous dans la rue pour interdire à MBS le SANGUINAIRE qu'il n'est pas le bienvenue en TUNISIE