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Miqyes : les PME, véritable levier de l'économie nationale malgré les difficultés
23/05/2019 | 17:59
5 min
Miqyes : les PME, véritable levier de l'économie nationale malgré les difficultés



Pour la 3e année consécutive, la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) a réalisé en collaboration avec le cabinet HLB GD Audit&Advisory et avec l’appui du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD), un baromètre sur la santé des PME en Tunisie pour mettre en lumière les performances réalisées par ces sociétés, le climat des affaires ainsi que les difficultés qu’elles ont dû affronter pour accéder aux marchés. L’enquête Miqyes, réalisée entre le 29 avril et le 14 mai 2019 par l’Institut de sondage One To One sur un échantillon de 500 PME, a toutefois révélé que ces entreprises ont connu beaucoup de problèmes en 2018.

 

Lors de l’ouverture de cette 3e édition, hier soir, mercredi 22 mai, à l’hôtel Môvenpick aux Berges du Lac de Tunis, et en présence du ministre du Commerce, Omar Behi, et du chargé de programme PNUD, Eduardo Lopez-Mancisidor, le président de la Conect, Tarek Cherif, a tenu à préciser que les PME constituent près de 90% de la population des entreprises tunisiennes et étrangères et peuvent par conséquent faire bouger les lignes.

 

Il a, par ailleurs, annoncé qu’une conférence nationale consacrée à la santé des TPE en Tunisie se tiendra le 27 juin prochain, à Tozeur, ajoutant : « Faire une étude sur la TPE et la PME est intéressant mais il faut essayer de faciliter le lien et le travail entre elles. Cela va leur donner plus de chance pour créer de la valeur, de la synergie entre elles et avoir aussi une visibilité ».

 

Il faut dire que les PME employant entre 6 et 200 salariés sont considérées comme étant un véritable levier de l’économie nationale aussi bien pour la croissance, l’export, l’investissement, l’emploi et l’innovation.

 

En effet, le nombre de PME tunisiennes a enregistré depuis 2010 une croissance annuelle moyenne de 1,51%. En 2017, il y a eu une hausse sensible du nombre des entreprises en général de 4,19% et une augmentation encore plus significative des PME employant de 6 à 250 salariés (+6,62%).

 

Selon les statistiques de l’Institut national des statistiques (INS), la Tunisie comptait en 2017 près de 770.000 entreprises privées dont 87,69% sont unipersonnelles, 9,62% emploient entre 1 et 5 salariés, 2,57% emploient entre 6 et 200 salariés et seulement 0,11% emploient plus que 200 salariés.

Et ces chiffres ont particulièrement retenu l’attention du ministre du Commerce qui s’est dit étonné de constater que sur les 770.000 entreprises privées, près de 96% ont moins de 500 salariés et de 374 mille dinars en terme de capital social ont été enregistrés en 2017 par les PME. L’année suivante, les chiffres d’affaires des PME ont atteint les 1 million de dinars.  


«Avant 2011, la Tunisie exporté près de 1 milliard de dollars pour la Libye. Actuellement, ce chiffre est moins de 1 milliard de dinar. La perte du marché libyen constitue donc un réel séisme pour beaucoup d’entreprises. Ce qui est aussi intéressant à retenir est que 12% des PME considèrent le marché africain comme leur premier client », a-t-il déclaré tout en soulignant que la perception des PME à la corruption est assez inquiétante.

 

59,3% d’entre elles estiment, selon le sondage de One to One, que les entrepreneurs peuvent travailler convenablement sans être obligés de donner des pots de vin contre 40,7% qui pensent le contraire. Le même baromètre a démontré que 62,6% des PME estiment que le niveau de corruption en 2018 a augmenté par rapport à l’année précédente. Seuls 4,5% pensent que le niveau de la corruption a diminué.

 

Par ailleurs, ce sondage a révélé que 27,4% des PME estiment qua la situation en Libye a fortement impacté leurs activités en 2018 contre 6,6%. Ceci dit, 45,3% des PME disent ne pas avoir été impactées par la situation du pays voisin de la Tunisie.

 

En ce qui concerne l’accès au marché, 30% des PME disent que la France représente leur premier client suivie par l’Italie (19%), l’Algérie (13,9%), la Libye (9,9%) et l’Allemagne (4,9%). Le marché de l’Afrique subsaharienne rejoint timidement la liste des marchés principaux (2,2%).

 

« Les PME se structurent et ont démontré beaucoup d’éligibilité dans le développement du marché africain et algérien », a lancé Abdelkader Boudriga, expert financier, professeur à l’IHEC de Carthage et président du cercle des financiers tunisiens.

A la question « Avez-vous eu de nouveaux clients en 2018 ? », 58,2% des sondés ont répondu positivement sachant que ce chiffre a nettement baissé de 5,1% en 2017. Par ailleurs, 41% des PME disent ne pas avoir eu de nouveaux clients en 2018. L’année précédente, elles étaient 35,5%.

 

Et pourtant, 45,7% des PME ont affirmé que leur chiffre d’affaires a augmenté au cours de 2018 malgré une inflation de 7%. Seuls 27% ont connu une régression de leur chiffre d’affaires car ils emploient moins de 20 salariés.

 

« Nous sommes dans un climat de stagnation économique. La situation politique des pays voisins n’est pas très bonne pour la Tunisie », a indiqué Cyrine Ben Mlouka, expert-comptable et trésorière du Conseil national de l’Ordre des experts comptables de Tunisie (OECT).

 

Elle a, par ailleurs, estimé que peu de PME sont conscientes de l’importance de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ajoutant : « C’est une réelle opportunité pour les sociétés et ce serait idéal pour l’Etat d’y investir ».

 

En effet, le baromètre Miqyes a démontré que 80,9% des PME sont intéressées d’avoir un label RSE contre seulement 16,3%.

Côté environnement d’affaires, la maladie représente la principale cause d’absentéisme (52,8%) suivie par le retard des transports publics (33,7%), les problèmes familiaux (23,4%) et le manque de motivation ou de responsabilité (19,3%).

 

Et malgré toutes ces difficultés, 57,9% des dirigeants des PME disent être optimistes quant à l’avenir de leurs entreprises. 35,7% sont plutôt pessimistes.

 

Malheureusement, certaines PME n’ont pas réussi à avoir de nouveaux clients en 2018 et ont dû faire face à beaucoup de blocages administratifs. Résultat des courses : certains dirigeants de PME se sont désengagés progressivement de la gestion interne et préféré se focaliser sur la gestion commerciale.

 

« Le code du travail est destiné aux grandes entreprises. Il est urgent de réaliser une refonte car ce code n’encourage pas les entreprises à être formelles », a expliqué Chirine El Aich, directrice des opérations et solutions groupe ManpowerGroup Tunisie et VP de l’APRH Tunisie. 

Emna Ben Abdallah

23/05/2019 | 17:59
5 min
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Commentaires (1)

Commenter

HatemC
| 24-05-2019 15:28
Constat:Marché de l'emploi est inadapté aux diplômes délivré...
Tant qu'il y a 6 000 mosquées et que 50 lieux de savoir, la Tunisie ne fera que régresser...
Et autres constat amer,es entreprises se portent mal et ne diversifient pas leur marché...
Poir preuve, la Libye a conduit plusieurs entrepris mettre la clé sous le paillasson..
Autre constat, les entreprises sont peu protégées contre la contrebande....HC